vendredi 5 juin 2009

Sans-papiers sur scène

wtenebres 

Une famille du « Sud » décide de faire le grand saut et traverse la Méditerranée grâce à des passeurs sans scrupule, pour accéder à ce qu’ils pensent être l’Eldorado : l’Europe. Le Père et la Fille se retrouvent dans un appartement d’une banlieue suédoise, clandestins, sans-papiers, sans le sou. Ils vont vivre désormais comme des millions de migrants avant eux, avec l’inquiétude du lendemain et les rêves du passé (à moins que ce ne soit l’inverse). Comment vont-ils se « dé-brouiller » ?
Ténèbres de Henning Mankell traduit du suédois par Terje Sinding
Le texte  est édité aux éditions de l’Arche

Plus d’info sur le site pulloff.ch

Sur la RSR, écouter Rien n’est joué (vendredi 05 juin 2009), avec le metteur en scène Darius Peyamiras et Cécile Ehrensperger, de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants.

Le préfet de police de Paris condamné pour "atteinte au droit d'asile"

Lu dans le blog immigration de Libe

Pour avoir refusé de renouveler les récépissés de demande d'asile des réfugiés, le préfet de police de Paris a été condamné à dix reprises, les 16 avril et 4 mai, par le tribunal administratif.

En théorie, toute personne ayant déposé un dossier auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) se voit délivrer, par la préfecture de police, le fameux récépissé qui lui sert de titre de séjour. Il perçoit également une allocation mensuelle d’environ 320 euros. Il est censé, enfin, se voir offrir un hébergement gratuit.

Faute d'un nombre suffisant de places dans les Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada), beaucoup de réfugiés se retrouvent toutefois à la rue. La loi leur imposant, pour avoir droit au renouvellement du récépissé, de produire un"justificatif du lieu où (le demandeur d'asile) a sa résidence", des associations comme Dom'asile leur fournissent une adresse postale.

Mais, au motif que ces demandeurs d'asile ne sont pas en mesure de justifier d'un hébergement stable, la préfecture de police de Paris refuse depuis plusieurs années de renouveler le récépissé. Dépourvues de ce document, ces personnes se retrouvent privées de leurs droits économiques et sociaux : elles ne perçoivent plus l’allocation mensuelle qui est en général leur seule ressource.

En 2006, des déboutés ont déposé une première vague de recours contre l'administration. Condamné à plusieurs reprises, "le préfet a réintroduit et maintenu ces pratiques en 2009 en toute connaissance de cause, en dépit des tentatives des associations de faire rectifier ce comportement auprès de ses services et du ministère de l’Immigration", relèvent l'Acat France, Amnesty International France et Dom’Asile.

D'où, début 2009, une nouvelle vague de recours. "Le juge administratif était exaspéré", affirme Florence Boreil d'Acat France. Les 16 avril et 4 mai 2009, le tribunal administratif de Paris a ordonné au préfet de cesser de "porter une atteinte manifestement illégale au droit d’asile" des demandeurs d’asile sans hébergement stable et d’accepter de renouveler leurs récépissés même avec la seule adresse postale fournie par une association agréée.

Dans un communiqué publié aujourd'hui 4 juin, les associations relèvent prudemment que le préfet "semble avoir mis un terme à sa pratique".

L’immigration illégale et le paquet "asile" au cœur du Conseil "Justice et Affaires intérieures" à Luxembourg

L’immigration illégale et le paquet "asile" au cœur du Conseil "Justice et Affaires intérieures" à Luxembourg
04-06-2009

Vers le niveau supérieur

Le 4 juin 2009, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l’Immigration, Nicolas Schmit, a participé à la session consacrée aux sujets de l’immigration et de l’asile du Conseil "Justice et Affaires intérieures" à Luxembourg. Lors de ce Conseil, les ministres ont eu un échange de vues sur la mise en place du Système d'information Schengen II. Concernant la politique commune en matière de visas, ils veulent mettre en place un système d’information sur les visas d’ici la fin de l’année. Parallèlement, les ministres ont trouvé un accord sur les conditions de prise en charge d'ex-détenus de Guantanamo, en autorisant la possibilité de limiter leur liberté de mouvement. En matière d’immigration clandestine, ils ont insisté sur le besoin de solidarité européenne pour contrôler l’immigration dans la région méditerranéenne. En outre, les ministres se sont penchés sur le paquet "asile".

