mercredi 7 octobre 2009

Détruire les jungles : une fausse solution

Violaine Carrère a écrit:

Bonjour,

le Gisti n'a pas fait de déclaration autonome : il a jugé plus intéressant de se joindre à un texte interassociatif qui est paru le jour même du "démantèlement" de cette jungle., que vous trouverez en ligne sur notre site à l'adresse <http://www.gisti.org/spip.php?article1696>

Pour ce qui est des actions possibles, l'urgence est aujourd'hui à :
- la collecte des infos sur les endroits où sont aujourd'hui les exilés partis avant la destruction de ce campement, dans la région Nord, sur le littoral belge ou des Pays-Bas, à Paris ou dans d'autres villes. Si quelqu'un de votre collectif entend parler de lieux de regroupement récent d'Afghans, d'Irakiens, d'Erythréens, Soudanais ou Somaliens, ce sera très intéressant de le faire savoir aux réseaux qui suivent ces questions (réseau "Jungles", réseau No border, collectif des exilés du Xè arrdt de Paris)
- de même, il serait intéressant de faire ce repérage dans Paris, et c'est peut-être plus à la portée de votre collectif. Vous avez su je suppose que le Maire de Paris avait décidé d'empêcher les exilés de dormir dans les parcs Villemin et Alban-Satragne comme ils faisaient depuis 2003. Depuis : dispersion un peu partout des exilés, moindres moyens de défense contre toutes sortes d'agresseurs, difficile accès pour eux aux bénévoles essayant de leur apporter aide sanitaire, info juridique, etc.
- différentes actions vont sans doute se décider dans les jours qui viennent (pour l'instant, l'urgence était de trouver des avocats pour les personnes placées en rétention, de les aider à construire leur argumentation en faisant passer des témoignages sur la manière dont les interpellations s'étaient déroulées...

Ce serait un peu long de vous dire les pistes qui sont débattues, et je ne suis pas sûre de penser, le moment venu, à vous dire ce qui va se faire. Est-ce qu'il ne serait pas possible que l'un-e de votre collectif demande à s'abonner aux listes sur lesquelles ces infos circulent et vont circuler ?

Violaine Carrère <carrere@gisti.org>



action collective

Déclaration commune

Détruire les jungles : une fausse solution


Déclaration commune des organisations : La Belle Étoile, Coordination Française pour le Droit d'Asile, GISTI, Secours Catholique, C' SUR, Salam, Collectif Fraternité Migrants (Angres), Terre d'Errance Norrent-Fontes, Terre d'Errance Steenvoorde, Calais Migrants Solidarity, Les Exilés du 10° (Paris), La Ligue des Droits de l'Homme (Pas-de-Calais et Fédération Régionale), Médecins du Monde, La Cimade, Les Verts, NPA Calais, Amnesty International

Nous, associations engagées quotidiennement auprès des migrants, sommes convaincues que le plan gouvernemental de destruction des jungles est inefficace et aggrave la situation.

Détruire les abris, c'est provoquer l'éparpillement des camps, livrer les migrants aux réseaux maffieux et ne rien régler sur le fond. C'est persister dans l'erreur de 2002 (fermeture du camp de Sangatte).

Depuis le discours de M. Besson à Calais en avril, le nombre de migrants visibles à Calais a baissé. Certains sont passés en Angleterre. Rares sont ceux qui ont pu déposer une demande d'asile en France. La plupart ont fui les menaces policières vers la Belgique et la Hollande, les autres se sont disséminés dans la nature. Contraints de se cacher, ils sont plus que jamais vulnérables, privés d'accès aux soins et à la nourriture et livrés, contre leur gré, à la seule loi des maffias.

Que deviendront ceux qui seront arrêtés dans les jours qui viennent ? Expulsés dans leur pays d'origine ? Relâchés dans la nature sans information, ni secours ? Renvoyés en Italie ou en Grèce où les conditions de vie des réfugiés sont dramatiques ?

Le gouvernement propose une aide au retour volontaire vers des pays en guerre et des dictatures. Combien accepteront de retourner en Afghanistan, Irak, Iran, Somalie, Soudan, Érythrée… Sachant qu'en outre, les retours volontaires ou forcés dans certains de ces pays s'avèrent diplomatiquement impossibles ?

Le gouvernement communique beaucoup sur la tradition d'asile de la France mais une infime partie des migrants ont eu la possibilité de demander l'asile. La plupart en est empêchée par le règlement européen Dublin II que la France applique avec zèle, sans utiliser le pouvoir qu'elle a d'en suspendre l'application. Depuis avril dernier, à peine 170 demandes d'asiles ont été déposées à la sous-préfecture de Calais. Seulement 50 d'entre elles seront traitées. Les autres demandeurs ont été renvoyés dans la jungle et peuvent être à tout moment arrêtés et expulsés par la force, principalement en Italie et en Grèce où les conditions de vie des réfugiés sont dramatiques. En Grèce, l'accès à l'asile est quasi impossible.

