La Libye a laissé des membres de l'ambassade d'Erythrée rencontrer en prison des demandeurs d'asile érythréens, a affirmé Human Rights Watch (HRW) qui craint que le personnel diplomatique ne les force à retourner dans leur pays où ils risquent la torture.
"Les autorités libyennes ont donné à des responsables érythréens l'accès à des migrants érythréens, dont de nombreux demandeurs d'asile détenus en Libye", indique vendredi dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York.
"Les Erythréens qui cherchent l'asile par peur de persécution chez eux bénéficient du droit à la confidentialité pendant l'étude de leur cas", estime Bill Frelick, directeur de la politique des réfugiés à HRW.
"En invitant des responsables érythréens à les rencontrer, et peut-être à les intimider, en détention, la Libye viole gravement leurs droits d'asile", ajoute-t-il.
Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a recommandé aux gouvernements accueillant des demandeurs d'asile érythréens de s'abstenir de les rapatrier par la force parce qu'ils risquent d'être arrêtés et torturés dans leur pays.
Selon HRW, "ces deux dernières semaines, des responsables de l'ambassade d'Erythrée se sont rendus dans plusieurs centres de détention pour migrants (...) Ils ont pris en photos des détenus, et des responsables érythréens et libyens les ont contraints à remplir des formulaires".
Les détenus pensent que ces formulaires vont servir à leur déportation, selon HRW.
L'organisation rapporte en outre que des Erythréens du centre de détention de Sorman (Libye) ont affirmé début janvier que ceux qui refusaient de se faire prendre en photo avaient été battus par des gardiens libyens.
Mi-janvier, d'autres Erythréens détenus dans les centres de Misratah et Garabule ont indiqué que des membres des forces de sécurité les avaient battus lorsqu'ils avaient refusé de remplir les formulaires, et les avaient menacés de les priver de nourriture, toujours selon HRW.
En avril 2009, le ministre libyen de la Justice Mustapha Mohamad Abdeljalil avait affirmé à HRW que son pays ne déporterait pas les Erythréens ni les Somaliens.
"La Libye devrait adopter une loi (sur le droit) d'asile pour protéger les réfugiés", indique HRW. "Elle devrait signer et ratifier la Convention (de Genève) sur les réfugiés de 1951".
Avec ses 1.770 km de frontières maritimes, la Libye qui partage plus de 4.000 km de frontières avec ses six voisins africains, est un pays de destination et de transit d'immigrés originaires notamment de l'est et du sud de l'Afrique, vers Malte ou Lampedusa (Italie).
AFP