vendredi 18 août 2006

Blocher satisfait des mesures prises


Deux ans après la suppression de l'aide sociale aux requérants d'asile frappés d'une décision de non entrée en matière (NEM), le ministre de la justice Christoph Blocher tire un bilan positif de la situation.


Lire la suite sur tsr.ch : article de fond, analyse du TJ

Le rapport du DFJP : "Le deuxième rapport annuel de monitoring NEM confirme l'efficacité des mesures mises en place et infirme les prédictions négatives redoutées."

Sur la RSR : archives audio et vidéo sur le sujet

Nous ne voterons pas sur des statistiques

Editorial de 24 heures par Thierry Meyer


SIGNE BURKI
ASILE: LA GUERRE DES CHIFFRES

La question des abus en matière d’asile, et celle de l’intégration des étrangers, au coeur de la votation cardinale du 24 septembre prochain, sont toutes deux propices aux affrontements chiffrés. Car entre admissions provisoires, chiffres mensuels, tendance à long terme et renvois définitifs, l’étalage des statistiques à disposition tient quasiment du supermarché où chacun, quelle que soit sa position, y trouve son compte.
Pas étonnant dès lors, dans le climat passionnel qui préside à cette campagne, que les deux camps brandissent péremptoirement des pourcentages contradictoires, en se
traitant mutuellement de menteurs et de manipulateurs. Les chiffres sont là pour lester une opinion, la marquer du sceau de la vérité vraie, rendre des arguments irréfutables. Et en matière de chiffres, la créativité des politiques, gouvernants compris, dépasse souvent celle des meilleurs fiscalistes… Il serait faux de nier tout impact statistique dans le débat sur l’asile et les étrangers. L’essor de l’UDC et de ses thèses s’est concrétisé sur fond de guerres yougoslaves et d’afflux de réfugiés vers la Suisse. Mais le fond de la question qui nous est posée le 24 septembre n’est pas là.
Conséquence d’un changement de la donne géopolitique, le reflux constant et massif du nombre des requérants d’asile, observé dans l’Europe entière depuis quelques années, ne saurait du reste servir de justification a posteriori d’un durcissement politique. Ni de disqualification automatique des révisions soumises au peuple le mois prochain.
Le scrutin du 24 septembre ne porte pas sur des chiffres, si importants soient-ils, mais sur un principe: la révision de la loi sur l’asile, en particulier, franchit-elle la
ligne de rouge de l’admissible en matière de traitement des êtres humains? Ou, à l’opposé, contribue-t-on à favoriser une immigration économique clandestine et hypocrite, bacille de drames en devenir, en votant non?
Aucun chiffre, aucun pourcentage ne parviendra à trancher ces interrogations essentielles. Les convaincus iront puiser là où ils trouveront confirmation de leurs perceptions réciproques. Et les indécis seront encore plus déroutés par l’abondance contradictoire des statistiques. Prêts à s’en remettre à leur émotion plutôt qu’à leur raison.

THIERRY
MEYER

Sur le même sujet, lire les développements de Caroline Zuercher: "L’abus d’arithmétique partisane pollue la campagne sur l’asile

