lundi 30 novembre 2009

Des minarets aux miradors: «L'initiative ne vise pas le minaret, mais la population musulmane»

Des minarets aux miradors: «L'initiative ne vise pas le minaret, mais la population musulmane»

Par Elsa Dorlin

Entretien avec Noémi Michel, doctorante en science politique, Université de Genève, Laboratoire de recherche sociale et politique appliquée (RESOP), groupe de recherche «Penser la différence postcoloniale et raciale» (POSTIT).

RTXQIYC_CompElsa Dorlin. Comment comprendre qu'une telle question ait pu donner lieu à une consultation populaire?

Noémi Michel. Il faut tout d’abord se référer au régime de démocratie directe spécifique au système politique suisse. Les citoyen.ne.s suisses ont non seulement le droit de contester des lois votées par le parlement par le biais du référendum, mais aussi de proposer des textes de loi et des modifications constitutionnelles par le canal de l’initiative populaire. Toute initiative qui récolte 100.000 signatures favorables et qui n’est pas invalidée en raison de son caractère anticonstitutionnel ou parce qu’elle violerait les conventions européennes contraignantes est soumise au vote du peuple. La question des minarets a ainsi constitué l’objet d’une initiative populaire. Hier, la majorité du peuple suisse et des cantons s’est prononcée en faveur d’un texte qui vise à inscrire l’interdiction de construire des minarets en Suisse dans la Constitution.

Un deuxième élément de réponse est lié à l’usage de la démocratie directe propre à l’Union démocratique du Centre (UDC), un parti politique suisse que je qualifie de populiste et d’extrême droite, à l’origine de cette consultation. Ce parti lance régulièrement des initiatives populaires ou des référendums prônant l’idée d’une Suisse fermée et ethniquement homogène. Mais cette initiative s’explique surtout par la place de plus en plus importante qu’occupe la «question musulmane» dans le débat public suisse. A l’instar de la France et de nombreux autres pays européens, le Musulman est systématiquement représenté comme l’«Autre» qui pose problème en raison d’un mode de vie et de valeurs définis comme archaïques et peu conciliables avec la démocratie. Sachant qu’il n’y a actuellement que quatre minarets sur le territoire suisse, cette initiative doit être lue comme une métonymie. Elle ne vise pas l’élément architectural à proprement parler, mais bien la population musulmane de Suisse. Selon son argumentaire, le minaret symbolise la «volonté d’imposer un pouvoir politico-religieux» et menace les droits fondamentaux suisses. Le minaret a donc servi de prétexte pour mener une campagne autour de la menace d’une trop grande «islamisation» de la Suisse en s’attaquant à des problématiques plus larges liées aux Musulmans, alors que leur nombre est estimé à environ 400.000 personnes, soit autour de 5% de la population suisse.

Cette consultation a-t-elle eu lieu dans tous les cantons suisses?

Oui, car il s’agit d’une initiative populaire lancée au niveau fédéral qui requiert l’adhésion de la majorité du peuple et de la majorité des 26 cantons. Les cantons suisses bénéficient d’une grande autonomie et connaissent des régimes variés de séparation entre la religion et l’Etat. Jusqu’à présent, contrairement à la France qui connait un débat très centralisé, des problématiques telles que la question du port du voile par les fonctionnaires ou encore l’autorisation ou non de carrés musulmans au sein de cimetières publics, étaient débattues de manière diverse selon le canton ou la région linguistique. Au niveau national, la question des Musulmans tendait à être incluse dans la problématique plus large de l’immigration et de la gestion politique des étrangers en Suisse.Cela s’explique notamment par le fait qu’en Suisse, la nationalité s’acquiert par le droit du sang et que la procédure de naturalisation est l’une des plus fermées d’Europe occidentale (il faut avoir résidé 12 ans pour déposer une demande de naturalisation).

La campagne autour de cette initiative a ainsi marqué un tournant sémantique quant au débat public national autour de l’altérité, car elle a ciblé de manière explicite un groupe d’individus en raison de son appartenance culturelle et religieuse. Ce tournant explique peut-être le succès de cette initiative qui a remporté l’approbation d’une grande majorité des cantons. Seuls 4 cantons (Genève, Vaud, Neuchâtel, Bâle-ville) sur 26 l’ont rejetée. Il faut toutefois remarquer que les taux d’approbation ont beaucoup varié selon les cantons allant d’un taux dépassant légèrement les 51% à Zürich à un taux de plus de 70% dans le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures.

Qui est le parti à l'origine de cette consultation sur les minarets? Quel est son "poids" politique en Suisse?

Cette initiative a été lancée conjointement par des membres de l’Union démocratique fédérale (UDF) et de l’Union démocratique du centre (UDC). L’UDF est un petit parti qui veut promouvoir les valeurs chrétiennes. Il n’a qu’un représentant au parlement national et quelques élus aux niveaux locaux. Le comité d’initiative était cependant principalement composé de membres de l’UDC. Depuis plus d’une décennie ce parti a gagné beaucoup de poids politique institutionnel. Avec plus d’un quart d’élus au sein de l’Assemblée fédérale (les deux chambres parlementaires), il s’agit du premier parti suisse au niveau du pouvoir législatif. Ce parti est aussi représenté au sein de l’exécutif (composé de 7 membres).

Mais il faut surtout relever que la campagne contre les minarets a permis à ces deux partis de gagner du poids au niveau du débat public. Le discours argumentatif de l’UDF contre les minarets a principalement ciblé l’élément religieux et avancé la thèse du clash des civilisations. En insistant sur la «menace d’islamisation» ainsi que sur la «persécution» des Chrétiens dans les pays musulmans, la thèse principale de ce petit parti, à savoir la vision d’une Suisse chrétienne, a gagné en visibilité. La campagne de l’UDC, quant à elle, s’est surtout caractérisée par un discours populiste jouant sur le ressort de la peur de l’«Autre» et prônant la fermeture de la Suisse. Ces dernières années, l’UDC s’est positionnée contre les naturalisations facilitées des étrangers de deuxième et troisième générations; contre les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne; pour un durcissement de la loi sur l’asile et sur le droit des étrangers; pour une expulsion automatique des étrangers criminels; ou encore pour l’instauration de la naturalisation par le vote du peuple dans certaines communes. A chaque fois, ce parti fait campagne par le biais d’affiches et de discours qui stigmatisent divers groupes et individus. A cet égard, il mobilise souvent des représentations très agressives de l’Islam ou des Musulmans.

Aussi, en recourant à un discours et à des images simplistes, qui réaffirment la vision d’une Suisse chrétienne et ethniquement homogène menacée par tout élément «différent», l’UDF et l’UDC ont pu fixer et polariser une grande partie de la forme et du fond du débat public autour de l’immigration, de l’intégration, mais aussi de la conception de l’identité nationale suisse.

On se rappelle la campagne sur les "moutons noirs", pouvez-vous revenir sur cette polémique?

