Cela fait cent jours que des migrants vivent dans le sous-sol de l’école. Ils n’effraient plus les Glandois, mais certains restent vigilants.
Une rumeur circulait récemment à Gland prétendant que les requérants d’asile avaient quitté leur abri PCi sous l’école des Perrerets. «C’est dire s’ils sont discrets et que tout se passe bien», se félicite la municipale Florence Golaz, en charge de la Sécurité. Car ils sont toujours là, les cinquante demandeurs d’asile, logés dans leur sous-sol antiatomique.
A l’heure de quitter le réfectoire, les sourires se font rares. «Comment se réjouir quand on sait que notre avenir, c’est le renvoi?, demande un Nigérian de 24 ans. Cela dit, je comprends l’accueil négatif des gens d’ici et je cherche à respecter leurs règles.» Les pensionnaires de l’abri des Perrerets ont eu vent de la fronde qui s’est exprimée avec véhémence à leur encontre – et envers les autorités communales – lors d’une soirée d’information agitée, voire haineuse, le 16 mai dernier.
Parents d’élèves apaisés
Cent jours après l’ouverture de l’abri, le ton s’est apaisé. «Des parents d’élèves avaient promis de patrouiller. Nous sommes parvenus à les en dissuader, raconte Valérie Merino de Tiedra, la directrice des écoles primaires. Aujourd’hui, bien des enfants ont oublié que des requérants vivent sous leurs pieds.» Car la structure d’accueil de Gland ferme durant la journée. Les migrants sont alors invités à rejoindre l’espace d’accueil de jour, à Nyon. Lors de ces déplacements, la gendarmerie patrouille près de l’abri et autour de la gare.
«Aucun trafic de stupéfiants n’a été signalé, confirme Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale. Nous avons mené plusieurs opérations de contrôle avec des chiens.» A Gland, le mandat de sécurité publique incombe à la gendarmerie, sur la base d’un contrat de prestation.
Hormis l’aspect policier, l’encadrement est assuré par un groupe de suivi, mis en place dès la réquisition de l’abri. Il réunit en séance mensuelle des représentants de la Municipalité, de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), de la gendarmerie, des bénévoles – qui apportent un soutien moral aux requérants –, de la population et les directeurs des écoles. «Pour le moment, nous ne faisons que de la veille, car il n’y a rien de spécial à signaler», relève Florence Golaz.
«Mais pas question de laisser tomber ces séances, avise Cécile Ehrensperger, de l’EVAM. Au fil des ouvertures d’abris et des réactions engendrées, nous avons gagné en expérience. L’inquiétude ne s’apaise qu’en partageant l’information et en s’apprivoisant mutuellement.» A Gland, il y avait du travail si l’on retient la virulence des propos tenus en mai par des dizaines de Glandois qui ont pu observer le trafic de stupéfiants clairement visible autour de l’abri PCi de Nyon. «Gland et Nyon ne sont pas comparables», rectifie vivement Cécile Ehrensperger.
Peut-être, mais les pétitionnaires qui avaient recueilli 1282 signatures contre l’affectation de l’abri sous l'école aux requérants ne l’entendent pas de cette oreille. Ils redoutent la fermeture de la structure nyonnaise, annoncée pour l’an prochain. «Que se passera-t-il alors? interroge Martine Pont, initiatrice de la pétition. Si la structure de jour disparaît à Nyon, qui nous dit que le trafic ne se déplacera pas à Gland?»
Didier Sandoz dans 24 Heures
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24 Heures