mardi 31 octobre 2006

Discrimination raciale: le CF répond aux critiques de l'ONU

Lire la dépeche de l'ATS
Le gouvernement suisse "considère son engagement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie comme une tâche permanente". Dans un rapport, il se défend contre les critiques émises par le comité de l'ONU contre la discrimination raciale.

Courrier des lecteurs de 24heures

Un affront fait au peuple
A la suite de la lettre de M. Claude Alain Voiblet intitulée «Avoir honte?
mais de quoi?» ( 24 heures du 19 octobre 2006):
Suite au résultat de la votation sur l’asile et les étrangers, tous les médias se mobilisent contre l’acceptation du peuple souverain de ces lois ­ notamment de nombreux journaleux de la RSR et la TSR. Rien n’empêche ces personnes de quitter leurs villas des quartiers chics ou leurs fermes rénovées ou joli vignoble pour rejoindre le «Café du Commerce» des quartiers «popu» actuellement tant dénigrés par la gauche ­ alors, qu’à une certaine époque, l’auditoire de cet endroit faisait leur beurre… Les temps changent. Même le POP préfère le «cinq étoiles»! Venez visiter ces quartiers dont l’ «onrichissemon» prôné par la gauche avec la bouche en cul-de-poule, n’est devenu que dégradations des immeubles, destructions des infrastructures, incivilités, violences en tous genres, problèmes de voisinages et mal vivre des anciens résidents.
Il serait bon de consulter les rapports de police sur l’augmentation des interventions. Pourquoi pas un reportage sur ces quartiers jadis conviviaux? Arrêtez de parler de peur. Par cette votation - même si nous ne faisons pas partie de l’UDC ­ nous exprimons notre ras-le-bol, et c’est peu dire. Le comble: demander à ce peuple souverain d’accepter l’augmentation de la redevance TV… Elle n’est pas belle, celle-là?
Serge Reymond,
ancien militant socialiste, Chavannes-près-Renens
NORME ANTIRACISTE
Une démarche limpide

En réponse à la lettre de Mme Myriam Tétaz intitulée «Article antiraciste: c’est à M. Blocher d’avoir honte!» ( 24 heures du 26 octobre 2006):
Il ne fait pas beau se trouver dans la majorité des électeurs de ce pays qui ont accepté les lois sur l’asile et les étrangers, mais je persiste et signe… Mme Tétaz, vice-présidente d’«A Gauche Toute» veut tromper l’électeur par des effets de manches en proposant des vessies pour des lanternes. Non Madame, il n’y a pas à avoir honte de M. Blocher, mais bien de ceux - dont vous semblez faire partie - qui n’acceptent pas le choix démocratique des électeurs.
La différence entre vos milieux et M. Blocher est que notre conseiller fédéral, chef du département de la justice, lance une démarche limpide, proposant d’en appeler au peuple, pour ouvrir le débat d’actualité sur l’abrogation de l’article sur le racisme, voté par le peuple il y a plus de douze ans.
Nos concitoyens feront la différence entre une démarche parfaitement démocratique et les appels à la désobéissance civique lancés par vos troupes contre les lois sur l’asile et les étrangers, - donc contre une décision démocratique plébiscitée par le peuple suisse et les Vaudois en particulier…
Claude-Alain Voiblet,
président du Groupe UDC au Conseil communal, Lausanne

La droite populiste la plus puissante d'europe

Lire le dossier de swissinfo

En Europe, aucun parti de la droite populiste n'est aussi fort que l'Union démocratique du centre en Suisse. Ce succès trouve son origine dans le système politique helvétique.

C'est la thèse que défend le politologue berlinois Oliver Geden dans une analyse comparative entre UDC et FPÖ autrichien. Il s'en explique à swissinfo.

Ton mesuré après les propos de Blocher

Lire l'article de Denis Masmejan dans le Temps

La commission de politique extérieure du Conseil des Etats a salué le fait que la visite de Christoph Blocher à Ankara ait «contribué à améliorer les relations entre la Suisse et la Turquie». Réunie en fin de semaine dernière, la commission a cependant indiqué, lundi, qu'elle était unanime à estimer que les interventions des conseillers fédéraux à l'étranger devaient être l'expression «d'une même volonté politique», et donc faire l'objet au préalable d'une concertation au sein du collège gouvernemental.

lundi 30 octobre 2006

A cet article 261 bis

Lire l'opinion d'Edmond Aubert dans 24 heures

Depuis longtemps, la perspective de voir M. Blocher réélu en 2007, puis de le voir plus tard prési­dent de la Confédération (avec tout le poids symbolique, aussi bien à l’extérieur qu’à l’inté­rieur du pays, qu’implique une telle charge) n’enchante guère la plupart des Suisses. Et son récent dérapage n’a rien ar­rangé.
Selon la presse, M. Blocher aurait déclaré que l’article 261 bis de notre Code pénal lui faisait «mal au ventre». Il est indéniable que M. Blocher a très mal choisi le moment et l’endroit pour prononcer un tel aveu. Mais, quel que soit le peu de sympathie qu’inspire le per­sonnage, on ne peut lui donner tort sur le fond.
L’article 261 bis a été accepté par le peuple en septembre 1994 malgré les réserves de beaucoup d’es­prits libéraux (le Parti libéral vaudois, préci­sément, avait recommandé son rejet). Rappe­lons que, dans son principe, il permet de punir ceux qui inci­tent à la haine ou à la discrimi­nation raciale. Ce serait très bien s’il ne contenait pas aussi des dispositions créant une vé­ritable justice d’exception et de vrais délits d’opinion. Plutôt que d’analyser ces dispositions, illustrons par un exemple ce que certains tribunaux en ont fait.
Au printemps, 1996, l’ouvrage de Roger Garaudy intitulé Les mythes fondateurs de la politi­que israélienne était saisi en pleine librairie et le libraire in­culpé.
Il n’est pas utile de se remé­morer qui était Roger Garaudy. D’abord communiste, il se lais­sera gagner ensuite par une passion aussi généreuse que quasi obsessionnelle: celle du dialogue. Dialogue entre les philosophies, les religions, les cultures, les civilisations.
Dans l’ouvrage incriminé, Garaudy, avec le soutien de l’abbé Pierre, s’est peut-être laissé entraîner à des positions extrêmes. Il y considère que les souffrances que le nazisme a infligées aux juifs ont été suffi­samment atroces pour qu’on n’en rajoute pas, que vain­queurs et victimes de ce régime odieux en ont fait un usage calculé et condamnable, qu’une lutte contre le «sionisme» poli­tique est inséparable d’une vraie lutte contre l’antisémi­tisme, qu’il ne s’agit nullement d’envisager la destruction de l’Etat d’Israël, mais sa désacra­lisation.
C’en était trop pour certaines ligues bien-pensantes, qui ob­tinrent le procès auquel il a été fait allusion.
C’est le même esprit d’Inqui­sition qui vient de triompher à l’Assemblée nationale française à propos du «génocide armé­nien ». Il ne s’agit plus de laisser les historiens faire honnête­ment leur travail. Il s’agit de décréter une Vérité d’Etat, Vé­rité quasi coranique, pour la­quelle toute contestation en­traînera désormais des poursui­tes judiciaires. Que cette Vérité d’Etat corresponde à la réalité, cela ne nous semble faire l’objet d’aucun doute. Qu’on le qualifie ou non de «génocide», ilyabel et bien un massacre collectif des Arméniens chrétiens, consi­dérés comme alliés des Russes, lors du conflit entre l’Empire ottoman et l’Empire tsariste du­rant la Première Guerre mon­diale de 1914 à 1918. Et, bien entendu, ces événements abo­minables ont laissé dans le coeur des Arméniens qui ont échappé à ce massacre, des blessures qui ne pourront ja­mais être cicatrisées.
Mais cela n’empêche pas que la récente décision de l’Assem­blée nationale française, aussi bien que la présence dans notre Code pénal, de l’article 261 bis et d’une partie de son contenu, soient détestables.
Et quand M. Blocher compa­raîtra (comme nous tous) de­vant le Grand Trône blanc dé­crit par l’Apocalypse, son mal de ventre à propos de l’arti­cle 261 bis de notre Code pénal ne pourra que lui être imputé à décharge par le Juge suprême de l’Univers.

SOS Racisme critique les journalistes, SPECIAL BANLIEUES


Lire ce bref article du Nouvel Observateur

Un an aprés Ceuta et Mellila

Lire ce communiqué d'Amnesty repris par le site marocain Casafree
Un an après les évènements tragiques de Ceuta et Melilla, les enquêtes sur les actions des forces de sécurité marocaines et espagnoles impliquées ne sont toujours pas terminées et aucune mesure préventive n’a été adoptée.

Darbellay sonne la charge

Lire dans le Journal du Jura en ligne

Président du PDC suisse depuis deux mois, Christophe Darbellay a sonné la charge samedi contre la polarisation de la politique suisse.
Il a en outre appelé la communauté musulmane de Suisse à se distancer de sa minorité islamiste. Christophe Darbellay présidait pour la première fois l'assemblée des délégués de son parti, réunis à Granges-Paccot(FR). A un an des élections fédérales du 21 octobre 2007, il a condamné très fermement la polarisation de la vie politique.

Il a distribué des coups à droite et à gauche, avec encore plus de virulence pour la «droite dure», accusée de mettre en danger la paix confessionnelle. La droite populiste a perdu son thème de prédilection après la votation sur l'asile et les étrangers: elle tente de le «réchauffer» en mettant en cause la norme antiraciste, a grondé le conseiller national valaisan. De l'avis de M. Darbellay, le vrai problème, ce ne sont pas les minarets, mais les idées fondamentalistes d'une petite minorité de musulmans. Il a appelé la communauté musulmane de Suisse à se distancer des islamistes.

Il l'a enjointe à prendre la parole pour dire à tous ses membres quelles sont les règles du jeu en Suisse. «Une majorité silencieuse n'est pas une majorité», a-t-il ajouté. La Suisse est un Etat qui offre des chances équivalentes à tous, indépendamment de la race, du niveau de vie ou de la confession. Cet ordre juridique prime sur toutes les religions, a dit M. Darbellay. «Cela signifie qu'en Suisse, nous ne tolérons aucune société parallèle qui connaît sa propre loi comme par exemple la Charia», a- t-il poursuivi. L'égalité entre les hommes et les femmes n'est «pas négociable». Après avoir accablé la droite dure qui «va à Ankara lancer sa campagne électorale», M. Darbellay a dit le fond de sa pensée à la gauche. Il a stigmatisé le «débat axé sur la jalousie», empreint d'une logique qui refuse le principe du mérite. Tout cela débouche sur la récolte de signatures pour une initiative populaire qui «demande en substance que l'Etat limite les revenus». Le président du PDC s'en est aussi pris à certains patrons et à leurs parachutes dorés: «par leur comportement, ils ont donné du grain à moudre à ceux qui attisent la jalousie». Les quelque 200 délégués ont applaudi leur nouveau président.

samedi 28 octobre 2006

Femmes persécutées: Berne changera de pratique

Lire dans le Temps
Des femmes victimes d'union forcée et sans protection peuvent prétendre au statut de réfugié.

