Un jeune homme déguisé en vieillard a volé de Hong Kong à Vancouver. Ce candidat à l'asile a déjoué les contrôles douaniers dans un aéroport à Hong-Kong, tout cela grâce à un masque en latex.
TSR
Un jeune homme déguisé en vieillard a volé de Hong Kong à Vancouver. Ce candidat à l'asile a déjoué les contrôles douaniers dans un aéroport à Hong-Kong, tout cela grâce à un masque en latex.
TSR
Les Etats-Unis commémorent le 9e anniversaire des attentats du 11 septembre sur fond de polémique autour du projet de mosquée à Ground Zero, tandis que la menace du pasteur Terry Jones de brûler le Coran plane toujours. Eclairage avec un des responsables du Conseil sur les relations islamiques et américaines (CAIR) à Washington.
Ultime rebondissement. Hier soir, le pasteur américain Terry Jones, à l’origine de l’initiative de brûler le Coran, donnait deux heures à l’imam Feisal, promoteur du projet de mosquée à Ground Zero, pour donner son accord sur un changement de site. A l’issue de l’ultimatum, et à l’heure où nous mettons sous presse, l’imam ne s’était pas manifesté et le révérend Jones n’avait pas dévoilé ses intentions.
Ahmed Rehab, l’un des responsables du Conseil sur les relations islamiques et américaines (CAIR) à Washington, revient sur cette polémique devenue planétaire et sur l’islamophobie ambiante qui règne aux Etats-Unis.
– Est-il difficile d’être musulman aujourd’hui aux Etats-Unis?
– C’est compliqué. Nous sommes à un tournant. Nous voyons aujourd’hui l’expression d’une islamophobie qui était sous-jacente depuis longtemps. Les Américains réalisent l’islamophobie qu’il y a chez eux, et nous espérons qu’ils vont s’y attaquer comme on s’attaque à une maladie.
– Dans ce contexte, l’idée de faire construire une mosquée à deux pas de Ground Zero était-elle une mauvaise idée?
– Au contraire, je pense que c’était la meilleure idée possible, parce qu’Al-Qaida nous a aussi attaqués le 11 septembre 2001. Des musulmans sont morts ce jour-là et, en plus, notre religion a été prise en otage. Cette mosquée est l’expression de notre appartenance aux Etats-Unis, une sorte de revendication identitaire. Les opposants qui parlent de mosquée de la victoire comme si nous avions conquis un territoire ne peuvent pas être sérieux. Al-Qaida ne sera pas la bienvenue dans cette mosquée.
– Mais comprenez-vous que des Américains, et notamment des familles des victimes, trouvent ce projet déplacé?
– Je comprends, mais je ne suis pas d’accord. Il n’y a aucun lien entre la mosquée et le 11 septembre. C’est même tout le contraire. Toutes les familles de victimes ne sont d’ailleurs pas opposées au centre islamique. Cette polémique a été exagérée.
– Certains Américains comparent le projet de Terry Jones à la pratique, courante dans certains pays arabes, qui consiste à brûler le drapeau américain.
– Nous parlons de deux choses différentes. Ces pratiques ont lieu dans d’autres pays, pas aux Etats-Unis. Personne n’oserait brûler le drapeau américain ici. Et vous ne verrez jamais un musulman brûler une Bible, car les musulmans considèrent que c’est un livre saint.
– Et que dites-vous aux musulmans de l’étranger qui ne comprennent pas qu’on puisse brûler des Corans sans que le gouvernement intervienne?
– Je pense que les musulmans du monde entier savent faire la différence. Je ne crois pas qu’ils en veulent au gouvernement Obama. Ils en veulent surtout au pasteur Terry Jones.
Jean-Cosme Delaloye dans 24 Heures
…………………………………………………………………………………………
Cliquer pour agrandir dans une nouvelle fenêtre
Près de la moitié de la population estime que l'immigration a un effet négatif sur la société canadienne, révèle un sondage publié hier. Les résultats de l'étude ont eu des échos jusqu'en Inde, où le ministre fédéral de l'Immigration Jason Kenney est en visite. Ce dernier estime que l'affaire du bateau tamoul a teinté la perception des répondants.
Selon un sondage Angus Reid/Opinion publique mené au début du mois de septembre, 46% des Canadiens affirment que l'immigration a un impact négatif au pays, une augmentation de 5% par rapport à août 2009. Seulement 34% de la population croit que l'immigration a un effet bénéfique. La Colombie-Britannique (44%) et le Québec (42%) sont les provinces où les répondants sont les plus nombreux à percevoir l'immigration de façon positive. Du côté de l'Alberta, 56% des répondants estiment que l'immigration a un effet négatif. En Ontario, cette proportion atteint 55%.
De passage en Inde, où il tente de convaincre ses homologues asiatiques d'adopter des mesures plus sévères contre les conseillers en immigration malhonnêtes, le ministre Jason Kenney a déclaré que les Canadiens étaient néanmoins très ouverts à accueillir de nouveaux arrivants.
«Les Canadiens soutiennent un système d'immigration fort, généreux, ouvert et légal», a-t-il affirmé. «Ils sont d'accord pour qu'on vienne en aide aux vrais réfugiés, victimes de persécution, et qu'on leur offre la possibilité de s'installer ici. Mais je pense que lorsqu'ils voient des gens arriver au Canada en contournant le processus légal normal, ça heurte leur sentiment de justice et leur respect pour la primauté du droit.»
Selon le ministre Kenney, l'arrivée d'un navire transportant environ 490 réfugiés tamouls en Colombie-Britannique il y a quelques semaines a influencé les résultats du sondage.
«Je suspecte que les résultats ont pu être affectés par l'incident récent d'arrivée de clandestins, qui a pu heurter le sentiment d'équité de plusieurs Canadiens», a-t-il dit.
Les répondants du sondage de la firme Angus Reid se sont d'ailleurs prononcés à 50% en faveur de l'expulsion des passagers vers leur pays d'origine, et ce, même s'ils ne sont pas liés à des organisations terroristes et que leur statut de réfugié est reconnu.
Le sondage dévoile également que 44% des Canadiens croient que les immigrants illégaux enlèvent du travail aux citoyens. Seulement 23% de la population estime que les immigrants illégaux qui travaillent au Canada devraient avoir le droit de demeurer au pays pour éventuellement présenter une demande de citoyenneté.
Le sondage Angus Reid/Opinion publique sur l'immigration a été mené les 2 et 3 septembre derniers auprès de 1007 Canadiens choisis au hasard. La marge d'erreur est de 3,1 points de pourcentage.
Daphné Cameron dans la Presse, avec la collaboration de Malorie Beauchemin
Près d'un Canadien sur deux estime que l'immigration est néfaste pour le pays, et plus d'un sur trois souhaite que le nombre de nouveaux arrivants accueillis par Ottawa soit revu à la baisse, révèle un nouveau sondage. Mais l'idée que se font parfois les autres Canadiens d'un Québec sectaire ne semble qu'un mythe, alors que c'est là que l'immigration est perçue le moins négativement.
