jeudi 8 septembre 2005

Les Eglises tapent du poing sur la table


«Nous dénonçons les mesures de contrainte infligées par les forces de police à des réfugiés déboutés.» Toujours unis, réformés, catholiques et israélites vaudois reprennent la main dans la crise des «523» requérants d’asile déboutés. Et tirent un bilan positif du réseau d’accompagnement de ces personnes, par le biais de parrainages.

Grégoire Nappey dans 24heures, rend compte de la conférence de presse des Eglises vaudoises.

Elles considèrent avoir un rôle de «pont» entre autorités et défenseurs des réfugiés. Dans la crise des «523» qui déchire le canton depuis plus d’un an, l’Eglise évangélique réformée vaudoise, l’Eglise catholique et la Communauté israélite continuent à faire front commun.
«Cette situation n’est pas acceptable.» Le porte-parole protestant Antoine Reymond est ferme. Le médiateur catholique Eglise-réfugiés Jean-Pierre Barbey cite un exemple: «Le 18 août, deux requérants en détention ont été transférés de Genève à Bâle dans des conditions dégradantes. Un voyage de dix heures en fourgon, menottés et sans alimentation.»
«Les mesures de contrainte sont en contradiction avec les principes moraux de l’Etat de droit», lâche le responsable catholique vaudois Rémy Berchier. Les trois communautés ont écrit leur indignation au Conseil d’Etat. Elles perçoivent «ces méthodes comme des moyens de pression pour forcer les chefs de famille à accepter un retour dans leur pays».
Antoine Reymond a une certitude: «L’avenir doit être, ne peut être que politique.» Les Eglises attendent beaucoup du projet radical de résolution demandant de solliciter Berne à nouveau pour régler l’affaire. Le texte pourrait être déposé mardi au Grand Conseil.
En attendant, réformés, catholiques et juifs soulignent la capacité limitée des refuges pour requérants menacés. Une quinzaine de personnes sont en ce moment accueillies à Lausanne et Vevey. Et pour soutenir ceux qui le souhaitent, dans leurs démarches auprès de l’Etat, un réseau d’accompagnement a été mis en place par le biais de parrainages. Pour les «523», d’autres déboutés et peut-être bientôt pour les 175 Erythréens et Ethiopiens interdits de travail. 51 partenariats ont été conclus cet été, chaque parrainage étant cosigné par au moins deux parrains. La démarche avait été avalisée par le Conseil d’Etat en mai dernier. Représentants des Eglises, du monde politique (même de droite) et de la société civile, «ils ne sont pas là pour décider à la place du requérant s’il signe pour l’aide au retour ou s’expose aux mesures de contrainte. D’où la difficulté de l’engagement», souligne le député socialiste Roger Saugy.


Lire le communiqué des Eglises

Le patron du SPOP devant la justice

24heures révèle aujourd'hui que Henri Rothen sera bel et bien traduit en justice. Le recours contre le non-lieu a été déclaré recevable.

Chef du Service de la population (SPOP), Henri Rothen devra comparaître devant le Tribunal de police de l’arrondissement de Lausanne. Le recours déposé contre son non-lieu obtenu dans le cadre de l’affaire des deux requérants d’asile «calomniés» a en effet abouti. Henri Rothen est renvoyé pour calomnie et subsidiairement pour diffamation. L’affaire a éclaté à fin mars dernier. Deux frères originaires de Serbie-et-Monténégro ont déposé plainte contre le chef du SPOP. Motif: ce dernier a affirmé qu’ils avaient des «antécédents judiciaires lourds». Ces propos ont été tenus à un groupe de députés, en présence du conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud. En juillet, l’enquête pénale contre Henri Rothen a débouché sur un non-lieu. Les deux frères, qui ont depuis été expulsés du pays, ont donc déposé recours au Tribunal d’accusation. Un recours partiellement admis. Car si l’un des frères a bel et bien été condamné pour des infractions relevant de la loi sur la circulation routière, le second a un casier judiciaire vierge. Actuellement en vacances, Henri Rothen n’a pas pu être atteint hier. De son côté, Jean-Claude Mermoud n’a pas souhaité commenter la nouvelle concernant son chef de service. A gauche de l’échiquier politique et dans les milieux proches de l’asile, l’affaire avait fait grand bruit. Avec la décision du Tribunal d’accusation, elle semble devoir reprendre de plus belle. «Il est édifiant de constater que le canton n’a pas attendu la fin du délai de recours pour annoncer le non-lieu du chef du SPOP», souligne Cesla Amarelle, vice-présidente des socialistes vaudois et membre de la Coordination Asile. Les conséquences politiques de ce nouvel épisode sont difficilement mesurables pour le moment. Sur un plan général, la gauche fustige une fois encore la politique d’asile du Conseil d’Etat. Et elle va surveiller attentivement le jugement du Tribunal. «Si le chef de service devait être condamné, Jean-Claude Mermoud devrait prendre ses responsabilités, ajoute Cesla Amarelle. Une condamnation constitue un motif de résiliation du contrat de travail.»

Lire le communiqué sur Romandie.com