mardi 8 décembre 2009

Freysinger traité de "nouvel Hitler" en direct sur Al-Jazira

Freysinger traité de "nouvel Hitler" en direct sur Al-Jazira

.Le conseiller national Oskar Freysinger a été traité de "nouvel Hitler" lors d'un débat sur l'interdiction des minarets diffusé en direct par la chaîne arabophone d'informations Al-Jazira. Le politicien valaisan a justifié le résultat des urnes comme "une décision absolument démocratique".

ats - le 08 décembre 2009, 22h25

Son contradicteur, Assam al-Tamimi, directeur de l'Institut pour la pensée politique islamique de Londres, a déclaré que "M.Freysinger est un danger pour le futur de la Suisse". Le politicien de l'UDC s'exprimait en duplex depuis Berne, ses propos étant traduits simultanément vers l'arabe.

Le politicien valaisan a contré la comparaison de M.al-Tamini en soulignant qu' "Hitler n'aurait pas permis une votation". Il a justifié la position de son parti, qui a conduit à "une décision abolument démocratique". Oskar Freysinger (UDC/VS) a également rappelé que la construction d'églises est interdite en Arabie Saoudite.

M.al-Tamimi a de son côté loué les représentants des Eglises suisses, qui se sont prononcés contre l'interdiction des minarets. Il s'est ensuite adressé au peuple suisse en disant: "Ne laissez pas la réputation de votre pays, libre et beau, être entachée".

La population suisse s'est prononcée à plus de 57% pour une interdiction des minarets dans le cadre d'une initiative lancée par l'UDC et l'UDF.

Choc frontal


PAR FRANÇOIS MODOUX
Dix jours après le vote anti-minarets des Suisses, une nouvelle épreuve s’annonce

Dix jours après le vote anti-minarets des Suisses, une nouvelle épreuve s’annonce. Faut-il invalider l’initiative populaire de l’UDC qui demande l’expulsion des étrangers délinquants? La question agite le Conseil des Etats, appelé à se prononcer cette semaine déjà. En effet, le texte de l’UDC est problématique. Sa compatibilité avec la Convention européenne des droits de l’homme, avec la Convention internationale sur les droits des enfants et avec l’accord sur la libre circulation des personnes est plus que douteuse. Le principe de non-refoulement, fixé dans plusieurs instruments juridiques de portée internationale, ne serait respecté qu’au prix d’une interprétation laissée au bon vouloir des autorités helvétiques.

Une fois encore l’UDC a grossièrement puisé dans la mine d’or des droits populaires pour se profiler comme le seul parti gardien de la sécurité. Mais le vote anti-minarets a secoué ceux qui, jusqu’à présent, misaient sur la grande sagesse du souverain pour désavouer l’UDC. Objectivement, le risque est élevé que la démocratie du nombre s’exerce une nouvelle fois contre le respect de traités acceptés par la Suisse à l’issue de procédures elles aussi démocratiques.

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LA DIVERSITÉ HUMAINE À L'APPEL DU MINARET