M. Barrot, commissaire européen chargé des droits de l'homme a récemment dénoncé les dysfonctionnements de la politique européenne en matière d'asile.

Il faut que les États européens cessent de se défausser sur leurs voisins. La solidarité européenne doit devenir une réalité. Le règlement Dublin II doit changer, il piège les réfugiés dans des impasses et les laisse sans protection.

Pour sortir de la loi de la « jungle », il faut remettre le système d'asile européen sur ses pieds en arrêtant de dénier les besoins de protection des personnes et en prévoyant un mécanisme leur permettant de demander asile dans le pays de leur choix ou là où elles ont des liens familiaux, linguistiques ou culturels. Quel que soit leur choix, il faut également leur assurer des conditions d'accueil conformes à la dignité des personnes en prévoyant des structures d'hébergement ouvertes à tous.


Calais, le 21 septembre 2009

 

Lausanne interdit également les affiches

Les affiches de l'UDC avaient été interdites à Bâle-Ville mardi.

Les affiches de l'UDC avaient été interdites à Bâle-Ville mardi. [Keystone]

Lausanne ne veut pas non plus des affiches UDC
Après Bâle-Ville, Lausanne interdit l'affiche litigieuse des partisans de l'initiative populaire contre les minarets. La municipalité a jugé mercredi qu'elle véhiculait des images "racistes, irrespectueuses et dangereuses". Genève doit aussi s'exprimer sur la question ce mercredi.
Dans son communiqué, la municipalité rappelle que l'affiche représente une femme en burqa au regard menaçant et des minarets aux allures de missiles qui transpercent le drapeau suisse. La décision de Lausanne suit celle du canton de Bâle-Ville qui l'a interdite mardi.

Plusieurs grandes villes, comme Zurich, Lucerne, Winterthour et Berne, attendent l'expertise de la Commission fédérale contre le racisme pour prendre une décision. Le rapport de la commission devrait être publié aujourd'hui.

L'initiative contre les minarets a été lancée par un groupe composé de politiciens de l'UDC et de l'Union démocratique fédérale (UDF). Le Conseil fédéral et le Parlement ont appelé au rejet de ce texte au nom de l'égalité de traitement, de l'interdiction de la discrimination et de la liberté de religion.

"La France organisera des reconduites forcées" des Afghans de Calais, promet Éric Besson

La France organisera des expulsions de ressortissants afghans interpellés à Calais sous réserve qu'un certain nombre de conditions soient remplies, déclare mercredi le ministre de l'Immigration, Eric Besson. Une controverse a éclaté mardi après l'annonce, par des associations, d'un projet de "charter" franco-britannique visant à reconduire en Afghanistan des migrants arrêtés dans les deux pays. Le gouvernement français a démenti cette information.

Le ministre de l'Immigration Éric Besson a confirmé qu'il y aurait expulsion de certains ressortissants afghans interpellés à Calais  © PHILIPPE HUGUEN/AFP

Eric Besson n'a souhaité faire aucun commentaire mercredi sur ce vol précis mais il a déclaré qu'il y aurait à l'avenir, conformément au souhait de Nicolas Sarkozy, des "vols groupés et des reconduites forcées à la frontière avec les Britanniques". "Il y en aura sous réserve qu'un certain nombre de conditions soient remplies, que nous puissions être certains que les personnes soient en sécurité quand elles arrivent à Kaboul, et que, deuxièmement, il y ait la possibilité d'une aide à la réinstallation", a-t-il déclaré sur RMC et BFM TV. L'objectif est, selon lui, d'envoyer "un message de fermeté" aux passeurs. "Oui, la France reconduira à la frontière (des migrants parmi) les 12 nationalités qui sont représentées dans le Calaisis", a-t-il dit.
La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a réclamé mardi soir des explications à Eric Besson et Nicolas Sarkozy sur le renvoi des clandestins afghans. Les associations de défense des immigrés et des droits de l'homme se sont émues que l'on reconduise des réfugiés dans un pays en guerre, où les conditions humanitaires et de sécurité ne cessent de se dégrader. "Tous les Afghans ne peuvent pas revendiquer le statut de réfugié politique, certains le peuvent (lorsque) leur sécurité personnelle est menacée", a déclaré Eric Besson, arguant du fait que d'autres pays, comme la Suède, la Norvège ou les Pays-Bas renvoyaient également des réfugiés afghans dans leur pays. La préfecture du Pas-de-Calais a fait savoir mercredi que les forces de l'ordre avaient procédé au démantèlement d'un campement d'une trentaine de migrants - venus d'Érythrée, du Soudan et des territoires palestiniens - installés sur un quai du port de Calais.

