mardi 13 novembre 2007

Islam: la Suisse passe son examen


Le délégué de l'OSCE effectue une visite en Suisse pour examiner la situation des musulmans. Lire l'article du Courrier

Le fromager kosovar sera renvoyé samedi

Avdulla Hakaj, le fromager kosovar des caves de la Tzintre et de Bulle (FR), quittera la Suisse samedi depuis l'aéroport de Zurich.


Avdulla Hakaj «a un don,
dit son patron, il vit le fromage».
Charly Rappo/arkive.ch

«Je ne l'ai encore dit à personne de ma famille au Kosovo.» Avdulla Hakaj, le fromager kosovar qui a salé les gruyères et vacherins fribourgeois dans les caves de la Tzintre à Charmey (FR) durant l'été et travaillé dans celles de Bulle (FR) pendant l'hiver, a été sommé de quitter la Suisse samedi 17 novembre. La police l'attendra à l'aéroport de Kloten à Zurich pour s'assurer de son départ.

Pétition sans effet

Une décision qu'Avdulla a apprise hier matin, lors d'une entrevue avec la police des étrangers à Fribourg. Le soutien de ses amis suisses et la pétition signée par 600 personnes pour le faire rester en terres fribourgeoises n'auront pas suffi. Il aurait d'ailleurs déjà dû partir le 20 juin, mais, en raison de la saison des fromages d'alpage qui battait son plein, il avait obtenu un délai jusqu'à cet automne («Le Matin» du 7 juillet).

Et une fois arrivé au Kosovo, dans son village d'Istog, à 70 km de Pristina, que fera cet homme de 36 ans? Son patron, Nicolas Esseiva, dit de lui qu'«il a un don», qu'«il vit le fromage». Projette-t-il alors d'utiliser ses compétences acquises en Suisse pour ouvrir une fromagerie là-bas? «Non, ce ne sera pas possible, car je n'ai pas de moyens. Je vis depuis onze ans et demi en Suisse sans jamais être retourné au Kosovo. Ma vie est donc ici. C'est vraiment dur de devoir partir.»

Du côté des autorités fribourgeoises, Erwin Jutzet, conseiller d'Etat socialiste en charge de la Sécurité et de la justice, avait expliqué au «Matin» le 8 juin dernier que, juridiquement, il n'y a pas d'autre solution que le renvoi pour Avdulla: «Son dossier a déjà été examiné et refusé dans les cantons de Genève et du Valais.» Le conseiller d'Etat avait pourtant jeté les bases d'un espoir: «Il faut qu'il demande un visa suisse depuis là-bas avec le soutien de l'ambassade sur place. Mais nous ne pouvons pas lui donner 100% de garantie de réussite.»

Un article de Stéphane Berney dans le Matin

Observateur de l'OSCE en Suisse

«Si un observateur cherche les problèmes, il en trouvera!»
Un expert de l’OSCE se penche sur la situation de la communauté islamique dans notre pays. Analyse de la sociologue Mallory Schneuwly Purdie.


Mallory Schneuwly Purdie est
aussi sociologue à l’Observatoire des
religions à l’Uni de Lausanne.