L’aide aux requérants déboutés va être restreinte

Lire dans la Tribune de Genève
Le dossier sur l'asile n'est pas prêt d'être remisé au placard! Les 16 et 17 novembre prochains, le Grand Conseil devra se prononcer sur un projet de loi proposé par le Conseil d'Etat, à l'initiative de François Longchamp, pour remplir un vide juridique du droit genevois.

Il s'agit de réduire définitivement à une assistance en nature l'aide d'urgence donnée aux requérants déboutés sans bénéfice de l'aide sociale. «Comprenez par là un petit-déjeuner, un sandwich à midi et un plat unique à réchauffer au micro-ondes», explique Michel Bavarel, président à l'Agora, l'aumônerie des réfugiés. «Pas un sou, pas même la liberté d'aller faire ses courses ni celle de choisir ce qu'on mange. Même les prisonniers ont plus de liberté», insiste-t-il.

Blocher, ce héraut

Editorial de Didier Estoppey dans le Courrier

Les gazettes pourront s'en donner à coeur joie. Une nouvelle polémique vient enrichir le feuilleton désormais quotidien des frasques de Christoph Blocher. Georg Kreis, président de la commission fédérale contre le racisme, accuse le conseiller fédéral d'avoir menti à ses troupes, réunies en assemblée des délégués samedi dernier à Fribourg. Selon le professeur Kreis, Christoph Blocher aurait largement sur-interprété les propos réellement tenus par le conseiller national Andreas Gross, qui évoquait l'hypothèse d'une plainte pénale pour violation de la norme pénale antiraciste à la suite des propos tenus par le ministre de la Justice sur l'aide à l'Afrique.
Les exégètes pourront à nouveau s'égosiller: Christoph Blocher a-t-il réellement menti? Ou s'est-il borné à «déraper»? Ne faut-il pas voir au contraire dans les propos de Georg Kreis une contre-attaque un peu facile, sachant que l'UDC a désormais comme objectif de campagne la suppression de la commission qu'il préside?
La question ne présente guère d'intérêt. Car les «dérapages» de Christoph Blocher participent d'un système, comme l'a démontré le conseiller en communication François Cherix en détaillant pas moins de vingt-huit attaques menées par le conseiller fédéral contre les institutions qu'il est censé défendre.[1] Des attaques en règle qui laissent pourtant les autres conseillers fédéraux, comme l'ensemble de la classe politique, totalement cois.
Et pendant que tout ce petit monde continue à disserter sur la solubilité d'un Blocher dans le Conseil fédéral, les troupes avancent bien rangées, aux ordres du chef. Le congrès tenu samedi dernier par l'UDC en a donné, s'il en était encore besoin, un signal très clair. Le tribun zurichois se paie un triomphe en revendiquant ouvertement ses derniers coups d'éclat, alors que son collègue Samuel Schmid doit remballer un des discours qu'il avait initialement espéré prononcer. Les rares voix discordantes qui se faisaient entendre, du côté des sections bernoise ou grisonne, sont désormais réduites au silence. Le programme est à l'avenant: suppression de la loi antiraciste, de la commission qui la défend, interdiction des minarets, rejet du droit de vote et d'éligibilité des étrangers, refus du passeport suisse à tout étranger touchant des prestations sociales... Cette colonne serait trop courte pour citer la liste complète des projets. Celle-ci est à l'image de l'odeur de la nouvelle mascotte de l'UDC: le bouc.
Mais les narines de notre classe politique ne sont probablement pas encore assez sensibles pour percevoir ces relents nauséabonds. Ceux qui avaient cru anesthésier l'UDC en soutenant avec elle les lois sur l'asile et les étrangers restent aujourd'hui silencieux. Pire: le Parti socialiste prétend conquérir un troisième strapontin au Conseil fédéral sans pour autant remettre en cause les deux sièges UDC. Tout au plus conteste-t-il celui de Christoph Blocher. Comme si l'UDC allait accepter l'éjection de son leader sans jouer les martyrs...
Il est temps, à un an des élections fédérales, de mettre de côté les petits calculs électoraux pour compter les forces réellement capables de résister au nationalisme et à la xénophobie outranciers de l'UDC, quitte à l'exclure du Conseil fédéral. Sinon, demain, le fascisme ne prendra plus la peine d'avancer masqué.

vendredi 27 octobre 2006

A Genève, la loi sur l'intégration a du mal à se concrétiser

Au début, nous pensions qu'il suffisait de créer la structure� - Lire l'article du Courrier
Dans ses statuts, la loi sur l'intégration exige une évaluation de son application deux ans après son entrée en vigueur... Le rapport rendu en août se montre sévère. Le conseiller d'Etat Laurent Moutinot le commente.

jeudi 26 octobre 2006

C’est à M. Blocher d’avoir honte!

Lu dans le courrier des lecteurs de 24heures

En réponse à la lettre de M. Claude-Alain Voiblet intitulée «Avoir honte: mais de quoi?» (24 heures du 19 octobre 2006):
C’est M. Claude-Alain Voiblet, président du Groupe UDC au Conseil communal, qui le dit: «Honte à Christoph Blocher!» En effet, notre ministre de la justice, membre de l’UDC comme M. Voiblet, propose – qui plus est lors d’une visite à l’étranger – l’abrogation de l’article antiraciste voté par le peuple en 1994.
Or qu’écrit M. Voiblet dans sa lettre? «J’ai honte de personnalités qui crachent sur nos institutions. Le peuple suisse a honte de personnages publics qui n’acceptent pas les décisions populaires… Le souverain a décidé, il appartient aux politiques d’appliquer les décisions prises».
On ne saurait mieux dire
Myriam Tétaz,
Vice-présidente A Gauche Toute!
du Conseil communal, Lausanne

Mariages arrangés, le choix impossible

24heures en ligne - www.24heures.ch - mariage force 261006
Il y a deux ans, Arton a épousé une jeune Albanaise qu’il ne connaissait pas. Il raconte les pressions de la famille et de l’entourage, les difficultés à y échapper. Lui qui a grandi en Suisse, il dit surtout son refus des mariages arrangés, mais aussi l’impossibilité de rompre avec sa famille.



REBELLE: Arton, jeune Suisse d’origine kosovare, a grandi dans la région de Vevey. Sa famille l’a contraint à se marier au pays… «C’est notre jeunesse à tous les deux qu’on est en train de nous voler, regrette-t-il. La vie n’est pas à ce point un compromis!» / JANINE JOUSSON

«J'en avais tellement marre des pressions que j'ai fini par dire oui!» La majorité s'y plie sans broncher. Lui a tenté de se rebeller. En vain. Lors d'un retour dans son pays d'origine en été 2004, Arton* (23 ans) a dû à contrecœur épouser l'une de ses compatriotes, albanaise du Kosovo. Une jeune fille «bien sous tous rapports», choisie quelques années plus tôt par sa tante et sa mère.

Il aurait voulu mener sa vie à sa guise, sans devoir composer avec des valeurs auxquelles il n'adhère pas. Mais sa famille «assez conservatrice» en a décidé autrement. Par des promesses non tenues et beaucoup de chantage affectif, ses parents ont réussi à le convaincre d'accepter des fiançailles. «On te donne l'impression que tu as fait le choix, mais en vérité on a tout fait pour que tu entres dans le moule.» Et une fois l'accord consenti, les destins sont définitivement scellés. Aucun retour en arrière possible, sous peine de déshonorer la fille et d'attirer «la honte sur sa propre famille».

Pour faire rentrer dans les rangs les plus récalcitrants, manipulations et pressions sont monnaie courante, selon Arton. Dans les pires des cas, les familles intransigeantes n'hésitent pas à brandir les armes cruelles de la répudiation voire des menaces physiques. Et le poids des mots suffit à convaincre. «C'est une torture morale. On est tiraillé entre l'envie de faire plaisir et le risque de devenir des enfants indignes.»

Sa femme cette inconnue

Trois mois après les noces, son épouse le rejoint dans son village, près de Vevey. C'était il y a plus de deux ans. D'elle, il ne dira pas grand-chose. Car il ne consomme pas ce mariage. Sa façon de préserver son intégrité physique et de ne pas se retrouver lié intimement. C'est contre sa famille que la révolte gronde en permanence. «Ma femme n'en peut vraiment rien. Comme beaucoup d'Albanaises, elle rêvait de venir en Europe de l'Ouest. Mais je n'ai rien en commun avec cette fille qu'on a fait débarquer du Kosovo à l'âge de 20 ans», explique le jeune homme naturalisé depuis peu. «Moi, j'ai grandi ici et le seul mode de vie que je connaisse, c'est celui de la société où je suis arrivé à l'âge de trois ans.»

Mais l'on a beau avoir vécu toute sa vie en Suisse, il n'est pas facile de déroger aux règles fondamentales de la société kosovare. Même si celles-ci évoluent de plus en plus. «Les points de vue semblent inconciliables, s'énerve Arton. Inconsciemment, nos parents condamnent les enfants de la deuxième génération en voulant préserver notre culture d'origine et en nous poussant à nous marier entre Albanais. Mais ce n'est pas de notre faute, s'ils souffrent d'être déracinés.» Le bras de fer familial dans lequel il s'est lancé depuis ses 18 ans lui paraît maintenant interminable. Chaque jour passé aux côtés de cette femme qu'il n'a pas choisie ne cesse d'attiser sa colère. «C'est notre jeunesse à tous les deux qu'on est en train de nous voler, regrette-t-il. La vie n'est pas à ce point un compromis!»

Alors, il espère pouvoir d'ici trois ans se soustraire à cette «union complotée». Sitôt que sa femme aura définitivement obtenu son autorisation de séjour - une des motivations essentielles, selon lui, à de nombreux arrangements matrimoniaux - il essaiera de divorcer. Il le sait: «dans la communauté albanaise, il faut de très bonnes raisons pour se séparer». Mais il y croit quand même et prend son mal en patience. Entre fuites du foyer conjugal et retours résignés sous la pression de l'entourage. Pour préparer ce lendemain plus heureux, il motive son épouse à effectuer des stages et à apprendre le français.

La rage contre le tabou


De son côté, il fait avec ses problèmes de conscience qui imprègnent, depuis le début, tout son combat personnel. Comme lorsqu'il a dû répliquer par avocat interposé aux intimidations violentes de ses proches. «Pour leur rappeler qu'ils étaient en Suisse, et qu'il y avait des limites à ne pas franchir.» Pourquoi n'a-t-il pas tenté de faire annuler son mariage? «On ne traîne pas ses parents devant un tribunal! Ce serait comme creuser ma propre tombe.» Et surtout, il n'est pas seul: «Le couteau n'est pas uniquement sous ma gorge, mais sous celle de ma femme aussi. Pour elle, ce que je lui fais vivre est très difficile, mais ça pourrait être pire si elle devait repartir de zéro au Kosovo.»

