jeudi 17 septembre 2009

Gravement malade, Alban n’aura pas de visa pour le CHUV


ÉPILOGUE | Berne a refusé de délivrer un visa à un jeune Kosovar malade des reins pour qu’il vienne se faire greffer au CHUV.

Alban
© LDD | Il y a une semaine, Berne décidait finalement de ne pas délivrer de visa à Alban Sallahaj. Gravement malade des reins, le jeune Kosovar, qui a de la famille à Yverdon, voulait venir se faire greffer au CHUV.

Laurent Grabet | 17.09.2009 | 00:06

«Je suis triste et révolté. Que ce dossier traîne des mois pour finalement essuyer un refus est injuste!» Il y a une semaine, Nathalie Sallahaj recevait enfin un courrier de l’Office des migrations (ODM). Son contenu n’était pas à la hauteur des espoirs de l’Yverdonnoise et de son mari, Adem. La Suissesse y apprenait que Berne ne délivrera pas de «visa séjour-visite» à son jeune beau-frère resté au Kosovo.

Agé de 16 ans, Alban est malade des reins et a besoin d’urgence d’une greffe qu’on ne peut lui dispenser dans son pays. Les Sallahaj espéraient pouvoir la lui faire subir au CHUV. Pour motiver son refus, l’ODM avance dans un courrier que, dans son cas, «la sortie de l’Espace Schengen au terme du séjour sollicité ne peut pas être considérée comme suffisamment garantie». En clair, les fonctionnaires bernois craignent qu’une fois en Suisse, le jeune malade ne s’y incruste. «Ce qui est totalement stupide car il n’est pas en âge de travailler, ne parle pas français et que toute sa famille à part mon mari habite au Kosovo!» s’emporte Nathalie Sallahaj.

1200 euros en soin par semaine
L’autre argument avancé par l’ODM pour justifier sa décision est financier: les Sallahaj ne disposent pas des 100 000 fr. nécessaires à la greffe. Dès octobre 2008, le couple avait réussi à ce que le Kosovo en verse 7400. A l’époque cette somme devait servir à financer une simple biopsie. Depuis, l’état de santé d’Alban s’est aggravé. D’après sa famille, aujourd’hui, le jeune homme ne peut plus manger normalement et doit se rendre deux fois par semaine à l’Hôpital de Pristina pour subir une dialyse. «Cela coûte 1200 euros par semaine. On se débrouille comme on peut pour verser une partie de cette somme, mais on ne pourra pas tenir longtemps comme ça et Alban non plus», explique sa belle-sœur, qui officie comme serveuse. Découragée, l’Yverdonnoise hésite à faire appel de la décision de l’ODM devant le Tribunal administratif fédéral. Elle a trois semaines pour cela.

De son côté, protection des données oblige, Jonas Montani, se refuse à commenter le fond du dossier. Le porte-parole de l’ODM explique toutefois que le refus d’accorder un visa se base sur la législation Schengen et sur le droit ordinaire applicable en matière d’étranger. «L’égalité de traitement entre les dossiers est un principe constitutionnel que nous nous devons de respecter. Nous ne pouvons pas privilégier une personne ou une situation par rapport à une autre, aussi difficile soit-elle», explique-t-il encore.

Besson veut vider la «jungle» de Calais

Le ministre annonce une mesure policière dans les prochains jours visant à chasser les sans-papiers. Les associations dénoncent l'absence d'alternative, Villepin un «effet d'annonce».


Des migrants sont photographiés à Calais le 23 avril 2009.

Des migrants sont photographiés à Calais le 23 avril 2009. (© AFP Philippe Huguen)

Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a annoncé mercredi soir à TF1 la fermeture imminente, «avant la fin de la semaine prochaine» de la zone proche du port de Calais où se trouvent des centaines de sans-papiers.

Interrogé sur le sort des migrants, venant pour la plupart de pays déchirés par des conflits meurtriers comme l'Afghanistan ou l'Irak, après la fermeture de cette zone, Eric Besson a assuré qu'une «solution individuelle» serait proposée à chacun, les choix proposés étant le «retour volontaire», la demande d'asile ou l'expulsion.

