vendredi 9 mai 2008

La Suisse dans le collimateur du conseil des droits de l'homme

Plusieurs pays ont critiqué la polititque migratoire et un "climat xénophobe" en Suisse jeudi devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Micheline Calmy-Rey a reconnu que «la Suisse ne peut pas se reposer sur ses lauriers».
Les affiches de l'UDC et la campagne pour les votations fédérales du 1er juin ont notamment été dans le collimateur du Conseil des droits de l'homme.

Lire le dossier de la TSR

sur ce sujet
Le point de vue des ONG - 9 mai, Journal du matin [01:12 min.]
Itw. Paul Seger, chef de la Direction du Droit international public à Berne - 8 mai, Forums [04:09 min.]

Les ONG renforcées par le conseil des droits de l'homme

Les ONG renforcées au Conseil des droits de l'homme

De très nombreux pays ont exprimé leurs inquiétudes sur les discriminations raciales de certaines campagnes politiques en Suisse.
Légende photo: De très nombreux pays ont exprimé leurs inquiétudes sur les discriminations raciales de certaines campagnes politiques en Suisse. (Keystone)

La Suisse est passée au crible de l'Examen périodique universel. A la grande satisfaction des ONG helvétiques, qui bien que critiques par métier, tressent des lauriers à ce nouvel instrument du Conseil des droits de l'homme.

«Les débats ont été constructifs. Avec le passage de la Suisse, l'Examen périodique universel a gagné en crédibilité», se félicite Daniel Bolomey, secrétaire général de la branche helvétique d'Amnesty international.

Premier motif de satisfaction des 32 ONG suisses réunies pour l'occasion au sein d'une coalition: l'appel de nombreux Etats en faveur de la création d'une institution nationale des droits humains conforme aux recommandations des Nations unies.

«Suite à ces appels, cette question est devenue centrale. En substance, ces Etats ont dit à la Suisse qu'elle ne pouvait pas être un champion des droits humains sur la scène internationale sans se doter d'une telle institution qui examine la situation en Suisse et qui facilite la mise en œuvre des traités internationaux...

LIENS

La journée du réfugié 2008

Journée du réfugié: «La Suisse et moi: une équipe qui gagne!»
A l’Euro 2008 les joueurs de foot sont mis sous les feux des projecteurs. Personne ne se soucie de leur provenance. Beaucoup de gens issus de la migration sont bien intégrés et formant avec la Suisse une équipe qui gagne au quotidien. Engagez-vous pour eux lors de la journée du réfugié.

Participez à la manifestation de prélude le 15 mai 2008 à Berne!

Participez aussi à la Journée nationale du réfugié le 21 juin 2008!

En achetant un signet magnétique vous soutenez le travail de l'OSAR!

Nouvelle édition: La Suisse terre d'asile
Informations sur le droit d’asile et sur les personnes en procédure d’asile, nouvelle édition 2008, français, 24 pages. Download

Naturalisation: La position d'Amnesty

Non à l'initiative sur les naturalisations

© Keystone
L'Assemblée générale de la Section suisse d'Amnesty International a pris position contre l'initiative sur les naturalisations «par les urnes» qui sera votée le premier juin. Elle estime qu'une décision de naturalisation doit être basée sur des critères clairs et transparents et qu'une voie de recours doit être possible. Suite»

Les naturalisations à Infrarouge

La Suisse critiquée par le Conseil des droits de l'homme

La votation du 1er juin sur les naturalisations inquiète notamment plusieurs pays. La Belgique s'est ainsi interrogée sur le fait de savoir si l'acceptation de cette initiative de l'UDC ne serait pas "incompatible avec les obligations internationales" de la Suisse et "le respect des droits fondamentaux". Une inquiétude relayée notamment par le Mexique.

Lire cet article du Matin

24 Heures aborde également ce sujet, sous le titre: "La Suisse peut toujours mieux faire":

Micheline Calmy-Rey a pris acte des critiques formulées par les ONG et les délégations étrangères devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Même si elle figure parmi les bons élèves, la Suisse peut tou­jours mieux faire en matière de droits humains. Micheline Cal­my- Rey le reconnaît volontiers. La délégation helvétique conduite par la conseillère fé­dérale s’est pliée, hier, à l’exer­cice de l’Examen périodique universel (EPU) avec «honnê­teté », de l’aveu même des autres pays membres du Conseil des droits de l’homme. Les ONG, elles, ont jugé l’échange «constructif». «On ne peut pas se reposer sur ses lauriers», a dit la cheffe du Département des affaires étrangères avant de prendre acte des suggestions et criti­ques formulées à l’occasion du passage de la Suisse devant le Conseil des droits de l’homme.

Une politique inquiétante

Plusieurs pays ont insisté sur la nécessité de créer en Suisse une véritable institution natio­nale des droits humains. D’autres ont exprimé leurs in­quiétudes sur la politique mi­gratoire et les discriminations raciales. Les ONG ont souligné «l’impact négatif des campa­gnes xénophobes».Le porte-parole de l’Egypte a relevé que l’on observait depuis plusieurs années une montée du racisme. Plusieurs pays comme l’Algérie ou encore la Côte d’Ivoire l’ont déplorée. Même l’Iran s’est fendu d’un couplet sur la question.

