vendredi 27 novembre 2009

Un cauchemar qui dure pour Mirta Palma


La demande de permis humanitaire de Mirta Palma sera évaluée dès aujourd'hui. Victime collatérale d'un grave accident à Lausanne, elle n'est pas assurée de remarcher et reste traumatisée.

Muriel Jarp - le 26 novembre 2009, 22h59
Le Matin


Rappel des Faits
Le 26 juin dernier, alors qu'elle marchait sur le trottoir, place Bel-Air, à Lausanne, Mirta Palma se retrouve fauchée par une voiture remorquée qui perd toute maîtrise. Sa jambe est broyée. En recueillant le témoignage de la blessée, la police découvre que l'Equatorienne est sans papiers et la dénonce. A sa sortie du CHUV, c'est une carte de sortie du territoire qui l'attend!

Une nouvelle pièce vient de s'ajouter à la demande de permis humanitaire de Mirta Palma. Elle arrive au dernier moment, aujourd'hui étant la date limite pour compléter le dossier. Un rapport établit les importantes séquelles psychologiques consécutives à l'accident dont cette femme de 54 ans a été victime en juin dernier. «C'est une pièce déterminante, précise son avocat, Jean-Michel Dolivo.

Ce rapport met en évidence qu'un état de grand stress persiste dans les mois qui ont suivi l'accident.» Cauchemars, insomnies, angoisses et pensées autodépréciatives sont désormais le lot quotidien de la ressortissante équatorienne sans papiers. Une atteinte à la santé physique et psychique proportionnelle à la violence de ce qu'elle a subi cette maudite fin d'après-midi du mois de juin. On est loin d'une banale jambe cassée. La fracture est «gravissime» selon le rapport du CHUV.

Cauchemars et insomnies
«C'est vrai, je ne dors pas très bien», avoue pudiquement Mirta Palma. Ses cauchemars? Elle se revoit sous la voiture. Elle se voit mourir. Ses insomnies? Depuis des mois, elle ne peut plus envoyer d'argent à sa fille de 14 ans, encore au collège. Elle assure ne pas penser au pire, ne jamais imaginer que Nicole pourrait se retrouver forcée d'arrêter d'étudier. Quant à ses angoisses, elle repasse en boucle les procédures pénales en cours. Elle ignore si elle remarchera sans béquilles un jour. Elle tente de comprendre pourquoi ses anciens employeurs refusent d'attester qu'elle a travaillé pour eux. «Ils me disent qu'ils ne veulent pas de problèmes», murmure-t-elle, sans aucune colère, mais remplie de tristesse. «Mais ça va», dit-elle dans un sourire. On ne la croit qu'à moitié.

Une affaire d'une extrême complexité pour celle qui ne demandait qu'à pouvoir discrètement dépoussiérer des appartements lausannois. Deux procédures sont en cours. Celle qui doit juger la dépanneuse et la conductrice de la voiture folle, ainsi qu'une instruction pénale sur la situation irrégulière de Mirta Palma. Une dénonciation de la police municipale de Lausanne qui laisse Jean-Michel Dolivo songeur. Non seulement, ils n'étaient pas obligés de référer le cas de Mirta Palma au Service de la population (SPOP), mais en plus «ils en ont rajouté une couche» en dénonçant l'Equatorienne au juge d'instruction.

Et des rêves
De son côté, le SPOP assure qu'il transmettra rapidement la demande à Berne. Si un préavis positif du canton de Vaud se murmure, l'Office des migrations n'est pas réputé pour sa clémence. Jean-Michel Dolivo se montre tout de même optimiste. Il a en outre pu prouver que Mirta Palma n'a jamais eu de poursuites et n'a jamais fait appel à l'aide sociale.

Au milieu de ses cauchemars, Mirta Palma s'autorise de rares rêves. Pouvoir rester en Suisse et suivre une formation de caissière, un travail qui serait moins physique que les ménages. Et pouvoir serrer ses filles dans ses bras un jour. Aujourd'hui, cela fait exactement sept ans qu'elle ne les a pas vues.

Suisse : "Le vote sur les minarets risque d'être un vote sur l'islam"

La construction des minarets est interdite". Voilà la question à laquelle les Suisses doivent répondre par "oui" ou "non" ce dimanche. Il s'agit de l''aboutissement d'une "initiative populaire" qui a recueilli plus de 100.000 signatures, le seuil requis pour être soumise au vote. Elle est partie de Langenthal, une petite ville du canton de Berne où la communauté musulmane a déposé en 2006 une demande de permis de construire pour un minaret près de sa mosquée.



Les partisans de l'initiative, menés par l'UDC, le parti populiste, affirment que le minaret, plus qu'un simple signe indiquant la présence d'une mosquée, est "le symbole du pouvoir politico-religieux" que l'islamveut imposer, éventuellement par la force, en Suisse. Aujourd'hui, seulement quatre minarets existent dans le pays et deux sont en projet, dont celui de Langenthal.
Matteo Gianni, politologue, chercheur à l'Université de Genève et membre du Groupe de recherche sur l'islam en Suisse (GRIS), décrypte pour TF1 News les tenants et les aboutissants de ce référendum.


TF1 News : Cette "initiative populaire" s'apparente-t-elle à une opération électoraliste menée par l'UDC sur fond de populisme ou présente-t-elle également un aspect sociétal ?
Matteo Gianni : Il y a un peu des deux. Traditionnellement, l'UDC thématise les questions de l'altérité, de l'étranger et plus globalement de l'immigration, qui est l'un de ses chevaux de bataille. L'objectif électoraliste de cette initiative est donc évident. Néanmoins, il ne faut pas non plus sous-estimer le réel questionnement sur l'islam dans le pays. Dans les réunions publiques, la question des minarets a souvent été utilisée pour emmener une discussion plus générale concernant l'islam en Suisse. Le débat dépasse ainsi largement la question de l'interdiction ou non des minarets...
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