Mariées à des hommes partis émigrer en Occident, des milliers de Sénégalaises passent des années sans voir leur mari. Elle doivent gérer la pression familiale, le manque d'argent et l'absence d'amour.
Assise sur un canapé en cuir beige, ses longues jambes se balancent sur l'accoudoir. C'est dans son salon qu'Awa (les prénoms ont été changés) déroule sa vie de femme mariée à un « modou-modou », comme on appelle les émigrés au Sénégal.
Le couple a un garçon de 3 ans. Son père ne l'a jamais vu. Jusqu'à présent, faute de papiers, il n'a pas pu revenir au Sénégal. Ce serait prendre le risque de ne plus pouvoir repartir. En attendant, coup de téléphone quotidien et envois de vidéos de la vie d'ici maintiennent le lien. Awa s'interroge :
« En dix ans de mariage, nous n'avons vécu que quatre mois ensemble. Sans cette séparation, combien d'enfants aurions-nous pu avoir ? Combien de choses aurions-nous pu faire ? »
L'indignation l'emporte quand elle raconte combien il est dur et humiliant d'obtenir un visa de tourisme pour rendre visite à son époux. Awa a attendu trois ans avant de pouvoir partir pendant ses vacances.
Un article d’Aurélie Fontaine, dont on peut lire la suite sur Rue89
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