Dans les moments de déprime, sa situation lui paraît définitivement insoluble. Alors sa rage éclate quand il pense à ceux qui préfèrent mener une double vie. Mais surtout au tabou que tous ses compatriotes masculins font peser sur leurs unions intracommunautaires. Qu'elles soient bien ou mal vécues, d'ailleurs.



MARIAGE ARRANGÉ Entre contrainte et invitation appuyée, la limite est floue. Mais en Suisse aussi, des communautés perpétuent l’«arrangement» des unions de leurs enfants.



Mariage forcé ou arrangé. Les limites sont floues. Arton*, le jeune Kosovar, préfère parler de «mariage comploté». D'autres d'«union intéressée» ou «conseillée». Quoi qu'il en soit, cette réalité touche non seulement les filles, mais aussi les garçons issus de nombreuses communautés étrangères. On en parle simplement moins. Parce que les tabous sautent seulement au moment où la situation dérape. Et les victimes en sont généralement les femmes. «Aucun homme ne va dire ouvertement qu'il vit un mariage arrangé», remarque Valdet Ballabani, animateur et interprète à l'Espace hommes de l'association Appartenances. «Et s'il en parle, c'est très pudiquement, sans le nommer.» Une union arrangée se vit-elle de la même manière pour les deux sexes? Le futur mari semble avoir plus de possibilités de se prononcer sur le choix effectué par ses parents. «Mais pour tous les deux les pressions sont énormes», constate Magalie Gafner, juriste au Centre social protestant du canton de Vaud. «Les femmes souffrent peut-être plus en amont, car leur liberté est limitée déjà dans leur jeunesse. Les hommes, de leur côté, ont souvent eu la possibilité de vivre quelque chose avant leur mariage. Ensuite, ils doivent rentrer dans le rang.»

Et que penser lorsqu'il y a contraintes? «Encourager quelqu'un à choisir son partenaire dans la communauté se fait beaucoup plus subtilement que par le simple usage de la force. On touche ici à une norme sociale et culturelle», poursuit la juriste.

Un débat dans lequel, Lumturi Hotnjani, directrice de l'Université populaire albanaise à Genève, refuse d'entrer: «L'histoire de ce jeune homme est un cas extrême. Personne ne se marie de force chez nous! Les parents désirent que leur enfant choisisse quelqu'un de la même culture pour donner toutes les chances à la future union, mais ils n'exigent rien.»
Un moyen de migration connu

MIGRATION Les mariages arrangés sont également un moyen d’obtenir un permis de séjour. Difficile à prouver, les autorités connaissent la manœuvre mais n’en font pas une priorité.



Les unions arrangées servent-elles souvent à permettre à l'un des conjoints d'obtenir un permis de séjour? «Impossible de le savoir, si le secret reste bien gardé», constate Dominique Boillat, porte-parole de l'Office fédéral des migrations. «Arrangés ou pas, les mariages ont constitué, de tout temps, des moyens de migration.» Aucune chasse aux sorcières n'est donc menée par les autorités fédérales ou cantonales tant qu'il n'y a pas contrainte avérée (mariage forcé) ni tromperie délibérée des autorités (faux certificat, faisceaux d'indices troublants , etc.) Car l'union entre deux personnes est avant tout un droit constitutionnel en Suisse et reste donc une affaire privée.

D'où l'autorisation du regroupement familial et la reconnaissance des actes matrimoniaux conclus à l'étranger par les ressortissants suisses et les citoyens au bénéfice d'un permis B ou C. «C'est souvent lorsqu'il y a séparation qu'on découvre qu'un mariage a servi en réalité à faire venir une personne en Suisse», précise Guy Burnand, responsable de la division Etrangers au Service cantonal de la population. "Mais nous devons faire très attention à ne pas soupçonner toutes les unions"

La Suisse est aussi responsable de l'apartheid

Lire le dossire de swissinfo
La Suisse doit prendre ses responsabilités face aux victimes de l'apartheid en raison de son soutien à Pretoria, demandent des personnalités dans une lettre ouverte.

L'initiative de l'UDC sur les naturalisations est jugée incompatible avec le droit international

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps - Suisse

Le Conseil fédéral demande de rejeter l'initiative qui veut exclure tout recours pour les candidats malheureux à la naturalisation. Christoph Blocher a défendu la position du gouvernement sans grand enthousiasme.

Ethiopiennes enlevées et mariées de force: statut de réfugié admis

Lire la dépêche de l'ATS
Les jeunes Ethiopiennes enlevées pour être mariées de force peuvent prétendre à la reconnaissance du statut de réfugié. La Commission suisse de recours en matière d'asile (CRA) l'admet pour la première fois dans une décision de principe.

Un monitoring de l'action de Blocher contre les institutions suisses

Lire cette analyse de François Cherix parue dans le Temps et reprise par le Collectif VAN.org
Les 28 actions du ministre Christoph Blocher contre les institutions suisses

Un monitoring de l'action permanente de Christoph Blocher contre les institutions suisses depuis 2003 met en évidence 28 attaques en 34 mois qui sont autant de captations de pouvoir. Décodage.

mercredi 25 octobre 2006

J’ai honte

Lu dans le courrier des lecteurs de 24heures
Que M. Blocher soit raciste, nous le savons malheureusement depuis longtemps. Ce qui m’inquiète et me révolte, c’est qu’il assume de hautes fonctions et qu’à ce titre, il devrait au moins connaître les mécanismes des échanges «nord-sud», totalement défavorables aux Africains.
Quels que soient leurs efforts pour sortir du sous-développement, ces efforts sont réduits à néant par le monde occidental qui s’empresse de subventionner ses propres produits afin de les rendre plus compétitifs que les produits africains.
M. Blocher se ridiculise en étalant son ignorance aux yeux de tous.
Traiter les Africains de paresseux témoigne d’un esprit primaire, sans nuances et indigne d’un représentant de notre pays.
Je tiens à dire ici à tous les Africains qui me liront, que j’ai honte que l’un de nos élus tienne de tels propos et que pour ma part, je considère nos différences comme un enrichissement réciproque
Andrée Boudry,
Paudex

Au Kosovo, le défi de la formation des jeunes passe aussi par la coopération suisse

Lire l'article de Stéphanie Germanier dans le Temps - Suisse
Si le peuple refuse «le milliard de la cohésion», c'est également le budget à la coopération traditionnelle avec l'Est qui pourrait passer à la trappe. Bénéficiaire de celle-ci, le Kosovo est directement concerné. Reportage.

Voile, la polémique de l'interdit

Lire l'article de Jean-Jacques Roth dans le Temps - Zoom

Le racisme anti-Noir est une réalité en Suisse

Le Temps - Courrier des lecteurs

Si la chronique intitulée «Doudou Diène a joué et perdu» signée par Beat Kappeler dans Le Temps du 23 septembre remet en question la crédibilité à accorder à M. Doudou Diène, rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, et qu'il appartient à ce dernier de se défendre, elle soulève un certain nombre de questions de fond, notamment celle de savoir s'il existe ou pas des faits racistes ou xénophobes en Suisse...

“Quel est le chez-soi de l’étranger ? Appartient-on forcément à un lieu ?”

Lire cet interview de la romancière noire américaine (et prix NObel)Toni Morrisson dans telerama.

Physique majestueux de diva, voix grave, caractère réputé spontané pour ne pas dire explosif, Toni Morrison, aujourd’hui âgée de 75 ans, n’accuse guère le passage des années et assume sans fléchir son rôle de grand écrivain, dépositaire d’un pan essentiel de l’Histoire américaine...

[Pour un Haut-Commissariat aux migrants du monde

LIre ce communiqué de la FIDH
Depuis la fin des années 90, les réunions se multiplient sur l’organisation et la gestion des flux migratoires et l’endiguement de l’immigration clandestine. La dernière a eu lieu à Rabat, en juillet. Chefs d’Etat, ministres, hauts fonctionnaires et experts tentent de trouver des solutions durables aux problèmes que posent les déplacements volontaires ou forcés de populations. Ces rencontres se donnent pour objectif d’aboutir à une vision commune, premier pas vers des actions concertées à plus long terme. Elles constituent, en outre, un lieu d’échanges d’expériences en matière de prévention et de répression...

Le potentiel inutilisé des migrants illégaux

Lire ce dossier de Swissinfo - Interview de Michel Carballo, directeur du Centre International pour la migration

Un expert international estime que la Suisse se tire une balle dans le pied en ne reconnaissant et en n'absorbant pas ses dizaines de milliers de travailleurs illégaux

J'ai honte

Dans 24 Heures, le courrier d'une lectrice en réaction aux propos de M. Blocher

"On ne nait pas raciste..."

Que M. Blocher soit raciste, nous le savons malheureusement depuis longtemps. Ce qui m’inquiète et me révolte, c’est qu’il assume de hautes fonctions et qu’à ce titre, il devrait au moins connaître les mécanismes des échanges «nord-sud», totalement défavorables aux Africains.Quels que soient leurs efforts pour sortir du sous-développement, ces efforts sont réduits à néant par le monde occidental qui s’empresse de subventionner ses propres produits afin de les rendre plus compétitifs que les produits africains.M. Blocher se ridiculise en étalant son ignorance aux yeux de tous. Traiter les Africains de paresseux témoigne d’un esprit primaire, sans nuances et indigne d’un représentant de notre pays.Je tiens à dire ici à tous les Africains qui me liront, que j’ai honte que l’un de nos élus tienne de tels propos et que pour ma part, je considère nos différences comme un enrichissement réciproque.
Andrée Boudry, Paudex

Protection des populations migrantes

On oublie trop souvent que ceux qui partent de chez eux, que ce soit à la recherche d’un travail ou pour solliciter une protection, viennent des mêmes pays. Ce constat d’une apparente banalité laisse caché l’essentiel : les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés empruntent les mêmes itinéraires, voyagent dans les mêmes conditions, utilisent les mêmes moyens de transport, ont recours aux mêmes organisations de passeurs et partagent souvent le même sort dans les pays de transit et d’accueil. Les statuts juridiques entre eux constituent un continuum complexe et non une rupture radicale.


