mardi 11 décembre 2007
Le quotidien des requérants filmé au centre d’enregistrement
Le cinéaste Fernand Melgar et son équipe tournent au centre d’accueil des requérants d’asile. «Nous ne sommes pas venus ici en voyeurs, nous allons saisir la réalité telle qu’elle se présente» dit-il. Moteur! Un article de Pierre Blanchard dans 24 Heures.
Filmer sans angélisme et sans stigmatisation la réalité au quotidien des demandeurs d’asile et saisir les motivations au travail du personnel chargé de leur accueil, tels sont les objectifs du cinéaste Fernand Melgar.
Avec son équipe composée d’un cameraman, Camille Cottagnoud, d’un preneur de son, Marc von Stürler, et d’une assistante, Alice Sala, ethnologue de formation, il s’est plongé dans l’ambiance de Centre d’enregistrement et de procédure (CEP), depuis le lundi 3 décembre à 4 heures du matin.
«Nous ne sommes pas venus ici en voyeurs, nous allons saisir la réalité telle qu’elle se présente, sans commentaires, sans interview, ni musique. Pendant 60 jours, durée moyenne actuelle d’un séjour au CEP pour un demandeur d’asile, nous allons capter des moments de vie avec le consentement des personnes concernées. Aucun visage ne sera «flouté». Derrière chaque trajectoire de demandeur d’asile se cache une tragédie humaine, les «tricheurs» sont une petite minorité. Mais si pendant notre séjour nous en croisons nous le montrerons sans complaisance. Nous ne volerons aucune image à la dérobée », commente Fernand Melgar.
Ancien clandestin
Ce cinéaste vaudois est fils d’immigré espagnol et, dans son enfance, a vécu une période de clandestinité dans notre pays. «Mes parents ont été traumatisés par les initiatives Schwarzenbach dans les années 1970. Aujourd’hui, une bonne frange de la population tend à diaboliser les requérants d’asile. Sans militantisme, ni populisme, j’ai simplement envie de montrer avec objectivité le vécu de ces personnes qui viennent en Suisse pour sauver leur vie ou dans l’espoir d’une existence plus digne. Ma caméra s’arrêtera également sur l’humanité dont font preuve les gens qui accueillent les requérants, tout en appliquant une loi et des règlements très restrictifs.» «Pour définir le CEP, j’ai repris la métaphore de l’aumônier, le pasteur Pierre-Olivier Heller: «Cette maison est semblable à une forteresse. Il est très difficile d’y pénétrer. Par contre, depuis l’intérieur tout est fait pour en faciliter la sortie. Le titre de mon film sera La forteresse».
Une autorisation exceptionnelle
Les autorisations accordées aux médias pour saisir la réalité du centre ne sont pas faciles à obtenir. L’aval pour un tournage de deux mois accordé à l’équipe de Fernand Melgar par l’Office fédéral des migrations est exceptionnel, c’est une première.
Le film est produit par l’association Climage qui réunit des réalisateurs indépendants et dont Fernand Melgar est un des membres. Le budget est modeste pour un documentaire. La réalisation bénéficie du soutien de l’Office fédéral de la culture de la SSR, qui diffusera le film sur ses trois chaînes de télévision l’an prochain. Un accord est sur le point d’être signé avec la chaîne européenne Arte.
Six mois de démarches
L’idée du film a été suggérée à Fernand Melgar par Stéphane Goël, un ami membre de Climage. Il a visité la bâtisse en compagnie d’Hélène Küng, alors aumônier au CEP. «Il m’a fallu six mois de démarches pour convaincre tous les partenaires. Plus du 50% du personnel du centre a accepté de jouer le jeu. Cela est très réjouissant. Nous aurions aimé loger dans le bâtiment, mais cela n’a pas été possible. Nous avons alors trouvé un appartement dans l’ancienne cimenterie située au lieu-dit les Fours à Chaux», précise Fernand Melgar.
L’équipe de Fernand Melgar (g.) a fixé la réalité
du quotidien sans artifice. Elle a pris ces quartiers
dans l’ancienne cimenterie au lieu-dit Les Fours
à Chaux. L’histoire dit que le ciment de Vallorbe
a servi à la construction du Palais fédéral.
Cette anecdote a donné l’envie au cinéaste
de voir son film cimenter la population
autour de la question de l’asile.
