mardi 18 mars 2008

La chasse aux Roms et aux miséreux

Doudou Diène à Lausanne

Fin de la baisse des demandes d'asile dans les pays développés

La tendance à la baisse des demandes d'asile qui était observée depuis cinq ans dans les pays industrialisés s'est inversée, a annoncé lundi le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). L'augmentation du nombre de demandeurs d'asile irakiens en est la principale cause.

Quelque 338.000 nouvelles demandes de reconnaissance du statut de réfugié ont été soumises l'an dernier dans 43 pays industrialisés, en hausse de 10 pc par rapport à 2006, a indiqué le HCR. Les Irakiens sont arrivés en tête des demandeurs d'asile dans les pays industrialisés à travers le monde. Leur nombre a quasiment doublé en un an, passant de 22.900 en 2006 à 45.200 en 2007. Après l'Irak, les principaux pays d'origine sont la Russie (18.800), la Chine (17.100), la Serbie (15.400) et le Pakistan (14.300). Les Etats-Unis ont été l'an dernier le principal pays de destination des demandeurs d'asile, toutes nationalités confondues, avec environ 49; 200 nouvelles demandes d'asile, soit 15 pc de l'ensemble des demandes d'asile dans les pays industrialisés.

Quand la burqa fusionne avec le bikini

Les bains publics zurichois autorisent le port du burqini, un maillot de bain intégral pour musulmanes. Or, le parti d’extrême droite des Démocrates suisses veut l’interdire. Un article de Monique Keller pour 24 Heures.


Une baigneuse musulmane et son maillot deux-pièces.
«Les burqinis ne sont pas hygiéniques et constituent
une provocation de la part de migrants qui ne veulent
pas s’adapter aux moeurs et usages locaux»,
estiment les Démocrates suisses.
ZWOLLE, PAYS-BAS, FÉVRIER 2008
EPA

Dans les eaux zurichoi­ses, certaines femmes se baignent habillées de pied en cap. Elles ne sont ni plongeuses ni adeptes du triathlon, mais simplement mu­sulmanes. Leur maillot d’un genre nouveau s’appelle le bur­qini, un croisement entre le bikini sexy et la stricte burqa. Il s’agit d’un ensemble deux piè­ces en Lycra, constitué d’un leggings couvrant les jambes jusqu’aux chevilles et d’un sweat-shirt à longues manches orné d’un capuchon envelop­pant les cheveux ainsi que d’une jupette pour protéger les courbes féminines du regard masculin.
Le burqini n’est pas nouveau. Il a débarqué dans les bains publics zurichois, il y a trois ans. Mais depuis peu, des pan­neaux à l’entrée des piscines rendent les baigneuses attenti­ves au fait que le port du vête­ment est officiellement accepté, selon le nouveau règlement. «Pour des raisons d’hygiène nous ne tolérons pas que les femmes se baignent toutes ha­billées, le burqini représente
donc pour elles une alternative intéressante», souligne Peter Hediger du service des bains et piscines zurichoises.
Pudeur
«provocante»
Tous ne sont pas de cet avis. Pour le parti des Démocrates suisses (DS), «les burqinis ne sont pas hygiéniques et consti­tuent une provocation de la part de migrants qui ne veulent pas s’adapter aux moeurs et usages locaux», écrivent-ils dans une motion. Pour ces rai­sons, les parlementaires d’ex­trême droite demandent à la ville de Zurich d’interdire leur port dans les bains des bords de la Limmat.
A la tête du Département des sports, on se montre plutôt étonnés par cette réaction. «L’argument de l’hygiène ne tient pas, réfute Peter Hediger. Le burqini est aussi hygiénique que n’importe quel autre maillot de bain puisqu’il est constitué du même tissu.» Pour lui, interdire le burqini reviendrait à proscrire dans la foulée les néoprènes utilisés par les plongeurs et les triath­lètes. «La polémique autour du burqini est un faux problème, poursuit Peter Hediger. Depuis qu’il est apparu à Zurich, il y a trois ans, nous n’avons jamais eu de plainte de la part des clients.» Sur les bords de la Limmat, les adeptes du fameux maillot intégral ne seraient qu’une de­mi- douzaine. Une goutte d’eau face aux 1,7 million de bai­gneurs qui fréquentent chaque
année la vingtaine d’installa­tions de la ville.
Lausanne et Genève intéressés

En Suisse romande, le burqini n’a pas (encore) fait son appari­tion. «Jusqu’ici, personne ne s’est présenté avec ce type de maillot», atteste Christian Ba­rascud, gérant des piscines et patinoires lausannoises. S’il ad­met ne pas avoir été confronté à l’objet, il se montre plutôt inté­ressé. «Le règlement exige que les baigneurs adoptent un maillot approprié à leur sexe. Ensuite, nous nous adaptons à la demande, car les choses évo­luent. » Les maillots de compéti­tion, notamment, sont de plus en plus longs pour permettre une meilleure glisse. «Tant qu’il est en Lycra, ce type de maillot est accepté», précise Christian Barascud. Selon lui, le burqini pourrait donc avoir ses chances dans les piscines lausannoises.
Car à Lausanne, comme à Genève, les personnes qui de­mandent à pouvoir se baigner toutes habillées ne sont pas rares. «Nous avons énormé­ment de problème à la caisse avec les femmes musulmanes, confie une réceptionniste cais­sière de la piscine des Vernets. Elles ne veulent souvent pas comprendre que pour des rai­sons d’hygiène, elles doivent se mettre en maillot.» Et pour cause! «Au contact des vêtements de ville, l’eau des bassins se transforme rapide­ment en bouillon de culture», confirme Christian Barascud.