Cette campagne d’affichage menée par l’UDC a démarré en 2007 en vue des élections parlementaires, mais aussi pour soutenir une initiative populaire visant à expulser les «étrangers criminels». Sur l’affiche, des moutons blancs broutent dans un pré aux couleurs du drapeau suisse et éjectent un mouton noir de leur champ. Il est difficile de ne pas y voir un amalgame entre l’étranger et le criminel, mais aussi entre le criminel et le phénotype «de couleur». Peu après son lancement, de nombreuses voix se sont élevées contre cette affiche en dénonçant son caractère explicitement raciste. Plusieurs associations ont déposé une plainte pénale, mais le Tribunal fédéral pénal n’a pas fait suite.

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En 2004 déjà, l’UDC faisait campagne contre la naturalisation facilitée pour les deuxième et troisième générations d’immigrants par le biais d’une affiche qui montrait des mains «colorées» voulant attraper des passeports suisses. D’autres affiches ont marqué l’actualité depuis l’affaire des «moutons noirs». Dans le cadre de sa campagne contre les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne, l’UDC a publié une affiche représentant des grands corbeaux (symboles des Roumains et des Bulgares) qui veulent grignoter la Suisse. Une section cantonale de l’UDC a produit des affiches électorales sur lesquelles on peut voir des Musulmans penchés pour prier au dessous du slogan «Utilisez vos têtes, votez UDC». Aujourd’hui, la fameuse affiche anti-minarets représente une femme en burqa tout en noir et des minarets-missiles trouant le territoire helvétique. Le message de ces différentes affiches est très simple: une altérité (raciale, religieuse, ethnique, fondamentaliste) menace le territoire et la nation suisses; il faut donc légiférer pour la retenir à l’extérieur ou l’évacuer de l’intérieur.

Comment interprétez-vous la fabrique d'une telle iconographie raciste, populiste et simpliste? Est-elle propre au système démocratique suisse?

Ce type d’affiche ponctue depuis longtemps les campagnes politiques en Suisse. La spécificité du processus de décision politique –qui associe la démocratie directe et la recherche du consensus– pousse certains acteurs politiques à polariser le débat. Elle constitue sans doute un des facteurs explicatifs de cette fabrique iconographique. Cependant, l’augmentation de cette iconographie doit aussi être liée à la faiblesse du dispositif légal de lutte contre le racisme. Depuis plus d’une décennie, la Suisse s’est dotée d’un article pénal contre la discrimination raciale, mais les procédures de plainte sont longues et onéreuses, et n’aboutissent que rarement.

De plus, la question raciale ne fait que très peu l’objet d’une réflexion collective. Il est intéressant de noter que les partis et associations qui ont mené campagne contre l’initiative anti-minaret n’ont que rarement condamné cette initiative pour son caractère «raciste». Ils ont plutôt mobilisé les termes de «xénophobie», d’«islamophobie» ou d’initiative «haineuse». C’est d’ailleurs cette même logique qui a poussé certaines villes et cantons à interdire l’affiche anti-minaret de l’UDC. En Suisse, le cadre de compréhension du rapport à l’«Autre» est dominé par la dichotomie Suisse/étranger, ce qui laisse peu de place aux revendications et réflexions qui s’appuieraient sur l’existence de discriminations raciales.

Néanmoins, l’absence de la «race» au sein du langage public ne veut aucunement dire qu’elle ne constitue pas un marqueur social et politique. Même si la Suisse n’a pas possédé de colonies et n’a pas participé en tant qu’Etat à l’entreprise esclavagiste, un certain nombre de citoyen.ne.s et d’entreprises helvétiques ont pris une part active au colonialisme. La circulation de la pensée raciste et coloniale qui a accompagné la consolidation des Etats-nations européens n’a pas été arrêtée par les frontières suisses. A titre illustratif, l’on peut évoquer la présence d’un «village nègre» lors de l’exposition nationale de 1896 ou encore la renommée scientifique de la pensée eugéniste suisse au début du 20e siècle –celle-ci consacrait notamment la supériorité et la pureté raciale de l’«Homo Helveticus Alpinus».

L’iconographie contemporaine des affiches de l’UDC mobilise ainsi des référents raciaux ou ethniques ancrés dans l’imaginaire et dans l’histoire helvétiques. Cependant, elle tend à échapper au qualificatif de «raciste» dans le débat public dominant, même parmi ceux qui la combattent. Ceci est dû au fait que le racisme se conçoit avant tout comme un acte ponctuel causé par des groupes ou des personnes motivées par l’intention de discriminer racialement. La mise en circulation d’images et de discours qui reproduisent –plus implicitement– des catégories raciales historiques n’entre pas dans ce schéma de compréhension du racisme. Ceci donne lieu à un paradoxe. Tandis qu’on peut interdire les symboles des «Autres», à l’instar de l’élément architectural que constitue le minaret, parce qu’ils sont dotés du pouvoir d’agir contre la cohésion nationale suisse, les images de l’UDC, au nom de la liberté d’expression, peuvent circuler et proliférer sans problème.

401E1976-EF4B-463C-8C94-D9D49C2C6249Sur l'affiche, les minarets semblent "pousser" sur le drapeau suisse, au milieu de la représentation d'une femme portant un voile, qualifié en France, d'intégral: la "burqa" est-elle, comme en France, au cœur du débat suisse?

Il faut tout d’abord remarquer qu’en Suisse, la population musulmane constitue une immigration assez récente provenant principalement des Balkans ainsi que de la Turquie. La question du voile est peu prégnante parmi cette population, et la question de la burqa quasi-inexistante. Il semble qu’en lançant son affiche à la fin de l’été passé, l’UDC –habituellement peu encline à défendre le droit des femmes– a importé une question qui marquait les débats d’autres pays européens. Cela lui a permis d’alimenter son stock de signes et de symboles menaçants. En effet, sur cette affiche, la burqa constitue un symbole simple et fort. Elle résume à elle seule la menace que l’Islam fait prétendument peser sur l’égalité des sexes, cette égalité étant présentée, dans l’argumentaire anti-minaret, comme l’un des fondements de la démocratie suisse. La burqa condense ainsi l’ensemble des problématiques de rapport de sexe et de genre rattachées à l’Islam. Elle devient le signifiant du «mariage forcé», de l’«excision», du «traditionalisme» en matière de mœurs sexuelles, de la soumission des femmes musulmanes ou encore de la violence des hommes musulmans.

Je pense que ce discours qui essentialise les normes de genre et de sexe des Musulmans remplit deux fonctions interconnectées, que l’on peut retrouver dans d’autres cas nationaux. D’une part, il érige en contrepoint la communauté des Suisses (chrétienne et majoritairement blanche) comme la communauté de référence, naturellement dotée de valeurs démocratiques modernes. D’autre part, de par sa focalisation sur les normes de l’«Autre», il tend à empêcher la mise en débat des normes régissant la société suisse dans son ensemble. Or, il suffit de se référer au fait que le droit de vote n’a été accordé qu’en 1971 aux femmes suisses ou encore que l’assurance maternité obligatoire n’est en vigueur que depuis 2005, pour émettre des doutes quant à l’exemplarité suisse en matière d’égalité hommes-femmes.

