vendredi 5 novembre 2010

Partenariat migratoire entre la Suisse et le Nigeria

Les vols spéciaux de requérants d'asile vers le Nigéria seront réintroduits dès le 1er janvier. D'ici là, la coopération entre les deux pays reprendra progressivement et des Nigérians seront rapatriés via des vols européens. Un partenariat migratoire a été conclu entre la Suisse et le Nigeria.

Depuis que les vols spéciaux ont cessé à la suite du décès d'un jeune Nigérian en mars, peu avant le décollage de Zurich, les deux pays cherchent un terrain d'entente. L'accord conclu vendredi à l'occasion de la visite en Suisse du secrétaire d'Etat nigérian aux affaires étrangères Martin Uhomoibhi s'inscrit dans le cadre plus large d'un mémorandum d'entente sur le partenariat migratoire. Celui-ci fait l'objet de discussions depuis la visite de la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey à Abuja en avril 2009.

Ce mémorandum, qui doit être signé formellement au niveau ministériel l'an prochain, couvre la coopération dans toute une série de domaines. Les renvois forcés n'en constituent qu'une partie. Leur reprise représente un pas important qui ne doit cependant pas être surestimé, a dit devant la presse le directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM) Alard du Bois-Reymond.

Le Nigeria satisfait

La coopération régulière basée sur l'accord bilatéral de réadmission de 2003 peut ainsi reprendre. Le gouvernement nigérian a donné son accord pour participer à l'ensemble du processus de rapatriement. Martin Uhomoibhi a exprimé sa satisfaction quant aux mesures décidées.

Les deux délégations ont dressé un état des lieux de la série de mesures pratiques mises au point conjointement au cours des derniers mois dans le but d'améliorer le processus de rapatriement et d'éviter qu'un tel événement se reproduise. La délégation suisse a réitéré ses regrets pour le décès à Zurich le 17 mars du jeune Nigérian, atteint d'une grave maladie cardiaque non diagnostiquée.

Accord pionnier

Le mémorandum joue un rôle pionnier, selon l'ODM. Il permettra d'intensifier de manière significative la coopération sur le long terme entre les deux pays. Premier accord de ce type entre la Suisse et un pays africain, il reflète une approche globale de la migration. La Suisse ne connaît pour l'heure que trois accords de ce genre, tous avec des pays des Balkans.

Les discussions menées vendredi entre le secrétaire d'Etat nigérian, l'ambassadeur Peter Maurer et Alard du Bois-Reymond ont porté sur la mise en oeuvre du partenariat et la réalisation d'éventuels projets et initiatives communs. Les deux délégations ont ainsi exploré les possibilités permettant de renforcer le programme suisse d'aide au retour volontaire et à la réintégration dont bénéficient les Nigérians depuis 2005.

Formations sur place

Des discussions préliminaires ont par exemple été menées avec des entreprises suisses opérant au Nigeria afin d'identifier les possibilités d'offrir une formation professionnelle à un certain nombre de jeunes Nigérians.

Dans le domaine de la migration et du développement, la Suisse va étendre au Nigeria un système régional déjà en place, qui vise à identifier, à protéger et à réintégrer les jeunes migrants échoués et les enfants vulnérables. Les deux parties ont accepté d'impliquer davantage dans le partenariat les membres de la diaspora nigériane en Suisse.

La réaction d'Amnesty International

La coopération prévue dans le mémorandum porte notamment aussi sur le renforcement des capacités des services de l'immigration nigérians. Elle touche aussi à la migration régulière, avec des échanges en matière de formation et de perfectionnement, notamment pour des ingénieurs agronomes et des diplomates nigérians.

La lutte contre le trafic des êtres humains et le trafic de drogue, ainsi que la prévention de la migration illégale ne sont pas oubliés. Amnesty International relève des aspects positifs dans ce partenariat, en particulier la collaboration avec des entreprises suisses pour l'aide au retour. La section helvétique de l'ONG réitère en revanche ses reproches vis-à-vis de la procédure de renvois forcés en général. Selon elle, la responsabilité des différentes phases de la procédure est trop diluée et il existe un gros manque au niveau de la transmission de l'information.