«Si la situation en Afghanistan ne le permet pas, il n'y aura pas de retour forcé» dans ce pays, a-t-il toutefois affirmé.

Dans un communiqué, le ministère de l'Immigration met en avant des «comptes-rendus» faisant selon lui «apparaître une remontée très forte de la délinquance dans le Calaisis, après plusieurs années d’accalmie due à la fermeture du centre de Sangatte en 2002».

«Depuis deux ans, les filières clandestines ont reconstitué une nouvelle plaque tournante du trafic d’êtres humains, à proximité directe du port de Calais», affirment les services de Besson, parlant d’une «zone de non droit».

«L'outil de travail des filières clandestines»

Le ministère assure que «depuis six mois, un squat ou campement est fermé chaque semaine» et que «30 filières clandestines ont été démantelées» tandis que dans le cadre d'une«aide humanitaire aux migrants les plus fragiles» 170 demandes d'asile ont été enregistrées depuis le 1er janvier, «avec délivrance d’un titre de séjour provisoire et d’un hébergement».

Selon la même source, 180 ont accepté une proposition de«retour volontaire» depuis le 1er janvier et «au total, il y avait environ 700 personnes dans ce village clandestin il y a trois mois, il en reste aujourd’hui environ 300».

«Ce démantèlement de la jungle, ce n’est pas la fin de la lutte contre les filières clandestines à Calais», commente le ministre.«C’est une étape importante, parce que nous allons casser le principal outil de travail des filières clandestines dans la région. Mais d’autres opérations suivront, partout où les réseaux clandestins chercheront à se réinstaller.»

Le ministre avait annoncé en avril que la «jungle» serait démantelée «avant la fin de l'année», suscitant l'inquiétude des associations d'aide aux migrants sur les conditions de cette opération.

«Effet d'annonce»

«Il est ridicule, comme ça été fait jusqu'à présent (...) de démanteler un squat sans alternative», a déclaré mercredi soir l'abbé Jean-Pierre Boutoille, du collectif d'associations humanitaires C-Sur.

«Sortis de la jungle, les Afghans partiront à 100 ou 200 mètres de là. Depuis la fermeture de Sangatte, les squats sont régulièrement vidés et fermés, ça ne change strictement rien», a-t-il réagi, estimant qu'il fallait au contraire prendre le temps d'informer les migrants sur leurs droits.

Pour France terre d'asile, si «la dignité des personnes est incompatible avec le maintien de terrains vagues comme lieu d'hébergement», la fermeture de la jungle «n’a de sens qui si, parallèlement, les personnes qui ont un besoin de protection peuvent y accéder, autrement dit, si l’accès à la procédure d’asile est possible».

Ce jeudi matin, Dominique de Villepin a dénoncé un «effet d'annonce»: «On ne peut pas espérer mettre fin à ces situations, à la fois si douloureuses sur le plan humanitaire, et si inacceptables, sans avoir une véritable politique, un véritable accompagnement qui rendent ce type de mesures efficaces», a dit l'ancien Premier ministre.

(Source AFP)


Le Danemark renonce à interdire la burqa

Lu dans Libé

D'autres solutions sont à l'étude pour lutter contre la propagation du voile intégral.


(Athar Hussain / Reuters)

Le gouvenement danois a annoncé jeudi que le port de la burqa ne deviendra pas illégal au Danemark, en raison d'insolubles obstacles juridiques.

Le ministre de la Justice Brian Mikkelsen a fait savoir qu'une telle interdiction soulevait «des questions essentielles par rapport à la Convention européenne des droits de l'Homme et à la Constitution».

«Il est clair que ni moi-même en tant que ministre de la Justice ni un parti comme le parti conservateur, ne pouvons rallier un projet qui soulève de telles questions juridiques», a-t-il souligné dans un communiqué.

En revanche, le ministre a rappelé qu'un groupe de travail, mis sur pied par la coalition libérale-conservatrice, était en train d'étudier «d'autres moyens de lutter contre la propagation de la burqa dans l'espace public», ajoutant : «la burqa représente un point de vue de la femme qui n'a pas sa place au Danemark.»