Lire la suite de cet article
de Mustapha BELBAH Smaïn LAACHER sur

mardi 24 octobre 2006

lundi 23 octobre 2006

Blocher fait presque l'unanimité contre lui dans le courrier des lecteurs de 24heures

La mauvaise gouvernance tue l'Afrique
Si M. Blocher a tenu des propos réducteurs et racistes sur les Africains, ceci est indigne d'un fils de pasteur. C'est la mauvaise gouvernance qui tue l'Afrique, pratiquée par des potentats maintenus aux affaires pour les intérêts occidentaux. Les exemples positifs du Botswana ou du Ghana, vous n'en parlez jamais. Vous préférez dérouler sans état d'âme le tapis rouge à des dictateurs. Malades, ces protégés sont évacués discrètement dans vos hôpitaux, alors qu'au grand jour on édicte des lois très restrictives pour contenir leurs malheureux victimes à la recherche du pain et de paix. Pire, on s'acharne à leur annuler la dette sans contrepartie.
Des détournements impliquant ces potentats, des multinationales et des banques sont régulièrement mis à jour. Voir le casa du Nigérian Sani Abacha, et de ses 645 millions de dollars planqués en Suisse… A qui profitent ces crimes économiques?
L'Afrique travailleuse produit, sous la canicule, le café, le cacao et le coton qui sont achetés à vil prix à nos paysans. A coup de subventions, l'Occident écoule en Afrique des produits qui tuent la production locale.
Aider l'Afrique, oui, mais autrement. Par exemple par l'abolition de la hiérarchie concentrique de l'immigration, car le montant de l'argent des travailleurs immigrés dépasse largement celui de l'aide au développement. Mais surtout, arrêtez de soutenir ces régimes peu fréquentables, pourvoyeurs de réfugiés. Ainsi l'Afrique sera sauvée et on évitera ces tristes drames quotidiens sur les côtes européennes. L'Afrique deviendra alors un maillon fort de la croissance économique mondiale.
Michel Mpandi,
Africain et travailleur,Lausanne

Emigrer pour comprendre

A propos de l'article intitulé «Pour Christoph Blocher, les Africains sont paresseux» (24 heures du 16 octobre 2006):
Je réside depuis un certain temps déjà à l'étranger et je suis quelque peu dépité et attristé par les propos tenus par l'un de nos conseillers fédéraux. En effet, je ne puis concevoir que quelqu'un dans une fonction aussi importante puisse émettre pareille ignominie. Ce genre de discours ne fait qu'attiser un populisme et un nationalisme médiocres et révèle une vision très moyenâgeuse du monde actuel, comme vous l'évoquiez si bien le 9 octobre à propos de la Belgique.
M. Blocher devrait, au vu de sa fonction, se concentrer sur les problèmes actuels de notre pays et réfléchir à quelles situations futures nous devrons faire face, plutôt que de répandre des discours de bistrot. Peut-être qu'il devrait faire comme moi, résider un certain temps dans un autre pays et être lui-même, l'étranger qu'il craint tant…
Marcel Hollenstein,
Vancouver (Canada)

Romands aussi

Déclaration de Christoph Blocher: les Africains sont des paresseux! Rassurez-vous chers Amis Romands, il nous classe dans la même catégorie…
Robert Arbel,
Cully
Un continent d'assistés
Décidément, Blocher gène les «Saints» comme les nomme Jean Raspail. il Alors, on va jusqu'à falsifier un texte pour anéantir le gêneur. Notre pays n'a plus rien à envier aux régimes fascistes totalitaires! On peut être montré du doigt, voire malheureusement condamné pour avoir donné une opinion. Mais il est difficilement concevable qu'on puisse être condamné pour émettre des faits facilement vérifiables.
Or en ce qui concerne l'Afrique (Maghreb compris), le constat qu'en fait Blocher est malheureusement des plus véridiques. L'aide colossale qui lui a été accordée depuis cinquante ans, les infrastructures laissées lors de la décolonisation n'ont servi à rien puisque le PNB du continent n'a cessé de décroître.
On a fait des Africains un peuple d'assistés incapables aujourd'hui de se prendre en charge… Comment l'expliquer si ce n'est par leur culture, leurs us et coutumes, alors que les pays qui n'ont reçu aucune aide (Corée du Sud, Chine…) sont aujourd'hui en passe de nous damer le pion?
Marie-France Oberson,
Siviriez

Pas besoin de leçons!

Je rappellerai un dicton africain qui s'applique à M. Blocher et qui dit «On ne dit jamais à un fou qu'il est le parrain d'un événement, mais qu'il en fait partie.» Cela dit, je ne crois pas que l'Afrique, ni les Africains n'ont à recevoir, de leçons d'économie, de morale, de géopolitique ou de développement – surtout de la part d'un politicien, qui confond politique, neutralité et entreprise familiale!
A l'inverse, j'accuse les représentations diplomatiques africaines en Suisse, qui n'osent même pas user de leur droit de réponse, comme si elles avaient peur de se faire expulser de Suisse, alors qu'elles ont une immunité de facto!
J'aimerais rappeler à M. Blocher que l'Afrique n'a aucun lien historique ou colonial avec la Suisse, alors de quel droit veut-il nous aider avec un soi-disant plan Marshall? Qu'il retourne à ses classiques et reprenne des cours de politique étrangères pour savoir, dans quelle mesure les Américains ont aidé les Européens avec un plan Marshall et les raisons profondes et non-dites de ce plan!
Hier il s'en prenait aux Kosovars, aujourd'hui aux Arméniens et aux Africains. Demain, à qui le tour? Aux Lettons, aux habitants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (que je respecte profondément)?.
(…) M. Blocher, aucun chef d'Etat africain n'a salué votre élection, ni ne daigne vous rendre visite, car pour l'Afrique vous n'êtes que la sixième roue d'un carrosse! Alors, l'Afrique vous salue bas!
Abdoulaye Sarr Mbodji,
Yverdon

Un industriel au Conseil fédéral

L'aide au développement en Afrique n'intéresse pas Christoph Blocher, chef d'entreprise, par contre la bienveillance des autorités turques ça pourrait toujours servir… Le hic, c'est qu'il n'est plus rémunéré en tant qu'industriel, mais qu'il est salarié par la Confédération.
Dans ce cadre, il est censé représenter une collectivité, un pays. Ce dernier s'insère dans un monde aux interactions complexes avec des voisins plus ou moins proches, plus ou moins nantis. Cela ne saurait se mesurer uniquement au retour sur investissement et au profit des actionnaires. Heureusement d'ailleurs!
Ses déclarations sur l'Afrique sont choquantes à plus d'un titre. Elles démontrent une ignorance crasse des difficultés, tout comme des différences culturelles, ethniques et sociales des nombreux pays qui forment ce continent. La réalité de ses habitants ne correspond pas aux paroles méprisantes de Blocher, proférées sur la base d'une expérience professionnelle ponctuelle, échouée il y a vingt ans.
Je comprends surtout que le passage de l'article 261 bis qui vise «celui qui, publiquement, aura propagé une idéologie visant à rabaisser ou à dénigrer de façon systématique les membres d'une race, d'une ethnie ou d'une religion» lui pose problème. Ses collègues de parti aimeraient bien ne pas être limités dans leurs campagnes de dénigrement contre des personnes qui selon lui ne méritent aucune attention (traduisez: qui ne rapportent rien).
Heureusement que cet article de loi l'oblige à rester dans une certaine décence… encore que, à l'entendre régulièrement, je me demande si cet article est vraiment appliqué.
Doris Agazzi,
Saint-Cierges

A quand le tour des invalides?

Christoph Blocher me plonge en plein cauchemar. Il semblerait que la récente approbation des lois sur l'asile et sur les étrangers lui soit «montée à la tête». Sinon comment expliquer les dérapages de ce conseiller fédéral qui, depuis, a perdu tout sens de la retenue et de la dignité?
Cet homme, prétendument patriote et attaché aux valeurs du pays, affiche en réalité un incroyable mépris pour tous ceux qui pensent et vivent autrement. Blocher voudrait amender les lois antiracistes pour mieux «écraser» en toute légalité ceux qu'il exclut - notamment ses fameux Schein-Invaliden (pseudo-invalides) auxquels il aimerait joindre aujourd'hui les Africains «paresseux» selon l'évangile blochérien.
Couchepin l'a dit avant tout le monde: «Blocher est dangereux» (sous-entendu au Conseil fédéral) et il avait raison! Qu'attend-on pour réagir?
Charles Bourgeois,
Yens

Nouvelle salve contre Blocher

Le Matin - Nouvelle salve contre Blocher
Micheline Calmy-Rey répond au ministre UDC. Selon la ministre des Affaires étrangères, l'aide à l'Afrique est nécessaire et bonne et son efficacité est constamment contrôlée

Les minarets et les immigrés dans la ligne de tir de l'UDC

Lire l'article de Bernard Wuthrich dans le Temps

A Fribourg, les démocrates du centre retrouvent un Christoph Blocher survolté et approuvent un programme électoral qui veut abolir la Commission fédérale contre le racisme.

dimanche 22 octobre 2006

La Suisse: patrie de 14'000 réfugiés hongrois

A lire sur Swissinfo:

Andreas Oplatka vit aujourd'hui entre Zurich et Budapest


La révolution hongroise débute le 23 octobre 1956. Quelques jours plus tard, l'intervention de l'Armée rouge pousse 200'000 personnes à trouver refuge en Suisse et dans d'autres pays occidentaux. Dans une interview à swissinfo, l'historien Andreas Oplatka revient sur cette page sombre de l'histoire hongroise et sur l'intégration réussie de ces réfugiés en Suisse.

Sur le même sujet, lire l'article d'Andrés Allemand dans la Tribune de Genève, qui s'interroge:

Témoignages et théâtre

samedi 21 octobre 2006

Propos confidentiels

Une petite brève de l'ATS:
Rien ne filtrera des propos tenus par Christoph Blocher sur les Africains lors d’une séance de la commission des institutions politiques du Conseil national. Celle-ci se range derrière la confidentia­lité de ses débats. La commis­sion refuse de publier le pro­cès- verbal de cette séance, comme le demandait l’UDC, «afin de ne pas créer de précédent».

Indigeste chocolat

Après les groupes politiques au Conseil de ville, c’est au tour du Conseil municipal (exécutif) biennois de condam­ner l’attitude du directeur de la police Jürg Scherrer. Le magistrat est dans le collimateur pour avoir croqué un minaret en chocolat.