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Nouveau chef de l’Office des migrations

LE MATIN DIMANCHE

Nouveau chef de l'Office des migrations

Article - 04/10/2009 - Laurent Duvanel

Eveline Widmer-Schlumpf fait le ménage à l'Office fédéral des migrations
(ODM). Les procédures de naturalisation et de demandes d'asile traînent
trop. Il a fallu supprimer des doublons. Dans une interview à la
SonntagsZeitung, la conseillère fédérale a déclaré: «Il y a des
procédures trop lourdes (…) et une inefficacité crasse. Il est difficile
d'expliquer pourquoi une naturalisation accélérée prend deux ans. »

Plus de personnel dans les centres d'accueil

Le principal changement concerne les centres d'accueil des requérants
d'asile. «C'est là qu'il faut effectuer le plus de procédures possible.
Cela accélère tout le dossier, il y a moins d'émotion en jeu et c'est
juridiquement correct. Pour autant que je le sache, mon prédécesseur
souhaitait aussi que le travail se fasse au front et pas au centre, mais
ces dernières années, cette volonté n'a pas été concrétisée».

En cause, la répartition des employés à l'ODM: les personnes engagées
ont été placées ailleurs que dans les quatre centres d'accueil où elles
étaient censées aller en renfort, elles ont souvent fini à Berne.
S'agit-il d'une insubordination ayant conduit à l'éjection du chef de
l'ODM, Eduard Gnesa? «Plusieurs raisons ont motivé le changement.
L'équipe de l'ODM avait besoin d'un changement de paradigme, selon
Eveline Widmer-Schlumpf. Les processus ne doivent être prévus en
fonction du chef, mais en fonction du travail à effectuer. » Un nouveau
directeur sera proposé prochainement au Conseil fédéral. Quant à l'idée
des radicaux de créer de nouveaux centres pour les requérants déboutés,
la conseillère fédérale refuse d'entrer en matière, signalant qu'il
faudrait changer la loi. Y

Faut-il interdire les affiches anti-minarets


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La décision du canton de Bâle-Ville d'interdire les affiches anti-minarets est-elle la bonne? Non, répondent en choeur les experts. Voici pourquoi. Suite

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« On construit politiquement l’étranger comme un problème de société »

Un très bon article de l'Huma

Pour le sociologue Jérôme Valluy, le gouvernement espère ainsi justifier une politique migratoire extrêmement restrictive.

Jérôme Valluy est professeur de sociologie politique de l’action publique à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris-I). Dans son dernier ouvrage paru, Rejet des exilés. Le grand retournement du droit de l’asile (1), il défend la thèse d’une xénophobie de gouvernement qui a transformé l’image publique des étrangers, les stigmatisant comme une menace. Un phénomène qui sert aujourd’hui à justifier les politiques de fermeture des frontières.

À l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, le ministre de l’Immigration, Éric Besson, a qualifié la France d’« accueillante et solidaire ». Que vous inspirent ces qualificatifs ?

Jérôme Valluy. La France n’est ni accueillante ni solidaire. Avec 85 % de refus, elle fait même partie des pays européens qui rejettent massivement les demandes d’asile. Il est vrai que, depuis 2007, on observe une baisse du taux de rejet des demandes d’asile, sans qu’on puisse d’ailleurs vraiment expliquer pourquoi. Conjoncturellement, le propos d’Éric Besson n’est donc pas complètement faux. Mais il faut regarder les tendances lourdes. Or la tendance lourde, avec la création du ministère de l’Identité nationale, c’est la mise sous tutelle du droit d’asile, avec une institutionnalisation d’une xénophobie dans l’appareil d’État. On stigmatise la présence étrangère sur le territoire en construisant politiquement l’étranger comme un problème de société. C’est une tendance historique qu’on retrouve d’ailleurs dans d’autres pays en Europe.

De quand date ce que vous appelez « le grand retournement du droit d’asile » ?

