dimanche 23 janvier 2011

Grèce: nouvelles grèves de la faim de demandeurs d'asile

Des demandeurs d'asile afghans et palestiniens ont entamé de nouvelles grèves de la faim à Athènes pour réclamer le statut de réfugiés, après un mouvement similaire mené à l'automne par des Iraniens, a-t-on appris vendredi auprès de leur comité de soutien.

Sept de ces grévistes, des Afghans s'étant cousu la bouche, dont une femme, ont participé vendredi à un rassemblement devant le parlement avec plusieurs dizaines d'autres réfugiés des trois pays, a constaté l'AFP. Deux Palestiniens ont pour leur part été hospitalisés affaiblis par leur jeûne entamé mi-décembre, a affirmé leur comité de soutien. Parmi les manifestants, l'Iranien Sahab Khosyavi a indiqué être sans réponse à sa demande d'asile depuis huit ans.

Pour soutenir leurs revendications, ces réfugiés campent par groupes depuis décembre dans le centre d'Athènes, les Afghans devant le siège du rectorat de l'université, les Iraniens et Palestiniens dans des locaux de l'Ecole polytechnique, siège de la contestation de la jeunesse grecque. Confrontées depuis septembre à des mouvements similaires menées par 50 demandeurs d'asile iraniens, les autorités avaient fini par leur donner satisfaction.

Le pays s'apprête aussi à mettre sur pied un "Service d'asile" censé mettre au niveau l'offre en la matière, et écluser les 47.000 demandes en souffrance depuis des années, à la demande notamment du Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU très critique depuis des années envers Athènes.

La loi votée la semaine dernière sur ce dossier, prévoit parallèlement un durcissement des mesures contre les sans-papiers, estimées entre 350.000 et 500.000 dans le pays, faute de toute régularisation depuis 2005 et de gestion cohérente des flux migratoires que vaut à la Grèce sa position géographique de porte d'entrée sur le continent européen. Réagissant à ce tour de vis, quelque 300 migrants réunis dans une coordination ont annoncé le lancement d'une grève de la faim à partir de mardi, avec des rassemblements à Athènes et Salonique (nord).

AFP

Ils ont fui parce qu'ils s'aimaient

Au Pakistan, Ali* a épousé par amour Sanila*, promise à un autre par son père. Grâce à la fondation lausannoise Surgir, ils ont échappé au crime d’honneur et se sont réfugiés en Suisse.

Elle est petite, menue, avec un beau visage à la peau claire et des lèvres qu’elle mordille en fixant le sol. Lui, c’est un gaillard robuste à l’air affable, de ceux qui triment derrière le comptoir d’un fast-food pour des clopinettes, mais avec le sourire.

Téléphones en cachette
Sanila, 24 ans, et Ali, 30 ans, se sont mariés par amour. Dans leur pays, le Pakistan, ce n’est pas la norme. Sanila et Ali ont failli mourir, pourchassés durant deux ans par sa tribu à elle, qui la destinait à un autre. Aidés in extremis par la fondation lausannoise Surgir, qui lutte contre les crimes d’honneur, les voilà désormais réfugiés en Suisse, à des années-lumière de leur pays et de leur culture, saufs, mais confrontés à une autre réalité: le déracinement.

Il parle, elle se tait, comme cela se fait là-bas. Il commence dans un bon français, puis poursuit en anglais, qui lui vient plus spontanément. Cousins éloignés, Ali et Sanila se sont connus à travers leur famille. Alors qu’elle termine l’école, ils entament une relation à distance, avec toutes les précautions que l’on prend dans un pays où une femme peut mourir pour avoir adressé la parole à un homme. Ils se téléphonent en cachette, il se rend chez ses voisins pour la regarder de loin. D’une maison à l’autre, ils se font des signes de la main.

Mais la relation ne peut se construire: le père de Sanila, 17 ans alors, veut la marier à un homme de 44 ans, déjà uni à une première femme et futur polygame. «Je me suis dit qu’ils allaient détruire sa vie», explique Ali. Ils partent dans une autre ville, il l’épouse. Mais le père de Sanila l’accuse de kidnapping et fait appel à la jirga, un tribunal tribal, qui décide que le couple doit être tué. Alors que d’autres «rendent la fille» pour sauver leur peau, Ali s’enfuit avec sa femme.