Les quelque 330 000 musulmans de Suisse font l’objet d’une atten­tion particulière. Représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Eu­rope) contre l’intolérance et les discriminations envers les mu­sulmans, Ömür Orhun visite no­tre pays jusqu’à demain. Mallory Schneuwly Purdie, vice-prési­dente du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (GRIS), ré­pond à nos questions.
– La situation des musulmans dans notre pays est-elle si inquié­tante?
– Dans les relations avec les musulmans, deux choses sont importantes: la garantie de la liberté religieuse et le respect de notre constitution par cette com­munauté. De ce point de vue, les choses se passent en général sans problème. Mais si un obser­vateur cherche les problèmes, il en trouvera! Le port du voile n’est pas toujours accepté et on observe des discriminations, no­tamment à l’emploi. Mais comme beaucoup de choses se passent au niveau cantonal, on peut difficilement généraliser. D’autre part, il y a certainement chez nous des musulmans radi­caux, comme ailleurs en Europe. Actuellement, l’opinion publique étrangère est frappée par l’initia­tive contre les minarets. Cepen­dant, les vrais enjeux sont les mêmes un peu partout: il s’agit d’intégrer une population margi­nale économiquement.
– En Suisse, il semble que le regard sur cette communauté s’est durci…
– Cela s’explique par un con­texte général de remise en ques­tion. Quand un pays traverse une crise identitaire, il a besoin de se trouver un ennemi. Pen­dant longtemps, c’était le péril rouge. Maintenant, c’est le péril vert.
– Est-ce particulier à notre pays?
– Non. La particularité, dans notre pays, tient au fait que cette communauté est très hété­rogène. En Suisse, les musul­mans sont originaires aussi bien des Balkans, de Turquie, du bassin méditerranéen que du Moyen-Orient. Du coup, ce groupe peine à s’organiser. Ses membres n’ont pas de langue en commun et parfois, il existe des tensions entre eux. Même la façon d’être musulman peut être très différente suivant que vous êtes originaire d’un ancien Etat communiste ou d’un ré­gime islamique!
Un article de Caroline Zuercher pour 24 Heures

Juste en passant

24 Heures nous apprend que Christoph Blocher a été la cible volontaire d'un taser. Alors que le parle­ment n’arrive pas à se mettre d’accord sur le recours au taser lors de l’expulsion de person­nes séjournant illégalement en Suisse, le conseiller fédéral a voulu savoir de quoi on parle. Il n’a pas toutefois pas voulu commenter son expérience...

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Fusillade au Centre islamique

Un forcené armé d'un fusil d'assaut a blessé une personne, hier soir, au Centre culturel islamique de la rue du Jura. Il a été interpellé à sa sortie du bâtiment.


Après le coup de feu, la gendarmerie
cantonale et les forces de police de l’Ouest
lausannois sont rapidement intervenu et
ont pu maîtriser le forcené. ERIC JAQUEROD

Un carnage semble avoir été évité de justesse, hier soir, à Crissier. Aux environs de 19 h 30, un forcené armé d'un fusil de l'armée suisse un FAS 90 a pénétré dans le Centre culturel islamique de la rue du Jura 7. Une vingtaine de personnes se trouvaient dans le lieu de culte situé dans une cour intérieure, à deux pas du centre-ville de Renens. Des témoins, qui ont assisté à la scène, ont expliqué avoir vu l'enragé tirer des coups de feu et blesser au thorax l'un des hommes présents. Rapidement, le tireur fou a pu être immobilisé par les fidèles réunis dans le lieu de prière.

Arrivées sur place quelques minutes seulement après le forfait, la gendarmerie cantonale et les forces de police de l'Ouest lausannois ont pu interpeller l'auteur de la fusillade, à l'intérieur même du bâtiment. Une fois à l'extérieur, le forcené a encore tenté de se libérer. Il a pu être maîtrisé par les policiers qui l'ont emmené sous les yeux des curieux.

Les cinq véhicules médicalisés qui avaient été sollicités ont quitté Crissier une fois le blessé embarqué, vers 20 h 15. Le dispositif de sécurité est resté, quant à lui, en place jusqu'à l'arrivée de la Sûreté qui a mené l'audition des témoins sur les lieux-même du forfait. En début de soirée, aucune information n'a été divulguée par la gendarmerie. Ni sur les raisons qui ont poussé l'homme à proférer un tel acte, ni sur l'origine du criminel en possession d'une arme militaire.

Un article de Gérald Cordonier dans 24 Heures

Virus vert sombre

Les représentants de l'UDC sont à l'écoute du peuple, à l'image d'Yvan Perrin, interviewé par Serge Enderlin: «La plainte d’une population fatiguée par le laxisme ambiant, par l’angélisme d’une gauche archaïque et d’une droite centriste sans projet. Il faut nommer les choses par leur nom. 70 % des détenus sont des étrangers. C’est pour cela que nous avons fait une affiche avec des moutons noirs. Ceux qui ne respectent pas nos lois n’ont rien à faire chez nous.»