Jérôme Valluy. Du début des années soixante. La décolonisation a un impact important sur les sociétés métropolitaines. Les recherches récentes d’historiens montrent une première conséquence très matérielle : les fonctionnaires en place dans les pays colonisés se recyclent dans l’appareil d’État des métropoles. On observe une surreprésentation de ces rapatriés des colonies dans deux secteurs : les affaires sociales et le secteur militaro-policier. Ils sont supposés, avec leur expérience coloniale, avoir acquis une connaissance de l’indigène. Cet indigène d’hier est l’immigré d’aujourd’hui. La guerre d’Algérie sert de laboratoire. 1,5 million d’Algériens vivent alors en métropole. À partir de 1954, on met en place un ensemble de dispositifs policiers et sociaux pour encadrer cette population perçue comme menaçante, puisque proche du FLN. Les mentalités ne changent pas du jour au lendemain : après les accords d’Évian en 1962, ces ennemis de l’intérieur ne voient pas leur image modifiée. Ils continuent à être traités comme des populations dangereuses. À la fin des années soixante, le phénomène a pris de l’ampleur et on voit bien dans les archives administratives que l’immigré comme problème est une évidence technocratique. En 1969, 90 % des directeurs de foyers Sonacotra sont des anciens militaires engagés dans les guerres coloniales. Ils sont supposés savoir mâter l’indigène en cas de révolte dans les foyers. On voit bien que l’action sociale est aussi une modalité pour masquer l’encadrement de populations jugées dangereuses. Tout cela est encore très technocratique, cela ne passe pas dans l’espace public.

À partir de quand cette conception de l’étranger devient-elle publique ?

Jérôme Valluy. La crise pétrolière ouvre une fenêtre d’opportunités pour la politisation de cette évidence technocratique. En 1974, le gouvernement annonce la fermeture des frontières. Jusqu’en 1979, on assiste à un emballement de la législation anti-migratoire. Six lois sont votées en cinq ans, qui ont toutes pour finalité la répression migratoire : interdiction des regroupements familiaux, contrôles au faciès, restrictions au travail… Et ce avant même la montée du Front national. Dans les années soixante-dix, le FN n’est en effet qu’un groupuscule folklorique d’extrême droite qui ne pèse rien électoralement. Il n’apparaît dans le champ politique qu’en 1983 avec près de dix ans de retard. En réalité, c’est cette politique anti-migratoire qui prépare le terreau électoral d’une remontée des partis d’extrême droite.

Quel rôle la construction européenne joue-t-elle dans cette évolution ?

Jérôme Valluy. Les Européens ne connaissent que la face souriante de l’espace Schengen : la liberté de circulation qui leur permet de pouvoir passer d’un pays à l’autre en montrant simplement sa pièce d’identité. Ce qu’ils ne voient pas, c’est la face sombre : la fermeture des frontières européennes. On l’observe objectivement en Grèce. Accusée d’être la passoire de l’Europe, elle a d’abord été exclue de l’espace Schengen. Pour pouvoir intégrer le club, la Grèce a mis en place des procédures d’asile, atteignant, en 2003, 99,9 % de rejets des demandes d’asile ! Pourtant, ce pays n’a pas de parti xénophobe, puisque la mémoire encore vive de la dictature réfrène l’émergence de l’extrême droite. Donc, cette politique ne vient pas du bas, de la population, mais bien du haut, sous la pression de l’Union européenne.

L’UE, elle, met ensuite en place une politique d’externationalisation des frontières qui privilégie le sécuritaire à l’accueil des réfugiés…

Jérôme Valluy. Le programme de La Haye, intitulé Justice, liberté, sécurité (JLS), est mis en oeuvre depuis juin 2004. Il compte en fait 10 % de justice et de liberté et 90 % de sécurité ! Le développement des politiques sécuritaires amalgame le terrorisme et l’immigration. On assiste à la création de l’agence Frontex, l’armée douanière de l’UE. Les États membres lui allouent de véritables moyens militaires pour le contrôle des frontières, particulièrement celles du Sud. Il s’agit d’une avancée de nature impérialiste : ses avions et ses hélicoptères survolent les côtes sénégalaises, ses bateaux militaires entrent dans les zones territoriales libyennes, ses avions drones survolent le Sahara avec des détecteurs de chaleur pour repérer des mouvements… Autrement dit, on mène une véritable guerre, avec un appareil militaire. On instrumentalise le droit d’asile en amenant les pays limitrophes à développer leurs propres procédures. Par exemple, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) ouvre une délégation à Rabat, alors qu’il n’en avait jamais ouvert puisque les demandes d’asile n’affluaient pas au Maroc pour des raisons assez facilement compréhensibles… Cela permet de créer artificiellement une demande d’asile sur le territoire marocain, les migrants subsahariens pensant que le récépissé donné par le HCR va leur offrir une protection auprès de la police marocaine. Mais le HCR rejette 75 % des demandes d’asile à Rabat. Or, une fois que la demande est rejetée dans un pays, elle ne peut pas être reformulée dans un autre… L’anticipation géographique du rejet de la demande d’asile, avant l’arrivée dans les pays européens, permet de baisser artificiellement le taux de demande d’asile recevable dans les pays de l’Union européenne.

Le HCR est donc complice de cet artifice ?