VALLORBE, LE 5 DÉCEMBRE 2007
JOANA ABRIEL
du quotidien sans artifice. Elle a pris ces quartiers
dans l’ancienne cimenterie au lieu-dit Les Fours
à Chaux. L’histoire dit que le ciment de Vallorbe
a servi à la construction du Palais fédéral.
Cette anecdote a donné l’envie au cinéaste
de voir son film cimenter la population
autour de la question de l’asile.
VALLORBE, LE 5 DÉCEMBRE 2007
JOANA ABRIEL
Filmer sans angélisme et sans stigmatisation la réalité au quotidien des demandeurs d’asile et saisir les motivations au travail du personnel chargé de leur accueil, tels sont les objectifs du cinéaste Fernand Melgar.
Avec son équipe composée d’un cameraman, Camille Cottagnoud, d’un preneur de son, Marc von Stürler, et d’une assistante, Alice Sala, ethnologue de formation, il s’est plongé dans l’ambiance de Centre d’enregistrement et de procédure (CEP), depuis le lundi 3 décembre à 4 heures du matin.
«Nous ne sommes pas venus ici en voyeurs, nous allons saisir la réalité telle qu’elle se présente, sans commentaires, sans interview, ni musique. Pendant 60 jours, durée moyenne actuelle d’un séjour au CEP pour un demandeur d’asile, nous allons capter des moments de vie avec le consentement des personnes concernées. Aucun visage ne sera «flouté». Derrière chaque trajectoire de demandeur d’asile se cache une tragédie humaine, les «tricheurs» sont une petite minorité. Mais si pendant notre séjour nous en croisons nous le montrerons sans complaisance. Nous ne volerons aucune image à la dérobée », commente Fernand Melgar.
Ancien clandestin
Ce cinéaste vaudois est fils d’immigré espagnol et, dans son enfance, a vécu une période de clandestinité dans notre pays. «Mes parents ont été traumatisés par les initiatives Schwarzenbach dans les années 1970. Aujourd’hui, une bonne frange de la population tend à diaboliser les requérants d’asile. Sans militantisme, ni populisme, j’ai simplement envie de montrer avec objectivité le vécu de ces personnes qui viennent en Suisse pour sauver leur vie ou dans l’espoir d’une existence plus digne. Ma caméra s’arrêtera également sur l’humanité dont font preuve les gens qui accueillent les requérants, tout en appliquant une loi et des règlements très restrictifs.» «Pour définir le CEP, j’ai repris la métaphore de l’aumônier, le pasteur Pierre-Olivier Heller: «Cette maison est semblable à une forteresse. Il est très difficile d’y pénétrer. Par contre, depuis l’intérieur tout est fait pour en faciliter la sortie. Le titre de mon film sera La forteresse».
Une autorisation exceptionnelle
Les autorisations accordées aux médias pour saisir la réalité du centre ne sont pas faciles à obtenir. L’aval pour un tournage de deux mois accordé à l’équipe de Fernand Melgar par l’Office fédéral des migrations est exceptionnel, c’est une première.
Le film est produit par l’association Climage qui réunit des réalisateurs indépendants et dont Fernand Melgar est un des membres. Le budget est modeste pour un documentaire. La réalisation bénéficie du soutien de l’Office fédéral de la culture de la SSR, qui diffusera le film sur ses trois chaînes de télévision l’an prochain. Un accord est sur le point d’être signé avec la chaîne européenne Arte.
Six mois de démarches
L’idée du film a été suggérée à Fernand Melgar par Stéphane Goël, un ami membre de Climage. Il a visité la bâtisse en compagnie d’Hélène Küng, alors aumônier au CEP. «Il m’a fallu six mois de démarches pour convaincre tous les partenaires. Plus du 50% du personnel du centre a accepté de jouer le jeu. Cela est très réjouissant. Nous aurions aimé loger dans le bâtiment, mais cela n’a pas été possible. Nous avons alors trouvé un appartement dans l’ancienne cimenterie située au lieu-dit les Fours à Chaux», précise Fernand Melgar.
Libellés :
asile,
témoignage
Touché par la prière d’Africains pour la Suisse et ses autorités
Suite de l'article consacré par 24 Heures au tournage de Fernand Melgar au CEP de Vallorbe.
Fernand Melgar dit avoir été surpris de voir une trentaine d’Africains commencer leur «messe» du soir en priant pour la Suisse et ses autorités. «Ils ont même invoqué la bénédiction divine sur notre équipe.
Cela nous a touchés.» Deux des leaders du groupe ont accepté de témoigner pour autant que leur identité ne soit pas divulguée.