ATS relayé par la RSR


Un sujet du journal télévisé de la TSR

Votations du 28/11: appel à manifester

Le 28 novembre, les Suisses se prononceront sur l'initiative de l'UDC dite "pour le renvoi des étrangers criminels" ainsi que sur son contre-projet. A Genève, les jeunes militants de gauche ont appelé à manifester samedi contre les deux textes.

JT de la TSR


A propos des votations, le commentaire d'un analyste de la TSR

La Suisse critiquée sur l'intégration des étrangers

La Suisse s'est présentée vendredi devant le Comité de l'ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels, pour la deuxième fois depuis 1998. Elle devait notamment répondre à des critiques portant sur l'intégration de certaines catégories d'étrangers.

Ouvrant les débats, le chef de la délégation suisse, l'ambassadeur Jean-Jacques Elmiger, chef des affaires internationales du travail au secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), a reconnu que de «nombreuses questions sensibles» demeurent sur le plan des droits économiques et sociaux en Suisse.
L'ambassadeur a cité notamment les inégalités salariales entre hommes et femmes, ainsi que l'intégration des étrangers en matière de revenus et d'emploi. Une nouvelle loi sur l'intégration est en discussion, a-t-il souligné.
Lors d'une audition préliminaire devant le Comité, les représentants d'une coalition de 24 organisations non gouvernementales (ONG) suisses ont dénoncé le fait que la Suisse refuse d'adhérer au protocole facultatif au Pacte international de l'ONU relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et n'a toujours pas créé d'institution nationale des droits de l'homme.
Les ONG ont critiqué des atteintes aux droits syndicaux, l'absence de salaire minimum au niveau national ainsi que la précarité des conditions de vie des requérants d'asile et la vulnérabilité des femmes migrantes.
Le dialogue avec les 18 experts du Comité doit durer toute la journée et se poursuivre lundi matin. La Suisse a ratifié le Pacte international de l'ONU en juin 1992. En vertu du Pacte, chaque pays doit présenter un rapport sur l'application de ses obligations à intervalle régulier.

swissinfo.ch et les agences

Reprise des vols spéciaux vers le Nigeria

Les autorités suisses et nigérianes ont décidé vendredi de reprendre les vols spéciaux de requérants d'asile vers le Nigéria dès le 1er janvier. Ceux-ci avaient cessé suite au décès d’un Nigérian en mars dernier à l’aéroport de Zurich.

La décision de reprendre les vols a été prise dans le cadre de la visite en Suisse du secrétaire d'Etat nigérian aux affaires étrangères Martin Uhomoibhi.
Les vols depuis la Suisse avaient cessé après le décès en mars 2010 à l’aéroport de Zurich d'un Nigérian sur le point d’être rapatrié. A l’occasion de la rencontre à Berne entre Martin Uhomoibhi, Peter Maurer, secrétaire d’Etat du Département fédéral des affaires étrangères, et Alard du Bois-Reymond, directeur de l'Office fédéral des migrations, les deux pays ont discuté de mesures pratiques permettant d’améliorer le processus de rapatriement.
Les deux parties ont décidé de reprendre une coopération régulière basée sur l’accord bilatéral de réadmission de 2003. Dans ce cadre, les deux pays ont conclu les négociations en vue d'un partenariat migratoire via un mémorandum d'entente.
Le mémorandum couvre plusieurs aspects de la coopération en matière de migration, notamment le renforcement des capacités des services de l’immigration, la mise en place de programmes d’échange en matière de formation, l’aide au retour, la réadmission et la réintégration ou encore la prévention de la migration illégale.
Il s’agit du premier accord de ce type entre la Suisse et un pays africain. Le document doit bientôt être signé formellement au niveau ministériel.

swissinfo.ch et les agences