Le dernier coup de sonde effectué en ligne par la firme Angus Reid auprès de 1007 personnes ébranle l'idée que les Canadiens se font d'eux-mêmes. Une société accueillante, le Canada? Peut-être, mais de plus en plus malgré elle, semble-t-il. Ainsi, 46 % des répondants estiment que l'immigration a un effet négatif sur le pays. Il s'agit d'une hausse de cinq points par rapport à pareille date l'an dernier. Ce sont les Albertains (56 %) et les Ontariens (55 %) qui sont les plus négatifs, alors que le Québec et la Colombie-Britannique (35 %) se retrouvent à l'autre extrémité du spectre. En moyenne, seulement 34 % des Canadiens (et 42 % des Québécois) voient l'immigration comme positive. Il s'agit d'une baisse de trois points par rapport à août 2009.
Les Canadiens sont toutefois plus ambivalents quant au niveau d'immigration acceptable: 38 % croient qu'on devrait accueillir moins d'immigrants chaque année, mais ils sont autant (39 %) à croire que les niveaux devraient rester les mêmes. Encore là, il y a une légère détérioration des perceptions par rapport à l'an dernier. Ce sont les Ontariens (42 %) et... les Québécois (40 %) qui sont les plus susceptibles de réclamer une réduction du nombre annuel d'immigrants. Depuis 10 ans, le Canada accueille annuellement environ 250 000 nouvelles personnes.
Le ministre fédéral de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, attribue cette détérioration des perceptions à l'arrivée d'un bateau clandestin rempli de réfugiés tamouls cet été, sur la côte ouest.
«Je soupçonne que les résultats ont été affectés par les récents incidents de trafic», a déclaré M. Kenney au cours d'une conférence téléphonique alors qu'il se trouvait à New Delhi, en Inde. «Les Canadiens appuient un système d'immigration fort, généreux et légal. Ils appuient la relocalisation de véritables réfugiés, mais quand des gens arrivent par des moyens en dehors du processus normal et légal, ça heurte leur sens de l'équité. Je soupçonne que les événements sur la côte ouest a peut-être ébranlé leur appui.»
Cet été, un bateau rempli de 490 Tamouls réclamant le statut de réfugiés a touché les côtes de la Colombie-Britannique. Depuis, le gouvernement conservateur les désigne comme des «migrants illégaux» ayant tenté de contourner le système d'immigration canadien. Ces gens font plutôt l'objet, individuellement, d'un processus normal de détermination du statut de réfugié. Fait intéressant, si 50 % des répondants au sondage ont dit que ces gens devraient être renvoyés dans leur pays même s'ils sont reconnus réfugiés légitimes, seulement 39 % des gens de Colombie-Britannique pensent de même, soit le plus faible pourcentage au pays.
Le ministre Jason Kenney estime en outre que l'absence d'un parti politique au Canada s'opposant ouvertement à l'immigration, comme cela se voit «dans la plupart des pays européens», prouve cette ouverture canadienne. Le ministre s'est vanté que le Canada accueillait chaque année l'équivalent de 0,8 % de sa population. «Aucun autre pays dans le monde développé ne fait cela.» Selon le ministre, il suffirait d'améliorer les perspectives économiques des immigrants pour augmenter encore leur acceptation sociale.
Notons enfin que la maison de sondage a interrogé les répondants sur le sort que le Canada devrait réserver aux immigrants illégaux travaillant sur son territoire; 47 % des répondants pensent qu'ils devraient perdre leur emploi et être expulsés, alors que 23 % pensent qu'ils devraient obtenir leur citoyenneté. Le sondage a une marge d'erreur de 3,1 %, 19 fois sur 20.
Ce pasteur d’une petite congrégation fondamentaliste de Floride assure qu’il brûlera des exemplaires du Coran samedi, date anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Sa démarche provoque le silence embarrassé des républicains.
Terry Jones, pasteur d’une obscure Eglise chrétienne fondamentaliste, n’avait probablement pas prévu que son projet de brûler le Coran samedi pourrait aider l’ennemi juré de l’ultradroite américaine: Barack Obama.
Son initiative, baptisée «Journée internationale du brûlage de Coran» et agendée le jour du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre, est pourtant en train de créer une «union sacrée» derrière la Maison-Blanche qui condamne la démarche. Parallèlement, Terry Jones provoque le silence embarrassé de l’opposition républicaine à Barack Obama.
Hillary Clinton, secrétaire d’Etat, mène l’offensive contre l’autodafé du livre saint musulman. La cheffe de la diplomatie a qualifié hier de «honteux» le projet du pasteur Jones, un ancien gérant d’hôtel qui porte un pistolet à la ceinture et dit avoir reçu plus d’une centaine de menaces de mort. David Petraeus, chef des troupes américaines en Afghanistan, a aussi prévenu que l’autodafé du Coran mettrait en danger la vie des GI stationnés à l’étranger.
Prêt à donner sa vie
Cette mise en garde d’un militaire respecté aux Etats-Unis isole encore plus Terry Jones. Des leaders religieux se sont réunis en urgence mardi à Washington pour dénoncer le projet de la Dove World Church, une petite congrégation qui compte à peine une cinquantaine de membres à Gainesville, en Floride. Malgré la pluie de critiques, Jones, un habitué de la provocation, a répété hier qu’il brûlerait les Corans. «Nous sommes prêts à donner notre vie pour cela», a-t-il martelé.
Les gesticulations hypermédiatisées du révérend Jones ont déjà eu un impact important pour Barack Obama. Le pasteur fait de l’ombre au débat sur le projet de mosquée à deux pas de Ground Zero que les républicains comptaient utiliser pour critiquer le président. Mardi, Feisal Abdul Rauf, l’imam à l’origine du plan de centre islamique proche du lieu des attentats du 11 septembre, a confirmé dans un éditorial au New York Times que la mosquée verrait le jour. Mais Terry Jones a monopolisé l’attention des médias.
Anti-islamisme latent
En soutenant prudemment le projet de mosquée, Obama s’était exposé aux attaques d’un parti républicain qui tente de récupérer l’anti-islamisme latent d’une certaine frange de la population. Jones a compliqué cette stratégie de l’opposition conservatrice en radicalisant la contestation contre les musulmans. Plusieurs églises de Gainesville préparent une contre-manifestation pour samedi. Et une église du Tennessee, en plein cœur de l’Amérique évangélique, commence à faire parler d’elle avec une initiative radicalement différente de celle de Terry Jones: elle a dressé un panneau souhaitant la bienvenue à la mosquée qui va s’ouvrir à côté de chez elle.
Jean-Cosme Delaloye dans 24 Heures
Le flux d’immigrants a baissé à la frontière américaine avec le renforcement des contrôles. Mais les voies empruntées sont plus dangereuses. Résultat : les décès grimpent en flèche.