Ami est un ex-chef traditionnel vaudou qui vivait dans un pays d’Afrique occidentale. Il est francophone. Il risque sa vie dans son village, car après avoir pris conscience que certaines coutumes ancestrales étaient inhumaines, il a refusé de les pratiquer. «Une petite fille est morte après que je l’ai excisée.Je n’en dormais plus la nuit.J’ai fui et j’ai trouvé refuge chez un pasteur à 8km de chez moi. A la lecture de la Bible, j’ai découvert un Dieu miséricordieux plus grand que Doudouwa, que j’adorais. Les mots me manquent pour décrire la grandeur de son amour», témoigne Ami. Il a été retrouvé et tabassé par les autorités de son village.
Il a pu venir en Suisse grâce à l’appui d’une femme d’affaires qui l’implorait de ne pas exciser ses deux petites filles. «Je lui ai dit: si je ne suis plus là, il n’y aura pas d’excision. Aidez- moi à fuir.» La femme a organisé son voyage. Aujourd’hui, Ami souhaite se battre contre les pratiques inhumaines héritées de la tradition. Il craint de ne plus jamais revoir son pays.
«Ici on me surnomme pasteur car je participe activement à l’animation de la prière du soir avec H.», explique Ami. H est un ressortissant d’un pays anglophone, situé au Sud de l’Algérie. Il est né musulman.
Mais il a été élevé par la femme de son oncle, une chrétienne qui habitait un pays voisin. Son père appartenait à un groupe de rébellion et cachait des armes dans sa maison. A la mort de son papa, au début de cette année, H. a voulu remettre les armes aux compagnons de son père. Malheureusement, il a été arrêté pour trafic illégal. Il s’est échappé. Dans un premier temps, il a trouvé refuge en Algérie. Un téléphone l’a averti que même dans ce pays, il était en danger. Des amis l’ont aidé à venir en Suisse. Il se destinait à une carrière de footballeur professionnel, mais le destin en a décidé autrement. Il dit sa reconnaissance à Dieu pour l’avoir protéger de la mort. Parler de son vécu fait remonter en lui des émotions douloureuses. «Ici, dans la prière, entre Africains nous retrouvons l’espoir. Quand l’un d’entre nous a le moral au plus bas, il y a toujours une personne dans le groupe pour le réconforter.»
Fernand Melgar dit avoir été surpris de voir une trentaine d’Africains commencer leur «messe» du soir en priant pour la Suisse et ses autorités. «Ils ont même invoqué la bénédiction divine sur notre équipe.
Cela nous a touchés.» Deux des leaders du groupe ont accepté de témoigner pour autant que leur identité ne soit pas divulguée.
Ami est un ex-chef traditionnel vaudou qui vivait dans un pays d’Afrique occidentale. Il est francophone. Il risque sa vie dans son village, car après avoir pris conscience que certaines coutumes ancestrales étaient inhumaines, il a refusé de les pratiquer. «Une petite fille est morte après que je l’ai excisée.Je n’en dormais plus la nuit.J’ai fui et j’ai trouvé refuge chez un pasteur à 8km de chez moi. A la lecture de la Bible, j’ai découvert un Dieu miséricordieux plus grand que Doudouwa, que j’adorais. Les mots me manquent pour décrire la grandeur de son amour», témoigne Ami. Il a été retrouvé et tabassé par les autorités de son village.
Il a pu venir en Suisse grâce à l’appui d’une femme d’affaires qui l’implorait de ne pas exciser ses deux petites filles. «Je lui ai dit: si je ne suis plus là, il n’y aura pas d’excision. Aidez- moi à fuir.» La femme a organisé son voyage. Aujourd’hui, Ami souhaite se battre contre les pratiques inhumaines héritées de la tradition. Il craint de ne plus jamais revoir son pays.
«Ici on me surnomme pasteur car je participe activement à l’animation de la prière du soir avec H.», explique Ami. H est un ressortissant d’un pays anglophone, situé au Sud de l’Algérie. Il est né musulman.
Mais il a été élevé par la femme de son oncle, une chrétienne qui habitait un pays voisin. Son père appartenait à un groupe de rébellion et cachait des armes dans sa maison. A la mort de son papa, au début de cette année, H. a voulu remettre les armes aux compagnons de son père. Malheureusement, il a été arrêté pour trafic illégal. Il s’est échappé. Dans un premier temps, il a trouvé refuge en Algérie. Un téléphone l’a averti que même dans ce pays, il était en danger. Des amis l’ont aidé à venir en Suisse. Il se destinait à une carrière de footballeur professionnel, mais le destin en a décidé autrement. Il dit sa reconnaissance à Dieu pour l’avoir protéger de la mort. Parler de son vécu fait remonter en lui des émotions douloureuses. «Ici, dans la prière, entre Africains nous retrouvons l’espoir. Quand l’un d’entre nous a le moral au plus bas, il y a toujours une personne dans le groupe pour le réconforter.»