Ce comportement est «indigne d’un conseiller municipal et d’un directeur de la sécurité», a indiqué le Conseil muni­cipal dans un communiqué. Lors de sa séance d’hier, l’exécutif a instamment prié Jürg Scherrer de faire preuve à l’avenir «de la retenue requise dans son comportement et de veiller au respect de toutes les communautés culturelles». Jürg Scherrer s’est déjà trouvé mercredi sous le feu de la critique au Parlement commu­nal. Les Verts ont demandé qu’on lui retire la responsabilité de la police des étrangers. Le PS et les partis bourgeois ont aussi vive­ment critiqué le directeur municipal de la police. ATS

Lire à ce propos le compte-rendu de la TSR

Tout en finesse

A quelques jours des élections jurassiennes, des affiches à caractère raciste ont été placardées en Ajoie. Elles visent un jeune candidat socialiste au Parlement. Une enquête pénale a été ouverte par le Ministère public, a précisé hier la police cantonale jurassienne. Réalisée sous forme de collage, l’affiche porte le texte suivant: «Pas de sous-homme au Parlement ­ Un Jura qui gagne sans bronzé donc sans Erard - Votez bien votez Suisse». Elle comporte également une photographie de Yannick Erard, étudiant métis de 24 ans et candidat à l’élection au Parlement pour le district de Porrentruy. Le principal intéressé est tombé nez à nez avec l’une de ces affiches mardi dernier en gare de Buix, selon Julien Loichat, président de la Fédération socialiste d’Ajoie et du Clos-du-Doubs. Entre 15 et 20 exemplaires ont été apposés à Porrentruy et dans quelques communes voisines. Une dénonciation pénale a été déposée jeudi matin auprès du Ministère public. AP

Yannick Erard est candidat
aux élections parlementaires, il est ajoulot et métis

Le Quotidien Jurassien revient également sur cette information,
de même que Radio Jura Bernois

mercredi 18 octobre 2006

Programme d'intégration à la trappe

Il manque 90000 francs au programme BIRD, qui vise l'intégration sociale et professionnelle de réfugiés. La fermeture point. «Je suis furieux et déçu», admet Alfredo Camelo, coordinateur du Bureau d'intégration des réfugiés pour demain (BIRD). Cette structure associative genevoise qui vient en aide à des réfugiés à qui l'asile a été octroyé se débat en effet dans des problèmes financiers sérieux et cherche – vainement pour l'heure – des sources de financement cantonales. Emanation de Pluriels (Centre de consultations et d'études ethnopsychologiques pour migrants) et de Caritas, la démarche du BIRD vise à promouvoir une intégration sociale et professionnelle durable.

Lire la suite de cet article de Philippe Bach dans

Le procès de «Myriam» évite de traiter du racisme

Hier s'est terminé le procès de la jeune Camerounaise. Elle risque très gros, après avoir accusé cinq policiers de comportement raciste à son égard.

lundi 16 octobre 2006

Quand Blocher dénigre l'Afrique

Le conseiller fédéral laisse entendre que les Africains n'ont pas la volonté de s'en sortir économiquement. Il remet en cause l'utilité de l'aide humanitaire

AIDE HUMANITAIRE «En tant qu'homme d'entreprise», Christoph Blocher affirme ne voir «aucune utilité» aux 400 millions de francs dépensés par la Suisse. Photo © Keystone


vendredi 13 octobre 2006

La police du langage

La reconnaissance par la France du génocide arménien relance le débat en Suisse des normes antiracistes.

Lire l'éditorial de Denis Masmejan dans le Temps et s'interroger sur le sens des interdits avec Georg Kreis, toujours dans le Temps

Migration clandestine: accord signé

Les ministre de l'intérieur suisse et slovaque ont signé à Bratislava un accord de réadmission entre la Suisse et la Slovaquie. Il doit renforcer la lutte contre la migration clandestine.
En tant que future frontière de l'espace Schengen, la Slovaquie va jouer un rôle croissant dans la lutte contre la migration clandestine en Europe, a souligné le Département fédéral de justice et police (DFJP) dans un communiqué. L'accord est nécessaire pour régler les modalités de renvois de personnes en situation irrégulière, a-t-il précisé.
Le texte contient une obligation réciproque de réadmission pour les propres ressortissants. Il fixe également les conditions auxquelles les ressortissants d'Etats tiers peuvent être réadmis ou non, a expliqué le DFJP.
A ce jour, la Suisse a signé 40 accords semblables avec 43 Etats.

mercredi 11 octobre 2006

Article 261bis

L'article 261bis du Code pénal suisse sur la discrimination raciale nous dit:


Celui qui, publiquement, aura incité à la haine ou à la discrimination envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse;

celui qui, publiquement, aura propagé une idéologie visant à rabaisser ou à dénigrer de façon systématique les membres d’une race, d’une ethnie ou d’une religion;

celui qui, dans le même dessein, aura organisé ou encouragé des actions de propagande ou y aura pris part;

celui qui aura publiquement, par la parole, l’écriture, l’image, le geste, par des voies de fait ou de toute autre manière, abaissé ou discriminé d’une façon qui porte atteinte à la dignité humaine une personne ou un groupe de personnes en raison de leur race, de leur appartenance ethnique ou de leur religion ou qui, pour la même raison, niera, minimisera grossièrement ou cherchera à justifier un génocide ou d’autres crimes contre l’humanité;

celui qui aura refusé à une personne ou à un groupe de personnes, en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse, une prestation destinée à l’usage public,

sera puni de l’emprisonnement ou de l’amende.



Dès son retour d'Ankara, "Christoph Blocher a constitué un groupe de travail pour étudier la possibilité de modifier ou de supprimer la norme antiraciste", norme votée par le peuple et entrée en vigueur il y a à peine plus de dix ans, le 1er janvier 1995.


mardi 10 octobre 2006

La validité de la loi pénale contre le racisme est incontestable

Lire le communiqué de la SEK-FEPS
La norme pénale contre le racisme ne saurait être affaiblie, et la liberté d’expression continue à être garantie en Suisse. C’est pourquoi le Conseil de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) est préoccupé par les récentes déclarations du conseiller fédéral Christoph Blocher, faites de plus en Turquie, alors que ce pays ne reconnaît pas le génocide perpétré contre les Arméniens.
La FEPS s’est engagée avec d’autres Églises, au moment de l’introduction de la loi contre le racisme en 1994 déjà, en faveur d’une norme pénale forte. Le racisme sous toutes ses formes porte atteinte à la dignité humaine et ne se justifie en aucune manière, car il met en doute l’égalité fondamentale pour la foi chrétienne de tous les êtres humains. Le droit à la liberté d’expression constitue un droit supérieur, digne de protection, mais qui doit s’exercer de manière responsable, dans le respect d’autrui. La loi pénale contre le racisme respecte cette liberté d’expression responsable. La FEPS attend du conseiller fédéral Christoph Blocher, en sa qualité de ministre de la justice et de membre du gouvernement, qu’il respecte les décisions législatives du peuple et du Parlement, ainsi que la séparation des pouvoirs, et qu’il représente ces principes de l’État de droit en Suisse et à l’étranger.

Les trois Églises nationales se sont engagées, dans un Mémorandum commun du 8 décembre 2003, pour une reconnaissance sans équivoque du génocide perpétré contre les Arméniens en 1915. Elles y déclaraient : «Nous sommes convaincus que les faits historiques doivent être reconnus par les parlementaires et le gouvernement turcs, pour que le processus de démocratisation aille de l’avant dans le pays et que les relations avec les États de cette région du monde [...] se normalisent. Sans justice, il n’y a ni paix ni stabilité durables.»

Manif pour un village planétaire

Environ 400 personnes ont défilé samedi pour revendiquer, entre autres, la régularisation des sans-papiers. «L’immigration choisie, c’est le nouveau marché aux esclaves!» Les slogans des défenseurs des sans-papiers se sont faits à nou­veau entendre dans les rues de Lausanne, samedi après-midi, pour la première fois depuis le «oui» des Suisses aux nouvelles lois sur l’asile et les étrangers. Environ 400 personnes ont défilé dans les rues, pour dénoncer la «traque aux migrants».


«Nous sommes une petite ma­nifestation d’une grande chaîne de solidarité», répétait le porte­voix. Et pour cause, le défilé lau­sannois n’était qu’un petit élé­ment d’une multitude de mani­festations organisé aux quatre coins de l’Europe, et en Afrique, pour dénoncer le durcissement des politiques des pays occiden­taux en matière d’immigration.
La manifestation s’est achevée par la création d’un «village pla­nétaire » sur la place de la Ri­ponne. Aux rythmes de la musi­que, les militants, principalement d’extrême gauche, ont alors oc­cupé l’endroit jusqu’en milieu de soirée dans une ambiance bon enfant. La police, discrète, n’a relevé aucun incident. M.-S. P.

lundi 9 octobre 2006

A méditer ...

Dans le courrier des lecteurs de 24 Heures, une lettre défend bec et ongle le "patriotisme à l'état pur" de Christoph Blocher. A méditer ...

Dessin Mix & Remix


Je partage le courroux de Mme Blocher concernant le traitement que l’affreux caricaturiste de service a infligé à notre grand dirigeant patriotique national. En effet, le peuple des bergers ne doit jamais oublier que toutes les pensées, toutes les paroles, tous les actes de M. Blocher sont dictés par le plus pur patriotisme.
Par exemple: c’est par patriotisme que M.Blocher veut purger la Suisse des mauvais étrangers; c’est par patriotisme que M.Blocher s’immisce constamment dans les affaires de ses collègues; jadis, c’est par patriotisme que M. Blocher a vendu une ou des entreprises suisses à des étrangers: moins d’industries chez nous = moins d’ouvriers = moins de communistes. «C’est le peuple souverain qui décide», déclare toujours M. Blocher, sauf évidemment lorsque des villageois protègent des réfugiés qu’ils estiment bien intégrés. Ces villageois sont coupables de traîtrise, tout comme les conseillers fédéraux qui n’obéissent pas à M. Blocher, et les citoyens qui ne croient pas ses affirmations.
Richard Lecoultre, Rolle

Les Eglises prêtes à relever le défi de l'asile ?

Les lois sur l'asile et les étrangers accroîtront encore le travail des défenseurs des étrangers. Au Point d'appui, structure oecuménique, on se dit motivé. Mais les Eglises ne prévoient pas vraiment de moyens accrus.

vendredi 6 octobre 2006

Blocher persiste et signe

Christoph Blocher a expliqué et défendu les propos qu'il a tenus en Turquie sur la norme pénale antiraciste. Il a confirmé qu'il voulait réviser l'article 261bis du Code pénal.

Le ministre de la justice a constaté qu'il existait "une contradiction entre le principe de la liberté d'expression et la norme pénale antiraciste", selon un communiqué du Département fédéral de justice et police. Or, pour M. Blocher, "la liberté d'expression est une condition importante de la démocratie". C'est pourquoi le conseiller fédéral considère comme "irritant qu'en raison d'une norme pénale, l'opinion d'un professeur turc posant un jugement sur des événements historiques déclenche des poursuites pénales". Il confirme son intention de "vouloir supprimer cette contradiction par une révision de l'article 261bis du Code pénal".

Le ministre de la justice a par ailleurs tiré un bilan positif de son voyage en Turquie. Ainsi, son homologue Cemil Cicek lui a donné "l'assurance que la Turquie était prête à mettre en place une commission composée d'historiens de différents pays qui auraient libre accès aux archives de Turquie et d'Arménie, et que la Turquie accepterait les résultats des investigations".