Cette année l’Etat d’Arizona a été mis sur la sellette par l’adoption de la loi la plus dure des Etats-Unis contre l’immigration clandestine [fin juillet, un juge fédéral a suspendu certaines des dispositions les plus controversées]. Eric Peters, médecin légiste dans le comté de Pima, adossé à la frontière mexicaine, ne pensait donc pas voir augmenter le nombre des immigrants morts dans la traversée du désert, mais, en dépit de la législation et d’une économie défavorable, le rêve américain continue d’inciter les audacieux à franchir la frontière. Et beaucoup y laissent la vie.
En 2007, 218 cadavres avaient été découverts dans le comté, sinistre record et, cette année, le bilan pourrait être encore plus lourd puisque les autorités en ont déjà trouvé 170. Au cours du seul mois de juillet, 59 corps ont été découverts. La déshydratation est la principale cause de ces morts. Le 15 juillet, la pire journée du mois, 7 cadavres ont été trouvés, dont celui d’Omar Luna Velasquez, un jeune homme de 25 ans. Ce jour-là, la température atteignait 42 °C. Pour faire face à cette hécatombe, un semi-remorque réfrigéré de 15 mètres a été parqué à proximité du bureau de la police. Plus de 66 % des corps découverts n’ont pu être identifiés. Certains sont réduits à l’état de squelettes, d’autres ont été momifiés par le soleil. Sur les sept corps trouvés le 15 juillet, seul celui d’Omar Luna Velasquez a été identifié.
Les médecins légistes du comté de Pima travaillent en étroite coopération avec le consulat mexicain pour tâcher de mettre un nom sur les victimes et de contacter leurs proches. Au cours des années 1990, la découverte de cadavres le long de la frontière américano-mexicane était plutôt rare. Mais depuis 2000, leur nombre s’est considérablement accru. Le renforcement de la surveillance en Californie a eu pour résultat de déplacer les voies de passage vers l’est, dans l’un des secteurs les plus isolés et inhospitaliers de l’Arizona. Il est possible que la canicule exceptionnelle, même dans cet Etat désertique, ait contribué à l’augmentation du nombre de décès cette année.
Paradoxalement, malgré cette recrudescence dans le comté de Pima, il semblerait que l’immigration clandestine ralentisse. En 2009, les arrestations à la frontière ont chuté de 61 % par rapport à 2000. Cette année, 194 000 personnes ont été arrêtées, soit 5 % de moins qu’à la même époque de l’année dernière. Selon des organisations humanitaires, la présence accrue de policiers à la frontière signifie simplement que les gens empruntent des routes plus dangereuses pour pénétrer sur le territoire américain. Pour aider les migrants à survivre dans le désert, l’association Humane Borders a installé 100 postes d’eau dans l’Arizona.
Au volant d’un camion blanc roulant sur des pistes sablonneuses, le bénévole Lance Leslie fait la tournée pour vérifier le niveau de l’eau de plusieurs de ces stations. “Les gens empruntent ce passage depuis des années”, explique-t-il après avoir rempli un baril bleu de 200 litres. “Je suis sûr que ces barils ont sauvé des vies.” Sans doute, mais ils n’ont pas sauvé celle d’Omar Luna Velasquez, le jeune homme de 25 ans trouvé dans le désert le 15 juillet. Sa famille l’a enterré récemment à Mexico.
Nicole Santa Cruz dans le Los Angeles Times
……………………………………………………………………………………………………
La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a demandé vendredi au Mexique une "enquête indépendante" sur le massacre de 72 émigrants clandestins retrouvés dans l'Etat de Tamaulipas, près de la frontière américaine du Texas.
Dansun communiqué, elle a demandé aux autorités mexicaines de "conduire de façon urgente une enquête approfondie, transparente et indépendante sur ces meurtres, et de préserver la dignité des victimes en veillant à ce qu'elles soient identifiées et rendues à leur famille". Les victimes ont été abattues parce qu'elles avaient repoussé l'offre des ravisseurs de rejoindre leur gang, celui des "Zetas" selon les autorités, pour 2.000 dollars (1.580 euros par mois), d'après celui qui semble le seul survivant du massacre, un jeune Equatorien de 18 ans blessé par balle et hospitalisé. Reconnaissant que le Mexique fait d'"importants efforts" pour freiner la montée des violences, Mme Pillay a exhorté les autorités à veiller à ce que les auteurs de la tuerie des 72 clandestins soient punis "afin d'éviter la répétition d'un crime aussi ignoble".
Agence Belga
Le bilan des clandestins morts dans le désert alors qu'ils tentaient de gagner l'Arizona à partir du Mexique a connu une augmentation dramatique depuis le début du mois, en raison de la chaleur torride qui s'est emparée de la région, a annoncé le médecin-légiste du comté de Pima.
Selon le Dr Bruce Parks, son bureau a reçu 38 cadavres de clandestins depuis le 1er juillet. Si ce rythme continue, le bilan devrait passer le record de 68 morts qui remonte à juillet 2005. Dans les colonnes de l'"Arizona Daily Star", il s'est dit effrayé par ce chiffre, et a ajouté qu'il ne pensait pas pouvoir le revoir un jour. Ces temps-ci, ses services récupèrent un à quatre cadavres par jour, la plupart décédés depuis peu.
Depuis 2001, plus de 1.750 hommes, femmes et enfants sont morts dans le désert.
AP
Quelques jours après le discours présidentiel appelant à une réforme de la politique d’immigration américaine, l’Etat fédéral porte plainte contre une loi controversée en Arizona autorisant l’interpellation de tout étranger soupçonné d’être clandestin.
L’administration américaine a contesté mardi devant la justice la loi controversée sur l’immigration de l’Arizona, Etat du sud-ouest des Etats-Unis frontalier avec le Mexique, estimant que la politique d’immigration est une prérogative de l’Etat fédéral.
«Même si les Etats peuvent exercer leur pouvoir politique de manière à ce qu’ils aient une influence directe ou indirecte sur les étrangers, un Etat ne peut pas établir de son propre fait une politique de l’immigration», affirme la plainte déposée mardi par le ministère de la Justice. «La constitution et la loi fédérale sur l’immigration n’autorisent pas le développement d’un patchwork de politiques locales de l’immigration à travers le pays», poursuit la plainte.
La loi sur l’immigration en Arizona, adoptée en avril, doit entrer en vigueur le 29 juillet. Elle permet aux policiers d’interpeller tout étranger soupçonné d’être un immigré clandestin. Jusqu’alors, il fallait qu’il ait commis une infraction.
Selon l’institut Pew Hispanic Center, un centre de réflexion, l’Arizona compte environ deux millions de personnes d’origine hispanique, dont 460’000 n’ont pas de papiers.