Jérôme Valluy. Il est surtout instrumentalisé. C’est l’un des paradoxes du HCR. Cette institution très puissante, avec plus de 6 000 salariés dans 118 pays, a une légitimité de type gouvernemental. Et pourtant, le HCR est extrêmement faible sur la scène gouvernementale internationale. Pourquoi ? Parce que 98 % de son budget annuel est alimenté par des dotations volontaires des États les plus riches du monde. Les fonds de l’ONU représentent moins de 3 % du budget total. Ce mode de financement le met dans une dépendance totale des pays les plus riches de la planète.

La politique européenne du droit d’asile a-t-elle beaucoup changé après les attentats du 11 septembre 2001 ?

Jérôme Valluy. Non, pas du tout. Comme avec le choc pétrolier de 1974, on a construit un mythe de 2001 en relation avec les attentats du World Trade Center, disant que la menace terroriste expliquait la répression anti-migratoire, les contrôles aux faciès, les blocages des frontières… C’est faux et on peut le démontrer. Dès le milieu des années quatre-vingt, la France rejette 90 % des demandes d’asile des populations africaines. On peut parler d’effets cumulatifs : la décolonisation, la crise économique, les partis d’extrême droite dans les années quatre-vingt, l’intégration européenne puis, en 2001, le phénomène terroriste… Tout cela nous amène à la situation actuelle, avec la création d’un ministère de l’Identité nationale, les rafles et la fermeture des frontières. On ne peut pas réduire cette histoire à un seul de ses éléments.

Que penser de l’image du réfugié dans l’opinion publique ?

Jérôme Valluy. Chaque citoyen n’a que peu de temps pour s’intéresser à la société. L’opinion publique n’est donc pas construite sur une perception objective, elle est tributaire des leaders d’opinion : politiques, intellectuels, journalistes, technocrates, etc. Le cas marocain est intéressant pour démontrer cela. Il existe au Maroc un fond de racisme antinoir, comme il existe un fond de xénophobie dans toutes les sociétés humaines. Ceux qui en témoignent le mieux sont les Marocains descendants des esclaves noirs. Que nous disent-ils ? Que depuis quelques années on observe une résurgence de ce racisme antinoir avec des comportements nouveaux d’hostilité, d’abord policiers et administratifs, puis dans la rue. Comment expliquer cette réémergence ? À partir de 2003, avec la médiatisation des questions migratoires, les reportages à la télé et les colloques se multiplient sur la présence des migrants. Les Marocains voyant de plus en plus de Noirs à la télévision en voient de plus en plus dans la rue. Cette xénophobie, plus faible au Maroc qu’en Europe, a été construite par les dirigeants marocains, sous la pression européenne. C’est en accéléré ce qui s’est joué dans les années soixante en Europe. Je pense qu’il faudra moins d’une décennie pour qu’un parti réactionnaire exploite ce créneau électoral porteur au Maroc comme cela s’est passé en Europe. Aucune population ne résiste à l’influence des politiques publiques et au matraquage politique et médiatique. C’est ce qui s’est passé dans les années trente : des populations entières ont été incitées à croire que les juifs constituaient un problème pour la société. Cette construction de problèmes publics passe par les élites sociales, au sens le plus large : députés, universitaires, journalistes, ministres, sénateurs, responsables d’entreprises, etc. Ce n’est pas du tout un phénomène populaire, sa diffusion dans la population est seulement une conséquence.

Le gouvernement parle de la crainte d’un « appel d’air » pour justifier sa politique de fermeture des frontières : accorder davantage l’asile pourrait augmenter la demande. Qu’en pensez-vous ?

Jérôme Valluy. C’est en grande partie faux. Il peut exister une possibilité de réorientation des choix migratoires en fonction des opportunités. Mais seule une infime portion des réfugiés parcourt de longues distances. 80 % des réfugiés restent dans le premier pays de sortie, c’est-à-dire qu’ils franchissent une seule frontière pour se protéger. Une infime partie fait le choix de voyages transcontinentaux. En outre, les réfugiés n’ont aucune connaissance des politiques réelles mises en place dans les pays d’arrivée. Quand on les interroge, on s’aperçoit très vite qu’ils ne savent rien des jurisprudences des pays européens alors qu’ils sont déjà très avancés sur le chemin migratoire. La plupart des citoyens de ces pays ne savent rien non plus des variations jurisprudentielles ou administratives, donc vous imaginez bien que les gens à l’autre bout du monde les connaissent encore moins ! La théorie de l’appel d’air est réfutée par les recherches mais elle perdure comme une croyance.

La crise économique va-t-elle avoir un effet sur la politique migratoire ?