Deux ans. C’est le temps qu’ils ont passé à se cacher, de ville en village, et jusqu’en Malaisie, sans autre ressource que la solidarité de leurs connaissances. Elle se dissimule sous son voile, il laisse pousser sa barbe, dans l’espoir de ne pas être reconnu. Pour survivre, ils vendent leurs alliances. Mais ceux qui les pourchassent sont nombreux et déterminés. En 2008, un ami journaliste qui les aide est assassiné par des tueurs, à deux kilomètres de sa rédaction.

Permis humanitaires
C’est à travers une organisation locale que la Fondation Surgir apprend leur situation. Après de nombreuses démarches, elle obtient des permis humanitaires pour Ali et Sanila, dont elle sera responsable jusqu’à ce qu’ils deviennent autonomes financièrement. Le plus vite possible, espère Ali, qui voudrait ouvrir un commerce à l’aide d’un microcrédit – universitaire, il travaillait comme vendeur au Pakistan. Mais il lui faut aussi soutenir sa famille restée au pays, qui, fait rare, a refusé de le renier, et qui pâtit encore de la fuite du couple tout en priant pour lui.

Dans le petit studio où ils se sont installés, Sanila concède qu’elle souffre parfois de solitude. Ou plutôt, c’est Ali qui l’admet pour elle: «Sa famille lui manque». Elle sourit, ne le contredit pas. Ici, ils ont chacun un ami, lui, un Suisse, elle, une Pakistanaise, à qui elle doit mentir sur son passé, de peur d’être localisée par sa famille. Lorsqu’elle ne travaille pas comme femme de ménage chez des privés, elle surfe sur Internet ou fait la cuisine. Depuis qu’il est arrivé, son mari a pris du poids, parce qu’il se «détend». «On essaie d’être heureux», confie Ali, pour qui l’important est d’être resté en vie. Selon la Commission des droits de l’homme du Pakistan, 647 femmes et 250 hommes ont été victimes de crimes d’honneur en 2009. Pour Ali, c’est en partie son éducation qui les a sauvés: sans parler trois langues du pays et l’anglais pour fuir en Malaisie, ils n’auraient jamais tenu deux ans.

Pour le couple, c’est dur, très dur, encore aujourd’hui, et cela se voit. Pourtant, Ali ne regrette rien. Ce sont ses sentiments pour Sanila qui l’ont poussé à agir, mais pas seulement. Il était déjà en révolte contre la loi des tribus, qu’il considère sans rapport avec sa religion, l’islam. Pour son pays, il rêve d’égalité entre hommes et femmes. En le regardant parler ainsi, les bras croisés, on se dit que voilà, ce doit être ça, le courage, celui qui change le monde.

Demain, Ali reprendra son travail au fast-food.

Camille Krafft dans le Matin

* Prénoms d’emprunts

Grèce: réunion sur la situation dans les grands ports suite à l'immigration clandestine

Le ministre de la Protection du Citoyen, Christos Papoutsis, a présenté jeudi un plan intégré pour les problèmes que connaît Patras avec les immigrés clandestins, lors d'une réunion avec le chef de Région de la Grèce occidentale, M. Katsifaras, et le maire de la ville, M. Dimaras, l'occasion d'affirmer aussi que la Grèce respectera ses obligations conformément au traité de Schengen.

"Nous devons tous prendre conscience, a affirmé le ministre, que personne ne sortira de Patras, d'Igoumenitsa et d'autres ports et aéroports de Grèce vers l'Europe. La Grèce respectera entièrement ses obligations vis-à-vis du Traité de Schengen, de nos partenaires de l'Union européenne".

Cette réunion a fait suite aux graves incidents à Patras récemment, des immigrés clandestins essayant de quitter la Grèce pour l'Italie en s'embarquant illégalement sur les ferryboat effectuant le trajet Patras-Ancone ou Venise.

M. Papoutsis s'est engagé à renforcer les moyens et effectifs dans les deux ports notamment - Patras et Igoumenitsa - affrontés à des situations difficiles en raison des flux de clandestins, faisant aussi mention d'un durcissement radical contre les passeurs et tout leur réseau.

"Le gouvernement de M. Papandreou a la forte volonté, la détermination de matérialiser un programme qui progressivement restaurera la sécurité en ville et garantira la qualité de la vie des citoyens", a conclu M. Papoutsis.

ANA, Athens news agency