John McCain et Jon Kyl, les deux sénateurs de l’Arizona ont réagi mardi dans un communiqué à l’action en justice du gouvernement fédéral: «Le peuple américain doit se demander si l’administration Obama est vraiment décidée à sécuriser la frontière lorsqu’elle poursuit un Etat qui cherche simplement à protéger ses habitants en faisant respecter une loi sur l’immigration».
L’initiative du gouvernement intervient quelques jours après un discours du président Barack Obama appelant à une vaste réforme de la politique d’immigration américaine, qu’il a jugée «en panne».
Les associations de défense des libertés civiles ont salué le geste de l’administration Obama. Lucas Guttentag, chargé des droits des immigrés au sein de la puissante ACLU, a estimé dans un communiqué que cette initiative «coupe l’herbe sous le pied d’autres Etats (fédérés, ndlr) qui seraient tentés d’imiter l’approche mal avisée de l’Arizona».
Plus démonstratifs, une quinzaine de militants originaires d’Arizona et opposés à la loi ont entamé une veillée de 24 heures mardi devant la Maison-Blanche. «L’Arizona est là pour demander au gouvernement d’opposer son veto à la loi SB 1070 (l’appellation officielle du texte)», a expliqué, un crucifix en main, Rosa Maria Soto à l’AFP.
Selon un récent sondage, quelque 62% des Américains approuvent la loi en question.
AFP relayé par le Temps
A la tête d'une patrouille privée suréquipée, ce militant californien proche de l'extrême droite surveille la frontière mexicaine. Rencontre.
Glenn Spencer vient de hausser le ton. D'une voix profonde et cassante, il a mis au pas l'un des sept bergers allemands qui partagent son existence solitaire. Maté par le timbre menaçant de son maître, le chien a capitulé. Il s'est aplati sur la moquette comme une chiffe molle.
Jusqu'à l'incident, Spencer s'était exprimé d'un ton égal. Evitant soigneusement de s'enfoncer dans un discours trop radical, il avait même montré une certaine bonhomie et mesuré ses paroles. Avec sa rage à peine contenue, son râle guttural m'a gelée. Comme devinant mes pensées, Spencer a expliqué :
« Ils ne comprennent que ce langage, mais vous savez, j'adore mes chiens. Ce sont mes meilleurs compagnons. »
L'un des militants anti-immigration les plus dangereux du pays
Le Southern Poverty Law Center, qui traque les mouvements d'extrême droite aux Etats-Unis, considère cet homme très blanc aux yeux très bleus comme l'un des militants anti-immigration les plus virulents et dangereux du pays. Glenn Spencer s'en défend, évidemment.
Des milliers de personnes venues de tout les Etats-Unis par bus ont défilé samedi devant le capitole de l'Arizona à Phoenix, pour protester contre une nouvelle loi de lutte contre l'immigration clandestine qui doit entrer en vigueur le 29 juillet dans cet Etat frontalier du Mexique.
Les marcheurs portant des pancartes, des bannières et des drapeaux américains et mexicains ont emplis les huit kilomètres de l'artère centrale de Phoenix. Des dizaines de policiers les encadraient, et des hélicoptères tournaient au-dessus de la foule. Les protestataires ont entonné "si se puede", un équivalent espagnol de "Yes we can", la formule de Barack Obama.
La police n'a pas donné d'estimation du nombre des manifestants, mais il semble que 10 à 20.000 personnes aient bravé la chaleur cuisante. Les organisateurs en attendaient 50.000. Certains se faisaient de l'ombre avec leur pancarte ou des parapluies, et des bénévoles distribuaient de l'eau en bouteille aux marcheurs. Une vingtaine de personnes ont été traitées pour des insolations.
Quelques 300 personnes opposées au texte se sont retrouvées autour du Capitole d'Austin au Texas, et autant devant l'ambassade des Etats-Unis au Mexique, pour réclamer la régularisation des clandestins mexicains travaillant aux Etats-Unis.
Des Américains favorables au projet se sont en revanche prononcés pour des achats de produits en provenance de l'Arizona, suggérant d'aller passer des vacances sur place pour soutenir l'Etat qui résiste aux injonctions du pouvoir central. Ils étaient réunis dans un stade de football à Tempe, et certains comme Gina Loudon de St. Louis se comparaient aux défenseurs de Fort Alamo contre les Mexicains.
Les détracteurs du projet de loi affirment qu'il vise injustement les Hispaniques et pourrait mener à des interpellations motivées par la couleur de peau. Ses partisans affirment que l'Arizona doit agir parce que le gouvernement fédéral ne le fait pas, alors que cela relève de ses prérogatives.
AP dans le Nouvel Obs
Même si les milieux politiques et économiques de Québec comptent sur les immigrants pour assurer la croissance de la région et occuper les nombreux emplois vacants, la population de la capitale demeure craintive par rapport aux nouveaux venus, surtout lorsqu'ils sont «visibles». Un article signé Baptiste Ricard-Châtelain dans le Soleil de Québec, relayé par Cyberpresse.
«Il y a encore des résistances liées à l'ignorance», observe la directrice du Centre multiethnique de Québec, Dominique Lachance. «Il y a une adhésion qui doit se faire.»
Les institutions ont embarqué dans le train de l'immigration, mais les résidants seraient encore sur le quai à se demander s'ils veulent vraiment monter dans les wagons remplis de visages multicolores.
L'arrivée récente de réfugiés birmans a d'ailleurs suscité de vives réactions au sein de la communauté. Une nouveauté pour l'équipe du Centre multiethnique, qui a reçu, pour la première fois, des courriels et des appels troublants : «Il y a une peur.»
Il faudra bien que les récalcitrants s'adaptent parce que la capitale est la principale destination des réfugiés admis au Québec. D'ailleurs, plusieurs groupes de Bhoutanais réfugiés au Népal s'installeront au cours des prochaines années. Et une vague de réfugiés de l'Irak est attendue d'ici l'automne.
Surpris par le constat de Mme Lachance? Vous nous pensez accommodants? Au moins 30 % des propriétaires d'immeubles de logements de la région refusent catégoriquement d'héberger des immigrants réfugiés, critique Hélène Gosselin, l'employée du Centre multiethnique, qui a la difficile tâche de dénicher de grands logements abordables pour les familles débarquant à Québec. «De la couleur icitte, j'en veux pas», se fait-elle souvent lancer par ces locateurs. Leurs noms sont dès lors consignés sur la liste noire...
«On a une liste de propriétaires avec lesquels on ne fait pas affaire», insiste la directrice Dominique Lachance. Résultat : les réfugiés sont regroupés au centre-ville ainsi que dans le secteur Vanier et Limoilou, où l'accueil serait plus jovial. «On n'a pas le choix, quand on trouve des propriétaires ouverts, de "concentrer" [même si] ça va contre nos principes.»
Un demi-siècle d'accueil
Il y a 50 ans, les immigrants étaient reçus à la gare centrale de Québec par de riches femmes anglophones et une tasse de thé!
