samedi 3 septembre 2005

Les défenseurs des migrants dans la rue


Dans 24 heures, Grégoire Nappey annonce la manifestation du week-end prochain

Réunissant leurs forces, les organisations de défense des migrants en situation illégale ou menacés de renvoi unissent leur voix avant de descendre ensemble dans la rue dans une semaine. Le 10 septembre, en effet, une manifestation est prévue dès 14 h 30 à la place de la Palud, à Lausanne. Avec un mot d’ordre: «Régularisation!» Le message vaut pour trois catégories d’étrangers: les sans-papiers, les 270 personnes restantes du groupe des «523», et les 175 Ethiopiens et Erythréens privés récemment de permission de travailler. Jean-Michel Dolivo résume: «Le but est d’abord de montrer que toutes les associations sont toujours là et actives. Et puis, nous voulons que globalement, bien qu’ayant des trajectoires différentes, toutes ces personnes qui sont en déchirure avec leur pays aient droit ici à l’hospitalité, surtout qu’elles sont là depuis des années.» Rassemblés hier autour de la table en conférence de presse, les témoignages ont fusé. Au sein des «175», on ne comprend pas pourquoi on n’a pas le droit tout à coup de travailler. «Nous défendrons nos droits jusqu’au bout», clame une représentante. Même discours chez Alfonso, sans-papiers: «Nous voulons travailler officiellement, comme tout le monde.» Sur le front des «523», trois personnes étaient encore détenues hier au centre de Frambois. La Maison des migrations lausannoise s’est déplacée hier de Chailly à Bellevaux. Une partie des occupants menacés de renvoi forcé est allée s’installer au refuge de Montreux.

Soleure: Les WC comme ultime horizon

Voici l'éditorial très poignant de Didier Estoppey dans Le COurrier

J'ai cru que j'allais vomir.» Françoise Kopf, coordinatrice de l'association IGA SOS Racisme à Soleure, peine à se remettre de la scène dont elle dit avoir eu connaissance mardi dernier. Alertée par des requérants d'asile frappés de non-matière (NEM), elle s'est rendue à l'Office de la sécurité sociale, où ces refusés de l'asile étaient allés chercher, comme tous les quinze jours, le modeste pécule censé leur permettre de survivre (21 francs par jour, dont 8 pour la nourriture et 13 pour le logement). «Une vingtaine de requérants ont été contraints par huit policiers de s'entasser, une heure durant, dans un local de W.-C. pour handicapés. Sans aucune raison, puisque les personnes que souhaitait interpeller la police l'avaient déjà été auparavant. Le seul but de cette opération était de montrer à ces gens qu'ils sont des moins que rien. Ils ont d'ailleurs été profondément humiliés. Et si certains n'avaient réussi à calmer le jeu, les choses auraient pu mal tourner.»
Mais peut-être Françoise Kopf a-t-elle fait un mauvais rêve. Pour la police soleuroise, il ne s'est en effet rien passé. «Ce que raconte MmeKopf n'est pas vrai, affirme ainsi laconiquement Hans von Rohr, numéro deux de la police cantonale. D'ailleurs, cette dame n'était pas là.» Les propos sont moins catégoriques à l'Office de la sécurité sociale. Son responsable confirme que des policiers sont venus interpeller cinq requérants. Mais n'a rien vu de ce qui se serait passé du côté des toilettes.
Les dénégations officielles font sourire Mme Kopf: «J'ai une vingtaine de témoignages signés. J'ai moi-même parlé à plusieurs policiers, dont le chef de l'opération. Qui m'a affirmé que les requérants n'avaient pas été enfermés, puisque la porte des W.-C. était restée ouverte... J'ai aussi vu la police emmener dans son fourgon, avant de le relâcher, un requérant qui avait eu l'audace de protester contre ces traitements inhumains. Dans ce canton dont un responsable de la police des étrangers m'a dit un jour que les requérants n'étaient pas des êtres humains mais des parasites, il ne faut malheureusement plus s'étonner de rien.»
Les contrevérités des uns ou des autres pourraient faire encore parler un peu d'elles. Alerté, Amnesty International a en effet décidé d'enquêter sur le cas et de demander une entrevue avec la police soleuroise. La Commission fédérale contre le racisme s'est elle aussi émue de l'affaire.
Quel que soit le sort que connaîtront finalement ces allégations, ce n'est pas la première fois que Soleure défraie la chronique à cause du traitement que réserve ce canton à ses requérants frappés de non-entrée en matière. Il avait refusé purement et simplement de leur verser le moindre centime, jusqu'à ce qu'un jugement du Tribunal fédéral, en mars dernier, ne l'y contraigne. Les modiques sommes qui leur sont versées n'en font pas moins l'objet d'un «racket» sous forme d'amendes pour séjour illégal qui pleuvent sur les requérants, ceux-ci se voyant ensuite confisquer leur pécule ou leur téléphone portable, dénonce IGA SOS Racisme. «Nous avons aussi déposé une cinquantaine de demandes individuelles pour que le canton, qui n'a rien prévu pour loger ces requérants, assume ses devoirs, souligne MmeKopf. On nous a promis une réponse, qui tarde. Peut-être bien qu'elle vient de tomber, sous forme de représailles, avec cette affaire des toilettes...»
La militante dénonce aussi une multiplication des séjours en prison pour les NEM, dont certains souhaiteraient d'ailleurs rentrer chez eux, sans pouvoir obtenir les papiers nécessaires. L'Office de la sécurité sociale confirme d'ailleurs la présence occasionnelle de policiers dans ses locaux, à l'heure où les requérants viennent chercher leur aide minimale d'urgence. Tout ce qui peut être entrepris pour décourager les «parasites» de s'accrocher en Suisse semble donc bel et bien avoir été tenté. A moins d'aller jusqu'à tirer la chasse.