Jérôme Valluy. Bien sûr. Cet effondrement économique nous ramène à la situation post-1929, avec le sentiment non pas d’être en 1933, mais plutôt en 1930. Si on est au début de cette histoire-là, alors le pire reste à venir. Cette crise économique pourrait produire le même effet que dans les années 1970 après la crise de 1974 : alimenter la justification de la chasse aux migrants sur le mode : « Ils nous prennent notre travail » et impulser tous les emballements imaginables de xénophobie. On a quand même le premier ministère de l’Identité nationale de l’histoire de la République, il n’y a aucun antécédent, hormis les administrations de la question juive, mais qui se situent dans une configuration historique incomparable. La création de ce ministère n’est pas simplement une ligne sur l’organigramme du gouvernement, c’est le produit de plusieurs décennies d’évolution politique et administrative. La conjoncture est extrêmement alarmante. Tous les éléments actuels vont dans le même sens : celui d’une dramatisation historique des enjeux nationalistes et identitaires. Où cela nous mène-t-il ? Historiquement à des conflits armés. Je n’ai pas de boule de cristal, mais si les tendances actuelles se prolongent à l’identique, on va vers un drame de civilisation. Les derniers résultats électoraux en Europe montrent déjà le retour des nationalismes protofascistes.

N’y a-t-il rien de positif ?

Jérôme Valluy. Le tableau est sombre, mais il existe des petites lumières, comme le développement, depuis 2005, du Réseau Éducation sans frontières (RESF). C’est une poussée intéressante pour l’évolution du rapport de forces politiques, même si RESF reste limité à la solidarité de proximité et peine à produire des effets politiques plus larges. Les capacités militantes, je l’ai vécu moi-même, sont saturées par les tâches les plus urgentes. Ça ne laisse que trop peu de temps pour la production intellectuelle et idéologique, la stratégie politico-médiatique, la formation de coalitions, le lobbying, etc. Un autre point positif est l’entrée en scène de la CGT depuis 2007. Mais celle-ci s’est positionnée maladroitement. En acceptant de porter des demandes de régularisation auprès de la préfecture, la CGT se retrouve piégée dans une cogestion de l’immigration choisie. Du coup, le syndicat est aujourd’hui dans une situation comparable à celle des associations gestionnaires de CADA (Centre d’accueil de demandeurs d’asile) : l’installation des sans-papiers dans et devant la Bourse du travail ressemble aux files d’attente à Lyon devant l’association Forum réfugiés. Que faire d’autre ? La question n’est pas facile. L’expérience des associations comme France terre d’asile ou Forum réfugiés, d’abord militantes puis devenues, en dix ans, cogestionnaires de la politique publique, montre une voie qu’il ne faut pas suivre. Mais je crois aussi qu’il faut aider la CGT dans sa démarche tout à fait nouvelle dans son histoire de soutien aux sans-papiers. C’est l’une des raisons pour laquelle j’y ai adhéré il y a quelques mois. J’ai peur maintenant que la CGT ne se retire de ces luttes. Or l’état des rapports de forces est calamiteux. Et on a besoin de tout le monde. Il y a aussi des avancées positives dans le monde universitaire : ceux qui analysent les réalités sociales sombres de notre société sont mieux compris par les autres universitaires, certainement sous la pression de générations montantes de doctorants qui s’intéressent à ces sujets et sous la brutalité des réformes universitaires qui réveillent les esprits.

(1) Éditions Du Croquant, 2009. 389 pages, 22 euro.

Entretien réalisé par Marie Barbier

Notre dossier Immigration Sans-papiers

A Paris, des mineurs afghans en transit vers «une meilleure vie»

REPORTAGE

Une centaine de mineurs, en transit en France, dorment dans les rues de Paris. L'association France terre d'asile tente de les convaincre d'abandonner leur errance pour s'installer en France.

83 réactions

PAR MAEL INIZAN

Ils tiennent à garder l'anonymat. Après plusieurs mois de voyage jusqu'en France, des mineurs

Ils tiennent à garder l'anonymat. Après plusieurs mois de voyage jusqu'en France, des mineurs afghans se rassemblent place du Colonel Fabien à Paris, espérant passer une nuit au chaud dans un hébergement d'urgence, avant de reprendre la route. (AFP)



La nuit vient de tomber sur la place du Colonel-Fabien, dans le Xe arrondissement de Paris. Une quarantaine d'adolescents afghans patientent, par petits groupes, sous la lumière jaune d'un lampadaire. «Ils sont nombreux aujourd'hui», soupire Julien Mache, sous-directeur de la plate-forme d'accueil des mineurs de l'association France Terre d'Asile. Il vient à peine d'arriver, mais déjà des jeunes migrants se pressent autour de lui.
25 places d'hébergement d'urgence
Dans la pénombre, d'une caresse sur la joue, il essaye de repérer les plus jeunes. «Je regarde s'ils ont de la barbe. C'est une ficelle comme une autre, il faut bien trouver des moyens de choisir», s'excuse-t-il. Seulement vingt-cinq d'entre eux dormiront cette nuit à l'abri, dans un hébergement d'urgence géré par l'Armée du Salut. Les autres rejoindront leurs aînés sous le pont Jean Jaurès ou dans quelques «dortoirs» improvisés autour du square Villemin.