Mise en place du Système d'information Schengen II

Nicolas Schmit a expliqué qu’il a été question de l’amélioration du système d'information actuel (SIS) qui permet aux autorités nationales d'obtenir des informations sur des personnes ou des objets. Cette base de données SIS est en effet très importante pour la gestion de l’échange d’informations dans l’espace de coopération Schengen, et une deuxième génération de ce système faciliterait l'intégration d'un plus grand nombre d'États membres en leur permettant d’y participer pleinement. "Mais certains pays, comme l’Allemagne et l’Autriche, ont une attitude très critique à l’égard de la mise en place de SIS II", a expliqué le ministre. La date de la migration du SIS actuel vers la nouvelle application SIS II a donc été reportée à 2011, notamment pour des questions techniques.

Abordant la politique commune en matière de visas, Nicolas Schmit a expliqué que les ministres ont trouvé un accord pour mettre en place un système d’information sur les visas d’ici décembre 2009. Le système qui est censé améliorer la sécurisation contre les fraudes et éviter l’immigration illégale sera d’abord mis en place pour les pays de l’Afrique du Nord, puis élargi au Proche-Orient et aux pays du Golfe.

La prise en charge d'ex-détenus de Guantánamo

Nicolas Schmit a expliqué que les ministres ont trouvé un accord sur les conditions de prise en charge d'ex-détenus de Guantanamo, en autorisant la possibilité de limiter leur liberté de mouvement dans l’UE. Ils ont approuvé un compromis en ce sens imposant aux gouvernements qui acceptent de prendre en charge un ancien détenu de "prendre les mesures appropriées pour éviter qu'ils ne compromettent l'ordre public et la sécurité interne" des autres pays de l'Union européenne. "Le titre de séjour délivré à ces anciens détenus pourra en conséquence être limitatif", a expliqué le ministre délégué à l’Immigration.

"Les anciens détenus que l'Union européenne accepterait de prendre en charge auront été déclarés 'innocents' par les autorités américaines", a expliqué Nicolas Schmit. "L’Union européenne ne vas pas imposer à ses Etats membres de prendre en charge des ex-détenus de Guantánamo, mais chaque gouvernement peut décider à sa guise", a-t-il déclaré, "et cette prise en charge sera basée sur un échange d’informations avec les Etats-Unis".

Immigration clandestine dans la région méditerranéenne

Plusieurs pays méditerranéens de l’UE sont confrontés à des arrivées massives de demandeurs d’asile, Malte avec des demandeurs d’asile venant surtout de Libye, 3000 en un an, la Grèce avec des personnes venant surtout de Turquie, 145 000 en un an, et l’Espagne et l’Italie par des demandeurs venant du Maghreb. Ces pays demandent que l’UE soit solidaire.

Pour Nicolas Schmit, il s’agit là d’une discussion toujours difficile sur la répartition des charges ("burden-sharing") qui est loin d’avoir abouti. Il y a eu la proposition d’un grand pays d’accepter la venue de moins de cent réfugiés en provenance de Malte, à condition qu’ils aient reçu un statut de la part de l’Etat insulaire.

Le Luxembourg est sur la brèche avec son avion au service de FRONTEX, l’agence européenne en charge de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'UE, un avion dûment équipé qui va aider à surveiller les abords de Malte. Par ailleurs, deux agents du ministère luxembourgeois de l’Immigration vont se rendre à Malte pour aider les autorités locales à parfaire leurs techniques d’identification des nouveaux arrivants et de traitement administratif des dossiers de demande d’asile.

Reste la question comment agir contre les structures mafieuses des trafiquants d’êtres humains qui organisent les traversées des réfugiés sur des bateaux qui ne sont pas aptes à la navigation en haute mer avec de nombreux passagers. Un pays de transit comme la Libye dit ne pas pouvoir être en mesure de surveiller ses frontières et se retrouve sur ses rives avec des centaines de milliers de personnes qui veulent risquer la traversée de la Méditerranée. D’où la proposition des ministres européens d’impliquer plus fortement le HCR sur le terrain en Libye où la situation s’avère difficile, comme cela est également le cas en Turquie. Le sujet sera en tout cas abordé lors du prochain Conseil européen des 18 et 19 juin 2009.