57,5 % de la population (avec un taux de participation de 53,4%) et 22 cantons sur 26 se sont déclarés en faveur de l’interdiction des minarets. Or, cette décision sera certainement cassée au niveau du Conseil de l'Europe: dans ces conditions, quelle est, selon vous, la fonction politique, de telles consultations?

D’autres initiatives populaires violant les conventions internationales et européennes ont déjà passé la rampe des votations et ont été mises en vigueur dans la loi suisse. L’UDC milite d’ailleurs pour une plus grande autonomie de la législation. Elle a proposé dernièrement, au nom de la liberté d’expression et de la démocratie directe, de supprimer la norme pénale contre les discriminations raciales qui s’inspire d’une convention européenne.

Il est très rare qu’une initiative populaire remporte l’adhésion du peuple et des cantons. En plus de 100 ans de démocratie directe, cette initiative est la 17e à être acceptée. Dans le système de démocratie consensuelle suisse, les initiatives remplissent avant tout une fonction électorale et permettent aux partis qui les lancent d’inscrire certaines thématiques sur l’agenda politique.

L’acceptation de cette initiative renforce encore plus cette fonction. L’UDF sort victorieuse d’une campagne qui lui a permis de gagner énormément de visibilité et l’UDC confirme son insistance en matière de polarisation du débat sur l’altérité en Suisse. Ce taux d’approbation très élevé va pousser d’autres partis à se rapprocher des positions de l’UDC. Cela ne m’étonnerait pas de voir apparaître bientôt d’autres initiatives populaires, mais aussi des propositions législatives au niveau des parlements locaux et cantonaux, qui ciblent et stigmatisent la population musulmane. Un élu démocrate-chrétien a par exemple déclaré hier même qu’il comptait relancer son projet d’interdiction du port de la burqa. Ces résultats ont de même créé une fenêtre d’opportunité pour réaffirmer et encourager la définition publique d’une nation suisse conçue comme une communauté chrétienne. Par exemple, un petit parti évangélique vient de lancer une initiative qui vise à inscrire la culture judéo-chrétienne comme la culture «de référence» de la Suisse.

Selon moi, ces résultats doivent être lus comme une proposition de définition de l’identité nationale en tant qu’une communauté de Suisses «de souche», étanche à toute forme de différence. L’adhésion à cette définition dépasse le cadre des électeurs d’extrême droite. Le débat qui a directement suivi les résultats des votations est assez révélateur à ce sujet. Hier, les médias se préoccupaient plus des conséquences juridiques et diplomatiques de l’approbation de cette initiative que des retombées que celle-ci pouvaient avoir sur les Musulmans et sur leur place dans la société suisse. Ce matin, la Radio Suisse Romande n’a invité aucun Musulman dans son émission matinale pour s’exprimer à ce sujet. La première victime légitime de cette votation serait donc «l’image» de la Suisse et non le groupe d’individus ciblés et stigmatisés par elle. Cela montre qu’actuellement, les questions soulevées par une conception fixe et fermée de l’identité nationale (par exemple la «question musulmane» ou la «question raciale») n’ont pas à être débattues collectivement avec les groupes et individus porteurs de différence dans ce pays.

Minarets: l'ONU se penche sur l'interdiction

Minarets: l'ONU se penche sur l'interdiction

30.11.2009 10:24
Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme étudie la conformité de l'interdiction. [Keystone]
Alors que l'ONU étudie la conformité de l'interdiction des minarets décidée par le peuple suisse avec le droit international, la votation soulève un tollé international. Les voisins européens se disent «scandalisés», tandis que les pays musulmans accueillent le scrutin comme une «insulte».

Un porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a précisé que l'ONU prendra position sur le résultat du scrutin. «Des experts sont en train d'examiner la question sur le plan légal», a-t-il affirmé. Il n'a pas indiqué quand la prise de position de l'ONU sera rendue publique.

Lors de la campagne, des experts de l'ONU avaient mis en garde les autorités fédérales à plusieurs reprises en raison du caractère discriminatoire de l'initiative.

Dans ses recommandations finales, publiées le 30 octobre, le comité des droits de l'homme de l'ONU s'était déclaré préoccupé par l'initiative anti-minarets et «la campagne d'affiches discriminatoire» qui l'accompagnait.

Malaise européen

Les pays de l'Union européenne ont également déploré lundi le vote suisse et exprimé leur préoccupation face aux conséquences d'une décision pouvant être perçue dans le monde musulman comme une stigmatisation de l'islam. Présente à Bruxelles lundi, la ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf, n'a pas caché son embarras.

«C'est l'expression d'un préjugé et peut-être même d'une peur mais il est clair qu'il s'agit à tous égards d'un signe négatif», a déclaré le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays assure la présidence de l'UE.

A Bruxelles, son collègue ministre de l'Intérieur, Tobias Billström, a jugé «surprenant» de soumettre un tel sujet à référendum, tandis que la ministre suédoise chargée de l'Intégration Nyamko Sabumi a estimé que si «les Suisses ont un excellent système de consultation populaire», parfois «il peut être utilisé d'une mauvaise manière, comme dans ce cas précis».

Kouchner «scandalisé»

Le vote des Suisses choque Bernard Kouchner.Le vote des Suisses choque Bernard Kouchner. [Reuters]La victoire des anti-minarets dans un référendum en Suisse dimanche relève d'une peur de l'islamisation du pays qui existe aussi en Allemagne et qui doit être «prise au sérieux», estime lundi un responsable du parti de la chancelière Angela Merkel, la CDU.

Critiquer la décision suisse serait contre-productif, avertit Wolfgang Bosbach, responsable de la commission des affaires intérieures du Parlement, dans le quotidien Berliner Zeitung. Ce résultat traduit la peur d'une islamisation de la société, et «cette crainte doit être prise au sérieux», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s'est lui déclaré «un peu scandalisé» par une vote qui est selon lui «une expression d'intolérance». «Il ne faudrait pas donner le sentiment de stigmatiser une religion, en l'occurrence l'islam», lui a fait écho à Bruxelles le ministre français de l'Immigration Eric Besson.

Le Vatican a évoqué une «entrave (à) la liberté de religion», tout en reconnaissant l'existence d'un «sentiment d'aversion et de peur». Amnesty International a dénoncé «une violation de la liberté religieuse, incompatible avec les conventions signées par la Suisse».


Un vote récupéré par les partis d'extrême droite

Le député néerlandais d'extrême droite Geert Wilders a appelé les Pays-Bas à organiser une consultation populaire similaire au référendum sur l'interdiction de minarets tenu dimanche en Suisse, selon le site internet de son parti lundi.

«Ce qui est possible en Suisse doit également pouvoir se faire ici», a déclaré le député dans un texte publié par le site du Parti pour la liberté (PVV), qui occupe neuf sièges sur 150 à la chambre basse du parlement.

«Nous allons appeler le gouvernement à faire en sorte qu'un tel référendum soit possible aux Pays-Bas», a-t-il précisé à l'agence de presse néerlandaise ANP, saluant «un résultat fabuleux» après l'adoption de l'interdiction des minarets par 57,5% des votants suisses lors du référendum de dimanche.

Il a affirmé que son parti, qui dénonce une «islamisation» de l'Europe et qualifie le Coran de «fasciste », pouvait aussi en prendre l'initiative par le biais d'une proposition de loi.