«Une démocratie vivante»

Si elle ne se reconnaît pas dans ce «climat de tension identitaire» et de repli natio­naliste qui exclu l’autre», Mi­cheline Calmy-Rey a expliqué qu’il n’était pas possible de changer le système politique. «La démocratie suisse est une démocratie vivante», a-t-elle rappelé. Et d’ajouter: «Cela im­plique une grande transpa­rence dans le débat politique. Ce qui a pour conséquence que des thèmes même très contro­versés puissent être discutés sur la scène publique, parfois accompagnés d’expressions exagérées et parfois inadmissi­bles. »

Alain Jourdan dans 24 Heures

Sur le même sujet dans Le Temps

Examen périodique au Conseil des droits de l'homme. La Suisse critiquée pour son climat anti-étrangers.
Par Valérie de Graffenried

A la radio

L’ONU épingle la Suisse sur les droits de l’homme 08.05.08 18:00
L’ONU épingle la Suisse sur les droits de l’homme [01:23 min.]

Lire également "La Suisse scrutée par l'ONU", sur la Tribune des droits humains

Le retour des gitans suscite la colère

Cinquante caravanes stationnent à nouveau aux abords du manège. Au grand dam des exploitants agricoles et du voisinage. Les gitans resteront au moins jusqu’à samedi. Un article de Sandrine Fattebert dans 24 Heures.

Quelque 50 familles gitanes ont réinvesti une nouvelle fois les abords du manège d’Yverdon. Excréments et déchets jonchent les alentours. Dans un sous­bois, il reste quelques traces d’huile de vidange. De quoi fâ­cher les habitants du quartier. «Il y a deux semaines, s’emporte une jeune femme en termes beaucoup plus crus, ils ont hurlé comme des cinglés dans notre immeuble, à 3 h du matin.» Une colère que partagent les exploitants agricoles des ter­rains souillés ( 24 heures du 2 mai). Deux d’entre eux ont d’ailleurs déposé une plainte mercredi. Dénonçant l’inertie de la Municipalité, propriétaire de la parcelle occupée, ils ont saisi la préfecture.
Escortée par la police, un mu­nicipal et plusieurs services can­tonaux, la préfète Pierrette Rou­let- Grin s’est rendue sur place hier après-midi, afin de dresser un constat des dégâts. Selon elle, la Municipalité a utilisé la loi sur les campings pour mettre à disposition ce terrain, habi­tuellement exploité à bien plaire par un agriculteur. «Or, celui-ci n’a pas été informé. Il y a visible­ment eu un manque de commu­nication entre les parties, expli­que- t-elle. On ne peut pas chan­ger d’affectation un terrain agricole sans prendre des mesu­res d’accompagnement.» De surcroît dans une zone proté­gée. Enfin, le règlement commu­nal interdit de déféquer sur la voie publique. A charge donc de la police municipale de faire respecter la loi via une «police privée», tel que le préconise la préfète.
Incompréhension

Au coeur du campement, la discussion s’engage avec les gi­tans. Une femme promet que tout sera ramassé lors de leur départ, exigé pour samedi. «Nous avons payé 40 francs par caravane et par jour. Vous n’avez qu’à mettre des toilettes à dispo­sition et payer le paysan avec ces sous!» Pas si simple. En effet, il ne s’agit pas d’une taxe de séjour. Mais bel et bien d’une contribution à l’évacuation de la benne à ordures, mise à leur disposition.

"Je n'aurais pas dû le taper"

Un ado de 15 ans s’est fait agresser par une bande dans un train mercredi de la semaine dernière, en gare d’Yverdon. Un des acteurs de la bastonnade reconnaît son forfait et présente ses excuses. Un article signé Abdoulaye Penda Ndiaye dans 24 Heures.
On s’attendait à avoir en face de nous un sale gosse avec une mine patibulaire. C’est un timide ado­lescent de 14 ans, gringalet, ha­billé aux couleurs de l’Olympi­que de Marseille, qui nous ouvre la porte de l’appartement du sixième étage où il habite. Bruce*, le jeune Yverdonnois qui a frappé avec une bande d’amis un camarade d’école dans un train, il y a dix jours ( 24 heures du 5 mai), passe tout de suite aux aveux.
«J’étais à la Coop de la gare d’Yverdon et des copains m’ont dit que Sébastien* était dans le train. On est allés lui donner une claque et on est descendus du train», raconte, tête baissée, le jeune homme. Aujourd’hui, il affirme regretter son geste: «Je n’aurais pas dû le taper et je lui demande pardon. En plus, mes profs m’avaient déjà conseillé de l’éviter.» Mais pourquoi cette violence? Pourquoi s’attaquer en groupe à une personne seule? Surtout après lui avoir précédemment cassé le nez, à la suite d’une autre bagarre? «A l’école, tout le monde sait que Sébastien et son copain Max* sont des racistes. Il m’a traité à plusieurs reprises de «sale nègre». J’en ai eu marre», murmure Bruce.
Et que dire des observations de l’enseignant qui, dans un rap­port datant de janvier, décrivait Bruce comme un jeune violent suite à une bagarre? «Dès que ce prof a vu son élève en train de saigner, il s’est jeté sur moi, comme s’il voulait m’étrangler», explique-t-il. Et les insultes et menaces proférées contre le maître d’école? «Je lui ai dit que s’il continuait à me brutaliser, il aurait affaire à mon père», pré­cise sur les causes de cette bagarre de janvier au cours de laquelle il a cassé le nez de Sébastien – un collégien de 15 ans –, il affirme avoir cédé à la provocation.
«C’était la fin de la récréation. Son copain et lui se sont mis côte à côte devant moi dans le corridor, exprès pour m’empê­cher de passer. J’ai bousculé son copain, interposé et je lui ai donné un coup au nez.»
«J’en ai perdu l’appétit»