Pour conclure, Nicolas Schmit a fait remarquer que FRONTEX dépendait trop du point de vue des moyens dont elle pouvait disposer du bon vouloir des Etats membres.

Le paquet "asile"

Le ministre délégué à l’Immigration s’est montré assez sceptique à l’égard du paquet "asile" proposé par la Commission, paquet qui se décline en cinq volets, dont quatre ont été commentés par le ministre délégué.

Le premier volet consiste à améliorer le système EURODAC, qui permet aux États membres d'identifier les demandeurs d'asile ainsi que les personnes ayant été appréhendées dans le contexte d'un franchissement irrégulier d'une frontière extérieure de l’Union.

Le deuxième volet consiste à réformer le règlement de Dublin dont le principe de base est de permettre d’identifier dans les plus brefs délais possibles l'État membre responsable de l'examen d'une demande d'asile, souvent le premier pays de l’Union dont la frontière a été franchie. La Commission se propose de suspendre l’application du règlement de Dublin si un pays qui pourrait être responsable de l’examen d’une demande d’asile se trouve menacé par l’afflux d’un trop grand nombre de demandeurs. Pour Schmit, cette façon de voir les choses pourrait à la fois affaiblir les principes du règlement de Dublin et renforcer la pression des demandeurs d’asile sur les pays de transit de l’UE qui registrent déjà le plus grand nombre d‘entrées.

Le troisième volet serait l’amendement de la directive accueil qui prévoit une réduction de la période d’accès des demandeurs d’asile sur le marché du travail d’un an à six mois et l’accès à une sécurité sociale équivalente au minimum de ce qui est d’usage dans les différents Etats membres. Schmit a critiqué ce système qui rend selon lui encore plus attractif la stratégie pour les réfugiés économiques de recourir au dispositif de la demande d’asile politique pour accéder légalement au marché du travail de l’UE, alors que la crise conduit à des situations déjà difficiles pour les résidents actuels de l’Union.

Le quatrième volet serait la création d’un bureau européen d’appui en matière d’asile dont le but serait d’arriver à unifier les critères encore fort différents selon les Etats membres qui conduisent aux décisions en matière d’asile politique.

Schmit s’est montré très sceptique à l’égard des propositions de la Commission européenne. "Les questions pratiques restent pour moi plus importantes que les réformes législatives", a-t-il déclaré. "Car dans certains pays de l’UE, les législations n’ont pas encore été mises en œuvre. Je pense que l’on peut pallier autrement aux urgences qu’en entamant un travail de réforme législative. Il faudrait d’abord arriver à appliquer les standards actuels qui sont supposés être en vigueur."

À Calais, le bureau du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a ouvert hier

jeudi 04.06.2009, 04:49 - La Voix du Nord

 Marie-Noëlle Thirode, la représentante du HCR à Calais, a rencontré dès hier des migrants sur le terrain.Marie-Noëlle Thirode, la représentante du HCR à Calais, a rencontré dès hier des migrants sur le terrain.

| MIGRANTS |

Le bureau du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a officiellement ouvert hier ses portes à Calais. Mais pour ses deux occupants du HCR et de France Terre d'asile, l'information des migrants sur les demandes d'asile débutera la semaine prochaine.

Sur la façade du bâtiment, aucune plaque ou drapeau de l'ONU. À l'intérieur, tout respire l'emménagement récent. Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, dont l'arrivée à Calais avait été annoncée il y a une semaine, a officiellement ouvert hier les portes de son bureau : le premier du genre en France.

Marie-Noëlle Thirode et Jean-François Roger, les représentants du HCR et de France Terre d'asile, se partagent le lieu. Hier, ils ont passé la journée à se présenter. Aux autorités, aux associations (ces dernières goûtent le renfort), aux migrants. Le duo débutera véritablement son travail la semaine prochaine.

La mission ? « Aller à la rencontre des migrants (ils seront accompagnés chacun d'un interprète) et les informer sur les procédures d'asile en France », indique Marie-Ange Lescure, chargée de l'information publique à l'UNHCR. Le duo distribuera aussi des brochures en anglais, français et farsi.