En France, la vice-présidente du Front National, Marine Le Pen, a appelé les «élites» françaises, comme suisses, à «cesser de nier les aspirations et les craintes des peuples européens qui, sans s'opposer à la liberté religieuse, rejettent les signes ostentatoires que veulent imposer des groupes politico-religieux musulmans».

Minarets: la presse européenne juge sévèrement le vote suisse


Minarets: la presse européenne juge sévèrement le vote suisse

Un vote de «colère» et de «frustration», une «catastrophe» pour la Suisse: la presse européenne juge très sévèrement l'acceptation par une majorité de Suisses de l'initiative anti-minarets. Plusieurs titres estiment que le pays va s'attirer...Dernière mise à jour: 30.11.2009 | 13:08


LIENS EN RELATION AVEC L'ARTICLE :

La voie de Strasbourg


PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS NUSSBAUM

Le peuple suisse ne veut pas de minarets dans ses villes.

Andreas Auer, professeur à l'Université de Zurich, le répète depuis des mois: l'initiative antiminarets ne pourra pas être appliquée. Avec une majorité de 57,5% et 22 cantons, le vote est clair. Qu'est-ce qui pourrait faire obstacle à l'application de l'initiative? Andreas Auer: Le fait qu'elle est manifestement contraire aux articles 9 (liberté de religion) et 14 (interdiction de discrimination) de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH). Il suffit donc de s'adresser à la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg, pour que celle-ci entre en matière, constate cette incompatibilité et impose à la Suisse de ne pas appliquer l'initiative. Sinon? Sinon la Suisse devrait dénoncer la CEDH et s'exclure du Conseil de l'Europe, ce qui est totalement impensable. Le problème vient du fait que la protection des droits de l'homme, telle que garantie au niveau international, s'impose aujourd'hui aux Etats, ce qui n'était pas le cas il y a encore une vingtaine d'années. Nous sommes liés. La communauté islamique de Langenthal (BE) annonce qu'elle maintient sa demande de minaret et qu'en cas de refus basé sur le vote de dimanche, elle s'adressera à Strasbourg. C'est le scénario le plus probable? Il n'y a même pas besoin d'attendre une décision à Langenthal. Selon sa jurisprudence, la Cour de Strasbourg n'exige pas un cas concret: il suffit qu'un individu ou une communauté se sente victime d'une décision d'un Etat pour formuler une requête. Aujourd'hui, toutes les communautés musulmanes de Suisse peuvent se déclarer victimes de ce vote et s'adresser à la Cour dans les six mois. Sans passer par le Tribunal fédéral? Le Tribunal fédéral n'a aucune compétence juridictionnelle dans ce cas: on a toujours refusé de lui accorder un statut de Cour constitutionnelle. Il y a donc, en Suisse, un problème entre la protection internationale des droits de l'homme et les droits populaires... Bien sûr. Mais ce n'est pas la faute du droit international ou des tribunaux. Il faut le dire très clairement: la seule responsabilité en incombe à ceux qui lancent des initiatives en sachant à l'avance qu'elles ne pourront probablement pas être appliquées. Celle sur les minarets constitue d'autant plus un abus du droit d'initiative que, selon ses propres auteurs, elle ne visait pas du tout les minarets, mais bien la communauté musulmane.

«Comme un couteau dans le dos»

«Comme un couteau dans le dos»

Paru le Lundi 30 Novembre 2009
RACHAD ARMANIOS

Suisse«Je suis très affecté. La Suisse nous a accueillis durant la guerre de Bosnie, nous y sommes arrivés comme dans un paradis. Aujourd'hui, c'est comme si on perdait la confiance d'un ami cher qui nous plante un couteau dans le dos.» Ibrahim Husanovic, imam attaché à la communauté bosniaque de Genève, est attablé autour de baklavas dans le bureau de l'Association culturelle des Bosniaques, à Châtelaine. Jusque-là, il voulait encore croire à un retournement du scrutin. Mais un compatriote lui annonce que le refus des minarets vient de se transformer en raz-de-marée. L'imam l'encaisse avec d'autant plus de tristesse qu'il distribuait une heure avant des cadeaux aux enfants pour célébrer la fête du sacrifice, un peu le Noël musulman, qui a démarré vendredi. Ce grand blond aux yeux bleus, avant d'offrir bonbons et chocolats, avait officié dans l'arrière-salle du centre culturel dans la banlieue genevoise, rappelant à quelque 50 fidèles – adultes, enfants, hommes et femmes – «leur premier devoir qui est de faire le bien, servir les autres et la société».


«Une religion de paix»

La réunion achevée, les familles s'en vont. Certains rejoignent leurs amis moins pratiquants ou pas du tout, qui suivent le scrutin à la télévision. «L'initiative passerait», annonce la présentatrice, qui détaille les premiers résultats. Dans la cafétéria, où l'on sert kebabs ou cafés turcs, Haris Prolic, un cinéaste, dit accepter la volonté du peuple à qui il ne fait pas de reproches: «Mais j'en veux aux politiciens démagogues qui racontent n'importe quoi. Surtout celui à la queue de cheval... Freysinger.»
«Je me sens blessé!», réagit Esad Salih, président de l'association. A ses côtés, ses trois filles pétillent en savourant leurs friandises. «Elles savent mieux le français que le bosniaque. Nous sommes intégrés. Il faudra maintenant que, par notre exemple, nous démontrions que l'islam est une religion de paix, que les musulmans ne sont pas des monstres.»


«Plein de copains suisses»

La douche froide du jour incitera-t-elle les musulmans à l'introspection? A se demander si la crainte d'une islamisation qui s'est exprimée trouve des fondements. «Après le 11 septembre 2001, on a mis tous les musulmans dans le même panier. Par exemple, lorsque émerge une demande isolée pour des cours de piscine non mixtes, on attribue ça à l'islam dans son ensemble», déplore Grabus Halim, porte-parole de l'association, laquelle, insiste-t-il, est attachée à un islam ouvert et capable, au nom de la raison, de remettre les dogmes en question. «Dieu nous invite à chercher partout la vérité», ajoute l'imam.
Dans leur bureau, les responsables tentent de se rassurer: «Concrètement, le vote ne changera rien», selon Esad Salih. Même si le signal contre l'islam est sans équivoque? «On a connu la guerre, la chose la plus terrible qui soit, alors on sait relativiser, la vie continue», confie-t-il, assis sous une carte de l'actuelle Bosnie, qui côtoie une photo de l'ancien président Alija Izetbegoviç et une autre d'une équipe de foot. «Vous savez, j'ai plein de copains suisses dans mon club.»
En votant non à près de 60%, Genève apporte un réconfort à ces Bosniaques. Le président du Conseil d'Etat David Hiler s'est félicité devant la presse de la tradition d'ouverture des Genevois qui s'est confirmée, mais il s'est dit inquiet au sujet des conséquences du vote pour l'économie du canton.
«Genève ouvre son coeur et sa porte aux musulmans», se réjouit également l'imam Husanovic. «Mais j'espérais un score proche de celui contre la fumée passive (80%, ndlr).» Ailleurs, le message donné par les Suisses est que les musulmans peuvent vivre «à côté» d'eux et non pas «avec», se désole-t-il. Un message contradictoire de la part des Suisses qui reprochent aux musulmans de ne pas être intégrés, commente Grabus Halim. Pour ces Bosniaques, le premier perdant est la Suisse, qui s'est mise un autogoal, car le futur sera sombre pour la démocratie et pour les droits humains et religieux.
«Quel sera l'après-minarets?», demande Grabus Halim. «Car ce débat s'inscrit dans celui de la place des étrangers en Suisse. Nous sommes aujourd'hui les boucs émissaires. Demain, à qui le tour?»