Concernant les organisations turques "extrémistes", M. Blocher a refusé la demande de la Turquie de les interdire en Suisse. Il a parallèlement assuré que les demandes d'extradition de ressortissants turcs seraient "examinées suite aux garanties écrites données par la Turquie". Le ministre turc de la justice, Cemil Cicek, a accepté l'invitation de M. Blocher de se rendre en Suisse.doivent de toute façon obtenir l'aval du Conseil fédéral, du Parlement et le cas échéant du peuple suisse, a encore noté Christoph Blocher.

Concernant les organisations turques "extrémistes", M. Blocher a refusé la demande de la Turquie de les interdire en Suisse. Il a parallèlement assuré que les demandes d'extradition de ressortissants turcs seraient examinées suite aux garanties écrites données par la Turquie. "Mais je n'ai fait aucune promesse sur leur sort !" a-t-il insisté.

Pour le conseiller fédéral, "les relations entre la Suisse et la Turquie ne sont pas encore bonnes, mais elles se sont améliorées".

© SDA-ATS News Service

Le mépris de Christoph Blocher

Lire l'édito d'Anne Dousse dans le Matin

Insulté pour avoir pris part à «Infrarouge»

Lire l'article de Fanny Oberson dans le Matin
Larbi Guesmi, musulman pratiquant, a retrouvé mercredi soir ses essuie-glaces tordus, accompagnés d'un message raciste faisant référence à l'émission de la TSR...

Les parlementaires sous le choc

Lire l'article d'Anne Dousse dans le Matin
Les propos du ministre de la Justice en visite officielle en Turquie ont soulevé une tempête de protestations, tous partis confondus. Les élus n'ont toutefois pas pu s'entendre sur une déclaration commune

Norme antiraciste: Blocher n'en démord pas

Lire le dossier de la TSR avec des extraits audio
De retour de Turquie vendredi, Christoph Blocher a expliqué et défendu les propos qu'il a tenus dans ce pays sur la norme pénale antiraciste. Il a confirmé qu'il voulait réviser l'article 261bis du Code pénal.

Le juriste Marcel Niggli analyse la conduite 'surprenante' de Christoph Blocher en Turquie.

Lire le dossier de Swissinfo

Toujours chef de bande

Lire l'édito du Temps

Lire l'analyse du Temps publié par le collectif arménien contre le négationisme

CollectifVAN.org
Et si l'on débattait du fond? Si l'on posait franchement la question de la légitimité des dispositions du Code pénal réprimant le négationnisme, comme ont osé le faire récemment plusieurs personnalités françaises insoupçonnables de la moindre inclination pour l'extrême droite?

Toute la journée de jeudi, les réactions ont plu, des Eglises à la Ligue suisse contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et aux partis politiques. Tous ont dénoncé les propos tenus par Christoph Blocher à Ankara, où le ministre de la Justice a dit son hostilité à l'application de la norme pénale contre le racisme à ceux qui nieraient la réalité du génocide arménien.

Et si l'on rappelait que Simone Veil, ancienne ministre de Giscard, rescapée d'Auschwitz, était opposée à la loi Gayssot qui, depuis 1990, punit en France la négation d'un crime contre l'humanité?

Les vitrines du PDC et des radicaux sont caillassées. Les causes de ce vandalisme restent troubles

Tribune de Genève en ligne - www.tdg.ch - Vitrines (06.10)
ui a dit que la politique laissait indifférente? Ni les radicaux, ni le PDC. Jeudi matin, ils ont eu la mauvaise surprise de découvrir les vitrines de leurs partis vandalisées. Celle du PDC a subi les plus gros dégâts. La devanture arbore trois trous étoilés au travers de laquelle passe l'air du matin. «Youppie! C'est ce que je me suis dit en arrivant», raconte en soupirant Eliane Favero, la secrétaire du parti. Il y a neuf mois, le PDC avait subi un cambriolage suite auquel l'ordinateur du secrétaire général avait disparu. Dans son malheur, le PDC a pourtant un peu de chance: un filtre solaire brun en plastique appliqué contre les vitrines a empêché qu'elles n'explosent complètemen...

La Suisse Blochérisée

Le Temps - Courrier des lecteurs

Polémique

24 Heures s'interroge, suite aux dérapages de notre ministre de la Justice, dans l'édito de Thierry Meyer: "Derrière l’outrance, quelques questions gênantes"

Jouer avec la séparation des pouvoirs, avec la collégialité gouvernementale, avec le respect des lois et des décisions du peuple, qui plus est à l’étranger, n’est pas digne d’un ministre de la Justice. Le déferlement de critiques qui s’abattent sur Christoph Blocher est mérité. Son intervention, mercredi en Turquie, est d’autant plus regrettable qu’elle masque quelques questions qui dérangent, qu’il conviendrait de se poser avec discernement.
La norme pénale antiraciste, votée en 1994, peut effectivement constituer un problème si elle sort du cadre strict qui l’a vu naître et qu’elle devient l’instrument du politiquement correct et de la pensée unique. Voici deux ans, n’a-t-on pas vu les Verts brandir l’article 261 bis du Code pénal pour s’en prendre à un éditorial du SonntagsBlick qui attribuait une part de responsabilité à l’islam dans la montée de l’islamisme violent? A plusieurs reprises, les juges fédéraux ont rappelé que la norme antiraciste ne doit pas servir à museler des opinions «qui dérangent la majorité», voire qui paraissent «choquantes», arguant que de tels échanges sont indispensables au bon fonctionnement de la démocratie.
Adversaire déclaré de la loi, Christoph Blocher voulait par ailleurs accommoder une Turquie officielle avec laquelle Berne est en délicatesse. Sa grossière maladresse dessert cette intention. Pourtant, là aussi, quelques questions s’imposent: les tensions avec Ankara n’ont-elles pas été ravivées par les raccourcis historiques d’une autre ministre, Micheline Calmy-Rey? Peut-on unilatéralement considérer tous les Turcs comme des génocidaires perpétuels, et les peuples les entourant comme des anges?
Personne n’aidera la Turquie à sortir de son entêtement à nier le génocide arménien en cherchant à l’humilier, ou en pratiquant systématiquement la discrimination bien-pensante du prisme occidental et chrétien, à l’instar de l’Union européenne. Le génocide arménien est une réalité historique. Mais il est loin d’être le seul du genre, dans une région hélas marquée par la pratique méticuleuse du nettoyage ethnique et des déplacements de peuples entiers.
Toutes proportions gardées, à quoi ressemble le traitement infligé par les Arméniens aux Azéris dans les territoires que les deux pays se disputent? Parce qu’elle a fait un travail remarqué sur sa propre histoire, la Suisse aurait un rôle à jouer dans une réconciliation et une mise à plat des fardeaux du passé.
Cela vaudrait mieux que les déclarations à deux sous d’un chef de parti en campagne électorale. THIERRY MEYER

Le Ministre de la Justice suscite l'indignation

Sur le même sujet, 24 Heures publie un mini-sondage, dont la question était: "Les déclarations de Christoph Blocher à Istanbul contre la norme anti-racisme sont-elles acceptables?"

Nombre de réponses reçues: 469

Les propos tenus en Turquie par Christoph Blocher contre un article du Code pénal provoquent de très nombreuses protestations.Et même des demandes de démission. Non, c’est indigne d’un conseiller fédéral. Que les parlementaires prennent enfin leurs responsabilités et le renvoient au plus vite. GEORGETTE BARRAUD PALÉZIEUX

Il ne faut pas toujours tout dramatiser. M. Blocher a eu une pensée pour ses compatriotes qui ont voté contre cet article. Bientôt, en Suisse, on ne pourra plus parler et on sera obligé de porter une muselière. C’est comme cela que l’on arrive au drame de Zoug. JACQUES GEX LUTRY

En avril 2000, economiesuisse se réjouissait que le parlement ne soit pas entré en matière sur la reconnaissance du génocide arménien par les Turcs. Ceci compte tenu des enjeux économiques… Les propos de Christoph Blocher ne sont que l’expression de ce que pensent les milieux économiques. Les gens qui l’accompagnent dans cette voie sont aussi méprisables que lui. MAURICE BADOUX MONTHEY

Blocher a dit ce que bien des personnes, peut-être des centaines de milliers, pensent mais ne disent pas. ANDRÉ THIBAUD PULLY

Ce n’est pas lui qui est fort mais les autres qui sont faibles. Il faut qu’on demande immédiatement sa démission et qu’il s’excuse auprès du peuple. JEAN AESCHLIMANN SAXON

Dégoût, révolte, honte et crainte, face aux déclarations d’un homme qui se permet de traîner notre tradition démocratique et notre Etat de droit dans la boue. Face à un tel scandale, une seule solution: le front républicain.Suivons l’exemple des partis français ou belges, qui ont le courage de ne jamais traiter avec l’extrême droite. JEAN-CHRISTOPHE SCHWAAB RIEX

En Suisse, la liberté de parole est devenue le monopole des gauchistes, des mondialistes, des indésirables et j’en passe… Si le peuple pouvait revoter, croyez-vous que cet article contre nature passerait? A coup sûr pas! Bientôt, on n’osera plus ouvrir la bouche, même pas pour respirer, de peur que le premier âne passant dans le coin dépose plainte pénale. MIKLOS NAGY LAUSANNE

Nous sommes en train d’assister à un lent et sournois glissement vers plus de racisme et moins de social, institué par M. Blocher.Attention à ne pas se laisser endormir. STEFAN VAGO CLARENS

Blocher a choisi son camp, contre le peuple suisse qui a voté cette loi. Si la volonté du peuple suisse lui fait «mal au ventre», il devrait demander l’asile politique en Turquie. DOMINIQUE SIDLER CULLY

Insoutenable sur le plan démocratique et institutionnel, une telle attitude est surtout hautement inquiétante quant à la perception qu’elle reflète de l’évolution des valeurs de notre civilisation. Combien d’outrances de cette ampleur faudra-t-il encore pour que l’on se rende enfin compte que l’UDC et son leader alimentent constamment le même écran de fumée, espérant ainsi (et y parvenant apparemment pour l’instant…) détourner l’attention d’un système d’organisation de la société orienté exclusivement vers l’augmentation des profits des plus riches et des plus cyniques et fondé sur l’exclusion de la masse des gagne-petit laborieux PIERRE CHIFFELLE VEVEY

Les lois antiracisme ne suppriment pas le racisme mais l’engendrent. Celui qui est protégé peut avoir un sentiment de supériorité et celui qui est réprimé, un sentiment d’infériorité. Cela se vérifie dans le comportement des uns et des autres JEAN-PIERRE GROBET YVERDON-LES-BAINS

A quand une réaction ferme et cinglante du Conseil fédéral pour se démarquer véritablement des prises de position de Blocher? A quand une réaction ferme et cinglante du Parlement, permettant de renvoyer ce Monsieur à ce qu’il n’a cessé d’être: un chef de parti incapable de «lever le nez du guidon» et de voir, et surtout respecter, l’intérêt général? JACQUELINE SCHWAB VUARRENS

