vendredi 30 avril 2010

Immigration: ces enfants clandestins

Un Arménien de 16 ans arrive avec 50 dollars en poche à Pamiers (Ariège). Seul, il se dirige vers les bénévoles du secours populaire qui distribuent les repas. C'est soir de réveillon de Noël. Conduit au commissariat de la ville, le jeune garçon raconte que ses parents sont morts et qu'un oncle « a payé le voyage jusqu'en Ariège. »

immigration enfants

Dernièrement, un autre adolescent se présente à l'institut protestant de Saverdun muni d'un curieux bout de papier sur lequel on peut lire : « Je viens de la part du conseil général. » Ils sont Angolais, Congolais, Pakistanais, Afghans, Arméniens, Géorgiens et depuis 2004, de plus en plus d'adolescents fuient des situations de misère, des guerres dans leur propre pays pour frapper à la porte de l'Ariège dès leur descente de train à Pamiers. De 17 en 2005, ils sont 48 à ce jour a être pris en charge par ce département. Un afflux que les structures du conseil général, compétent en matière d'aide à l'enfance, à toutes les peines à contenir. Plus grave, ces arrivées d'enfants clandestins mettent en lumière la possible existence de filières internationales de passeurs. Même si aucune enquête judiciaire n'a permis de mettre au jour, aux pieds des Pyrénées, la présence d'une telle organisation liée à l'immigration clandestine, il existe cependant des « réseaux d'amitiés », des « filières communautaires », au centre de ces mouvements de mineurs. « L'Ariège a toujours accueilli des réfugiés et ce département s'est construit une solide réputation de terre d'accueil », analyse Christian Morisse, coordinateur du réseau Education sans frontière (RESF 09). Partis de Géorgie, d'Arménie ou d'Angola, ces adolescents, sont envoyés par des proches de leur famille en Europe, soit pour assurer leur survie, soit pour financer « une dette de servitude », selon Simon Sire, directeur de l'institut protestant de Saverdun. Une structure d'hébergement connue des communautés étrangères pour son travail d'insertion et de formation. « Ces établissements peuvent créer un appel d'air d'où l'afflux de ces jeunes migrants en Ariège », explique un spécialiste des flux migratoires. Par bus, bateau ou avion, ils arrivent en France avec un maigre pécule en poche et souvent accompagnés d'un tiers, un pseudo-passeur ou un proche. À l'aéroport de Roissy, ces ados qui parlent trois mots de français, seraient ensuite aiguillés par des membres de leur communauté vers Toulouse, puis Foix par le train. « Des voyages très organisés », observe un associatif ariégeois. La filière des pasteurs angolais, congolais et des églises évangélistes plane sur le financement de ces voyages. « C'est mon pasteur à Kinshasa qui a payé », aurait indiqué un adolescent , arrivé à Pamiers. En Ariège, 64 % de ces jeunes viennent d'Afrique noire. Ce département offre des possibilités d'emplois dans le secteur du bois et du bâtiment. Bref, un avenir.


Le chiffre : 48

48 mineurs étrangers pris en charge par l'Ariège.Depuis 2004, 48 mineurs étrangers isolés (31 mineurs et 17 jeunes majeurs) sont pris en charge par le conseil général de l'Ariège. Ce qui représente 13% de l'ensemble des mineurs confiés au département.

« Qu'ils soient adolescents ou majeurs, ils ont tous une trouille viscérale de rentrer chez eux. Certains, dont les parents sont décédés, ont peur pour leur vie ». Christian Morisse, coordinateur RESF 09.


Interview

"L'Etat doit nous aider"

Augustin Bonrepaux, Président du conseil général de l'Ariège (PS).

À quoi est confronté votre département ?

Depuis plusieurs mois, nous constatons une arrivée importante de mineurs étrangers isolés en Ariège. Ce n'est pas le cas dans d'autres départements. Ici, on fait tout pour les accueillir, à travers nos structures, on les éduque et on les accompagne jusqu'à l'âge de 22 ans, selon les contrats d'apprentissage des uns et des autres, en leur octroyant 900 € par mois. Mais aujourd'hui, nos structures sont limitées. Le budget consacré à l'aide sociale à l'enfance (ASE) est de 13 M d'€. 13% de ce budget est dévolu aux mineurs étrangers isolés. On voudrait les accueillir mais on ne peut plus.

Que proposez-vous ?

L'État doit nous aider dans la prise en charge de cette solidarité. Ces arrivées de mineurs pourraient être plus équitablement réparties. L'État pourrait financer leur redéploiement dans d'autres départements. J'ai écrit dernièrement au ministre de l'immigration Éric Besson pour le sensibiliser à notre problématique. Il y a en Ariège 320 mineurs déjà placés. Toutes ces structures font bien leur travail et fonctionnent à plein. Comment fait-on si un jour, nous devons gérer une situation d'urgence pour placer un mineur ?

Que craignez-vous à terme ?

Je ne sais pas si nous sommes victimes de notre succès. Mais ces arrivées répétées pour un département comme le nôtre (150 000 habitants, budget de fonctionnement 146M d'€) peuvent déséquilibrer nos finances. Prochainement, 9 mineurs pris en charge par le conseil général seront majeurs. L'État pourrait prendre le relais. On doit déjà faire face à un poids énorme : le transfert de charges non compensées par l'État qui s'élève depuis 2004 à 25 M d'€.

À quoi attribuez-vous l'arrivée de ces mineurs étrangers ?