Taser accepté par le gouvernement

La police pourra recourir aux pistolets à électrochocs lors de l'expulsion d'étrangers récalcitrants. Les deux Chambres ont finalement adopté la proposition de la commission de conciliation, mettant ainsi sous toit la loi sur l'usage de la contrainte.



Après avoir rejeté à trois reprises le recours aux "tasers", le Conseil des Etats a finalement suivi le National par 26 voix contre 13. S'il avait persisté, il aurait fait couler l'ensemble de la loi. Sans surprise, la Chambre du peuple a elle confirmé sa position par 115 voix contre 71.
Les forces de l'ordre seront notamment autorisées à utiliser leurs armes en dernier recours, des menottes et autres liens ainsi que des chiens. Les tentatives de la gauche de restreindre cet arsenal conformément aux recommandations de l'Assemblée du Conseil de l'Europe sur les expulsions ont échoué.

(ats)

Ci-dessous, le communiqué des ONG qui s'opposaient à cette solution:

Mieux vaut pas de loi du tout qu’une loi avec les «Tasers»


Berne, le 14 mars 2008. Avant le vote de mardi prochain, six organisations s’adressent aujourd’hui au Conseil des Etats pour lui demander de refuser la proposition de conciliation dans le cadre de la loi sur l’usage de la contrainte. Selon elles, il est préférable de se passer de cette loi, qu’elles avaient certes souhaitée au début, mais qui aujourd’hui ne répond plus à leurs attentes.

Amnesty International, droitsfondamentaux.ch, Humanrights.ch / MERS, les Juristes démocrates de Suisse, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et Solidarité sans frontières ont envoyé aujourd’hui une lettre aux conseillers et conseillères aux Etats pour leur faire part de leur extrême préoccupation quant à la décision prise par la Commission de conciliation des chambres fédérales de se rallier à la position du Conseil national et d’autoriser l’usage des armes incapacitantes à électrochoc («Tasers») dans le cadre de la loi sur l’usage de la contrainte (LUsC).

En accord avec les positions qu’elles ont prises ces derniers mois contre l’usage des «Tasers», ces organisations préfèrent aujourd’hui se passer d’une loi, qu’elles avaient certes souhaitée au début, mais qui aujourd’hui ne répond plus à leurs attentes.

Le Parlement doit se rendre compte qu’il est appelé à prendre une décision qui mérite un examen extrêmement attentif et qui doit respecter totalement le principe de précaution. A ce stade de nos connaissances, sans qu’aucune enquête approfondie et indépendante n’ait été menée sur ses conséquences pour la santé, il est impossible de prétendre sérieusement que le «Taser» ne fera pas courir de risques aux personnes contre lesquelles il sera utilisé.

La loi offre certes quelques points positifs tels que l’interdiction d’utiliser des moyens pouvant entraver les voies respiratoires ou des prescriptions strictes concernant la fouille, mais elle ne fait que formaliser des interdictions qui sont déjà, dans une très large mesure, en vigueur dans les cantons. On peut dès lors admettre que la LUsC n’est pas, en regard de ces points positifs, absolument indispensable.

Elle l’est d’autant moins que – hormis la question des «Tasers» - de nombreux autres points sont contestés par les organisations signataires. Il en va ainsi de la possibilité de déléguer les tâches impliquant l’usage de la contrainte à des particuliers, de l’absence d’interdiction formelle de la torture, de l'absence d’observateurs des droits humains indépendants (comme demandé par le Comité européen pour la prévention de la torture), de la possibilité d’user de la contrainte à l’égard d’enfants (au risque d’être incompatible avec la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant), de la possibilité de faire usage d’armes à feu, d’entraves et de chiens de service à l’encontre d’étrangers en voie d’expulsion ou encore de l’absence d’organe de plainte indépendant en cas d’abus.

Les organisations signataires engagent donc vigoureusement les Conseillers et Conseillères aux États, qui ont déjà à trois reprises refusé par une large majorité l’introduction du «Taser» dans cette loi, à rester fermes et cohérents avec leurs positions précédentes et à refuser d’adopter une loi qui met en jeu la santé, voire la vie, d’êtres humains.

Communiqué de presse de six ONG: Amnesty International, droitsfondamentaux.ch, Humanrights.ch / MERS, les Juristes démocrates de Suisse, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et Solidarité sans frontières.