vendredi 6 juin 2008

Berlusconi fait la girouette sur l'immigration

ITALIE. Le projet de loi introduisant le délit d'entrée illégale sur le territoire maintenu.

Eric Jozsef, Rome dans le Temps

Vendredi 6 juin 2008


Pressé par son allié xénophobe de la Ligue du Nord mais critiqué par l'ONU et le Vatican, Silvio Berlusconi a pendant quelques jours fait la girouette. Finalement, il a confirmé mercredi que son gouvernement entend bel et bien introduire le délit d'immigration clandestine. A l'issue du premier Conseil des ministres fin mai à Naples, la nouvelle majorité de droite a en effet présenté un projet de loi qui renforce la lutte contre les illégaux. Le texte prévoit d'introduire le délit d'entrée illégale sur le territoire avec jugement en flagrant délit et des peines allant de 6mois à 4ans de prison. Le document qui porte la signature de Silvio Berlusconi est d'ores et déjà à l'examen au Sénat.

Augmentation des incidents racistes

Le nombre des incidents à caractère raciste a augmenté très nettement en 2007. C’est ce qui ressort de la nouvelle édition de la chronologie  «Racisme en Suisse». D’après ce rapport, l’année 2007 a connu une augmentation d’environ 30% des incidents à connotation raciste en Suisse par rapport à l’année précédente. Au 31 décembre 2007 on avait recensé 112 cas contre 87 à la même date l’année précédente

Vers le site de la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme

Ridoré, le Barack Obama suisse

Carl-Alex Ridoré, 36 ans, est en passe de devenir le premier préfet noir de notre pays. Un parcours de surdoué qui rappelle celui du candidat démocrate américain. Un article de Claude Ansermoz, correspondant permanent de 24 Heures à Bulle.

FAVORI Le socialiste Carl-Alex Ridoré a gagné le premier tour de l’élection, dimanche, avec 46,7% des suffrages, devant le PDC Hubert Dafflon et ses 30,2%. FRIBOURG, LE 1er JUIN 2008
SANDRO CAMPARDO/KEYSTONE


He has a dream. Celui d’être le premier préfet socialiste de la Sarine. Mais si Carl-Alex Ridoré gagne le second tour du 22 juin prochain (46,7% des suffrages dimanche devant le PDC Hubert Dafflon et ses 30,2%), il sera aussi le pre­mier Noir à accéder à cette fonc­tion en Suisse. Ce qui fait de lui, actualité oblige, notre Barack Obama à nous.
Dans le suranné café de la Gare de Bulle, on entend et on voit les mouches voler. Contrai­rement à ce que disent ses dé­tracteurs, le jeune avocat socia­liste de 36 ans sait trancher. Il porte sans hésitation son dévolu sur la fondue au vacherin. Avant de répondre, l’homme prend toujours son temps. Pendant que ses yeux quêtent le ciel, c’est au tour du fromage tiède de tran­cher. La couleur de sa peau? Il «refuse d’en faire un argument électoral. Franchement, à part les journalistes, personne ne me pose jamais la question. J’ai conscience de la portée symboli­que et si j’étais scientifique, j’écrirais peut-être une thèse là­dessus. Mais là, je suis candi­dat. » On insiste. «Jamais je n’ai souffert de racisme, raconte celui qui s’est naturalisé suisse à l’âge de 16 ans. Mais grandir au­jourd’hui en tant qu’enfant étranger est certainement plus difficile qu’à mon époque. L’inté­gration, c’est avant tout l’oeil qui regarde.» Et Barack Obama alors? «Que l’Amérique soit diri­gée par un Noir ou par une femme est secondaire. Ce qui me séduit avant tout, c’est de sentir dans ce pays une réelle volonté de rompre avec le statisme. Ja­mais je n’aurais pu être un politi­cien conservateur.»
«Le saint Nicolas des communes»

Dans le district de la Sarine, le plus grand du canton, le préfet n’est pas n’importe qui. Autorité de recours pénale, délivreur de permis de construire, «impul­seur » de fusions de communes, il est à la fois le bras armé du Conseil d’Etat et parfois son principal contradicteur. «C’est un peu le saint Nicolas des com­munes, il guide, il gronde, il concilie.» A ce titre, certains ont trouvé la campagne de l’ami Ridoré un peu terne. Dans La Liberté, Christian Duccoterd, le président du PDC de Sarine Campagne, attaque: «Etre sympathique, ça ne suffit pas pour faire un bon préfet.» Ancien basketteur de haut niveau – comme Barack Obama – Carl-Alex Ridoré prend le rebond: «Avant le premier tour, j’ai jugé qu’un candidat de­vait avoir une posture préfecto­rale. Je ne postule pas pour un poste de boxeur. Gérer des con­flits, c’est déjà ma profession. Mais s’il faut monter au front face aux attaques verbales avant le second tour, cela ne me fait pas peur.» Plutôt que de polémi­quer, Carl-Alex Ridoré préfère sourire à l’idée que le vieux parti n’administrera plus aucun des sept districts du canton. Histori­que! «Le PDC n’a pas su prépa­rer sa relève», plaide-t-il.
Quinze ans de scoutisme et autant de chant – notamment sous la baguette de Michel Cor­boz à Lausanne – lui font dire que «la persévérance et l’obsti­nation » sont ses marques de fabrique. Le goût des autres aussi. Inspiratrices également, les figures haïtiennes du père politicien, militant, socialiste et de la mère, «infirmière enga­gée ». Tout cela saupoudré d’une bonne dose d’ambition person­nelle? «Bien sûr que je me recon­nais dans la jeune génération montante socialiste fribour­geoise, comme les Christian Le­vrat ou Alain Berset. Mais je n’ai pas de modèle et mon engage­ment est plus profond. J’ai tou­jours été un accro des infos na­tionales. Et ça me démangeait de ne pas être qu’un auditeur «Ya­qua », l’oreille collée à son tran­sistor.