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Méfiant au premier abord…
Suite de l'article consacré par 24 Heures au tournage de Fernand Melgar au CEP de Vallorbe.
«Ma première réaction a été: voilà encore quelque chose qui nous tombe dessus. Mais, dès le premier contact avec Fernand Melgar, un climat de confiance s’est installé. Maintenant, je pense que l’approche de la réalité de notre quotidien de façon globale est une bonne chose. Ma méfiance a cédé la place à une légère anxiété, car je ne sais pas ce que la démarche va donner à l’écran. Je me réjouis de voir le produit finis.», commente Philippe Hengy, directeur du CEP.
Ce dernier souligne encore qu’il a beaucoup apprécié le professionnalisme du cinéaste, lors de la préparation du sujet avec les employés du centre.
«Ce documentaire permettra de démystifier le site dans la population, car beaucoup d’inexactitudes, pour ne pas dire autre chose, circulent à son sujet. De plus, ce qui se vit ici peut également se rapporter aux autres centres de Suisse», argumente encore le directeur.
Le pasteur Pierre-Olivier Heller compare volontiers Fernand Melgar au photographe Marcel Imsand qui passe beaucoup de temps avec les gens avant de les fixer sur la pellicule. «Filmer le quotidien du centre avec ses ombres et ses lumières est une bonne initiative. Je suis heureux de partager le local de l’aumônerie avec l’équipe de tournage».
«Ma première réaction a été: voilà encore quelque chose qui nous tombe dessus. Mais, dès le premier contact avec Fernand Melgar, un climat de confiance s’est installé. Maintenant, je pense que l’approche de la réalité de notre quotidien de façon globale est une bonne chose. Ma méfiance a cédé la place à une légère anxiété, car je ne sais pas ce que la démarche va donner à l’écran. Je me réjouis de voir le produit finis.», commente Philippe Hengy, directeur du CEP.
Ce dernier souligne encore qu’il a beaucoup apprécié le professionnalisme du cinéaste, lors de la préparation du sujet avec les employés du centre.
«Ce documentaire permettra de démystifier le site dans la population, car beaucoup d’inexactitudes, pour ne pas dire autre chose, circulent à son sujet. De plus, ce qui se vit ici peut également se rapporter aux autres centres de Suisse», argumente encore le directeur.
Le pasteur Pierre-Olivier Heller compare volontiers Fernand Melgar au photographe Marcel Imsand qui passe beaucoup de temps avec les gens avant de les fixer sur la pellicule. «Filmer le quotidien du centre avec ses ombres et ses lumières est une bonne initiative. Je suis heureux de partager le local de l’aumônerie avec l’équipe de tournage».
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Asile, entre respect de la loi et humanité
Le 1er janvier marque l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions fédérales en matière d’asile. Quelle est la situation dans le canton de Vaud et qu’en sera-t-il demain? Les autorités font le point. Un article d'Emmanuel Borloz dans 24 Heures.
Conséquence des votations de septembre 2006, des changements vont intervenir dans la politique d’asile de la Confédération, dès le 1er janvier 2008. L’occasion pour le Département de l’intérieur (DINT) et son chef, Philippe Leuba, de présenter la situation de sa politique d’asile ainsi que des changements que la révision de la loi fédérale sur l’asile (LAsi) va entraîner.
Premier constat: le nombre de requérants d’asile diminue régulièrement depuis quelques années. «Aujourd’hui, le canton en comptabilise quelque 5000, contre près de 6500 en 2005, soit une baisse d’environ 1500 personnes, explique Henri Rothen, chef du Service de la population (SPOP).» En outre, les renvois ont également diminué. «Avec une baisse de 50% (ndlr: de 1764 en 2005 à 919 au 30 novembre dernier), il s’agit de la plus forte diminution.» En tout, le canton compte 200 000 étrangers en situation irrégulière et le nombre de clandestins y est estimé entre 12 000 et 15 000.
«Dès le mois de janvier, les requérants déboutés ne recevront plus l’assistance asile mais seulement une aide d’urgence», indique Philippe Leuba.