Blocher fait son Turc contre l'Islam

«La Turquie saluée par Christoph Blocher est celle-là même qui
fit disparaître les signes extérieurs de la religion musulmane lors de sa
constitution dans les années 20»

NICOLAS VERDAN Chef de la rubrique Monde 24 Heures

Que ne ferait-il pas pour son parti? Les déclarations, ulcérées, de Christoph Blocher sur l’article 261 du Code pénal suisse servent autant les inté­rêts d’industriels pressés de re­trouver un accès privilégié au marché turc que la volonté de l’UDC d’abroger la loi antira­ciste.
Or, le chef du Département fédéral de Police et Justice a fait mieux encore. Sa visite courtoise en Turquie, à 95% musulmane, est paradoxale­ment un encouragement à l’of­fensive de son parti contre l’is­lam en Suisse.
Le 80e anniversaire de l’adoption du Code civil suisse en Turquie était l’occasion rê­vée pour renforcer le discours de l’UDC contre toute manifes­tation publi­que de l’islam, devenue la troisième reli­gion en Suisse. La Turquie saluée par Christoph Blocher est celle-là même qui fit disparaître les signes extérieurs de la religion musulmane lors de sa consti­tution dans les années 20.
Le choix précis des lieux où s’est rendu le conseiller fédéral est sans équivoque. La très laïque Faculté de droit d’An­kara et le mausolée de Mustafa Kemal, dit Atatürk («Turc père») représentent les bas­tions d’une révolution qui relé­gua l’islam turc à la sphère privée: en vrac, suppression du califat, adoption du code vesti­mentaire occidental, interdic­tion du port du hijab et du fez, interdiction de la polygamie, remplacement du calendrier musulman par le grégorien, al­phabet latin en lieu et place de l’arabe, instauration d’une école laïque, mixte et républi­caine.
Bref, un catalogue de mesu­res que ne renierait pas l’UDC aujourd’hui. Bien au contraire! Diable intelligence du tribun populiste Blocher, qui ne se fit pas prier pour reprendre dans son discours, mercredi à An­kara, les propos du premier ministre de la justice que con­nut la République turque: «…il nous faut appeler à la vie une organisation de la justice tur­que entièrement nouvelle, avec un nouveau système juridique, de nouvelles lois et de nou­veaux tribunaux. Quel carac­tère pourrait et devrait avoir cette organisation de la justice, à laquelle les étrangers se­raient aussi soumis. La ré­ponse tient en un mot: laï­que. » Et Blocher de rappeler que ce Mahmud Esad Bozkurt vint étudier le droit en Suisse, plus exactement à Lausanne et à Fribourg. On comprend dès lors mieux cet attrait de notre conseiller fédéral pour cette Turquie kémaliste, qui tenta de modeler un pays ethnique­ment pur et religieusement ho­mogène, là où coexistaient des peuples, des langues et des religions différentes. La ques­tion kurde n’est pas le moindre des avatars de cette construc­tion nationale en éternel mou­vement de fusion-séparation.
Ainsi, avec son voyage, Christoph Blocher a fait plus que rendre un hommage op­portuniste au Traité de paix de Lausanne, au Code civil turc et aux liens traditionnels de la Suisse et de la Turquie. Que l’on ne s’y trompe pas. Toutes ces révérences, son clin d’oeil amical aux fameuses Migros turques développées au milieu des années 50, ses maux de ventre placent sa visite bien au-delà des bons offices com­merciaux. L’enjeu était avant tout politique et intérieur à la Suisse.
Avec un Blocher, la bataille pour la place de l’islam en Suisse s’avère d’ores et déjà redoutable. Mais encore fau­drait- il que les lieutenants de l’UDC soient à la hauteur de leur capitaine. La prestation laborieuse sur la TSR d’Yvan Perrin, vice-président du parti est à l’opposé de la perfor­mance turque de Christophe Blocher. L’absence de connais­sance historique et religieuse du premier contraste avec le sens historique du second. A propos, à quand Blocher et Ramadan sur le même pla­teau?

Blocher a choqué ses alliés

Christoph Blocher s’est recueilli dans le mausolée dédié au fondateur de l’Etat turc moderne, Mustafa Kemal Atatürk, à Ankara. Ses propos sur la norme pénale antiraciste qui lui donne mal au ventre ont provoqué un vent d’incompréhension au Parlement suisse. Il s’en expliquera ce matin à sa descente d’avion, à Kloten. (Keystone/Kusano)

jeudi 5 octobre 2006

Juifs et musulmans veulent leurs propres cimetières

Lire l'article de Rachad Armanios dans le Courrier

Blocher fait mal au ventre de Philippe Dumartheray

Lire l'édito de 24heures en ligne
Décidemment, Christoph Blocher n'en rate pas une. Jusqu'ici, il réservait la primeur de ses coups bas et de ses mensonges au seul peuple suisse. Et on croyait naïvement avoir tout vu ou presque. Eh bien, le scandale Blocher s'exporte aussi très bien. En Turquie notamment, pays avec qui la Suisse entretient des relations compliquées pour n'avoir pas suffisamment ménagé les susceptibilités des sourcilleux nationalistes d'Ankara. Joseph Deiss et Micheline Calmy-Rey peuvent en témoigner.

Ce n'est désormais plus vrai. En entendant les propos du conseiller fédéral suisse, les autorités turques, en difficulté sur la scène européenne, ont bu, d'un coup, leur ration annuelle de petit-lait. Voilà donc un représentant suisse, ministre de la Justice de son état, qui vomit ouvertement le fameux article 261 du Code pénal suisse qui réprime les propos des négationnistes de tout poil. On croit presque rêver. Heureusement l'indignation est là pour nous réveiller.

En l'occurrence, Christoph Blocher est fidèle à lui-même. C'est un militant de l'UDC qui continue, sans états d'âme, son combat idéologique. Pour mémoire, cela fait dix ans maintenant que l'Union Démocratique du Centre tente d'abroger la norme antiraciste du Code pénal au nom d'une notion très particulière de la liberté.

Mais Christoph Blocher se trompe de rôle. En toute connaissance de cause. Il est un de nos sept conseillers fédéraux. Un ministre censé respecter et la loi suisse et la séparation des pouvoirs. En Turquie, Christoph Blocher a tout simplement envoyé un coup de poignard dans le dos de son pays et de ses institutions.

Blocher séduit les turcs

Lire l'article de Laure Marchand dans 24heures en ligne

Le Code civil suisse était à l'honneur à l'occasion du 80e anniversaire de son adoption en Turquie. Mais le Code pénal lui a volé la vedette. Hier, Christoph Blocher était invité à l'Université d'Ankara pour inaugurer une conférence consacrée à la transposition du Code civil national dans le système juridique turc en 1926. Après avoir rendu hommage à «ce geste qui nous emplit de fierté», le conseiller fédéral a profité d'une conférence de presse avec son homologue turc, Cemil Cicek, pour tirer à boulets rouges sur l'article 261 bis du Code pénal. «Cet article me fait mal au ventre», a-t-il lancé, estimant qu'il n'était «plus approprié».

Le chef du Département fédéral de Police et Justice a expliqué que cette norme antiraciste avait été «adoptée en 1994 pour lutter contre la négation de l'holocauste mais que personne, à l'époque, ne pouvait imaginer qu'il traînerait en justice un éminent historien turc». En mai 2005, en effet, la justice suisse a ouvert une enquête contre Yusuf Halacoglu pour négation du génocide arménien lors d'un discours prononcé à Zurich. Deux mois plus tard, le leader du Parti turc des travailleurs, Dogu Perinçek, s'est retrouvé à son tour en infraction par rapport à l'article 261 bis, pour avoir dénoncé à Lausanne «le mensonge international [sur le] prétendu génocide».

Tensions persistantes

En mesure de rétorsion, la visite de Joseph Deiss, alors ministre de l'économie, avait été annulée à l'automne 2005. Depuis, aucune délégation officielle d'hommes d'affaires suisses ne s'est rendue en Turquie. Ces deux péripéties judiciaires sont venues s'ajouter à la longue liste de griefs de la Turquie contre la Suisse. La reconnaissance du génocide arménien par le Conseil national, et par le Grand Conseil vaudois en 2003, est à l'origine des tensions persistantes dans les relations bilatérales. Ankara nie le caractère génocidaire des massacres perpétrés par l'Empire ottoman entre 1915 et 1917. En mars 2005, Micheline Calmy-Rey a effectué une visite dans le sud-est à majorité kurde, mais avec un an et demi de retard sur la date initiale. Et au printemps dernier, l'avionneur Pilatus a été écarté d'un appel d'offres. L'invitation de Christoph Blocher est donc le signe d'une détente. «Il est encore trop tôt pour dire que c'est la fin du malentendu, mais le climat s'est énormément amélioré», a-t-il assuré.

Son point de vue sur les tueries contre les Arméniens pendant la Première Guerre mondiale a satisfait Ankara: «Je soutiens la proposition turque de créer une commission historique internationale pour juger ces événements. Ce n'est pas aux politiques ou au tribunal de dire s'il s'agissait d'un génocide ou non.» Dans son opération de séduction des Turcs, il a insisté sur les liens unissant les deux pays, comme le Traité de paix de Lausanne, acte fondateur de la République turque en 1923, ou la création des centres commerciaux Migros en Turquie en 1954. Et Christoph Blocher de louer «la longue et fructueuse relation d'affaires» nouée avec un entrepreneur turc alors qu'il n'était «encore [qu'] un jeune collaborateur juridique» au sein de l'entreprise Ems-Chemie.

«Propos scandaleux» ou «comportement indigne»: le monde politique est sous le choc

Hier à Flims, les parlementaires étaient en état de choc.

«Ces propos scandaleux ne sont qu'une provocation de plus et Christoph Blocher n'a pas sa place dans le gouvernement helvétique», s'exclame Ueli Leuenberger (Verts, GE) avant d'annoncer son intention de déposer dès aujourd'hui une interpellation au Parlement.

Le ton est le même du côté de l'association Suisse-Arménie, dont le co-président, Sarkis Shakinian, se dit «consterné». «Ce qui est arrivé dépasse les limites de la démocratie, souligne celui qui est aussi secrétaire général du groupe parlementaire Suisse-Arménie. Le chef du département de Justice et Police ridiculise la Suisse en la transformant en tapis rouge pour les pires négationnistes.»

Co-président avec Ueli Leuenberger du même groupe parlementaire Suisse-Arménie, Dominique de Buman ne cache pas non plus sa colère: «Le comportement de Christoph Blocher est indigne.» Selon le vice-président du PDC, le ministre de la Justice a voulu faire plaisir à la Turquie et à économiesuisse, inquiète des tensions entre les deux pays. Le conseiller fédéral UDC veut aussi montrer qu'il a des contacts avec un pays musulman et donner un signe à son électorat: «En niant la norme antiraciste, il montre qu'il veut continuer à durcir toutes les lois contre les étrangers.» Ce qui choque également le Fribourgeois, c'est que Christoph Blocher n'a pas respecté la neutralité, la souveraineté et l'indépendance de la Suisse. «C'est scandaleux de critiquer notre ordre juridique à l'étranger.»