La Suisse, laboratoire de l'islamophobie

La Suisse, laboratoire de l'islamophobie

Paru le Lundi 30 Novembre 2009
RACHAD ARMANIOS

SuisseHier, la crainte du péril vert s'est exprimée par un raz-de-marée en faveur de l'interdiction des minarets. L'ampleur inattendue de ce succès de la droite dure et chrétienne est à la mesure du coup de poing reçu par les défenseurs d'une Suisse fondée sur le respect des minorités. En étant le premier pays occidental à inscrire une telle -discrimination religieuse dans sa Constitution, elle met à mal l'Etat de droit, basé sur l'équité de traitement.
Ainsi, paradoxalement, la victoire populaire d'hier grâce aux outils de la démocratie est une défaite de cette dernière. La Cour européenne des droits de l'homme aura probablement à se prononcer sur la validité du nouvel article. Mais même si Strasbourg devait l'annuler, le mal est fait.
L'uppercut cogne les principaux partis, les milieux économiques et les Eglises, tous désavoués. Mais il va en premier lieu au Conseil fédéral et au parlement. Ils avaient refusé d'invalider l'initiative, au motif qu'elle ne violait pas le noyau dur des droits humains. Ce manque de courage politique était justifié par une confiance dans le bons sens du peuple. C'est raté, même si le gouvernement voulait croire, hier, que le scrutin «ne constitue pas l'expression d'un rejet de la communauté musulmane, de sa religion ou de sa culture». La méthode Coué pour tenter de calmer le jeu sur la scène internationale.
Car le monde entier, stupéfait, a observé le berceau du droit humanitaire se muer en laboratoire de l'islamophobie. Mais ce n'est pas hier que la xénophobie a gangrené les esprits. Le scrutin sur les minarets s'inscrit dans une longue liste de votes d'exclusion, dont le durcissement du droit des étrangers et de l'asile, ou le refus de la naturalisation facilitée. En habituant les Suisses à chercher des boucs émissaires, le gouvernement et la majorité de droite portent une responsabilité dans le fiasco de ce dimanche. Sa particularité étant qu'au ressentiment contre l'immigration de populations musulmanes, se mêle une défiance et des craintes contre une -religion qui dépassent le contexte helvétique. En imposant dans les urnes l'image figée d'un islam conquérant, incompatible avec la laïcité et -insoluble dans les démocraties occidentales, la droite populiste a pris en otage la majorité des croyants qui désirent vivre leur foi dans le -respect des lois.
Les musulmans sont donc mis au défi de convaincre que leur religion ne se résume pas à sa caricature fondamentaliste. Ou à un islam conservateur, tant il est vrai que les musulmans libéraux peinent à offrir une alternative dans le paysage religieux et médiatique.
Plutôt qu'un tentant repli identitaire, les musulmans de Suisse doivent s'unir avec les -adversaires de l'exclusion. La tâche sera ardue, tant les cartouches de l'extrême droite sont -inépuisables.


Minarets: la presse suisse cherche des explications

C'est la peur qui poussé les Suisses à interdire les minarets, s'accordent à dire les journaux suisses.C'est la peur qui poussé les Suisses à interdire les minarets, s'accordent à dire les journaux suisses. [TSR]

Minarets: la presse suisse cherche des explications

Plusieurs journaux romands estiment que c'est la peur et les amalgames qui ont poussé les Suisses à accepter l'interdiction de construire des minarets. Les éditorialistes soulignent aussi la responsabilité du Conseil fédéral et des partis, jugés trop peu présents durant la campagne.

«Peur de l'autre», «vote avec les tripes», «irrationalité», «amalgames»: ces expressions reviennent souvent dans les commentaires de la presse romande de lundi. «Les musulmans de Suisse ne méritent pas l'injustice de ce vote sanction inspiré par la peur, les fantasmes et l'ignorance», écrit l'éditorialiste du Temps.

«Certains, polytraumatisés de la crise, ont glissé dans l'urne un vote de protestation et de méfiance plus que de haine et de défiance», avance la Tribune de Genève.

Le vote de la peur

La majorité des citoyens a voté «la peur au ventre», selon Le Quotidien jurassien: «peur dans la solidité de notre Etat de droit face au mélange des cultures auquel conduit un monde globalisé».

Pour La Liberté, les Suisses qui ont accepté l'interdiction des minarets ont été poussés par «des craintes liées à l'islamisation du pays et à un brassage de populations qui va trop vite». Le quotidien fribourgeois estime que les initiants ont exploité ces amalgames.

Le Journal du Jura, qui titre son éditorial «l'autogoal de la peur», dénonce lui aussi un amalgame entre la population musulmane de Suisse et le «fondamentalisme religieux agitant le monde». Comme nombre de ses confrères, le journaliste cite la crainte du terrorisme ou la burqa.

Une peur qui se base sur «les clichés véhiculés par les images d'islamistes fanatiques et intégristes», selon les journaux neuchâtelois L'Express et L'Impartial.

Une opposition «bien timide»

Le Conseil fédéral, les partis politiques, les milieux économiques et patronaux ainsi que les Eglises en prennent pour leur grade dans les commentaires de la presse. «On ne les a pas beaucoup entendus», note La Liberté. Pour le quotidien vaudois 24heures, le gouvernement a été «bien timide» et les «partis traditionnels presque absents» durant la campagne.

«Plutôt que de compter sur l'impossible sagesse populaire, le Conseil fédéral et le Parlement auraient mieux fait de prendre leurs responsabilités et de récuser une telle initiative», écrit L'Express et L'Impartial. La Tribune de Genève estime elle aussi que le Conseil fédéral et les partis ont laissé «le champ libre à l'adversaire». Même critique dans Le Quotidien jurassien, qui affirme que les partis n'ont pas assez pris au sérieux les «pyromanes de l'UDC».

En Valais, Le Nouvelliste s'étonne du triomphe de l'UDC, qui était pourtant «seule contre tous ou presque, surfant sur l'islamophobie ambiante et malgré l'hostilité de l'écrasante majorité des médias».

Quelles conséquences?

Plusieurs éditorialistes mettent en gardent contre les conséquences pour l'image de la Suisse. «Sa crédibilité risque de s'écrouler à la faveur d'un coup de gueule, certes de portée symbolique, mais aux conséquences incalculables», estime Le Temps.