Pour la plupart de ces jeunes migrants, Paris n'est qu'une étape de plus avant la Grande-Bretagne ou les pays scandinaves. Ils transitent quelques jours, parfois quelques semaines, dans le Xe arrondissement de la capitale, avant de remonter vers le nord. Depuis le démantèlement de la jungle de Calais, le 21 septembre dernier, les départs sont moins fréquents. Ils sont nombreux à se présenter, chaque soir, en espérant passer une nuit au chaud.

Cruellement, en quelques minutes, deux groupes se forment.«On essaye de prendre les plus vulnérables: les plus jeunes, ceux qui viennent d'arriver en France ou qui sont malades», explique Julien. Quelques adolescents, plus âgés, abandonnent déjà. D'autres essayent de négocier. Derrière, Jessica Maestracci, la collègue de Julien, recompte inlassablement tandis qu'une riveraine qui assiste à la scène s'indigne : «Mais où vont dormir tous les autres ?» Dans un haussement d'épaules, Jessica répond, désolée, qu'ils «essayent d'en prendre un peu plus en hiver, mais que le nombre de places à leur disposition est limité».Le droit français protège pourtant les mineurs étrangers isolés.
Le mirage de l'Eldorado anglais
Trois fois par semaine, les intervenants sociaux de France Terre d'Asile effectuent leurs maraudes dans le Xe arrondissement. Entre la gare de l'Est, le square Villemin et la place du Colonel Fabien, ils vont à la rencontre des jeunes migrants. Ils les informent de leurs droits, des dispositifs d'hébergement d'urgence pour une nuit, mais surtout de la possibilité de mettre un terme à leur «errance».

L'association dispose de 50 places d'hébergement supplémentaires, dit de «stabilisation». Elles sont ouvertes aux mineurs isolés qui décident de s'installer en France. Une quinzaine de salariés ont pour mission de les accompagner jusqu'à une prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance et un placement en foyer ou en famille d'accueil.
Peu d'entre eux se résignent cependant à s'engager dans ce long processus, parfois semé d'embûches juridiques. Baignés dans le mirage de l'eldorado anglais, « pour eux, une nuit en hébergement, c'est laisser passer une chance de gagner l'Angleterre», résume Julien.
Farid, 15 ans, est arrivé à Paris depuis une semaine, après quatre mois de voyage. Lorsqu'il est parti, son oncle lui a promis une vie meilleure en Grande-Bretagne. Les passeurs ont avancé l'argent du voyage à sa famille, mais les intérêts courent. Il doit commencer à rembourser rapidement. «C'est trop long ici pour avoir des papiers et pouvoir travailler, alors je vais plus loin», lâche-t-il, résigné.
«S'apprivoiser»
Vendredi dernier, lors d'une visite dans un foyer d'accueil, Eric Besson, ministre de l'immigration, soulignait que 92 des 125 mineurs isolés arrêtés lors du démantèlement de la Jungle avaient accepté d'être placé en centre d'hébergement. Devant les journalistes, le ministre se déclarait «heureux» de les savoir à l'abri, annonçant qu'ils pourraient maintenant «demander l'asile, apprendre le français et aller à l'école».
Cependant, pour Radoslaw J. Ficek, directeur de la plate-forme d'accueil des mineurs de France Terre d'asile, le ministre tire ses bilans trop rapidement. «Si la moitié d'entre eux est encore là dans un mois, ce sera déjà une très belle réussite», prévient-il, «le processus pour les convaincre de rester prend du temps».

Pour France Terre d'Asile, l'hébergement d'urgence, même pour une seule nuit, est la première étape. Elle permet d'instaurer une relation avec ces adolescents. Le dispositif est encore récent, à Paris. Il n'a vu le jour qu'en décembre dernier, pendant les fêtes de fin d'années. Le plan grand froid impose alors une réaction des autorités. Sollicitée, l'Armée du Salut met à disposition, de nuit, un foyer d'accueil de jour des SDF, la Maison du Partage. Dans cette pièce de quelque 70 m2, chaque soir, les tables sont mises de côté pour étendre 25 matelas, à même le sol.