L'accueil des immigrants a bien évolué depuis la naissance, en 1960, de la Fraternité canadienne, l'ancêtre du Centre multiethnique de Québec.
«On n'utilise plus le Carnaval et la cabane à sucre!» rigole la directrice, Dominique Lachance.
À l'époque, ces activités étaient inscrites au parcours d'intégration typique, avec le concours de bonnets de la Sainte-Catherine et la kermesse gastronomique organisée une semaine avant la fête des Mères.
Les nouveaux arrivants ont aujourd'hui accès à une équipe structurée pour favoriser leur installation. Diane Plourde est l'une de ces intervenantes à l'accueil.
Dès la première rencontre, elle les accompagne dans les dédales gouvernementaux pour l'inscription à l'assurance maladie, à l'aide sociale... Puis, il y a la première expérience de magasinage au centre commercial afin d'habiller les familles souvent nombreuses.
La vie en appartement
Quand un logement est enfin déniché, il faut également diriger les futurs Québécois dans leur logis. Les réfugiés qui ont longtemps séjourné dans les camps sont particulièrement perdus.
Mme Plourde doit donc expliquer le fonctionnement du thermostat, du réfrigérateur, de la toilette, même. Il ne faut surtout pas oublier d'insister sur un point : le rideau de douche doit pendre dans la douche pour éviter les dégâts d'eau! C'est du nouveau pour ceux qui ont vécu dans le dénuement.
Tout cela peut sembler banal, convient Diane Plourde. Mais chaque irritant en moins sur les épaules des immigrants est un pas de plus vers une intégration réussie.
Cet Etat du Far West américain vient d’adopter une loi visant à lutter contre l’immigration qui donne des pouvoirs étendus à la police. Un texte controversé, qui traduit la complexité de la situation sur le terrain. Un article signé Randal C. Archibold et Jennifer Steinhauer dans The New York Times et relayé par le Courrier International.
L’Arizona est habitué à faire l’objet de moqueries aux Etats-Unis. Joe Arpaio, qui s’est fait connaître comme le shérif le plus dur des Etats-Unis, oblige les détenus placés sous sa garde à porter des sous-vêtements roses, une façon de nier leur virilité. Les habitants ont le droit de porter une arme presque en toute circonstance, mais pas celui de couper un cactus. Le reste du pays peut bien se gausser ou grincer des dents, l’Arizona reste l’un des derniers avant-postes du Far West qui ait su conserver son indépendance. L’adoption, le 23 avril 2010, d’une loi anti-immigration permettant aux forces de police d’arrêter toute personne qu’elles suspectent d’être un immigrant clandestin place l’Arizona dans la situation la plus délicate que cet Etat ait connue depuis dix ans. Le texte, qui vient à peine d’être ratifié par la gouverneure républicaine de l’Etat, Jan Brewer, est quasiment assuré de se voir contesté par le ministère de la Justice. Le président Barack Obama, quant à lui, l’a déjà désapprouvé.
Les hispaniques représentent 30 % de la population de l’ÉTAT
Si cet Etat incarne l’intolérance aux yeux de l’Amérique, la réalité est plus contrastée. Certes, son Code pénal prévoit les peines de prison les plus sévères du pays, mais il possède aussi l’une des meilleures lois en matière de financement des campagnes électorales. En 2006, les électeurs ont élu une gouverneure démocrate, Janet Napolitano, tout en envoyant à Washington un sénateur républicain, Jon Kyl. Et, si l’Arizona semble aujourd’hui faire figure de pionnier en termes de loi anti-immigration, la Californie avait déjà suscité la controverse en 1994 en adoptant une loi interdisant aux immigrés clandestins l’accès à divers services publics.
Comme pour la Californie en 1994, plusieurs facteurs expliquent la décision de l’Arizona de durcir le ton. Parmi ceux-ci, la transformation démographique de l’Etat, la crise économique, la multiplication des violences au Mexique ainsi que l’impression que le gouvernement fédéral n’en fait pas assez pour freiner le flot d’immigrants. Ce dernier point énerve d’autant plus les électeurs de l’Arizona que Janet Napolitano a quitté Phoenix pour prendre la direction du ministère de la Sécurité intérieure en 2009.
Les Hispaniques représentent 30 % de la population de l’Arizona, contre environ 25 % en 2000. L’hostilité à l’égard des immigrants illégaux a augmenté avec l’effondrement de l’économie sous le coup de la crise. Les lois comme celle qui vient d’être adoptée contre l’immigration ou celle qui exige de tout candidat à un mandat électif de prouver sa citoyenneté [votée le 22 avril et inspirée par ceux qui, à droite, mettent en doute le fait que Barack Obama soit né aux Etats-Unis et estiment qu’il occupe donc la Maison-Blanche de manière frauduleuse] sont généralement rédigées par des représentants de la droite dure, qui dominent la législature locale. Les députés de la gauche radicale s’opposent à de telles lois, mais aucun des deux camps ne reflète vraiment l’opinion relativement centriste de la plupart des habitants.
Un intense trafic de drogue et d’immigrants à la frontière
Les citoyens de cet Etat regardent avec la même inquiétude la montée de la violence au Mexique et l’intense trafic de drogue et d’immigrants passant par l’Arizona. De nombreuses études montrent pourtant que les immigrés clandestins ne commettent pas plus de délits que le reste de la population et que la criminalité a baissé ces dernières années en Arizona. Mais, dans cet Etat, le moindre délit lié à l’immigration clandestine retient l’attention de l’opinion publique. La moitié des quantités de drogue saisies à la frontière mexicano-américaine le sont en Arizona. En mars, le meurtre de Robert Krentz, 58 ans, membre d’une famille d’éleveurs bien connue, tué sur son ranch à une trentaine de kilomètres de la frontière, a suscité un vif émoi. D’après les policiers, le tireur était probablement impliqué dans le trafic de clandestins. “Les gens qui ne vivent pas ici ne comprennent pas le problème”, explique Mona Stacey, une informaticienne résidant à Mesa. “La plupart des clandestins qui viennent tenter leur chance ici sont issus de familles catholiques honnêtes. Mais il y a aussi les trafiquants de drogue et les passeurs, et on ne sait plus qui est qui.” Ici, les conversations sur la nouvelle loi finissent toujours par faire référence à Janet Napolitano.
En tant que gouverneure, elle a soutenu l’affectation de la garde nationale à la surveillance des frontières, étendu le recours aux forces de police de l’Etat dans les opérations de lutte contre les trafics clandestins et fait pression sur Washington en faveur d’une réforme de l’immigration. Aujourd’hui ministre de la Sécurité intérieure, elle a développé les moyens consacrés à la surveillance des frontières tout en refusant d’y envoyer la garde nationale. Cela aussi fait écho à ce qui s’est passé en Californie en 1994, lorsque la proposition 187 limitant les droits sociaux des immigrés clandestins avait été rejetée par les tribunaux. L’administration Clinton avait alors réagi en lançant l’opération Gatekeeper pour renforcer la surveillance de la frontière en Californie. Cela avait eu pour conséquence de repousser les passeurs à l’est, vers l’Arizona.