L'Etat renforce son contrôle sur la FAREAS



Voici l'article de Grégoire Nappey dans 24heures:

Le Conseil d'Etat vient d'adopter, après consultation, le projet de loi sur l'aide aux requérants d'asile et à certaines catégories d'étrangers (LARA). Le Grand Conseil examinera le texte cet automne.

Si le document doit être rapidement avalisé et entrer en vigueur le 1er janvier, ce n'est pas forcément en lien avec la crise des «523» qui déchire actuellement le canton de Vaud. S'il y a urgence, c'est plutôt parce qu'en juin, l'Etat s'est fait taper sur les doigts par le Tribunal administratif à propos de son règlement sur l'aide d'urgence accordée aux NEM, ces requérants d'asile frappés par Berne d'une non-entrée en matière. Le projet de loi sur l'aide aux requérants d'asile et à certaines catégories d'étrangers (LARA) est censé non seulement réorganiser le soutien à ces personnes, mais aussi renforcer le contrôle de l'Etat sur la Fondation vaudoise pour l'accueil des requérants d'asile (Fareas).

En réalité, un avant-projet de la LARA avait été mis en consultation ce printemps, avant la décision de justice. Les réponses des milieux intéressés n'ont engendré que des modifications secondaires. A noter tout de même l'intégration du financement de la Fareas dans la facture sociale; les communes devront donc en payer une partie, sans pour autant que la note augmente pour elles.

Ceci dit, en réponse directe au Tribunal administratif et outre sa mission habituelle, la Fareas se voit confier l'aide d'urgence aux personnes en situation irrégulière, NEM en particulier. La lacune juridique est ainsi comblée. Sous le régime actuel, après leur exclusion de l'aide sociale, les NEM sont moins aidés, se retrouvant au même régime que les requérants d'asile: un toit et 12 francs par jour pour se nourrir, s'habiller et avoir un peu d'argent de poche. Avec la future loi, ne resterait aux NEM que l'aide d'urgence, soit un lit et trois repas par jour.

Sous l'autorité du DIRE

Pour la Fareas en elle-même, le projet de loi prévoit que son directeur, nommé par le Conseil d'Etat, serait placé directement sous l'autorité du chef du DIRE (Département des institutions et relations extérieures, aujourd'hui Jean-Claude Mermoud). Au Conseil d'Etat l'approbation des grandes lignes de la fondation, comme le budget, au Grand Conseil le vote annuel de la subvention inscrite dans le budget du DIRE. Ces dispositions s'inscrivent dans le cadre de l'assainissement de l'institution, après ses déboires de 2004. Des décrets accompagnant la loi, à l'image d'un règlement des créances du canton envers la Fareas qui, en échange, rétrocéderait une part du produit de la vente d'immeubles non utilisés.

Reconvilier: on discute, on ne ferme plus

Les autorités de Reconvilier abandonnent leur demande de fermeture du centre et les discussions s'engagent avec les responsables du centre.
Mais comme cela était à craindre ces démarches "populistes" de l'exécutifs ne sont pas sans effets pervers dans la population.
Lire l'article du journal du Jura

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