Ils ne viennent pas ici par hasard. Nos structures font bien leur travail et cela se sait. Il y a un réseau d'acheminement de ces jeunes. Mais je ne sais pas lequel.

Agression antisémite en plein Strasbourg

Un homme de confession israélite a été agressé, ce vendredi peu avant 12h30, place de l'Homme-de-Fer, en plein coeur de Strasbourg, au croisement de plusieurs lignes de tram. Ses deux agresseurs ont agi armés d'une barre de fer et d'un couteau. Ils ont été interpellés peu de temps après les faits. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) du Bas-Rhin dénonce une "agression antisémite d'une extrême gravité".

agression antisémite à Strasbourg

La scène s'est déroulée à une heure de forte affluence, juste derrière l'arrêt de bus qui fait face au Printemps. Maylis, une lycéenne de seize ans, a vu «deux hommes en djellaba» se précipiter sur un troisième. «L'un des deux hommes l'a frappé dans le dos avec une barre de fer. Ça l'a fait tomber à terre, raconte la jeune fille, qui attendait son tram en compagnie d'une amie. Quand il était au sol, il a reçu un énorme coup de pied au visage. J'ai vu sa tête partir en arrière.»

Les deux individus ont pris la fuite en courant. «On a tout de suite appelé les pompiers», indique Maylis. La victime, qui saignait abondamment de la tête, a été transportée au CHU de Strasbourg-Hautepierre par les secours. L'homme âgé de 42 ans, de confession israélite, a également reçu un coup de couteau au niveau du pectoral. Son état est jugé sérieux, mais ses jours ne seraient pas en danger.

La victime agressée car elle portait une kippa

D'après Pierre Lévy, porte-parole du CRIF 67, le quadragénaire rentrait de Lyon, où il travaille, et cherchait à regagner le quartier des Contades au moment de l'agression.

Les policiers ont réussi immédiatement à appréhender l'un des agresseurs. «Un policier à vélo l'a interpellé rue de la Nuée-Bleue, au niveau de l'ancienne galerie Actuaryus, précise un témoin. Ils lui ont passé les menottes.» Ramené au commissariat, le suspect âgé de 39 ans a été placé en garde à vue. Son complice a, à son tour, été interpellé à son domicile, au centre-ville de Strasbourg. Également âgé de 39 ans, l'homme était en possession d'un couteau. A l'intérieur de son logement, les enquêteurs ont retrouvé une barre d'haltérophilie qui aurait servi lors de l'agression.

L'un des deux agresseurs serait un "déséquilibré" selon Pierre Lévy. Une source judiciaire évoquait quant à elle, vendredi après-midi, les éventuels problèmes psychiatriques des deux agresseurs. Au moins l'une des deux personnes interpellées serait de confession musulmane.

Aucune information n'a été donnée par la police sur le mobile de cette agression particulièrement violente. Néanmoins, son caractère antisémite semble avéré: les deux individus s'en seraient pris à la victime car celle-ci portait une kippa.

A ce stade des investigations, il apparait qu'un seul des deux hommes a porté les coups à la victime. "Tout laisse à penser qu'on a affaire à un déséquilibré", a indiqué ce vendredi soir le parquet de Strasbourg. L'agresseur devrait rapidement faire l'objet d'une expertise psychiatrique.

L'audition de l'autre homme devait avoir lieu dans la soirée de vendredi. L'enquête a été confiée aux policiers du service du quart de Strasbourg.

Antoine Bonin avec Denis Tricard dans DNA, les Dernières Nouvelles d’Alsace

La Suisse interrogée par l’ONU sur les expulsions d’étrangers

La Suisse a été soumise au feu des questions des dix experts du comité de l'ONU contre la torture. Les demandes ont porté surtout sur le refoulement des demandeurs d'asile, les violences policières et la situation dans les prisons.

A l'ouverture des débats, qui se prolongeront lundi, le chef de la délégation et vice-directeur de l'Office fédéral de la justice (OFJ) Bernardo Stadelmann a réaffirmé au nom de la Suisse "la tolérance zéro envers tout acte de maltraitance et de torture".

Des experts se sont inquiétés des procédures de renvoi des demandeurs d'asile par la contrainte et la voie aérienne. Ils ont évoqué à plusieurs reprises le cas du Nigérian décédé en mars à l'aéroport de Zurich dans le cadre d'une opération de renvoi.

L'expert Fernando Marino Menendez (Espagne) a également critiqué "les plaintes à l'encontre de la police qui ne font pas suffisamment l'objet d'attention". Il n'y a pas d'enquête sérieuse sur les violences policières, a-t-il fait remarquer.

Un autre membre du comité, Alessio Bruni (Italie), s'est interrogé sur l'initiative populaire pour le renvoi des étrangers criminels, "contraire au principe de non-refoulement dans un Etat tiers qui pratique la torture", principe stipulé dans la Convention de l'ONU contre la torture.

La surpopulation carcérale, notamment à Champ-Dollon, a fait l'objet d'autres remarques. Si dans l'ensemble de la Suisse le taux d'occupation moyen n'est que de 91% (contre 102% pour l'ensemble des pays membres du Conseil de l'Europe), il a atteint 200% en mars dernier dans la prison genevoise, a fait remarquer l'expert italien.

Le précédent examen de passage de la Suisse devant le comité contre la torture datait de mai 2005. En vertu de la Convention de l'ONU interdisant la torture, adoptée en 1984, ratifiée par la Suisse en décembre 1986 et entrée en vigueur en 1987, chaque pays doit présenter au comité à intervalles réguliers un rapport sur l'application du traité.

ATS