Celui de Monsieur Gedda d'Erythrée, 29 ans, qui est en Suisse depuis 2002 et qui est passé par tout le processus de négation de sa personne qui caractérise la procédure d'asile. Il dit son désespoir et son impression de n'être personne. Son désarroi de n'avoir pas le droit de travailler. A l'issue de son témoignage alors que toute la salle est sous le coup de son désespoir, une information incroyable est transmise par un représentant de l'Etat. Le dossier de Monsieur Gedda a été ressorti de dessous la pile et sera réexaminé afin d'éventuellement le transmettre à Berne en raison de l'article 14- b de la loi sur l'asile. Alors que toute la salle est sous le coup de cette nouvelle. Monsieur Gedda n'arrive pas à y croire. Il a été trop détruit pour pouvoir se reprendre à espérer. Un chemin d'exil qui sera très difficile à laisser en arrière pour poursuivre sa vie.
Le second témoignage de soeur Marie-Louise du Rwanda est très différent. Soeur Marie-Louise a survécu au génocide Rwandais comme toutes les membres de sa congrégations protestantes. A l'intérieur de cette congrégation, pas de Tutsis ni de Hutus, la supérieure une soeur hollandaise est l'une des seules héroïnes européennes du génocide. Elle est restée au côté de ses ouailles. Après les 90 jours de massacres (près d'un mio de morts), Soeur Marie-Louise a passé quelques mois enHollande, puis elle est retournée au pays. Ce n'est pas simple de revivre à côté des boureaux et de leur famille, mais Soeur Marie-Louise a refusé l'idée de l'exil pour s'engager totalement pour la reconstruction de son pays.
Enfin troisième et dernier témoignage, celui d'Ystvan Nagy, qui a quitté la Hongrie en 1968, 12 ans après la révolte de Budapest à laquelle il avait participé. Il raconte comment il a sauté d'un char T-30 lancé à 60km/h, mais aussi comment il a été naturellement et bien accueilli en Suisse. A l'époque on se battait presque en Suisse pour accueillir des réfugiés de l'est dans nos familles. Après avoir obtenu son passeport Suisse, il est retourné visiter la Hongrie et à la chute de l'Empire Soviétique il s'est posé la question d'un éventuel retour. Mais il a décidé de rester en Suisse et s'en trouve très bien.
Après un délicieux repas proposé par Alain Gilliéron aux invités et au nombreux public. Il est temps de repasser dans la grange de l'Estrée pour assister à la table ronde animée par Jaques Poget qui venait d'écrire une superbe introduction dans une réflexion de 24heures.
Monsieur Steve Maucci du DIRE nous brosse en quelques minutes un tableau des nouveautés de la loi sur l'asile.
Puis nous allons suivre le parcours des requérants. Le premier invité est le pasteur Pierre-Olivier Heller qui est le seul non requérant ou non-fonctionnaire à travailler au CEP de Vallorbe. Il nous lit quelques extrait de son livre de bord, et l'assistance se rend compte de l'importance de la présence de l'église dans ce moment de grande brutalité
administrative (lire aussi l'article de Jaques Poget et ce communiqué de l'observatoire de la Lasi).
Puis l'étape suivante c'est Karine Povlakic du SAJE qui nous la raconte, depuis les nouvelles lois, les moyens de recours à disposition des requérants à l'entrée sont extrêmement limité. La tension psychologique à Vallorbe est terrible. Les locaux du SAJE, situé à la gare sont pratiquement pris d'assaut. L'on sent bien que le travail des juristes du SAJE est terriblement stressant et que même les requérants qui passent au travers de ce tri en sont très affectés.
Ceci est confirmé par Pierre Imhof, directeur de l'EVAM, par exemple après 2 mois à Vallorbe, les familles (qui ont été séparées en dortoirs distincts) doivent réapprendre à vivre ensemble, les enfants à aller à l'école. Pierre Imhof parle volontiers du suivi des requérants qui suivent un parcours positifs (permis N et F).
Mais l'Evam est aussi chargée du suivi de déboutés et là, il admets que l'objectif du suivi est bel et bien de dégôuter les gens pour les faire partir. Quelques exemples affreux dans les centre d'aide d'urgence (et c'est encore pire dans les centres pour hommes célibataires). Dans l'assistance on se demande s'il est moralement acceptable de harcèler administrativement des hommes pour en dissuader d'autres de faire une demande. La Suisse est devenue la pire des destinations pour les requérants.
Francisco Merlo et Brigitte Zilocchi sont en bout de chaîne pour recueillir les débris du système, les personnes brisées et illlgales qui n'ont rien mangé depuis plusieurs jours ou qui on besoin de 5 CHF pour aller prendre une douche dans un lieu d'accueil d'urgence.
L'exception vaudoise a bel et bien vécu. On apprend dans la soirée que le passage à l'aide d'urgence pour les familles ne se pratique pas dans les cantons romands environnants, mais ici oui.
Juridiquement, une action est en cours contre l'application d'une aide "soi disant" d'urgence qui est attribuée de manière continue.
La soirée se termine par une intervention remarquable d'une personne du public qui s'insurge contre le fait que notre société helvétique inflige des souffrances inhumaines à un certain nombre de personnes ceci de manière délibérée et arbitraire. Certes ainsi que le relève Jacques Poget, tous les demandeurs d'asile qui arrivent à Vallorbe ne remplissent vraisemblablement pas les conditions d'octroi de l'asile...
Mais ces lois sont-elles la réponse adéquate ?