Alors qu'on leur sert un repas chaud, Julien fait le tour des groupes. En pachtoune, il prend des nouvelles, s'enquiert des départs et des arrivées. Quelques minutes pour construire le lien entre ces jeunes en transit et la société française. «On s'apprivoise», explique Julien. «Un placement trop rapide divise les chances de réussite».
Julien retrouve ici Ashmat, 12 ans, qu'il suit depuis son arrivée à Paris, il y a deux mois. Le jeune migrant avait fait part de sa volonté de rester en France. Il s'était cependant volatilisé après que Julien l'a signalé à l'Aide sociale à l'enfance, pour entamer le processus.
Après ces nouvelles nuits passées dehors, enroulé dans une couverture aux abords du canal Saint-Martin, il dit vouloir «une vie meilleure» et parle à nouveau de rester en France pour«étudier et pourquoi pas devenir médecin». Julien l'encourage, mais lâche, prudent : «On verra s'il est toujours là demain»

Il y avait une véritable volonté de dissimuler» le charter pour les Afghans

3 QUESTION A

Un groupe d'associations a révélé lundi qu'un vol conjoint franco-anglais s'apprêtait à rapatrier des migrants afghans vers leur pays. Acculé, le ministère de l'immigration a fait savoir mardi qu'il n'aurait pas lieu.

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RECUEILLI PAR YANN LIBESSART

L'interminable périple des migrants afghans se poursuit

L'interminable périple des migrants afghans se poursuit (Pascal Rossignol / Reuters)


Le retour vers l'enfer est reporté. «Pour couper court à certaines rumeurs, je vous informe qu'aucun vol retour» destiné à rapatrier des réfugiés en Afghanistan «n'aura lieu aujourd'hui», a affirmé mardi Frank Supplisson, directeur adjoint du cabinet du ministre de l'Immigration, Eric Besson.
La veille, le transfuge du PS avait pourtant déclaré au Monde que des vols pour Kaboul seraient organisés «dans les jours qui viennent». «Le chef de l'Etat a été très catégorique (...) en affirmant que le démantèlement de la "jungle" de Calais devait s'accompagner de retours, sans quoi on ne s'en sortirait pas», avait-il ajouté.
Trente associations de défense des migrants et des droits de l'Homme avaient demandé lundi aux autorités françaises et britanniques, dans un communiqué commun, de renoncer à expulser des Afghans vers Kaboul, avançant qu'un «charter» était prévu mardi.
Des informations, en la possession de ces organisations, faisaient en effet état du départ d'un avion depuis Londres, qui aurait fait escale à Lille mardi vers 23H30 avant de s'envoler pour Kaboul, via l'Azerbaïdjan.
Le Parti socialiste a jugé «ce projet scandaleux» et «contraire au respect des droits humains», tandis que les Verts ont estimé que Paris et Londres franchissaient «une limite très inquiétante» avec «une stratégie immorale».
Signataire de l'appel associatif, la Cimade est la seule ONG autorisée dans les centres de rétention administrative (CRA). Damien Nantes, responsable de la défense des réfugiés reconduits, répond aux questions de Libération.fr:
Comment s'explique l'annulation du vol franco-anglais vers Kaboul ?
Cette renonciation est à rapprocher de la décision de la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) qui a statué en urgence lundi soir pour suspendre les mesures d'éloignement frappant 7 Afghans placés en rétention à Rouen. Ces personnes faisaient certainement partie de ceux qui devaient être renvoyés en Afghanistan, d'où l'annulation du vol, faute de passagers en nombre suffisant. C'est la mobilisation associative qui a permis d'alerter la CEDH car il y avait une véritable volonté de dissimuler ce vol de la part des autorités.
Pourquoi cette volonté de renvoyer les Afghans chez eux ?
Hormis une inquiétante détermination politique, il y a aussi le désir de décourager sur place les candidats à l'exil. Ces retours forcés sont pourtant contraires à la Convention européenne des Droits de l'Homme et aux Conventions de Genève. Rapatrier quelqu'un vers un pays où il risque de subir des traitements inhumains ou dégradants est proscrit par ces réglements internationaux. Or, du fait de la guerre qu'y mène la coalition internationale, à laquelle la France appartient, l'Afghanistan ne peut pas être considéré comme un pays sûr.
Que devrait faire l'Europe ?
Au lieu de s'organiser pour les expulser, l'Europe ferait mieux de se demander comment accueillir dignement ces demandeurs d'asile. On nous raconte qu'ils veulent uniquement atteindre l'Angleterre mais nous suivons actuellement 40 Afghans, à Nimes et à Lyon, qui souhaitent simplement ne plus vivre dans leur pays. Nous tentons de faire démarrer les procédures relatives à leur demande d'asile en France, afin de leur éviter les conditions de vie difficiles liées à la clandestinité, mais nous nous heurtons toujours à la même réponse : non.
L'obstacle majeur réside dans le règlement dit de Dublin II, qui permet de renvoyer tout demandeur d'asile dans le pays par lequel il est entré dans l'UE. Les Etats ont pourtant la possibilité de passer outre ce règlement, par exemple en cas de regroupement familial. Au lieu de ça, certains migrants font des parcours absolument hallucinants à travers l'Europe, ce qui renforce le pouvoir des passeurs.
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