«L'interdiction de construire des minarets vient s'ajouter à une liste déjà embarrassante d'affaires économiques et politiques, qui place notre pays en position de faiblesse sur l'échiquier international», écrit 24heures. «Il faudra à ceux qui font le métier de promouvoir la Suisse à l'étranger un solide bâton de pèlerin, et une foi inébranlable».

«Aujourd'hui, le monde entier s'indigne et s'interroge sur les motivations helvétiques», note la Tribune de Genève. Le journal craint que cet «affront à l'islam» coûte cher: «vengeance, boycott, rétorsion...». «Au moment où tant d'autres défis sont à relever, de la crise économique au conflit avec la Libye en passant par la disparition du secret bancaire, espérons que son prix ne sera pas exorbitant», conclut la «Liberté».

Indonésie: une organisation musulmane dénonce la «haine des Suisses»

La principale organisation musulmane d'Indonésie a dénoncé lundi le résultat de l'initiative interdisant la construction de minarets en Suisse.



Elle y voit un signe de "haine" et d"'intolérance" vis à vis de l'islam.

"C'est un signe de haine des Suisses vis à vis des musulmans. Ils ne veulent pas d'une présence de l'islam dans leur pays. Ce rejet les rend intolérants", a déclaré le chef de la Nahdlatul Ulama (NU), Maskuri Abdillah, à l'AFP. "C'est vraiment regrettable".

Le responsable a cependant appelé les musulmans d'Indonésie, plus grand pays musulman au monde, à "ne pas réagir avec excès". Il les a appelés a montré "leur tolérance et leur attachement à la liberté de culte".

"Il sera cependant difficile d'éviter qu'ils ne manifestent pour exprimer leur mécontentement. Mais nous les appelons à le faire pacifiquement", a-t-il ajouté.

Près de 90% des 234 millions d'Indonésiens sont musulmans et la grande majorité d'entre eux pratiquent un islam modéré. La NU, qui représente l'islam traditionnel, compte environ 40 millions de membres.

A l’étranger, des réactions contrastées


PAR AVEC AGENCES
En Europe c’est la couleur politique qui dicte souvent les réactions au Non des Suisses aux minarets. La droite dure est généralement satisfaite, quand les social-démocrates dénoncent ostracisme et provocation.

■ En Europe

Italie.

De nombreuses réactions positives sont notamment provenues d’Italie. «Même la patiente Suisse s’est fatiguée de l’expansion de l’immigration et de l’islam», a dit Maurizio Gasparri, président du groupe du Peuple de la Liberté (PDL, le parti de Silvio Berlusconi) au Sénat italien.Même son de cloche chez le ministre italien de la simplification administrative, Roberto Calderoli, membre du parti populiste et xénophobe de la Ligue du Nord. «De la Suisse nous parvient un signal clair: oui aux clochers, non aux minarets», a-t-il déclaré à l’agence ANSA.

France

Le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand s’est interrogé sur la nécessité de construire des minarets pour pratiquer l’islam. «Je préfère qu’on ait des lieux de culte officiels, reconnus, pour qu’on ait un islam de France plutôt que d’avoir la pratique de religion dans des endroits qui seraient clandestins», a-t-il dit lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. «Est-ce qu’on a forcément besoin de minarets pour le faire? Ça, je n’en suis pas certain», a-t-il ajouté.

De son côté, interrogé par la radio RTL, le ministre des Affaires étrangères du plus grand pays musulman d’Europe a dit espérer que la Suisse puisse revenir «assez vite» sur cette décision. «Si on ne peut pas construire de minarets cela veut dire qu’on opprime une religion», a insisté Bernard Kouchner, «c’est pas grand chose quand même! Est-ce que c’est une offense dans un pays de montagne qu’il y ait une construction un peu plus élevée? Est-ce que ça désigne le ciel, un ciel qui serait hostile? Espérons qu’ils reviendront là-dessus».»

Allemagne

La victoire des antiminarets dans un référendum en Suisse dimanche relève d’une peur de l’islamisation du pays qui existe aussi en Allemagne et qui doit être «prise au sérieux», estime lundi un responsable du parti de la chancelière Angela Merkel, la CDU. Critiquer la décision suisse serait contre-productif, avertit Wolfgang Bosbach, responsable de la commission des affaires intérieures du Parlement, dans le quotidien Berliner Zeitung. Ce résultat traduit la peur d’une islamisation de la société, et «cette crainte doit être prise au sérieux», a-t-il ajouté.

Pays-Bas

Cette votation «montre encore une fois que les gouvernements ne veulent pas voir ce que ressentent les gens», renchérit le député d’extrême-droite néerlandais Geert Wilders. Heureux de cette «excellente nouvelle», il a annoncé à la Radio suisse italienne (RSI) qu’il demanderait la semaine prochaine au gouvernement des Pays-Bas d’organiser un référendum similaire.

Danemark

La cheffe du parti du peuple danois, Pia Kjaersgaard, veut elle aussi déposer au parlement une initiative en faveur d’un référendum contre la construction de minarets.

Autriche

L’extrême-droite autrichienne est elle aussi satisfaite. Le chef du Parti de la liberté (FPÖ), Heinz- Christian Strache, a salué «un signal clair contre l’islamisme radical». Un avis partagé par le BZÖ, le parti de feu Jörg Haider. Le vote des Suisses «confirme» une décision similaire prise il y a deux ans par la Carinthie, s’est félicité le gouverneur de ce Land alpestre, Gerhard Dörfler (BZÖ). La liberté de religion ne doit pas permettre «que des édifices non chrétiens (...) soient bâtis», a-t-il dit. Le secrétaire général du BZÖ, Martin Strulz, veut désormais que la loi sur l’aménagement du territoire soit adaptée pour interdire la construction de minarets dans toute l’Autriche. A ses yeux, l’acceptation de l’initiative helvétique montre «très clairement» que la population ne veut pas des minarets.

■ En Asie

Alors que l’Indonésie est le plus grand pays musulman du monde, la principale organisation musulmane du pays, qui représente 40 millions de croyants, a dénoncé lundi le résultat de la votation, y voyant un signe de «haine» et d«’intolérance» vis à vis de l’islam, selon le chef de la Nahdlatul Ulama (NU), Maskuri Abdillah, à l’AFP. «C’est vraiment regrettable». Le responsable a cependant appelé les musulmans d’Indonésie à «ne pas réagir avec excès». Il les a appelés a montré «leur tolérance et leur attachement à la liberté de culte». «Il sera cependant difficile d’éviter qu’ils ne manifestent pour exprimer leur mécontentement. Mais nous les appelons à le faire pacifiquement», a-t-il ajouté.

Le vote suisse, "insulte à l'islam" et "signe de haine"

a principale organisation musulmane d'Indonésie a dénoncé, lundi, le résultat du référendum suisse interdisant désormais la construction de minarets, y voyant un signe de "haine" et d"'intolérance" vis-à-vis de l'islam. Le chef de la Nahdlatul Ulama (NU), Maskuri Abdillah, a cependant appelé les musulmans d'Indonésie, plus grand pays musulman au monde, à "ne pas réagir avec excès" à la décision des Suisses, qui ont voté dimanche à 57,5 % l'interdiction des minarets à l'appel de la droite populiste. Près de 90 % des 234 millions d'Indonésiens sont musulmans, et la grande majorité d'entre eux pratiquent un islam modéré. La NU, qui représente l'islam traditionnel, compte environ 40 millions de membres.


