vendredi 28 novembre 2008

La séropositivité d'un étranger ne constitue pas un obstacle à son renvoi de Suisse.

Une dépêche de l'ATS

Le Tribunal administratif fédéral (TAF) reste intransigeant, même à l'égard des malades qui risquent de ne plus avoir un accès garanti aux trithérapies.

Dans une décision diffusée cette semaine, le TAF a débouté un jeune Péruvien en traitement depuis 2004, une année après son arrivée en Suisse. Exhorté à quitter prochainement la Suisse, le jeune homme redoute de ne pouvoir bénéficier dans son pays d'origine des soins que réclame son infection au VIH.

«Déficiences importantes»

Le Tribunal administratif fédéral reconnaît que l'accès régulier aux médicaments n'est pas garanti au Pérou comme en Suisse. Il constate également que «des déficiences importantes persistent dans ce pays en matière d'accès aux antirétroviraux».

Ces conditions sanitaires précaires ne suffisent cependant pas pour que le jeune homme puisse invoquer une «situation d'extrême gravité», qui lui permettrait de rester en Suisse. Sur ce point, le TAF se rallie à l'Office fédéral des migrations (ODM), qui avait rejeté la demande de réexamen du jeune séropositif.

Problèmes de corruption

Porte-parole du Groupe Sida Genève, Deborah Glejser déplore ce verdict, qui s'inscrit dans une jurisprudence plusieurs fois confirmée. Pour elle, «l'ODM se fonde trop souvent sur les données médicales fournies par les gouvernements et ne va pas assez loin dans ses investigations».

«L'Office ne tient pas suffisamment compte des rapports fournis par les ONG, telles Transparency International, avant de décider du renvoi d'un étranger séropositif. Dans de nombreux pays, les rapports officiels ne sont que des façades qui masquent le manque d'infrastructures ou des problèmes de corruption», dénonce la porte- parole.

Discriminations redoutées

Celle-ci critique le renvoi des séropositifs dans les pays où les malades vont devoir affronter des problèmes d'accès aux soins doublés de discriminations, comme au Cameroum. Mais notre action ne rencontre peu de soutien dans l'opinion publique, qui n'a guère de compréhension pour les étrangers séropositifs, relève la porte-parole.

Elle ajoute cependant que toutes les démarches du Groupe Sida pour empêcher le renvoi d'étrangers séropositifs ne se sont cependant pas heurtées à une décision négative de l'ODM. Quelques dossiers ont abouti à l'obtention d'un permis B humanitaire. «Mais le VIH ne suffit pas pour obtenir le droit de rester en Suisse», constate Deborah Glejser. (arrêt C-4047/2007 du 17 novembre 2008) 

Plus de 20 000 spectateurs ont déjà vus «La Forteresse»


DOCUMENTAIRE | «La Forteresse» du réalisateur lausannois Fernand Melgar a passé le cap des 20 000 spectateurs en Suisse romande. C'est désormais le deuxième documentaire suisse le plus vu par les Romands, derrière «Mais im Bundeshuus - Le Génie helvétique», regardé par plus de 38 000 spectateurs.



© CHRISTAN BONZON-a | Fernand Melgar, le réalisateur lausannois de "La Forteresse".

ats | 27.11.2008 | 17:59

«La Forteresse» sortira le 5 mars sur les écrans alémaniques, a précisé jeudi son distributeur. Pour la première fois, une caméra a été admise dans un centre pour requérants d'asile, en l'occurrence celui de Vallorbe. Le réalisateur y suit le quotidien de quelques-uns des 200 hommes, femmes et enfants qui attendent que la Confédération se prononce sur leur demande d'asile.

Le long métrage du Lausannois a déjà reçu plusieurs prix. «La Forteresse» a glané le Léopard d'or dans la catégorie Cinéastes du présent à Locarno cet été. L'ouvrage a ensuite obtenu le Grand Prix du festival de Téhéran (Iran), le prix du public au Festival des peuples à Florence (Italie) et récemment le Grand Prix des 11es Rencontres du documentaire de Montréal.

Le CSP en désaccord avec le canton

En vertu de la nouvelle loi fédérale sur les étrangers, l’Etat reprend à son compte le travail effectué jusque-là par le Centre social protestant. L’association se dit déçue. Un article de Viviane Menétrey dans 24 Heures.
Pas le choix. A lire la déci­sion du Conseil d’Etat pu­bliée hier, impossible de confier plus longtemps au Centre social protestant (CSP) la promo­tion de l’intégration dans le can­ton. Le mandat qu’il détient de­puis 2001 et qui semble avoir donné entière satisfaction, son «travail de pionnier» étant salué, s’achève d’un coup d’un seul, en vertu de la nouvelle loi sur l’inté­gration des étrangers.
  Le CSP regrette la perte de «cette activité passionnante», mais déplore surtout «que plu­sieurs associations non gouverne­mentales, compétentes et appré­ciées par les partenaires» se re­trouvent dans la même situation, suite à la reprise par l’Etat de la promotion de l’intégration.
  Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre les milieux associatifs et le canton?
  Si tel est le cas, Philippe Leuba en est le premier surpris. «La loi fédérale nous oblige à n’avoir qu’un seul répondant cantonal. On peut critiquer ce cadre, mais il nous est imposé, réagit le chef du Département de l’intérieur. Au lieu de rompre purement et sim­plement avec le CSP, nous avons décidé d’associer ses membres à la discussion afin de trouver la meilleure façon d’effectuer cette transition en douceur, c’est-à-dire progressivement jusqu’en 2010.» Et de préciser que les quatre colla­borateurs actuels répartis entre Bex, Yverdon, Renens et Nyon, seront réengagés par l’Etat «afin de ne pas perdre «leur précieuse expérience», tout comme le gou­vernement poursuivra sa collabo­ration avec le centre social.

Pour P.Leuba, il était simplement impossible de faire autrement Hélène Küng, directrice du CSP, peine à digérer la décision du canton de reprendre à son compte lapromotion de l'intégration 
«Les étrangers risquent de se méfier»

  Une transition sur deux ans, du personnel réengagé, une démar­che participative: au fond, qu’est-ce qui chiffonne le CSP? Si sa directrice, Hélène Küng, «com­prend » la volonté du canton de centraliser la promotion de l’inté­gration, elle peine à croire que c’était l’unique solution. «C’est vrai, beaucoup de cantons ont choisi cette interprétation, mais d’après les échos de plusieurs asso­ciations, ce choix n’était pas obliga­toire.
Nous n’avons d’ailleurs ja­mais fait mystère que nous regret­tions le retrait de ce mandat.» L’analyse est partagée par le dé­puté popiste Bernard Borel, ancien président du centre. Selon lui, ra­patrier l’intégration dans le giron de l’Etat est avant tout une déci­sion politique qui pourrait générer une certaine confusion, voire une désertion chez les principaux inté­ressés. «Envoyer des personnes au bénéfice d’une admission provi­soire solliciter de l’aide pour leur intégration alors que cette même institution peut leur retirer leur permis du jour au lendemain ris­que de les rendre méfiants.»