Arithmétique partisane


L’abus d’arithmétique partisane pollue la campagne sur l’asile

Sur cent requérants, combien sont finalement accueillis par la Suisse? La question semble simple, mais les réponses sont multiples. Les chiffres sont-ils objec­tifs?
Les derniers épisodes de la campagne sur la loi sur l’asile semblent montrer le contraire. Suivant qu’ils se con­centrent sur le court ou le long terme, qu’ils comptabilisent ou non les personnes admises provi­soirement, partisans et oppo­sants du durcissement font dire aux statistiques officielles tout et son contraire. Une «guerre des chiffres», mise en évidence, hier, par l’ATS.
Tout est parti d’une lettre ouverte adressée par le conseiller national Claude Ruey aux mem­bres du comité bourgeois contre la loi sur l’asile, intitulée «L’arith­métique à Bonzon ou comment l’UDC abuse les citoyens». Le libé­ral vaudois n’a pas digéré les pro­pos tenus par la conseillère d’Etat UDC Rita Fuhrer, le 26 juillet lors d’une conférence à Berne. La Zu­richoise avait alors déclaré: «Nous sommes toujours confron­tés à quelque 10 000 nouvelles de­mandes d’asile par an dont 75% au moins sont abusives.» Sur le court ou sur le long terme? Faux, s’exclame Claude Ruey! Se basant sur les statistiques de l’Office fédéral des migrations (ODM), le Nyonnais affirme au contraire qu’«en 2005, 53,9% des demandes ont été au bénéfice d’admissions provisoires ou de la protection statutaire des réfu­giés ». Le Vaudois va encore plus loin en soulignant que, pour jan­vier à juin 2006, ce taux est de près de 70%. Conclusion du con­seiller national: «Ces chiffres sont accablants pour l’UDC qui per­siste à vouloir tromper le peuple en imaginant des abus et en les multipliant mensongèrement.» Rita Fuhrer n’était pas atteigna­ble, hier. «Je suis certain que ses chiffres sont corrects», souligne pour sa défense Simon Glauser, porte-parole adjoint de l’UDC. Alors, qui a raison? «Notre of­fice! » répond, à l’ODM, Brigitte Hauser. Selon cette porte-parole, tout dépend du regard porté sur les statistiques. Car si les chiffres de Claude Ruey sont corrects, il ne faudrait pas limiter l’analyse à la seule année 2005, «ce d’autant plus que, l’an dernier, nous avons connu des changements de la si­tuation dans les pays d’origine et dans la pratique de la Commis­sion suisse de recours en matière d’asile (CRA)». Avec ou sans admissions provisoires? Brigitte Hauser, dont l’Office dépend du Département de jus­tice et police, préfère donc pren­dre de la hauteur. Et sur le long terme, «un tiers des requérants, environ, obtiennent notre protec­tion (en tant que réfugié ou sous la forme d’une admission provi­soire, n.d.l.r.) », tranche-t-elle.
Mais il en faut plus pour dé­sarmer Claude Ruey! Tout en relevant la relative imprécision de cette déclaration, le libéral souligne que Rita Fuhrer, en utilisant le terme «toujours», «parle bien d’aujourd’hui et pas de la longue période». Les inter­prétations varient donc. Une autre preuve? «A fin juillet, 85% des requérants n’ont pas été reconnus comme réfugiés (sta­tistique depuis le début de l’an­née, n.d..r.) », souligne Brigitte Hauser. Dans une interview ac­cordée hier à L’Hebdo, l’an­cienne conseillère fédérale Ruth Dreifss évoque également ce pourcentage. Mais elle s’em­presse d’ajouter que beaucoup de personnes «reçoivent des permis humanitaires provisoi­res parce qu’elles courent des risques réels dans leur pays». Et même si leur situation ne ré­pond pas à la définition étroite du réfugié, ces gens sont «effec­tivement menacés». Au final, la socialiste se retrouve dans la même fourchette que Claude Ruey, en concluant que près de 50% de ceux qui frappent à nos frontières sont admis provisoi­rement ou définitivement.


CAROLINE ZUERCHER

Marketing politique décrypté

«Les chiffres cristallisent le débat et ne le font pas avancer»

Utiliser des chiffres en marketing politique? «Ce phénomène n’est pas spécifique à une formation. Ni en Suisse, ni ailleurs», précise le politologue tessinois Oscar Mazzoleni. Selon lui, l’UDC joue, dans la campagne actuelle, à la fois un rôle d’opposition et de parti gouvernemental. Et cela dans un contexte différent de celui des précédentes votations sur le même thème, puisque la majorité du Parlement et le Conseil fédéral soutiennent les lois soumises au peuple. «Cette ambivalence se retrouve dans l’usage des données officielles, poursuit Oscar Mazzoleni. En les utilisant, l’UDC montre sa volonté d’être crédible, de ne pas être accusée de parti qui s’érige purement et simplement contre les étrangers ou les requérants d’asile. En même temps, la façon de les manier tend à conforter la visée polémique qui est à la base de sa stratégie partisane.» 50%? 75%? 15%? Quel est le bon pourcentage? «Tout dépend de ce que l’on regarde. Répondre à cette question, c’est déjà choisir un camp», affirme Oscar Mazzoleni.
Seulement voilà: chaque partie se prétendant garante de l’objectivité, la guerre guette… Et au final, le débat n’avance pas.
«Au contraire, cela le cristallise, s’exclame le politologue. Les chiffres habillent d’une espèce d’image scientifique les arguments idéologiques qui prévalent actuellement. Cette sorte de guerre ajoute encore à la confusion, et n’aide pas les indécis à se faire une opinion.» C. Z.

Renvoi de requérants

"Pourquoi il est difficile de renvoyer certains requérants déboutés dans leur pays": prolonger la durée maximale de la détention des migrants en vue de leur expulsion ne s'avérera pas forcément très dissuasif. En revanche, la Suisse devrait multiplier les accords de réadmission et arrangements ponctuels.

Lire l'article de Valérie de Graffenried sur , ainsi que le courrier de lecteur de François de Vargas, intitulé "Aider les réfugiés?"