Le grand mufti d'Egypte, Ali Gomaa, a dénoncé dimanche le résultat du référendum suisse. "Ce résultat du référendum (...) n'est pas une simple atteinte à la liberté religieuse, c'est aussi une insulte aux sentiments de la communauté musulmane en Suisse comme ailleurs", a-t-il déclaré à l'agence égyptienne MENA. En Egypte, le grand mufti est l'homme officiellement chargé par le gouvernement égyptien d'interpréter la loi islamique. Le grand mufti, selon MENA, a aussi encouragé les 400 000 musulmans vivant en Suisse à "dialoguer" avec les autorités suisses et à utiliser les moyens légaux pour contester le résultat du référendum de dimanche.

La Grande Mosquée de Lyon a déploré, dimanche, le résultat "désolant" du référendum par lequel les Suisses ont décidé d'interdire la construction de nouveaux minarets chez eux, appelant musulmans et démocrates à réagir pour éviter que ce vote ne devienne une loi. "Il s'agit d'un vote d'intolérance, tournant le dos aux bases juridiques les plus constantes qui, à travers le monde, garantissent la liberté de religion", a fait savoir dans un communiqué Kamel Kebtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon. "J'appelle à une réaction de tous les musulmans, des fidèles de toutes les religions, et de tous les démocrates, au niveau européen, pour s'opposer à ce que ce vote, contraire aux fondements du droit, devienne une loi", a-t-il encore écrit.

L'intellectuel musulman Tariq Ramadan a jugé "catastrophique" le résultat du référendum. Pour M. Ramadan, qui vit à Genève et enseigne à l'Université britannique d'Oxford, "les Suisses ont exprimé une vraie peur, un questionnement profond sur la question de l'islam en Suisse".

Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, dont le siège est à Genève, a également fait part de sa préoccupation.

Interdiction des minarets: le vote de la peur et de l'ignorance

Interdiction des minarets: le vote de la peur et de l'ignorance

L'interdiction des minarets suscite consternation et inquiétudes.
L'interdiction des minarets suscite consternation et inquiétudes. [TSR]
C'est la consternation dans la presse suisse au lendemain du vote sur l'interdiction des minarets. Xénophobie, intolérance, ignorance, peur... les qualificatifs ne manquent pas pour tenter de comprendre les raisons qui ont poussé les Suisses à rejeter cet objet en masse. Beaucoup s'inquiètent déjà des conséquences de ce vote sur l'image de la Suisse à l'étranger, et en particulier dans le monde musulman.

Le vote de l'ignorance «Un coup de massue »: c'est le sentiment général résumé par Le Temps et illustré par deux caricaturistes, tous d'eux inspirés par le tableau célèbre de Hodler «Le Bûcheron». Hermann dans la Tribune de Genève et Casal dans Le Nouvelliste mettent en scène un bûcheron qui peut prendre les traits de Christoph Blocher abattant un minaret. «Le peuple suisse vient de faire une énorme caricature de Mahomet»: constatation sortie de la bouche d'un journaliste imaginé par le dessinateur du Temps Chappatte . Il y a des résultats de votation qui font mal, affirme l'éditorialiste du Matin qui ne comprend pas comment quatre minarets peuvent faire peur. Inquiet, l'éditorialiste de L'Express et de L'Impartial voit dans le vote des Suisses un mélange d'irrationalité et d'intolérance. Une xénophobie basée sur la peur. Seule source de satisfaction pour l'auteur du commentaire: les Neuchâtelois peuvent être fiers de figurer parmi les rares cantons à avoir voté non. Au fond, c'est l'ignorance qui à l'origine de ce vote, souligne Le Temps. L'avenir dira si les rapports jusqu'à présent pacifiques entre Suisses et musulmans se détérioreront après ce brutal signal. Si fière de sa tradition multiculturelle, la Suisse a, ce dimanche, discriminé une religion minoritaire sur son propre territoire. En acceptant une initiative à la validité contestable, le pays s'est payé un luxe démocratique au moment où tant d'autres défis sont à relever, déplore La Liberté . Voilà donc la Suisse transformée pour Le Courrier «en laboratoire de l'islamophobie».

Après les minarets, la burqa Les adversaires des minarets ont gagné et les partis chrétiens sautent maintenant dans le train de l'UDC. Forts de leur succès, les adversaires des minarets ne sont pas les seuls à envisager de nouveaux interdits, comme le signale la Neue Luzerner Zeitung. La Basler Zeitung fait sa une des déclarations de Christophe Darbellay. Le président du PDC a déclaré hier au quotidien bâlois qu'il allait encore, durant cette session des Chambres, proposer à ses collègues du parlement d'interdire le port de la burqa. Ce voile corporel, symbole du fondamentalisme, doit disparaître le plus tôt possible de nos rues, affirme le Valaisan. Avec les démocrates-chrétiens, une autre formation politique est partie en croisade, ajoute le Tages-Anzeiger . Le Parti évangélique veut lancer de son côté une initiative pour inscrire l'empreinte chrétienne dans la Constitution helvétique. «On ne peut pas interdire à une classe de chanter Noël parce qu'il y a un élève musulman», résume le président du parti. En première page, le dessinateur Schaad fait le portrait de ces citoyens qui donnent de la voix. Face à un musulman apeuré, un groupe de Suisses aux bras noueux lèvent le poing et une forêt de banderoles d'interdictions. Interdiction des mosquées, du voile islamique, du coran et même de la barbe. Une scène commentée par un présentateur de téléjournal qui annonce: après la votation anti-minarets, on peut s'inquiéter d'une radicalisation... de la population suisse.

Opération déminage En acceptant une initiative à la validité contestable, la Suisse s'est payé "un luxe démocratique" au moment ou tant d'autres défis sont à relever, estime La Liberté. Le nouveau défi des autorités sera de gérer la lourde entreprise de déminage après ce vote. A voir comment elles s'y sont prises pour contrecarrer l'initiative anti-minarets, pas sûr que le gouvernement dispose des outils adéquats pour arriver à ses fins, perçoit Thierry Meyer dans 24heures. Le gouvernement, par la voix de Micheline Calmy-Rey, exprime sa surprise et sa déception dans Le Temps. La ministre parle d'une réaction de repli, elle qui déclarait vendredi dans une interview dans Le Matin qu'elle serait fière de son pays si l'initiative était rejetée. Aujourd'hui, des pensées inquiètes vont vers la Libye où deux otages suisses sont retenus depuis 500 jours, rappelle le quotidien.

Silence, stupeur et consternation sous le minaret genevois


CRAINTES | Le choc du résultat a ébranlé les musulmans de Genève en pleine célébration du dernier jour de l’Aïd. Récit d’un dimanche contrasté avec les fidèles de la mosquée du Petit-Saconnex et du Centre islamique des Eaux-Vives.

