mardi 28 juin 2011

Nouvelles de Fahad

Bonjour,

Je ne vous ai pas donné beaucoup de nouvelles de Fahad depuis bien longtemps. À sa demande, ses proches sont volontairement restés discrets sur sa procédure d’asile en Suède. Après l’acharnement des autorités suisses sur son cas, Fahad redoutait que la médiatisation de ses mésaventures ne nuise plus qu’elle ne lui serve. Nous n’avons pas lâché le morceau pour autant!

Comme nous le redoutions depuis son expulsion de Suisse, la Suède n’a pas accordé le statut d’asile, même provisoire, à Fahad. Ni à lui, ni à des milliers d’autres Irakiens menacés. Rappelons que la Suède, estimant que l’Irak est un pays sûr, renvoie à tour de bras ses requérants d’asile Irakiens. Et que la Suisse n’a pas hésité à expulser par la force, en vertu des accords de Dublin, Fahad en Suède, son premier “pays d’accueil” en Europe.

Pourtant sur son site, notre département fédéral des affaires étrangères met en garde toute personne qui souhaite se rendre en Irak: “En dépit du transfert du pouvoir aux autorités irakiennes, le pays manque toujours de structures stables. La situation reste confuse et la sécurité n'est pas assurée. Les risques d'enlèvement et d'attentats terroristes sont élevés.

Suite à la décision négative des autorités suédoises, Fahad a dû réagir très vite. Il risquait du jour au lendemain d’être arrêté, mis de force dans un avion et livré pieds et poings liés aux autorités de Bagdad. Après son incarcération dans les geôles zurichoises qui lui ont laissés de profondes séquelles psychologiques, Fahad redoutait plus que tout d’être à nouveau privé de liberté. Pour sauver sa vie, il a fui la Suède pour rejoindre celle qu’il aimait en Suisse.

La peur au ventre, Fahad a traversé à nouveau l’Europe. Un parcours semé d’embûches parce nos gouvernements n’hésitent plus à mettre en prison comme de vulgaires criminels ceux qui ont fui les persécutions et la guerre. On compte près de 250 centres de rétention sur le territoire de Schengen – dont 28 en Suisse – où croupissent à l’abri des regards plus de 40'000 hommes, femmes et enfants pour la seule raison qu’ils ont demandé l’asile ou qu’ils sont sans papiers.

Fahad a eu de la chance, il est s’en est sorti. C’est un homme intègre. Depuis sa fuite d’Irak en 2007, il ne s’est jamais écarté de la loi lors de sa procédure d’asile. Menacé de mort dans son pays pour avoir travaillé comme traducteur pour les Américains, il voulait qu’on lui reconnaisse le droit d’être protégé le temps que son pays retrouve la paix.

Il y a longtemps que Fahad voulait unir sa vie avec l’élue de son cœur, mais il ne voulait pas que la moindre suspicion de mariage blanc vienne souiller leur amour. Mais le temps pressait car au premier janvier de cette année, une loi allait interdire toute union en Suisse avec un requérant d’asile débouté ou un sans papier. Après 15 mois de procédure kafkaïenne, Fahad s’est marié en décembre dernier à Lausanne avec Marie, sa fiancée suisse et obtenu le droit de mener enfin une vie normale.

Quelle fête ! Une centaine d’amis ont célébré à l’hôtel de ville de Lausanne dans la joie et les larmes de bonheur le commencement d’une nouvelle vie. Les parents de Fahad, restés malgré eux à Bagdad, ont offert la robe de mariée. La belle Marie, rayonnante, semblait sortie d’un conte des Mille et Une Nuits. Le père de la mariée, la gorge nouée, a fait l’éloge de son gendre en le comparant à Sinbad le marin parti comme lui de Bagdad pour chercher sa bien-aimée. Des jeunes mariés ou de ceux qui ont protégé Fahad, impossible de savoir qui étaient les plus heureux.

Fahad a repris ses études d’ingénieur abandonnées quatre ans auparavant. Puisse son histoire donner une lueur d’espoir dans les temps sombres que nous traversons.

Merci à tous ceux qui ont soutenu Fahad.

Bien à vous,

Fernand Melgar

fahad et marie

Héros de la forteresse, Fahad est de retour

 

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