Dans le canton, 768 requérants déboutés sont susceptibles de prétendre à l’aide d’urgence l’an prochain. Depuis le mois de novembre, la Fareas oeuvre dans ce processus. «Nous garantissons l’hébergement à tous les demandeurs de l’aide d’urgence, déclare Pierre Imhof, directeur de la fondation. Ces requérants déboutés sont orientés dans des centres collectifs. Les déménagements ont commencé cet automne et se poursuivront l’an prochain.» En terre vaudoise, on trouve ces centres à Lausanne, à Bex, à Leysin et à Vevey, notamment.
Concrètement, l’aide d’urgence représente une assistance en nature (repas…) et non plus financière. Quant aux familles, elles recevront 9 fr. 50 par personne et par jour. Dans les centres, les déboutés seront en outre encouragés au départ avec l’aide au retour. «L’aide d’urgence n’est pas un mode de vie, c’est une négation de l’avenir qui empêche toute perspective. Nous le leur expliquons et favorisons les retours volontaires», précise Philippe Leuba.
Cette année 2007 aura également été marquée par les «régularisations à titre humanitaire» dont le canton a fait «un usage très étendu» et qui marque ses velléités de «politique intégrative et responsable». En effet, plus de 40% des demandes de toute la Suisse émanent du canton de Vaud. Et la Confédération suit souvent son avis, «preuve que nous menons une politique responsable, humanitaire et intégrative, qui respecte en même temps la loi fédérale. L’article 14 alinéa 2 permet à des requérants d’asile bien intégrés d’être régularisés à titre humanitaire», poursuit le conseiller d’Etat.
Pour bénéficier de cette mesure de régularisation exceptionnelle, les critères sont clairs: présent sur le territoire depuis cinq ans au moins, le requérant doit habiter un logement connu des autorités. Les condamnations pénales significatives sont également motifs d’exclusion. «En 2007, sur 394 dossiers à Berne, nous avons obtenu 327 régularisations, 62 sont encore en cours d’examen et seulement 5 refus», relève Philippe Leuba.
Enfin, c’est sur l’intégration des quelque 3000 personnes qui bénéficient d’«une admission provisoire» que le canton entend poursuivre ses efforts. La Fareas va ainsi bénéficier d’un budget de 3,1 millions de francs pour des cours et des programmes d’occupation. De nombreuses formations permettront aux «admis provisoires» de trouver un emploi et d’obtenir un permis B.
Lire également "Service minimal pour tous les déboutés du droit d'asile" dans le Matin
INTÉGRATION Le centre de formation de la Fareas, à Ecublens,
est en semaine d’examen. Des formations et des cours pour
trouver un emploi, le centre préfigure les mesures
d’intégration qui seront entreprises dès l’an prochain.
ÉCUBLENS, LE 10 DÉCEMBRE 2007
JEAN-BERNARD SIEBER
est en semaine d’examen. Des formations et des cours pour
trouver un emploi, le centre préfigure les mesures
d’intégration qui seront entreprises dès l’an prochain.
ÉCUBLENS, LE 10 DÉCEMBRE 2007
JEAN-BERNARD SIEBER
Conséquence des votations de septembre 2006, des changements vont intervenir dans la politique d’asile de la Confédération, dès le 1er janvier 2008. L’occasion pour le Département de l’intérieur (DINT) et son chef, Philippe Leuba, de présenter la situation de sa politique d’asile ainsi que des changements que la révision de la loi fédérale sur l’asile (LAsi) va entraîner.
Premier constat: le nombre de requérants d’asile diminue régulièrement depuis quelques années. «Aujourd’hui, le canton en comptabilise quelque 5000, contre près de 6500 en 2005, soit une baisse d’environ 1500 personnes, explique Henri Rothen, chef du Service de la population (SPOP).» En outre, les renvois ont également diminué. «Avec une baisse de 50% (ndlr: de 1764 en 2005 à 919 au 30 novembre dernier), il s’agit de la plus forte diminution.» En tout, le canton compte 200 000 étrangers en situation irrégulière et le nombre de clandestins y est estimé entre 12 000 et 15 000.
«Dès le mois de janvier, les requérants déboutés ne recevront plus l’assistance asile mais seulement une aide d’urgence», indique Philippe Leuba.