Tandis que les manifestants opposés à la loi contre l’immigration multiplient les actions, le shérif Joe Arpaio prépare un nouveau coup de filet contre les immigrés clandestins. “La scène politique de l’Arizona est la plus imprévisible que je connaisse”, déclare Chip Scutari, ancien journaliste politique, qui dirige à présent une agence de relations publiques à Phoenix. “C’est l’Etat du shérif Arpaio et de sa ‘Tent City’ [campement utilisé comme extension de la prison de Maricopa] tout autant que celui du parlementaire de gauche Raul Grijalva, qui appelle aujourd’hui au boycott de son propre Etat. C’est ça, l’Arizona.”
Des manifestations étaient prévues samedi dans tout l'Arizona pour protester contre le durcissement de la répression de l'immigration clandestine. Des célébrités "latinos" comme Shakira et Ricky Martin ont dénoncé la nouvelle loi, que la gouverneuse de l'Etat a modifiée vendredi dans l'espoir d'apaiser les critiques.
Sur sa page Facebook, le chanteur colombien Juanes estime que "convertir l'immigration sans document en délit est un délit". Le réalisateur de "Babel", Alejandro González Iñárritu, a déclaré à la télévision que la loi "avait un caractère xénophobe très inquiétant".
"La loi est injuste et inhumaine et viole les droits humains et civils de la communauté latina", a considéré pour sa part la chanteuse colombienne Shakira.
Le texte de loi adopté mercredi au Congrès régional, contrôlé par les républicains, permet d'interroger et d'arrêter quiconque suspecté de résider illégalement dans l'Etat. En outre, les journaliers en situation irrégulière peuvent être arrêtés pour avoir sollicité du travail, et les forces de l'ordre faire l'objet de poursuites si elles n'appliquent pas la loi.
Devant le tollé général qu'a déclenché l'initiative jusqu'à Washington, la gouverneuse de l'Arizona, Jan Brewer, a apporté quelques changements à la loi vendredi. "Avec ces nouvelles dispositions, il est clair comme du cristal et indéniable que les contrôles au faciès sont illégaux et ne seront pas tolérés en Arizona", affirme-t-ele dans un communiqué.
L'avocat d'un policier à l'origine de l'une des trois plaintes déposées contre la nouvelle législation, Me Stephen Montoya, a déclaré que cette légère révision ne suffisait pas. Pour lui, cette loi reste inconstitutionnelle car l'Arizona se mêle de contrôle de l'immigration, ce qui relève de la responsabilité de l'Etat fédéral.
La loi et ses amendements doivent entrer en vigueur au 29 juillet s'ils ne sont pas bloqués d'ici là, notamment par la justice ou un référendum sur son abrogation.
AP
Des associations de défense des droits de l’homme dénoncent une récente loi qui favorise le contrôle de papiers au faciès. L’Etat compte quelque 460 000 immigrés clandestins. Un article de Luis Lema dans le Temps.
Fin mars dernier, le corps de Robert Krentz était trouvé dans le sable du désert, près de sa voiture. Propriétaire d’un énorme ranch de 14 000 hectares au sud de l’Arizona, l’homme portait un revolver à la ceinture qu’il n’avait pas utilisé. Quelques jours plus tôt, comme il le faisait souvent, il avait alerté une «Border patrol» sur la présence d’illégaux mexicains et d’un possible trafic de drogue. Mais le «rancher» était aussi connu pour venir parfois en aide aux immigrants assoiffés et désespérés qui traversaient ses terres en direction du nord. Les derniers mots qu’avait entendus son frère juste avant la mort de Krentz, énoncés de la radio de son véhicule, étaient ceux-ci: Illegal alien.
La mort de Robert Krentz, dont les aïeuls avaient fondé le ranch au début du siècle dernier, a été l’épisode de trop pour les habitants de l’Arizona, un Etat qui sert de principal couloir de passage aux clandestins mexicains. Ils ont saisi leurs élus qui, à leur tour, ont élaboré une loi divisant aujourd’hui profondément les Etats-Unis. Désormais, la police locale aura le droit de contrôler les papiers de n’importe quel individu soupçonné d’être un clandestin, même s’il n’a pas commis d’autre délit. Les contrevenants risquent 6 mois de prison et des milliers de dollars d’amende. La loi, que vient d’approuver la gouverneure républicaine de l’Etat, Jan Brewer, a fait bondir les associations de défense des droits civiques, et les communautés hispaniques du pays. L’Arizona compterait quelque 460 000 immigrés clandestins, qui sont pratiquement tous Mexicains. Elle est, selon ses détracteurs, une invitation au racial profiling, le contrôle au faciès.
Etat «raciste»
En quelques jours, le débat s’est envenimé. Devant le Congrès de Phoenix, des manifestants ont dessiné sur le sol des croix gammées avec des haricots, symbole des paysans mexicains. D’autres crient à «l’apartheid». Le maire de Phoenix lui-même, le démocrate Phil Gordon, s’en est pris vivement à cette mesure qui, selon lui, risque d’envoyer en prison «les enfants et les retraités» qui ne disposent pas d’un permis de conduire (la plupart des Américains n’ont pas d’autre document d’identification). En Californie voisine, certains responsables appellent au boycott de cet Etat «raciste».
Face à cette avalanche de critiques, la gouverneure ne s’en laisse pas conter. Loin de croire aux menaces de boycott, elle se réjouit d’offrir aux futurs entrepreneurs un Etat «plus sûr». En une année, dit-elle, elle a envoyé cinq lettres à l’administration Obama pour qu’elle se penche sur ce problème. L’immigration est certes une matière qui tombe sous la compétence des autorités fédérales. Mais, depuis le meurtre de Robert Krentz, la presse locale détaille sur de pleines pages les «nuisances» très locales que provoquerait l’afflux de clandestins: meurtres, vols de voitures, drogue, kidnappings. A quoi s’ajoutent, note encore Loyd Eskildson, un professeur retraité qui se définit lui-même comme «un fier porteur du drapeau américain»: «Les pertes d’emplois pour les natifs américains, les écoles bondées, la perte de valeur des maisons «surhabitées», le bruit, les déchets et les coûts exorbitants des soins de santé.» «Ces illégaux ne sont plus intéressés par l’assimilation. Il n’est plus possible de fermer un œil et d’ignorer ces problèmes en Arizona.»
