De nombreux Roms ont été hebergés cet hiver dans les locaux de la PC. Que faire d'une communauté déclarée indésirable par l'Etat? Un article d’Olivier Chavaz dans le Courrier.
A l'issue d'un hiver particulièrement rude et long, la Ville de Genève a fermé les portes de son dispositif d'accueil de nuit il y a une semaine. Près de 14 000 nuitées ont été enregistrées du 5 novembre au 2 avril, soit une hausse de «10 à 15%» par rapport à 2008-2009. Cette année, les Roms, de Roumanie et d'ailleurs, représentent plus d'un tiers des bénéficiaires (342 sur 969 personnes différentes). Dans un contexte très hostile à cette communauté, les autorités municipales marchent sur des oeufs pour concilier leur politique d'aide aux plus démunis avec les mesures anti-mendiants mises en oeuvre par le canton. Si les Roms adultes fréquentent l'abri PC des Vollandes depuis plusieurs années, l'arrivée d'un nombre important d'enfants a en revanche surpris le Service social de la Ville. «C'est clairement une nouveauté. Nous avons accueilli 57 mineurs, dont des enfants en bas âge», indique Philippe Bossy, responsable du secteur exclusion. Cet afflux a poussé la municipalité à ouvrir un deuxième abri à la rue du XXXI-Décembre pendant cinquante nuits. Jusqu'à fin janvier. Car après l'annonce du Conseil d'Etat sur la protection des enfants impliqués dans la mendicité (prise en charge par le Service de protection des mineurs et scolarisation), ce jeune public a disparu du jour au lendemain. Selon les connaisseurs de la communauté, il y a de grandes chances qu'ils réapparaissent avec les beaux jours et les vacances d'été.
Quotas discriminatoires?
Reste que la politique relativement généreuse de la Ville envers les Roms a aussi ses limites. «Ils se sont vu attribuer des quotas – cinq nuits de suite en abri, contre dix pour les autres – et nos membres ont dû intervenir à plusieurs reprises pour que des gens ne passent pas la nuit au froid», explique Dina Bazarbachi, présidente de Mesemrom. L'association genevoise de soutien aux Roms réclame l'abolition de cette discrimination. Tout en reconnaissant qu'en pratique ces litiges ont été réglés après négociation avec le Département municipal de la cohésion sociale, de la jeunesse et des sports (DCSJS). «Manuel Tornare a toujours répondu positivement à nos appels», se réjouit Dina Bazarbachi.
Pour Sami Kanaan, bras droit du conseiller administratif socialiste, ces quotas – «indicatifs» – répondent d'abord à un souci de gestion de la structure d'accueil. «Le problème n'est pas propre aux Roms, il se pose avec tous les groupes», assure-t-il. Si un groupe homogène prend trop de place, la cohabitation avec les autres sans-abri peut se révéler difficile dans un espace réduit tel que l'abri PC. Enfin, au-delà de cette question d'équilibre, la Ville est également forcée de composer avec la vision de l'Etat. Or celle-ci vise clairement à dissuader l'installation durable de Roms sur le territoire genevois. «Nous essayons de nous y adapter», résume Sami Kanaan.
Campements sauvages détruis
D'où des signaux pouvant paraître contradictoires. «Le jour de la fermeture des abris, une vaste opération de destruction des campements sauvages roms a été lancée. Des tentes, des matelas et des bagages ont fini à la benne alors qu'il faisait encore très froid», déplore Dina Bazarbachi. Ces actions régulières sont menées par le Département municipal de l'environnement urbain et de la sécurité de Pierre Maudet, en collaboration avec la gendarmerie. Selon Sami Kanaan, ces actions sont inévitables, car il n'est pas possible de laisser fleurir les bivouacs sur le domaine public. «Globalement, on constate qu'on a beau prendre toutes les décisions censées décourager la présence des Roms, ils sont toujours là!» lâche tout de même le directeur du DCSJS.
Pragmatique, la Ville entend ainsi renforcer ses connaissances sur les diverses composantes de la communauté rom, leur provenance, leurs habitudes, leur fonctionnement et leurs aspirations. Dans ce but, un mandat d'étude est actuellement en négociation avec le Département de sociologie de l'université. Des échanges sont également planifiés avec des municipalités et des associations de la région française limitrophe.