Dans le canton, 768 requérants déboutés sont susceptibles de prétendre à l’aide d’urgence l’an prochain. Depuis le mois de novembre, la Fareas oeuvre dans ce processus. «Nous garantissons l’hébergement à tous les demandeurs de l’aide d’urgence, déclare Pierre Imhof, directeur de la fondation. Ces requérants déboutés sont orientés dans des centres collectifs. Les déménagements ont commencé cet automne et se poursuivront l’an prochain.» En terre vaudoise, on trouve ces centres à Lausanne, à Bex, à Leysin et à Vevey, notamment.
Concrètement, l’aide d’urgence représente une assistance en nature (repas…) et non plus financière. Quant aux familles, elles recevront 9 fr. 50 par personne et par jour. Dans les centres, les déboutés seront en outre encouragés au départ avec l’aide au retour. «L’aide d’urgence n’est pas un mode de vie, c’est une négation de l’avenir qui empêche toute perspective. Nous le leur expliquons et favorisons les retours volontaires», précise Philippe Leuba.
Cette année 2007 aura également été marquée par les «régularisations à titre humanitaire» dont le canton a fait «un usage très étendu» et qui marque ses velléités de «politique intégrative et responsable». En effet, plus de 40% des demandes de toute la Suisse émanent du canton de Vaud. Et la Confédération suit souvent son avis, «preuve que nous menons une politique responsable, humanitaire et intégrative, qui respecte en même temps la loi fédérale. L’article 14 alinéa 2 permet à des requérants d’asile bien intégrés d’être régularisés à titre humanitaire», poursuit le conseiller d’Etat.
Pour bénéficier de cette mesure de régularisation exceptionnelle, les critères sont clairs: présent sur le territoire depuis cinq ans au moins, le requérant doit habiter un logement connu des autorités. Les condamnations pénales significatives sont également motifs d’exclusion. «En 2007, sur 394 dossiers à Berne, nous avons obtenu 327 régularisations, 62 sont encore en cours d’examen et seulement 5 refus», relève Philippe Leuba.
Enfin, c’est sur l’intégration des quelque 3000 personnes qui bénéficient d’«une admission provisoire» que le canton entend poursuivre ses efforts. La Fareas va ainsi bénéficier d’un budget de 3,1 millions de francs pour des cours et des programmes d’occupation. De nombreuses formations permettront aux «admis provisoires» de trouver un emploi et d’obtenir un permis B.
Lire également "Service minimal pour tous les déboutés du droit d'asile" dans le Matin
Ecoutez le broadcast de La Première sur ce sujet
Et ci dessous la version du Courrier
Voir la séquence du TJ régional
Et demain soir, mercredi 12 décembre, une marche de soutien pour les requérants déboutés aura lieu à 17h30 en face du centre de Vennes.
Hécatombe de clandestins
Trois nouveaux drames de l'immigration ont eu lieu aux portes de l’Europe.
Plus de 140 migrants illégaux, dont au moins 90 Africains, sont morts ou portés disparus depuis samedi. Ils tentaient de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune sur la Méditerranée et l’océan Atlantique.
Deux naufrages dus au mauvais temps ont été enregistrés au large des côtes turques et marocaines ce week-end, alors qu’une traversée en pirogue partie du Sénégal s’est soldée par le décès en mer d’une quarantaine de passagers manquant d’eau et de vivres.
Embarcation surchargée
Le premier naufrage de clandestins, survenu au large des côtes occidentales de la Turquie, a fait au moins 51 morts. Selon les autorités turques, l’embarcation surchargée a chaviré dans la nuit de samedi à dimanche en raison de mauvaises conditions météorologiques, peu après avoir appareillé en direction de l’île grecque de Chios.
Au Sahara occidental, les autorités de Dakhla ont annoncé que plus de 50 migrants subsahariens tentant d’émigrer vers les îles Canaries sont portés disparus depuis le chavirement de leur bateau samedi à cause du mauvais temps.
Plus au sud, la police du Sénégal a annoncé hier la mort ces derniers jours d’environ 40 Africains qui voyageaient dans une pirogue de 130 clandestins désirant rejoindre les Canaries.
Plus de 140 migrants illégaux, dont au moins 90 Africains, sont morts ou portés disparus depuis samedi. Ils tentaient de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune sur la Méditerranée et l’océan Atlantique.
Deux naufrages dus au mauvais temps ont été enregistrés au large des côtes turques et marocaines ce week-end, alors qu’une traversée en pirogue partie du Sénégal s’est soldée par le décès en mer d’une quarantaine de passagers manquant d’eau et de vivres.