Un bandeau pour les hommes ?

La prohibition de la burqa, ardemment encouragée par l'extrême droite danoise, soutien essentiel du gouvernement, suscitait une vive controverse sur la scène politique et dans l'opinion publique.

C'est le député d'origine syrienne Naser Khader qui l'avait défendue la semaine dernière lors de la réunion annuelle de son parti Nouvelle Alliance. «La burqa est le symbole de la répression des hommes qui veulent contrôler à 100% les femmes», avait-il déclaré, se demandant «pourquoi ce ne sont pas les hommes qui doivent se couvrir avec un bandeau sur les yeux ?»

En septembre 2005, le Danemark s'était attiré les foudres musulmanes suite à la publication de 12 caricatures du prophète Mahomet dans le journal Jyllands-Posten


Un nouveau mandat pour Frontex

En 2010, la Commission veut renforcer Frontex, l'agence qui surveille les frontières extérieures de l'Union, et mieux répartir le fardeau des réfugiés.
70 migrants ont trouvé la mort cet été en tentant la traversée de la Méditerrannée. Ces nouveaux drames ont pesé, mardi 15 septembre, sur les débats du Parlement européen. “Il est nécessaire d’optimiser et de renforcer le rôle de Frontex pour lutter contre l’immigartion illégale et la traite des êtres humains”, a argumenté Tobias Billström, ministre suédois de l’immigration et président du Conseil.
Frontex, agence européenne chargée de coordonner la coopération entre les États membres en matière de la gestion des frontières extérieures, fournit notamment un appui aux opérations d'expulsion conjointes. Tobias Billström, qui a a rappelé que le bugdet de Frontex (36 millions d’euros) est en augmentation cette année, est prêt à aller plus loin.
Pour gagner en efficacité, la Commission souhaite élargir le mandat et les compétences de l’agence. Des propositions en ce sens devraient intervenir début 2010. Il s’agit notamment de renforcer la coopération de Frontex avec la Lybie et la Turquie, pays clés sur la route de la migration illégale. “J’ai envoyé récemment une lettre aux autorités lybiennes, j’attends leur réponse avec impatience. Je suis prêt à me rendre sur place avant la fin de l’année”, a déclaré Jacques Barrot, commissaire à la justice, la liberté et la sécurité. “Nous pourrons gérer conjointement les flux migratoires. Nous sommes prêts à assister les Lybiens pour qu’ils traitent mieux les migrants, en respectant leurs droits fondamentaux.”
Répartir les réfugiés entre les 27
Conseil et Commission souhaitent aussi renforcer le rôle de Frontex dans les opérations de rapatriement des migrants illégaux. L’agence devrait être associée à la planification et à l’organisation au niveau européen des vols d'expulsion conjoints.
“La solution au flux migratoire auquel doivent faire face la Grèce, l’Italie et l’Espagne appelle une réponse globale et solidaire ”, a par ailleurs déclaré le commissaire Jacques Barrot. Il propose que les réfugiés, au lieu de s'accumuler dans les pays les plus exposés, soient répartis entre les 27.
Un projet pilote est testé à Malte. La France a déjà joué le jeu en soulageant ce pays d’une centaine de demandeurs d’asile.
Si ces propositions ont été bien accueillies par le PPE, les conservateurs britanniques et les non-inscrits n’en veulent pas. Le groupe GUE/VN, pour sa part, a dénoncé le manque de transparence de Frontex. Le PSE et l’ALDE ont dit craindre que les réfugiés ne soient refoulés avant de pouvoir formuler leur demande d’asile. Selon la française Hélène Flautre (Verts/ALE) : “Les frontières extérieurs de l’Union sont devenues assassines. L’Europe est née du refus de la négation de l’autre et nous devons rester fidèles à cela”.
Réponse de Jacques Barrot: “Nous sommes en train de construire une politique d’immigration commune. Notre approche est équilibrée. Il s’agit de refuser l’immigration illégale, de favoriser immigration régulière et de préserver le droit d’asile.”

Un article lu sur la page Politique de MCSinfo, Université Robert Schuman de Strasbourg