Réforme attendue
De fait, Barack Obama a décidé d’entrer de plain-pied dans la polémique en qualifiant la législation de l’Arizona de «malencontreuse» et en demandant au Département de la justice de vérifier qu’elle est conforme à la Constitution. Le président s’est, semble-t-il, résolu à lancer une réforme globale du système d’immigration dont on ne connaît pas encore les contours, mais qui pourrait passer par la légalisation d’une partie des 12 millions d’illégaux que compte le pays. Il est vrai que, jusqu’ici, les Latinos ont été déçus par le peu d’empressement de l’administration d’empoigner cette réforme. Or, les élections approchent, et le vote hispanique est primordial pour les démocrates…
Amnesty International a dénoncé mercredi l'indifférence, voire la responsabilité de représentants des autorités du Mexique face aux "enlèvements, viols et meurtres" dont sont victimes les clandestins dans le pays.
"Les autorités mexicaines doivent agir pour stopper les sévices dont sont continuellement victimes les émigrants, proies de bandes criminelles tandis que les représentants de l'autorité ferment les yeux ou jouent même un rôle actif dans les enlèvements, viols et meurtres", dans un rapport publié à Londres, où siège l'organisation de défense des droits de l'homme, et reçu à Mexico.
Quelque 500.000 "clandestins", presque tous venus d'Amérique centrale, tentent chaque année la traversée du Mexique pour aller chercher du travail aux Etats-Unis. Ce voyage est devenu "l'un des les plus dangereux au monde", affirme le rapport signé par Rupert Knox, spécialiste du Mexique à Amnesty.
Les enlèvements contre une rançon, demandée à la famille restée au pays, ont atteint "des records en 2009", ajoute Amnesty en citant la Commission nationale mexicaine des droits de l'Homme (CNDH): "près de 10.000 victimes en six mois, dont près de la moitié affirment que des fonctionnaires étaient compromis".
"Six femmes ou jeunes filles sur dix dénoncent des viols, et la rumeur raconte que certains passeurs demandent que les émigrantes reçoivent des piqûres anticonceptionnelles avant leur voyage", selon Amnesty.
Le rapport cite le témoignage de "Veronica" (prénom modifié par Amnesty), qui voyageait le 23 janvier dernier avec plus de 100 clandestins à bord d'un train de marchandises stoppé par la police fédérale dans l'Etat du Chiapas (sud, à la frontière du Guatemala).
Les policiers ont obligé les clandestins à descendre et à s'allonger sur le ventre, leur ont dérobé leurs bagages et ont menacé de les tuer s'ils ne continuaient pas leur route à pied, le long de la voie, a-t-elle affirmé.
Après des heures de marche, le groupe a été attaqué par des hommes armés, Veronica a été violée et un de ses compagnons au moins a été tué, a-t-elle ajouté.
Deux suspects ont été arrêtés, mais la police fédérale n'a pas été inquiétée, bien que les victimes aient indentifié deux de ses agents, souligne Amnesty.
Amnesty "recommande" au Mexique de s'attaquer à cette "crise des droits de l'Homme" par "des réformes législatives garantissant l'accès à la justice, l'établissement d'une commission fédérale spéciale" et "la publication des cas de mauvais traitements et des actions entreprises contre les responsables, y compris les représentants des autorités".
Le Mexique a lui aussi ses émigrés, 12 millions aux Etats-Unis dont la moitié de clandestins, et son gouvernement s'est élevé ces derniers jours contre une loi d'immigration particulièrement sévère adoptée en Arizona, à la frontière entre les deux pays.
La loi, signée le 23 avril par la gouverneure républicaine Jan Brewer, autorise les policiers à arrêter des étrangers en cas de "doute raisonnable" sur la légalité de leur entrée aux Etats-Unis, même en l'absence d'un autre délit présumé.
Le Mexique "utilisera tous les moyens à sa portée" pour défendre ses émigrants contre cette loi qui "porte atteinte aux droits de l'Homme", avait déclaré mardi le président mexicain Felipe Calderon.
AFP
L'Arizona, Etat américain frontalier avec le Mexique, a adopté vendredi la législation anti-immigration clandestine la plus dure des Etats-Unis. Un train de mesures criminalisant les illégaux et ceux qui les emploient qui déclenche polémique, dénonciation et manifestations, le président Barack Obama exprimant sa crainte qu'elle ne viole les droits civiques.
L'Arizona, qui compterait environ 460.000 clandestins, est en première ligne: ses immensités désertiques servent de couloir d'entrée par la majorité des clandestins d'Amérique du sud entrant sur le territoire américain, ainsi que pour le trafic de drogue en provenance du Mexique.
Devant le capitole, où la gouverneure républicaine Jan Brewer a signé le texte vendredi, lui donnant force de loi, des centaines de personnes ont manifesté leur colère, craignant la flambée de la discrimination raciale et l'installation d'un climat de peur généralisée chez les Latinos.
"Des décennies d'inaction et de politiques inadaptées ont crée une situation dangereuse et inacceptable", a déclaré Mme Brewer, estimant que les manifestants "exagéraient" et affirmant qu'elle ne tolérerait aucun profilage racial.
Un peu plus tôt, le président Obama lui-même avait estimé que la loi était "malavisée" et donné consigne au ministère de la Justice de vérifier qu'elle n'allait pas à l'encontre de la loi.
Barack Obama se retrouve donc au pied du mur, poussé à s'attaquer pour de bon à la réforme de l'immigration au niveau national, autre gros chantier de sa présidence, sous peine, comme il l'a dit vendredi, de laisser la porte ouverte à "l'irresponsabilité des autres".
"Ce qui inclut, par exemple, les récents efforts en Arizona, qui menacent de mettre à mal les notions fondamentales d'équité que nous chérissons en tant qu'Américains, et de confiance réciproque entre une communauté et sa police, confiance cruciale pour notre sécurité", a ajouté Obama.
En vertu de la nouvelle législation adoptée par le parlement local à majorité républicaine et validée par la gouverneure, être clandestin devient un crime en Arizona. La police locale a désormais le droit d'interroger à ce sujet toute personne qu'elle soupçonne, pour quelque raison que ce soit, d'être un immigré clandestin.
La loi, qui devrait entrer en vigueur fin juillet ou début août, permettra de poursuivre toute agence gouvernementale gênant l'application des lois sur l'immigration, et rend illégal le fait d'embaucher des clandestins à la journée ou de les transporter.
"Ca va changer nos vies", soupire Emilio Almodovar, 13 ans, petit citoyen américain habitant Phoenix. "Nous ne pourrons plus aller à pied à l'école. Nous ne pourrons plus mettre le nez dans la rue, même les cochons penseront que nous sommes des immigrés clandestins".
Le Fonds mexicain-américain pour la protection juridique et l'éducation envisage contester la loi en justice, au motif qu'elle "enclenche en Arizona une spirale de peur, de méfiance, d'augmentation du crime, avec des répercussions au niveau national.
"Cela légalise l'arrestation et la détention de gens qui pourraient être des immigrés sans-papiers, simplement sur la base de leur apparence physique", a déploré Angela Kelley, vice-présidente chargée des migrations au Centre pour le progrès, qui milite pour une vaste réforme des lois sur l'immigration.