Embarcation surchargée
Le premier naufrage de clandestins, survenu au large des côtes occidentales de la Turquie, a fait au moins 51 morts. Selon les autorités turques, l’embarcation surchargée a chaviré dans la nuit de samedi à dimanche en raison de mauvaises conditions météorologiques, peu après avoir appareillé en direction de l’île grecque de Chios.
Au Sahara occidental, les autorités de Dakhla ont annoncé que plus de 50 migrants subsahariens tentant d’émigrer vers les îles Canaries sont portés disparus depuis le chavirement de leur bateau samedi à cause du mauvais temps.
Plus au sud, la police du Sénégal a annoncé hier la mort ces derniers jours d’environ 40 Africains qui voyageaient dans une pirogue de 130 clandestins désirant rejoindre les Canaries.
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Les sénateurs tirent sur le Taser,
Le Conseil des Etats refuse l’utilisation du pistolet à décharge électrique pour le renvoi d’étrangers. Un article de Cédric Waelti dans 24 Heures.
Au sujet du Taser, le Conseil des Etats renvoie la balle au National. Contrairement à la Chambre basse, les sénateurs ont décidé hier soir, par 28 voix contre 11, de ne pas l’inscrire dans le catalogue des armes pouvant être utilisées lors du renvoi d’étrangers. Ils se rangent donc à l’avis du Conseil fédéral, et surtout à celui des policiers. Au cours de la procédure de consultation, la Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) avait exprimé ses réticences sur le pistolet à décharge électrique. «Nous estimons que cette arme n’est pas nécessaire pour renvoyer des étrangers dans leur pays», précise le secrétaire général de la CCDJP, Roger Schneeberger.
Lors d’une procédure de renvoi classique, deux policiers sont chargés d’accompagner le ressortissant étranger dans l’avion. En cas de besoin, ils menottent l’individu. De l’aveu des personnes concernées, ce dispositif a fait ses preuves. Dans ce contexte, le Taser apparaît donc comme superflu.
Pas de Taser chez les Vaudois et les Genevois
Formellement, le vote d’hier ne règle l’utilisation du pistolet électrique que dans le cadre d’expulsions. Les cantons sont donc libres de l’utiliser ou non, pour des interventions sur des forcenés par exemple. C’est d’ailleurs ce que fait Zurich, qui a équipé ses policiers d’élite. A Berne, certaines unités spéciales disposent aussi du Taser. Il y a une année, un individu armé a ainsi été maîtrisé avec succès par les agents bernois grâce à une décharge électrique.
Malgré tout, le Taser n’inspire pas encore confiance à tous les policiers suisses. Le commandant de la police cantonale vaudoise a expliqué la semaine dernière que son utilisation était disproportionnée pour le renvoi d’étrangers. Son service de presse le rappelait hier: «Le Taser n’est pas utilisé et ne sera pas utilisé par les policiers vaudois.» Leurs homologues genevois sont pour l’instant du même avis. Renvoi d’étrangers ou non, le Taser, assimilé par l’ONU à «une forme de torture», n’est pas d’actualité. En coulisses, on craint surtout qu’il soit une source de bavure et qu’il serve à défrayer la chronique d’une manière un peu trop décoiffante.
L’arme, assimilée par l’ONU
à «une forme de torture»,
est utilisée par certaines
unités spéciales à Zurich
ou à Berne, pour des
interventions sur des
forcenés par exemple.
Shaun Fellows / Keystone
à «une forme de torture»,
est utilisée par certaines
unités spéciales à Zurich
ou à Berne, pour des
interventions sur des
forcenés par exemple.
Shaun Fellows / Keystone
Au sujet du Taser, le Conseil des Etats renvoie la balle au National. Contrairement à la Chambre basse, les sénateurs ont décidé hier soir, par 28 voix contre 11, de ne pas l’inscrire dans le catalogue des armes pouvant être utilisées lors du renvoi d’étrangers. Ils se rangent donc à l’avis du Conseil fédéral, et surtout à celui des policiers. Au cours de la procédure de consultation, la Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) avait exprimé ses réticences sur le pistolet à décharge électrique. «Nous estimons que cette arme n’est pas nécessaire pour renvoyer des étrangers dans leur pays», précise le secrétaire général de la CCDJP, Roger Schneeberger.
Lors d’une procédure de renvoi classique, deux policiers sont chargés d’accompagner le ressortissant étranger dans l’avion. En cas de besoin, ils menottent l’individu. De l’aveu des personnes concernées, ce dispositif a fait ses preuves. Dans ce contexte, le Taser apparaît donc comme superflu.