Déconstruire

Le HCR souhaite, en délivrant « une information impartiale », aider les migrants qui cherchent à rejoindre la Grande-Bretagne, à déposer des demandes d'asile en France. Selon Pierre Henry, directeur général de France Terre d'asile, « l'idée sera aussi de déconstruire l'image d'un possible eldorado britannique » alimentée par les passeurs qui « ont intérêt à maintenir les migrants sous leur influence et qui donnent donc souvent de fausses informations ».

Des associations britanniques seront invitées à décrire la réalité de la vie de l'autre côté de la Manche et « des jeunes Afghans, Iraniens ou Kurdes ayant demandé l'asile viendront témoigner de leur parfaite intégration en France ». •

NICOLAS FAUCON

PHOTO JEAN-PIERRE BRUNET

Asile: l'UE veut amener la Libye à signer la convention de Genève


LUXEMBOURG - L'UE veut engager des négociations avec la Libye pour amener ce pays à signer la convention de Genève sur les réfugiés et éviter ainsi que des milliers de demandeurs cherchent à passer en Europe pour tenter d'obtenir cette protection, a annoncé jeudi la Commission européenne.

"Nous allons engager des négociations avec la Libye et voir comment amener ce pays à s'engager dans le respect des obligations internationales. Nous devons être fermes sur ce point", a déclaré le commissaire européen en charge de la Sécurité et de la Justice, Jacques Barrot, au terme d'une réunion à Luxembourg avec les ministres de l'Interieur de l'UE.

"Il y a un paradoxe lorsque des demandeurs d'asile doivent payer des passeurs pour avoir la chance de se voir reconnaître la condition de demandeur d'asile" une fois arrivés en Europe seulement, a-t-il souligné.

"Nous devons voir comment permettre au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés d'avoir des bases dans tous les pays", a-t-il expliqué.

M. Barrot a précisé préparer un déplacement en Libye avec le Haut représentant du HCR Antonio Guterres et un représentant de la Suède, qui va assurer la présidence semestrielle de l'UE à partir du 1er juillet. Aucune date n'a encore été avancée.

L'Italie a salué cet engagement de renforcer les relations avec la Libye, d'où embarquent la grande majorité des candidats à l'immigration vers ses côtes.

"J'ai transmis à la Commission une série de demandes d'assistances faites par la Libye et il y a une absolue nécessité de donner une réponse pour lui permettre de continuer ses efforts pour bloquer l'immigration clandestine", a déclaré le ministre de l'Interieur italien Roberto Maroni.

L'UE enregistre environ 20.000 demandes d'asile par mois. En 2008, sur 193.000 dossiers examinés, 52.000 seulement ont été acceptés.

Certains immigrants arrivent clandestinement. Beaucoup passent par les frontières à l'Est. Les débarquements en provenance du Sud, souvent les plus périlleux, représentent moins de 10% de l'immigration illégale, selon Bruxelles.

Mais pour l'Italie et Malte, cela représente un problème. "Nous estimons avoir 130.000 réfugiés résidents en Italie. C'est un poids", a insisté M. Maroni. L'Italie souhaite que cette question soit à l'ordre du jour du sommet européen le 18 juin.

Le ministre italien a regretté une certains frilosité de la part de ses partenaires quant à la répartition du fardeau. "Nous demandions que cela se fasse sur une base obligatoire, mais ils préfèrent une base volontaire", a-t-il souligné. "Je crains que cela ne fonctionne pas", a-t-il averti.

L'Italie et Malte ont reçu un soutien affiché de la France. "Nous allons réinstaller en France prochainement 80 migrants qui ont obtenu le statut de réfugiés à Malte", a annoncé le ministre en charge de l'immigration Eric Besson.

"La situation devient intenable dans les pays de la première ligne et nous devons renforcer la lutte contre l'immigration clandestine", a-t-il insisté. La France plaide pour une forme de "police européenne aux frontières" afin "d'intercepter, reconduire et démanteler les filières clandestines".

"Nous devons faire en sorte que les personnes qui ont droit à une protection internationale ne soient pas amenées à prendre des risques et à payer très cher pour cela", a-t-il insisté.

(©AFP / 04 juin 2009 18h29)