Dans la famille de Bruce, de­puis la publication de l’article de la semaine passée, c’est la consternation. «C’est votre ap­pel qui m’a permis de compren­dre qu’il s’est passé quelque chose à la gare, lance la mère, les yeux embués de larmes. J’en ai perdu l’appétit. Mon fils a fauté en voulant régler le pro­blème lui-même. Je présente mes excuses à Sébastien et à ses parents car je me mets à leur place. Mais ce serait bien aussi que les provocations cessent.»
Une vie bouleversée

Bruce est l’avant-dernier d’une famille de huit enfants. La famille vivait en République dé­mocratique du Congo. Le père de Bruce faisait partie de la garde rapprochée de Mobutu. Quand le régime du dictateur à la toque de léopard est renversé en 1997, il s’enfuit de Kinshasa. La mère est alors enceinte du cadet de la famille. Des fastes du pouvoir et de ses lambris dorés, la famille passe à la pré­carité, obligée de se cacher pour pas subir les foudres des partisans du nouveau régime. ce moment, notre vie a été bouleversée», indique la femme 47 ans. Bruce avait alors ans. Il débarquera en Suisse cinq ans plus tard.
«Avant, mon mari voyageait souvent. Il a ainsi fait de nom­breux séjours en Suisse avec Mobutu. Je n’avais pas besoin de travailler et je m’occupais des enfants. Maintenant, il est aide­ cuisinier et moi aide-infirmière. On n’arrête pas de courir pour pouvoir nourrir la famille.»

Commentaires de Cilette Cretton (directrice pédagogique de l'école obligatoire) et Jean-Christophe Sauterel (porte-parole de la police cantonale)

Cette femme a été agressée par un groupe de collégiens d’Yverdon. Son fils de 13 ans venait d’être battu suite à une rumeur prétendant qu’il avait insulté les musulmans (photo Olivier Allenspach)

Ils en viennent aux mains pour des questions de couleur de peau ou de religion. La connota­tion raciste des agressions sur­venues à Yverdon n’est pourtant pas perçue comme une ten­dance par la police cantonale, qui ne constate pas d’augmenta­tion des cas de violence juvénile liés à des conflits inter-ethniques. «C’est un aspect qui peut intervenir dans certains cas, mais ce n’est pas l’élément principal, estime son porte-parole, Jean-­Christophe Sauterel. Ce n’est pas un phénomène de bandes riva­les ethniques qui s’opposent sur l’ensemble du canton.» Jean-Christophe Sauterel rappelle en revanche que la lutte contre la violence juvénile est une priorité majeure de la police cantonale. Des actions de prévention ont été mises sur pied pour y faire face. La police collabore par exemple avec les préfets dans le cadre du concept «La prévention c’est l’affaire de tous», qui vise à trouver des solutions de conciliation extraju­diciaire entre une commune, des parents et un jeune ayant com­mis des délits mineurs. La police s’implique par ailleurs dans la mise en place de réseaux avec les écoles concernées, les com­munes, la police municipale et les services sociaux pour trouver ensemble des solutions. Elle propose en outre des cours de prévention aux élèves. Le ra­cisme et le respect y sont no­tamment abordés.
Ce problème est par ailleurs considéré comme un sujet important par l’école vaudoise qui propose différentes mesures de prévention. «Nous avons introduit des cours d’éducation à la citoyenneté. Les élèves y abordent la prévention du racisme. L’idée est d’apprendre à se comprendre entre ethnies ou religions et à vivre ensemble», indique Cilette Cretton, direc­trice pédagogique de l’école obligatoire vaudoise. Le racisme est par ailleurs abordé de ma­nière ponctuelle dans d’autres cours ou lorsque des incidents, comme ceux d’Yverdon, donnent lieu à des débats en classe.
Pour autant, la responsable pédagogique ne perçoit pas de multiplication des conflits d’ori­gine ethnique à l’école. «Je ne peux pas dire que c’est plus fréquent aujourd’hui qu’hier. En revanche, on en a davantage conscience. Des cas de racisme que l’on pouvait trouver nor­maux dans le passé ne sont plus tolérés», conclut-elle.

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