Pas de Taser chez les Vaudois et les Genevois
Formellement, le vote d’hier ne règle l’utilisation du pistolet électrique que dans le cadre d’expulsions. Les cantons sont donc libres de l’utiliser ou non, pour des interventions sur des forcenés par exemple. C’est d’ailleurs ce que fait Zurich, qui a équipé ses policiers d’élite. A Berne, certaines unités spéciales disposent aussi du Taser. Il y a une année, un individu armé a ainsi été maîtrisé avec succès par les agents bernois grâce à une décharge électrique.
Malgré tout, le Taser n’inspire pas encore confiance à tous les policiers suisses. Le commandant de la police cantonale vaudoise a expliqué la semaine dernière que son utilisation était disproportionnée pour le renvoi d’étrangers. Son service de presse le rappelait hier: «Le Taser n’est pas utilisé et ne sera pas utilisé par les policiers vaudois.» Leurs homologues genevois sont pour l’instant du même avis. Renvoi d’étrangers ou non, le Taser, assimilé par l’ONU à «une forme de torture», n’est pas d’actualité. En coulisses, on craint surtout qu’il soit une source de bavure et qu’il serve à défrayer la chronique d’une manière un peu trop décoiffante.
Ecoutez le broadcast de la Première (44 sec.)
Le Conseil des Etats barre la route aux pistolets à électrochocs.
Par Valérie de Graffenried dans Le Temps
et ci dessous l'édito de Fabio Lo Verso dans le Courrier
Taser international, fabricant du fameux pistolet électrocutant aux faux airs de joujou, devra probablement enterrer ses projets d'expansion en Suisse. Le Conseil des Etats a refusé hier, pour la deuxième fois, d'autoriser son usage lors de renvois forcés. Admise en cas de prise d'otage dans huit cantons alémaniques, cette arme a récemment servi à tenir sous la contrainte un couple de requérants d'asile à Moutier. Des policiers y ont abusivement anticipé l'issue des débats parlementaires. Leur impatience trahit la popularité de ce dispositif paralysant parmi les agents. Mais surtout une absence inquiétante de recul face à un engin aux effets imprévisibles.
Aucune étude ne permet en effet de conclure à l'innocuité du modèle proposé aux policiers suisses. Les rares analyses indépendantes dénoncent plutôt sa dangerosité suite aux centaines de décès répertoriés par Amnesty International. Une trentaine semble avoir directement été provoquée par l'utilisation du Taser. Pour l'ONU, ce pistolet à électrocution constitue une forme de torture, la décharge électrique coupant la communication entre le cerveau et les muscles. Les risques encourus sont pour l'organisation clairement disproportionnés au but recherché. Mais ces mises en garde n'ont pas empêché son fabricant d'équiper quelque dix mille commissariats de police dans plus de 65 pays, Etats-Unis en tête. Jamais sans doute dans l'histoire d'une arme de fabrication privée, son succès n'a autant été alimenté par la controverse publique.
De part et d'autre de l'Atlantique, ses partisans et ses détracteurs ont eu recours à des moyens de communication sans précédent pour défendre leurs thèses. Répertorié par les organisations internationales dans la même catégorie que le fusil à pompe ou le 357 magnum, le Taser est publicisé comme un jouet inoffensif, sa réclame étant plus proche de celle d'un téléphone portable ou une friteuse. En Suisse, Taser international a reçu le soutien d'une vedette de la politique. Le vice-président de l'UDC, Yvan Perrin, a joué aux cobayes pour tenter de convaincre que l'engin n'est pas létal. Mais les conditions de son essai ont été opportunément faussées. Cette tromperie prouve a contrario que cet ancien inspecteur de la sûreté neuchâteloise n'a pas une confiance aveugle en ce pistolet. Quant au prétendu test sur Christoph Blocher, le protagoniste lui-même a avoué hier à demi-mot qu'il ne l'a jamais effectué.
Pour l'UDC, les fruits sont à récolter ailleurs. Des étrangers récalcitrants, aux manifestants en colère, aux supporters violents, tous les épouvantails supposés par la droite populiste sont déversés dans le débat public. Refusé ou pas, le Taser a fait son oeuvre dans l'opinion. Reste à espérer qu'après les Etats, le National sache se montrer à la hauteur : ni dupe, ni aveugle.
Lisez aussi l'article de synthèse du Courrier sur la polémique du Taser en Suisse
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