Les réactions se sont multipliées également au sud de l'Arizona. Le Mexique, jugeant que la loi risque d'affecter les relations transfrontalières, avait exhorté jeudi la gouverneure à y opposer son veto. En pure perte. Pour le vice-président guatémaltèque Rafael Estrada, c'est un "pas en arrière pour ces migrants qui ont combattu" pour leurs droits.
"La police de l'Arizona traite déjà les migrants pire que des animaux. Il y a déjà la chasse aux migrants, et maintenant, ça va être saison ouverte avec la bénédiction de la loi", déplore Francisco Loureiro, militant qui gère un centre d'accueil pour migrants dans la ville-frontière de Nogales, au Mexique.
D'ici l'entrée en vigueur, les policiers vont suivre une formation pour la faire respecter sans violer les droits civiques, a ajouté la gouverneure: "Nous devons faire appliquer la loi uniformément, sans prendre en compte la couleur de la peau, l'accent ou le statut social. Nous devons prouver aux alarmistes et aux cyniques qu'ils ont tort".
Confrontée à une difficile bataille pour sa réélection dans cet Etat conservateur, Mme Brewer doit faire face à la colère croissante des habitants de l'Arizona envers l'immigration clandestine.
Ce sentiment a encore pris de l'ampleur après la découverte du cadavre d'un éleveur, Rob Krentz, retrouvé mort sur ses terres près de la frontière. La police pense qu'il a été abattu par un clandestin peut-être lié à un cartel de la drogue.
Les manifestations et critiques ne déstabilisent pas Russell Pearce, l'élu local auteur de la proposition de loi et chef de file des anti-clandestins d'Utah. Selon lui, les nouvelles dispositions enlèveront les "menottes politiques" qui empêchaient la police d'agir. "Illégal, c'est illégal", dit-il. "Nous aurons moins de criminalité. Nous aurons moins d'impôts. Nous aurons des quartiers plus sûrs. Nous aurons moins de files d'attente aux urgences. Nous aurons moins de monde dans les classes d'école". AP
Ces gens inventent ou avalent les théories les plus farfelues pour justifier leur profond dépit d'être gouvernés par un président noir et leur désir de l'écarter une fois pour toutes du pouvoir. « Certains parlent de prendre les armes », m'a confié Carl Maness, un pasteur à mi-temps. « Ecoutez 104.1 “The Truth” [la vérité, ndlr] et vous verrez ».
J'ai suivi le conseil et me suis branchée sur cette radio diffusée dans le sud de l'Arizona. Je suis tombée sur la harangue furieuse d'un animateur qui, une minute, criait à la tyrannie, au communisme dont nous sommes désormais les victimes, et la suivante, dénonçait en termes injurieux le peuple indien puisque c'est lui qui profitera le plus de la réforme de la santé en amassant des fortunes sur le dos des Américains.
Après cinq ans d'une attente interminable, Julie Kahambwe a enfin été réunie avec les trois enfants qu'elle avait dû laisser derrière elle, au Congo. Son cas est loin d'être unique. L'ambassade du Canada à Nairobi, qui dessert 18 pays, traite le quart des 6000 demandes de réunification actuellement en attente. Ottawa a promis de nouvelles ressources. Mais devant l'augmentation du temps d'attente, des intervenants du milieu restent sceptiques.
Cinq ans. C'est le temps que la Montréalaise d'origine congolaise Julie Kahambwe aura passé sans voir trois de ses cinq enfants.
Au moment de fuir Kinshasa, où sa vie était en danger, la jeune femme avait réussi à emmener avec elle ses deux plus jeunes garçons. Mais elle a dû laisser dans la capitale congolaise son fils aîné, Yannick, qui était alors âgé de 12 ans, son unique fille, Sabrina, âgée de 10 ans, et Cédric, un gamin de 8 ans.
Il y a deux semaines, Julie a vu émerger trois grands ados à la porte des arrivées de l'aéroport Trudeau. «J'ai ressenti une joie terrible, c'était comme si je venais d'accoucher une nouvelle fois!» dit-elle avec émotion.
Lire la suite de cet article d’Agnès Gruda sur cyberpresse.ca
Les réfugiés qui atterrissent dans une nouvelle vie apportent avec eux leurs traumatismes, parfois amplifiés par les difficultés d'adaptation. Des problèmes psychologiques complexes, qui nécessitent des traitements sur mesure.
Le Service d'aide psychologique spécialisée aux immigrants et réfugiés (SAPSIR) s'occupe de ces cas. Il s'agit d'un service destiné à ceux qui ont des références culturelles différentes ou qui ont vécu des situations de violence extrême. Pour traiter leurs patients, les psychologues ont recours à l'ethnopsychiatrie. Cette pratique permet de trouver une solution aux problèmes des patients étrangers qui ne répondent pas aux thérapies occidentales. Un groupe de psychologues, de différentes origines, rencontre un patient à la fois. Le but est de le mettre en confort en lui montrant qu'il n'est pas le seul qui vient de l'étranger.
Paola Maria Akl Moanack, psychologue et responsable du SAPSIR, affirme que la plupart de ceux qu'elle rencontre ont de la difficulté à intégrer le marché du travail. Elle remarque que l'emploi est le sujet central des immigrants et particulièrement celui des réfugiés qui consultent. Selon la psychologue, les difficultés de trouver du travail augmentent leurs soucis, déjà nombreux en raison du processus d'installation.
Le syndrome de stress post-traumatique empêche des réfugiés ayant vécu la guerre de conserver un travail. Ironiquement, ce syndrome se déclenche lorsqu'ils acquièrent une certaine stabilité dans leur nouvelle vie. Avant, ils ont tellement d'autres préoccupations qu'ils arrivent à mettre leur passé en veilleuse.
Les réfugiés ayant connu la guerre constituent la majorité de la clientèle. «Ils prennent conscience des séquelles qu'ont laissée la guerre quand ils essaient de travailler et qu'ils en sont incapables», explique Mme Akl Moanack. Ils sont souvent aux prises avec des émotions et des flashs qui refont surface. Cela cause des difficultés de concentration et des pertes de mémoire les empêchant de travailler. «C'est à ce moment qu'ils se rendent compte qu'ils ont besoin d'aide», souligne la responsable du SAPSIR.
Lorsqu'un réfugié se fait dire qu'il doit trouver une autre profession ou refaire des études, cela peut causer un choc. «On dit que vous ne pouvez prétendre à vous identifier à cette profession. C'est violent comme processus», reconnaît Mme Akl Moanack. Certains de ses patients étaient des avocats et des juges qui avaient un certain statut dans leur pays. Ici, ils n'ont plus le respect particulier relié à leur ancienne profession.
Un article paru dans Le Soleil, signé Jean-Manuel Téotonio et relayé par cyberpresse.