Pour Philippe Bossy, «l'une des questions est de savoir ce qu'un service social comme le nôtre peut faire pour ce public particulier, notamment caractérisé par sa grande mobilité». «On peut aussi par exemple se demander s'il est nécessaire et utile de renforcer l'aide chez eux. Pour cela, nous aimerions avoir un peu de recul par rapport à la problématique», précise Sami Kanaan.
vendredi 9 avril 2010
L’accueil des mendiants roms, un casse-tête pour la Ville
Le petit réfugié tibétain en Suisse devenu l’émissaire du dalaï-lama
Kelsang Gyaltsen fut l’un des premiers enfants tibétains à être accueillis en Suisse par la Croix-Rouge. Aujourd'hui, sa communauté célèbre la venue à Zurich de son chef spirituel. Une visite qui marque aussi les 50 ans de la présence ici des réfugiés du Toit du Monde. Un article signé Elisabeth Nicoud, Zuerich, pour 24 Heures.
Kelsang Gyaltsen était au rendez-vous hier à Zurich. Jour de fête pour lui, comme pour tous les Tibétains de Suisse: le dalaï-lama a débuté une visite de cinq jours, durant laquelle il tiendra notamment une conférence publique au Hallenstadion de Zurich (10 000 billets ont déjà été vendus!) Dans la voix douce de Kelsang Gylatsen, le regret point malgré tout. Aucun conseiller fédéral ne se déplacera pour rencontrer son chef spirituel. La faute à un agenda surbooké, s’était justifiée, il y a plusieurs semaines déjà, Micheline Calmy-Rey. Et de rappeler que Berne a reçu à quatre reprises le leader religieux ces dernières années.
Cette visite ne ressemble toutefois pas aux précédentes. 2010 marque en effet les 50 ans de l’installation en Suisse des premiers réfugiés. Pour marquer cet événement, la plus grande communauté tibétaine d’Europe organise une cérémonie. «Nous souhaitons exprimer ainsi notre gratitude», explique Kelsang Gyaltsen, qui faisait lui-même partie du premier groupe d’enfants accueillis par la Croix-Rouge suisse au début des années 1960. Il avait alors 11 ans. Aujourd’hui, âgé de 58 ans, l’ancien petit réfugié est l’envoyé spécial du dalaï-lama. Soit l’un des deux négociateurs chargés de mener les pourparlers avec les autorités chinoises.
Pas le temps de voter!
L’incroyable destin de Kelsang Gyaltsen se confond intimement avec celui d’un peuple en exil depuis la fuite du dalaï-lama en Inde, en 1959. Mais l’homme confie se sentir chez lui en Suisse. Il a grandi dans la région rurale du Toggenbourg (SG), puis à Zoug, où il a fait ses classes dans un établissement catholique. Il parle un allemand parfait et comprend très bien le dialecte. Ce père de deux enfants n’a qu’un seul regret: «Ne pas avoir assez de temps pour aller voter.»
Bien que très Suisse, par son abord posé et la modération de son propos, le Tibétain d’origine n’a néanmoins rien oublié. Ni la fuite vers l’Inde avec ses parents, ni son arrivée en Suisse, en 1963, depuis Dharamsala, le nouveau siège du dalaï-lama, où son père l’avait envoyé.
Kelsang Gyaltsen n’a pas oublié non plus ses racines. Ainsi, en 1970, il crée l’association Jeunesse tibétaine en Europe et, plus tard, la Société pour l’amitié helvético-tibétaine. C’est en 1973 qu’il se sent appelé par le dalaï-lama. Il franchit définitivement le pas dix ans plus tard, abandonnant le confort financier que lui offre une banque à Zurich pour s’engager auprès du gouvernement tibétain en exil. Débute alors sa collaboration avec le dalaï-lama, d’abord entre l’Inde et la Suisse, puis en tant que secrétaire pour les relations internationales et enfin, dès 1999, comme envoyé spécial.
Aujourd’hui, Kelsang Gyaltsen note avec joie que la nouvelle génération continue à se mobiliser fortement pour l’autonomie du Tibet, quand bien même elle n’y a jamais vécu. «Ce sont des jeunes très bien intégrés, notamment en Suisse, et fiers d’être Tibétains. Parmi les facteurs importants ayant contribué à la valorisation de leur identité, l’intérêt croissant du monde occidental pour le bouddhisme.»
La route qui mènera le Tibet à l’autonomie n’en reste pas moins longue. L’émissaire du dalaï-lama le reconnaît, la dernière rencontre avec les autorités chinoises, en janvier, n’a pas amené de grands résultats. «Mais les représentants du gouvernement chinois ont clairement manifesté leur volonté de poursuivre les négociations.» Diplomate, Kelsang Gyaltsen continue malgré tout de croire «à une solution qui satisfasse les deux parties».
L’Australie ferme ses portes aux réfugiés sri-lankais et afghans
C'est "un gel du principe d'équité", réagit un avocat. Canberra a annoncé ce 9 avril sa décision de suspendre l'examen des demandes d'asile déposées par les réfugiés afghans et sri-lankais. Chris Evans, le ministre de l'Immigration, a déclaré vouloir envoyer "un message fort aux passeurs", qui ne pourront désormais garantir de visa à leurs clients. L'Australie voudrait voir diminuer l'afflux sur ses côtes de bateaux chargés de clandestins. Le pouvoir subit des pressions dans ce sens en cette année d'élections législatives.