Le Suisse Roger Federer, le 7 novembre 2009 au tournoi de Bâle.
© patrick gilliéron lopreno/29 novembre 2009 | Pour l’imam Youssef Ibram, de la mosquée du Petit-Saconnex, le résultat est une «énorme déception nourrie par les peurs».

MARTINE CLERC | 30.11.2009 | 00:03

Sonnés. Abasourdis. Un silence de plomb règne sous la coupole de la mosquée du Petit-Saconnex, en ce dernier jour de l’Aïd-el-Kébir. Le jour de fête s’est transformé en deuil à la minute où les résultats sont tombés. Il est 15 h, et quelques fidèles s’attardent encore, incrédules. Ici et là, à voix basse, on débriefe les résultats qui ont laissé tout le monde K.-O. «C’est la méconnaissance de notre religion qui a abouti à ça, regrette Houda Laouini, pratiquante de 20 ans. Ce qui me choque, ce n’est pas d’avoir un minaret ou non. J’ai plutôt peur que ce résultat ne soit que le début d’une série de votations qui nous stigmatisent.»

Avec ses amies, toutes voilées, elle critique les amalgames érigés en arguments béton par les partisans de l’initiative. «Depuis le 11 septembre 2001, on associe l’islam à la peur, aux attentats, aux femmes enfermées sous leurs burqas, ce n’est pas étonnant d’en arriver là», déplore son amie Laura Nelson, Genevoise convertie à l’islam. Pas de colère, mais un constat: la peur, exploitée par l’UDC, l’a emporté sur la raison.

Derrière les jeunes pratiquantes, l’imam de la mosquée enchaîne les va-et-vient, pendu à son portable. Malgré «l’énorme déception» qui l’accable, Youssef Ibram doit jongler entre les sollicitations des fidèles et les demandes d’interviews de journalistes du monde entier. «Samedi encore, je rassurais les musulmans venus fêter l’Aïd. Nous étions persuadés que le peuple rejetterait l’initiative.» Le choc est énorme. Les actes de vandalisme subis ces dernières semaines par le lieu de culte n’en étaient que le prélude, soupire Youssef Ibram.

Une issue: le dialogue

Le religieux tente l’analyse. Pour lui aussi, des craintes irrationnelles face aux musulmans que l’on connaît mal ont provoqué «la catastrophe». Il critique une partie de la communauté musulmane qui s’est ghettoïsée, mais aussi les autorités fédérales qui auraient dû déclarer cette initiative anticonstitutionnelle. «J’ai peur que certains jeunes que l’on voit beaucoup ici considèrent ce vote comme une marque de rejet face à leurs efforts d’intégration», souffle-t-il. Pour l’imam, un seul remède à appliquer de toute urgence et sur la durée: le dialogue. «Il est temps que les musulmans s’affichent à l’extérieur, s’engagent socialement, politiquement, culturellement pour tordre le cou aux idées reçues qui collent à notre religion. Si l’on est restés discrets si longtemps, c’est parce que l’on craignait d’être taxés de prosélytes. On s’est peut-être trompés.»

Piètre consolation pour les musulmans de Genève, seule ville romande à abriter un minaret: le «non» de leur canton est le plus fort de Suisse avec 59,7% d’avis négatifs. «C’est l’esprit de Genève, l’esprit de tolérance», salue tout de même Hani Ramadan, directeur du Centre islamique, dans le
quartier des Eaux-vives.

«La victoire de la haine»

Hier matin encore, la confiance régnait dans les locaux du centre, et les fidèles partageaient prêche et couscous en estimant que l’UDC «crée un problème là où il n’y en a pas». A l’instar de Moustapha Gouem: «Les partisans du texte nous font croire que ce qui se passe en Afghanistan ou en Irak est constitutif de l’islam et peut se reproduire en Suisse. Cela n’arrivera jamais, car on est face à des actes relevant de la tradition de ces pays, et non de la religion», explique ce juriste burkinabé établi depuis vingt ans à Genève.

Avec le succès de l’initiative, c’est l’image de la Suisse qui souffre. «Une Suisse terre d’accueil et garante des libertés religieuses», répètent à l’unisson les fidèles rencontrés hier. Déboussolé, consterné, Hafid Ouardiri, ancien porte-parole de la mosquée de Genève et directeur de la fondation de l’Entre-Connaissance, tombe de haut. «C’est la victoire de la haine, et on peut se demander si les partis, si les autorités politiques qui ont dénoncé l’initiative peuvent encore faire rempart contre l’extrémisme.


«Les musulmans de Suisse ne doivent pas se faire invisibles»

Professeur à l’Antony’s College à Oxford, l’intellectuel musulman genevois Tariq Ramadan réagit au vote sur les minarets.

Les Suisses ont dit oui à l’interdiction des minarets. Surpris?
Choqué. Ce oui à 57% dénote une vraie méfiance envers l’islam. L’UDC est parvenue à faire passer le minaret pour le symbole d’une religion étrangère à la culture suisse et liée à l’immigration, symbole aussi d’une religion qui serait incompatible avec les valeurs de la démocratie.

Le résultat aurait-il été différent aux Pays-Bas, en France ou en Allemagne?
Contrairement à ce que j’espérais, il n’y a pas de spécificité suisse en matière de peur de l’islam. Dans chaque pays, un élément de visibilité – le foulard, les minarets – déclenche l’expression d’un sentiment populaire de peur. Cette peur doit certes être respectée. Je crains toutefois qu’elle ne vire à la xénophobie et au racisme.

Ce oui à l’interdiction des minarets n’est-il pas une mise en demeure des musulmans?
Beaucoup d’entre eux m’ont dit qu’entrer dans le débat revenait à se mettre sur la défensive. Et, en tant que musulmans, ils ne se sentaient pas pleinement considérés comme Suisses. Je pense au contraire que les Suisses musulmans doivent désormais prendre la parole dans le débat public, et pas seulement sur les sujets qui concernent leur foi. A eux de montrer qu’ils sont des citoyens liés à la destinée de ce pays. Leur responsabilité est énorme, ils doivent l’entendre.

Les musulmans de Suisse ne doivent-ils pas supprimer les signes distinctifs?
L’UDC aimerait effectivement qu’ils fassent profil bas. Mais les musulmans ne doivent pas se faire invisibles; ils doivent au contraire chercher une visibilité éducative et constructive, parler, expliquer. D’ailleurs, si l’invisibilité était la solution, l’initiative n’aurait pas rallié 57% des voix, car je rappelle qu’il n’y a que quatre minarets en Suisse! Quant à la communauté musulmane, elle est composée dans sa grande majorité d’Albanais et de Turcs, qui ne se distinguent pas. C’est signe que c’est bien la présence musulmane en Suisse qui pose problème.

Une syndique fribourgeoise veut interdire de voile deux écolières de 8 et 11 ans. Après le vote d’hier, devraient-elles l’enlever d’elles-mêmes?
Aux parents, je rappellerai que les préceptes de l’islam commandent le port du voile à l’âge de la puberté tout en laissant le choix aux enfants. Pour le reste, à l’école, c’est le dialogue qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui en Suisse. Le vote sur les minarets ne doit pas réduire les droits accordés aux musulmans, et surtout pas leur liberté de conscience.

Serge Gumy