«C'est un véritable scandale, surenchérit Hans-Jürg Fehr, président du Parti socialiste. Il oublie que c'est le peuple suisse qui a voté cette norme. Et il ne respecte pas la neutralité.» Le conseiller national schaffhousois espère que le Conseil fédéral n'acceptera pas de tels propos. Pour lui aussi, «cet incident est une nouvelle preuve que Blocher n'a pas sa place au Conseil fédéral».

Fulvio Pelli, président du Parti radical, est moins vindicatif: «Monsieur Blocher se trompe de cible. Le problème, c'est la justice suisse qui se lance dans des enquêtes qu'elle n'arrivera jamais à clôturer.» Le Tessinois ose espérer que le conseiller fédéral UDC a consulté ses collègues avant ses déclarations d'Ankara.

Le cimetière mixte, messager de la paix

Lire l'édito de Xavier Lafargue dans le Matin

Plainte contre Yvan Perrin

Le Matin - Plainte contre Yvan Perrin
CONTRE-ATTAQUE Nadia Karmous réagit aux propos du parlementaire UDC. La présidente de l'Association culturelle des femmes musulmanes de Suisse dément toute relation avec des fonds terroristes, ainsi que l'avait insinué le vice-président de l'UDC lors du dernier

Blocher attaque la norme antiraciste

Lire le dossier de tsr.ch avec de nombreux liens multimédia vers des clip audio et vidéo-
Christoph Blocher a critiqué mercredi à Ankara la norme antiraciste helvétique. Il a regretté qu'elle ait conduit à une enquête en Suisse, très critiquée par la Turquie, contre un historien turc pour ses propos sur le génocide arménien.
Voir aussi le site de la Première avec des archives sur la question arménienne

De Turquie, Christoph Blocher sème la colère

Lire dans le Temps - Suisse
En visite à Ankara, le ministre de la Justice remet en cause l'application de la norme antiraciste. Vague de désapprobation...

Commentaires de Bernard Wüthrich:
Il se moque du peuple et des institutions


...On ne peut en revanche accepter qu'un membre du gouvernement aille dire à ses interlocuteurs turcs que cet article du Code pénal lui «fait mal au ventre». C'est d'autant moins acceptable qu'il le fait alors qu'une procédure pénale est en cours.

Il ne lui suffit pas de rappeler, comme il l'a fait, la position du Conseil fédéral face à la question arménienne et l'attachement de la Suisse à la séparation des pouvoirs pour se permettre un tel abus.

«Un acte d'une bêtise totale»

Lire l'article d'Isabelle Graber dans le Journal du Jura en ligne

Les frasques xénophobes de Jürg Scherrer font la une de la presse nationale: la photo du chef de la Police biennoise dégustant un minaret en chocolat suscite la colère de Hans Stöckli.
Hier après-midi, le blog du Parti suisse de la Liberté était inaccessible: la photo montrant Jürg Scherrer en train de mordre à belles dents dans un minaret en chocolat n'était par conséquent plus visible sur la Toile, tout comme les têtes de nègres grimaçantes destinées à illustrer le procès en diffamation que lui avait intenté l'Association des Africains de Bienne (voir notre édition d'hier).

Le cliché montrant un Jürg Scherrer hilare croquant dans un minaret a été prise le 25 septembre dernier à Langenthal: lors d'un discours de 45 minutes, le chef de la police s'était exprimé à propos du projet de construction d'un minaret de six mètres sur le toit de la mosquée. Selon le quotidien «Le Temps», qui consacrait hier un article à cette affaire, le politicien d'extrême droite ne se serait alors pas privé de dire tout le mal qu'il pense de ce projet, ne cachant rien de son aversion pour la culture musulmane qui, selon lui, «met en péril la culture suisse». A la fin de son discours, en guise de cadeau, les organisateurs ont apporté une tourte ornée de minarets en chocolat à Jürg Scherrer, dans lesquels le chef de la Police a croqué sans vergogne.

Publiée dans Le Matin mardi, puis reprise hier dans le Blick et le Bieler Tagblatt, la photo a évidemment provoqué moult réactions: si les partisans de Scherrer se sont certainement réjouis de la publicité inespérée faite au tribun d'extrême droite, certains politiciens biennois - de gauche comme de droite - ne cachent pas leur colère face à la nouvelle frasque du conseiller municipal.

Joint par téléphone à Flims, en pleine session parlementaire, le maire Hans Stöckli a accepté de s'exprimer à propos de cette affaire.

- Hans Stöckli, l'affaire Scherrer fait-elle des vagues jusqu'à Flims?

- J'en ai parlé aujourd'hui avec le conseiller national Yvan Perrin (UDC/NE), qui n'a pas caché son malaise. Jürg Scherrer a commis une bêtise totale et inacceptable. Je ne pense pas que la photo publiée sur son site soit le fait du hasard: cette mise en scène était réfléchie et préméditée. Cela prend évidemment une dimension supplémentaire au lendemain des votations du 24 septembre. Symboliquement, le fait de manger un minaret est extrêmement grave, car cela démontre un mépris total face à l'une des religions les plus importantes du monde. En tant que chrétien, cela me perturbe profondément.

- Bien que vous condamniez cette nouvelle provocation de Scherrer, votre position est assez inconfortable, puisqu'il a été élu par le souverain au Conseil municipal...

- Jürg Scherrer a plusieurs casquettes, puisqu'il est directeur de la Sécurité, mais aussi député au Grand Conseil et président du Parti suisse de la Liberté. C'est dans ce cadre-là qu'il s'est exprimé.

- Il y a quelques années, vous lui aviez pourtant demandé de quitter la présidence du PSL.

- Oui. Mais il a affirmé que le parti avait refusé sa démission.

- Vous n'avez donc aucun moyen de le sanctionner?

- Seuls les citoyens biennois peuvent le sanctionner. Pour ma part, je vais m'occuper de cette affaire dès la rentrée des vacances d'automne; dans un premier temps, je vais discuter avec Jürg Scherrer, afin qu'il puisse s'expliquer. Le Conseil municipal débattra de son cas lors de sa prochaine séance. Nous évoquerons notamment la création d'une ordonnance concernant les règles de la collégialité. Mais c'est un domaine délicat car il relève de la sphère privée. Pour pouvoir punir, il faut des règles strictes, dont nous ne disposons pas.

- Impossible donc d'exiger sa démission?

- Politiquement, on peut toujours demander sa démission, mais juridiquement, c'est impossible. J'ignore si une plainte pénale sera déposée à la suite de cette affaire.

- Reste qu'un tel individu ne redore guère le blason biennois...

- L'image de Bienne ne dépend pas des agissements de Scherrer, mais de l'économie, de la culture et du sport! Scherrer est un exotique et les gens connaissent sa valeur.

- Mais il est toujours brillamment réélu. Et des affaires telles que celle-ci lui font une pub d'enfer!

- Je ne suis pas sûr qu'il gagne des électeurs par de telles provocations. Ce qui m'inquiète en revanche, c'est qu'il soit considéré comme un précurseur par l'UDC, qui s'approprie nombre de ses arguments et lui donne ainsi une légitimité certaine. L'UDC - un parti gouvernemental! - a sans doute repris une partie de son électorat. Du coup, Scherrer surenchérit et se montre de plus en plus virulent.


«Des propos effrayants et répugnants»
La classe politique biennoise réagit vivement aux propos racistes tenus par Jürg Scherrer, jugés «effrayants et répugnants». Son collègue de parti Patrick Calegari a donné sa démission du PSL (voir notre édition d'hier). Il reste néanmoins membre du Conseil de ville. Peter Moser, conseiller de ville radical et député, estime l'intervention de Jürg Scherrer «dénuée de tact et d'un goût douteux».

En publiant une illustration de têtes de nègres en chocolat, le conseiller municipal «marche une nouvelle fois sur la corde raide» et pourrait bien, un jour ou l'autre, «tomber de haut». Le conseiller de ville UDC Andreas Sutter estime que Jürg Scherrer «adore flirter avec la limite de la légalité». Il estime qu'on est en droit d'attendre d'un membre de l'exécutif «qu'il aborde des sujets sensibles comme celui-là avec davantage de conscience et de précaution». Et d'ajouter que les propos racistes de Jürg Scherrer «nuisent à l'image de la ville».

«Des propos terrifiants»

Du côté des Verts, Andreas Bösch qualifie les propos incriminés de «terrifiants». Il n'est pas autrement surpris, «car son racisme est de notoriété publique», mais il se dit inquiet que les opinions d'un homme comme celui-là «soient si bien tolérées par beaucoup de gens» et qu'il soit «toujours aisément réélu». La conseillère de Ville socialiste Teres Liechti estime que l'illustration parue sur le site du PSL est non seulement «répugnante», elle est également «inutile» et ne fait que montrer à quel point Jürg Scherrer «a mauvais goût».

Pourtant, elle ne croit pas que ces dérapages nuisent réellement à l'image de la ville de Bienne, car elles engagent l'homme privé et le président de parti, et non le conseiller municipal. Mais elle ne comprend pas ce besoin constant de provoquer: «Il ferait mieux de consacrer toute cette énergie à résoudre les vrais problèmes». Quant au président des Musulmans turcs de Bienne, Zinnuri Tokmak, il a pris la photo montrant Jürg Scherrer croquant des minarets pour une provocation, mais il précise que sa communauté n'envisage nullement de construire un minaret à Bienne.

L’association Suisse-Arménie critique les propos du chef du Département fédéral suisse de justice et police à Ankara

Nouvelles d’Armenie en ligne - http://www.armenews.com

Les propos de Christoph Blocher en visite en Turquie mercredi 4 octobre 2006 contre de la norme pénale anti-racisme soulèvent des critiques en Suisse. L’association Suisse-Arménie a qualifié les déclarations du conseiller fédéral d’"irresponsables".

"L’association Suisse-Arménie regrette de telles déclarations irresponsables", a indiqué son co-président Sarkis Shahinian. "Elles sont d’une gravité inouïe et portent atteinte à l’indépendance de la Suisse", a-t-il ajouté. Selon lui, le chef du Département fédéral de justice et police (DFJP) "ridiculise la Suisse en la transformant en tapis rouge pour les pires négationnistes. Et il se ridiculise lui-même en définissant Yusuf Halacoglu d’éminent historien turc."...

En visite en Turquie, Christoph Blocher critique la norme suisse antiracisme

Lire le dossier de swissinfo

Le ministre suisse de la Justice a critiqué la norme antiracisme qui a conduit à une procédure en Suisse contre deux Turcs pour leurs affirmations sur le génocide arménien.

mardi 3 octobre 2006