Une info du Sydney Morning Herald relayée par le Courrier International.
Droit d’asile: que disent les chiffres ?
Les associations relativisent la hausse des demandes constatée depuis deux ans par l’Office français de protection des réfugiés.
Tout est une question de point de vue. En présentant hier les chiffres annuels des demandes d’asile en France, Jean François Cordet, secrétaire général de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), a souligné que « la France a subi une croissance importante du nombre de demandes d’asile ». Avec 47 700 dossiers déposés en 2009, contre 42 500 en 2008, la hausse est de 12 %. Elle est d’autant plus significative qu’elle est en partie due à une augmentation de 23 % des premières demandes. Démarrée en 2008 (+ 19,9 %), cette tendance se confirme au premier trimestre de l’année 2010. Néanmoins, « s’il reste élevé, le chiffre des demandeurs d’asile est inférieur au niveau qu’on pouvait observer dans la première moitié des années 2000, quand il tournait autour de 60 000 », tempère Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’asile. Dix mille trois cent soixante-treize personnes ont reçu un statut de réfugié ou une protection subsidiaire, qui s’applique aux personnes ne pouvant pas être protégées au titre de la convention de Genève. Néanmoins, peu se sont vu reconnaître leurs droits directement par l’Ofpra, dont le taux d’accord selon le rapport annuel « oscille en 16,2 % pour les premières demandes et 4,3 % pour les réexamens ». Pour obtenir gain de cause, la moitié des personnes ayant obtenu une protection (5 325) a dû faire appel de la décision de l’Ofpra devant Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Une situation qui complique le parcours du demandeur d’asile, mais qui semble s’améliorer, comme l’indique la baisse de la part d’annulation des décisions rendues par l’Ofpra (50 % en 2009 contre 70 % en 2005).
« Le système français d’asile, malgré toutes les difficultés, est plutôt performant, estime pourtant Pierre Henry. Mais je vois apparaître un discours, qui suggère justement que cette efficacité attire les demandeurs et que, dans un contexte de réductions budgétaires, on pourrait réduire les standards en matière d’accueil. » Un discours que n’est pas loin de tenir Jean Gaeremynck, président du conseil d’administration de l’Ofpra et auteur en 2005, alors qu’il était secrétaire général à l’emploi, d’une circulaire sur la sanction des chômeurs. Commentant hier le maintien de la France au premier rang des pays européens destinataires des demandes d’asile, il s’est désolé, « à titre personnel, qu’il y ait un tel différentiel en matière d’accès aux droits » entre la France et ses voisins européens.
Un article de Camille Bauer dans l’Humanité
Somalie / Golfe d’Aden: baisse des réfugiés
Le nombre de Somaliens tentant la dangereuse traversée du golfe d'Aden a fortement diminué depuis le début de l'année malgré une recrudescence des combats violents dans le pays, a annoncé aujourd'hui le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
"Le nombre de personnes traversant le golfe d'Aden et la mer Rouge a presqu'été divisé par deux pendant le premier trimestre en comparaison avec la même période en 2009", a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'un point de presse à Genève.
Ainsi, 9.400 personnes ont atteint les côtes du Yémen entre janvier et mars contre 17.000 pendant la même période en 2009. Parmi eux, un sur trois était Somalien, alors qu'il y a un an, les Somaliens constituaient la majorité écrasante des arrivants.
La porte-parole a toutefois souligné que cette tendance ne pouvait s'expliquer par une baisse du nombre de déplacés en Somalie. Depuis le regain des combats en janvier, 169.000 personnes ont dû fuir leurs maisons dans le centre-sud du pays.
"Ils ne sont tout simplement pas capables sortir du pays", a expliqué la porte-parole.
Les répression des autorités empêche en effet les candidats au voyage d'atteindre le port de Bossaso (nord de la Somalie) d'où partent les embarcations, et même s'ils y arrivent, la plupart n'ont pas les moyens de payer les passeurs, selon le HCR.
"L'insécurité générale" rend le périple vers la région septentrionale du Puntland difficile et coûteux, et les autorités de cette région combattent de plus en plus les activités des trafiquants, a souligné Mme Fleming.
Alors que la guerre civile fait rage depuis des années en Somalie, qui traverse "l'une des pires crises humanitaires dans le monde" selon le HCR, des dizaines de milliers de personnes ont tenté de gagner le Yémen par la mer.
Les violences en Somalie ont fait environ 1,4 million de déplacés tandis que plus de 570.000 personnes ont cherché refuge dans des pays voisins, selon l'organisation.
AFP