mercredi 22 août 2007

L'intégration des étrangers reste un enjeu majeur

Le nouveau droit d'asile et des étrangers n'empêche ni la pression migratoire, ni le besoin de main-d'œuvre. Dans ce contexte, les partis évaluent très diversement l'enjeu de l'intégration

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L'acceptation massive, en septembre 2006, du nouveau droit d'asile et des étrangers a déjà entraîné la fusion des deux commissions fédérales concernées. La nouvelle instance, qui sera opérationnelle dès janvier, est en train de se constituer. On sait que ses attributions, dans le domaine des étrangers, seront réduites, en application d'une politique beaucoup plus ciblée.
Jusqu'ici, la Commission fédérale des étrangers (CFE) avait la compétence de sélectionner et de subventionner des projets d'intégration émanant des pouvoirs publics et de la société civile. La dernière volée en comptait 700 - un peu trop pour les 14 millions mis à disposition. A l'avenir, l'Office fédéral des migrations (ODM) travaillera directement avec les cantons.
Ceux-ci devront établir les «conventions d'intégration» qui seront imposées aux étrangers. Axes principaux: apprentissage de la langue nationale du lieu d'accueil, formation et travail. Christoph Blocher veut aussi qu'on soit attentif à la violence des jeunes (étrangers), que la naturalisation attende l'intégration et que les mesures d'expulsion soient applicables. Bien que la nouvelle politique aille déjà dans son sens, l'UDC en réclame davantage. Convaincu que la société est minée par les abus et la criminalité provenant des étrangers, le parti veut limiter le regroupement familial, multiplier les expulsions de délinquants (et de leurs parents), naturaliser par le peuple sans droit de recours, interdire les minarets.
A l'inverse, le PS affirme que là où l'intégration est réussie, les tensions diminuent. Il faut donc, contrairement à l'UDC, miser sur ce facteur: intégrer par l'école, la formation et le travail. Et par la participation à la vie publique, avec des droits politiques. Il n'y a pas d'alternative: les étrangers sont nécessaires, au plan démographique et économique.
Les Verts sont sur la même longueur d'onde, tout en soulignant la nécessité de réserver un traitement non discriminatoire aux non-Européens. Ceux-ci, estime le parti, doivent pouvoir s'intégrer autrement qu'en passant par le droit d'asile, le commerce du sexe (danseuses de cabaret) ou le mariage blanc. Et il faut régulariser les sans-papiers, sur des critères précis.
Au centre, PRD et PDC s'en tiennent, pour l'essentiel, aux discours qu'ils tenaient en faveur de la double révision du droit d'asile et des étrangers. Réduire la criminalité étrangère et les abus par le contrôle de l'immigration (PDC), aucun permis à des non-Européens non qualifiés (PRD), faire de l'apprentissage de la langue une condition objective pour la naturalisation.
Encore président de la Commission fédérale des étrangers, le Neuchâtelois Francis Matthey exprime une certaine inquiétude. «Tout le monde sait que nous avons besoin des étrangers et que les plus qualifiés commencent à s'arracher sur le marché mondial du travail. Au lieu d'organiser positivement l'accueil, on persiste à leur tenir un discours dissuasif», regrette-t-il.

/fnu dans le Journal du Jura

Le mirage européen s'éloigne

En 2006, plus de 30 000 migrants ont risqué leur vie pour tenter de rallier les Canaries depuis le Sénégal sur des pirogues artisanales. A la mi-2007, ils n'étaient que 4 500. Conséquence à la fois de la sensibilisation et de la surveillance renforcée des côtes, juge le quotidien sénégalais Wal Fadjri.


Sur une plage
sénégalaise,
en décembre 2006
AFP

"Je ne veux plus partir. Grâce au collectif des femmes", lâche Sambaye Cissé, assis sous l'auvent d'une cour de Thiaroye-sur-Mer, dans la banlieue maritime de Dakar. Ce père de quatre enfants a tenté deux fois la traversée vers l'Europe. Boubou gris, barbe poivre et sel, pêcheur, 46 ans, il raconte : "J'ai fait une première tentative le 4 mars 2006. Le sixième jour il y a eu une tempête, à hauteur du Sahara marocain. La pirogue commençait à se disloquer. Un bateau de pêche a donné l'alerte." Les quelque 80 candidats au rêve européen ont été rapatriés.

Pas découragés, ils sont repartis en août, sur une pirogue artisanale de 22 mètres. Interceptés à leur arrivée sur l'île espagnole de Tenerife, ils ont été rapatriés en septembre. "Certains ont voulu récidiver, mais entre-temps, le collectif de femmes s'était créé. Grâce à elles, les gens ont pris conscience que traverser était dangereux." Sambaye est retourné à ses filets, mais les prix du poisson ne cessent de baisser. Alors, "on se serre la ceinture".

D'autres ont eu moins de chance. Le fils unique de Yayi Bayam Diouf y a laissé sa vie. C'est ce qui a poussé l'énergique commerçante à fonder le Collectif des femmes pour la lutte contre l'émigration clandestine. "Je suis allée voir les mères pour les convaincre de ne pas financer le départ de leurs enfants. Au début, on me prenait pour une folle", raconte-t-elle, majestueuse dans son ample robe bleu azur, le téléphone portable vissé à l'oreille. "Les gens disaient que je faisais cela parce que mon fils avait échoué." Puis d'autres sont morts. Beaucoup. "Alors, la communauté est venue me trouver, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose." En quelques mois, le village s'était vidé de ses jeunes gens. "Il n'y avait même plus assez de jeunes pour organiser un match de foot !", s'exclame Yayi Bayam.

La suite de cet article dans le Courrier International