LA DIVERSITÉ HUMAINE À L'APPEL DU MINARET

Paru le Mardi 08 Décembre 2009
CHRISTOPHE GERMANN*

ContrechampSUISSE - Le débat sur l'interdiction des minarets, focalisé sur les questions de droit aux «libertés identitaires», a fait peu de cas de la notion de diversité culturelle. A tort, selon le spécialiste Christophe Germann, car la «prévention des atrocités de masse commence par la culture».
Le résultat de la votation sur l'interdiction des minarets en Suisse a eu un grand mérite, celui de susciter un débat passionné, critique et contraignant à l'échelle planétaire sur le droit et la démocratie. Rares sont les médias dans le monde qui n'ont pas consacré de couverture visible à ce verdict populaire. L'attention est portée en premier lieu sur la liberté religieuse, la protection des minorités et la liberté d'expression. Au-delà du droit à ces «libertés identitaires» fortement thématisées, il est utile d'élargir et d'approfondir maintenant la discussion sur la diversité culturelle et sa négation la plus radicale, le génocide culturel. Cette approche originale du problème permettra d'aborder les relations tendues entre les droits de l'homme et les droits des groupes humains afin d'esquisser des solutions nouvelles. Plus précisément, il s'agit aujourd'hui de repenser le contrat social afin de valoriser la diversité humaine et neutraliser ainsi les incendiaires. La diversité culturelle n'a pas seulement une valeur esthétique, elle peut également contribuer à préserver la vie. Les techniques employées pour museler les expressions émanant de l'altérité religieuse ou culturelle varient entre destruction physique, interdiction et assimilation forcée. Cette dernière peut également aboutir à une forme de génocide. La Suisse a ratifié la Convention de l'ONU pour la prévention et la répression du crime du génocide plus d'un demi-siècle après son adoption en 1948. Et pour cause. A partir de 1926, la fondation Pro Juventute avec le soutien de la Confédération et en collaboration avec les cantons et les communes poursuit le programme «OEuvre pour les enfants de la grand-route»: Six cents enfants yéniches sont enlevés à leurs parents pour être placés dans des familles d'accueil, des homes et des orphelinats et des cliniques psychiatriques. Suite à des articles critiques du journaliste Hans Caprez en 1972, Pro Juventute finit par dissoudre l'«OEuvre» quelques années plus tard. Comme l'a relevé l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, par ce programme, des personnes appartenant à une minorité ont été mises sous tutelle et fortement discriminées dans le but de détruire leur mode de vie.1 Ces mesures ne visaient pas le bien-être de l'enfant, mais l'anéantissement des caractéristiques tsiganes, en premier lieu la vie nomade. Le transfert forcé d'enfants d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux à un autre groupe dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, ce groupe comme tel constitue un acte de génocide au sens de l'article II de la Convention sur le génocide. Comme ce traité n'était pas encore en vigueur pour la Suisse lorsque l'«OEuvre» a exercé ses activités, il n'y a eu aucune procédure pénale en la matière. Le parlement suisse a officiellement reconnu le génocide des Arméniens perpétré en 1915 par l'empire ottoman. Toutefois, à ce jour, il n'en a pas fait de même pour le génocide des Yéniches en Suisse.
La prévention du génocide et des atrocités de masse commence par la culture. Il faut immuniser la population contre sa mobilisation par les incendiaires de sorte que cette protection agisse surtout dans les moments de crise, en particulier lorsque la situation économique et politique se détériore sensiblement. C'est dans cette optique de prévention que la conseillère nationale Josiane Aubert a déposé une motion contre le génocide culturel lors du 60e anniversaire de l'adoption de la Convention de l'ONU contre le génocide (lire ci-dessous). Dans la pire des éventualités, le coup porté aux expressions culturelles enlève les inhibitions à préserver la vie humaine. Les nazis ont commencé par brûler les livres sur la place publique, sous le regard et avec la participation de la population, pour finalement passer à la «solution finale» et tuer enfants, femmes et hommes dans les chambres à gaz.
Quel est le point commun d'un minaret et d'une tourelle publicitaire pour McDonald? Les deux constructions constituent des expressions culturelles au sens de l'art. 4 de la Convention de l'UNESCO de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles: Les «expressions culturelles» sont les expressions qui résultent de la créativité des individus, des groupes et des sociétés, et qui ont un contenu culturel. Le «contenu culturel» renvoie au sens symbolique, à la dimension artistique et aux valeurs culturelles qui ont pour origine ou expriment des identités culturelles. Cette convention sur la diversité culturelle est entrée en vigueur pour la Suisse l'année passée. Elle rappelle dans son préambule que «la diversité culturelle crée un monde riche et varié qui élargit les choix possibles, nourrit les capacités et les valeurs humaines, et qu'elle est donc un ressort fondamental du développement durable des communautés, des peuples et des nations.» A la lumière de cette affirmation, il est pour le moins curieux de constater qu'en Suisse il sera désormais interdit de construire des minarets alors que les potences «M» aux couleurs criardes continueront d'enjoliver et d'égayer le paysage helvétique de manière uniforme. Doit-on en conclure qu'une majorité des Suisses ne veulent pas de cette richesse promise par la diversité culturelle?
On peut considérer par exemple la mutilation des organes génitaux comme une «expression culturelle». En tant qu'atteinte grave à l'intégrité corporelle et à la personnalité, elle viole les droits de l'homme, excepté dans les cas très rares où elle est pratiquée sur une personne adulte qui y consent librement. Pour cette raison, cette mutilation n'est ni protégée, ni promue par la Convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle. En effet, ce traité prévoit expressément que nul ne peut l'invoquer pour porter atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales tels que consacrés par la Déclaration universelle des droits de l'homme ou garantis par le droit international, ou pour en limiter la portée.
Etre Chrétien, Musulman, Juif ou Hindou signifie, pour le moins, deux choses: identités religieuse et culturelle.2 Ces identités se nourrissent réciproquement. Toutefois, l'identité culturelle peut exister sans l'identité religieuse. On peut laisser la question ouverte pour l'inverse. Comme concepts juridiques, la liberté religieuse est connotée avec le risque de favoriser le cloisonnement et le replis communautaire tandis que la diversité culturelle présente l'opportunité de l'ouverture et de l'intégration. On peut épouser plus d'une «culture», mais on n'adhérera, en tant que croyant, agnostique ou athée, en règle générale qu'à une seule «religion», soit à titre exclusif. Quant à la protection des minorités, elle est tributaire de l'interdiction de discriminer qui évoque la charité et la générosité: le plus fort protège le plus faible parce qu'il a la conscience et les moyens. Même ancrée dans des règles de droit contraignantes, la protection des minorités et l'interdiction de discriminer restent fragiles, car elles reposent sur une asymétrie dans la répartition du pouvoir qui est corrigée par le groupe le plus fort de manière plus ou moins discrétionnaire. Tel n'est pas le cas de la diversité culturelle dont la fortune provient de l'apport des diverses identités culturelles à parts égales. Subsiste la liberté d'expression, qui – truisme – se révèle vide en l'absence de contenus, ce qui nous ramène à la liberté religieuse et la diversité culturelle. Opprimer la liberté d'expression religieuse ou culturelle peut contribuer à renforcer les contenus religieux et culturels et à accentuer les clivages. Le cas du Tibet illustre cette situation. Museler ces expressions afin de préserver l'intégrité nationale et empêcher la désintégration peut aboutir au résultat inverse, soit à radicaliser les sécessionnistes. La Turquie semble avoir tiré cette leçon. Récemment, elle a levé l'interdiction d'utiliser la langue et les noms kurdes après des décennies d'acharnement violent sur les expressions culturelles de cette minorité. Elle paraît maintenant miser sur la diversité pour assurer l'unité du pays.
La protection des minorités nationales et étrangères semble impliquer que l'Etat et la société civile majoritaire agissent par «bienfaisance» et non pas à leur propre avantage bien compris. Une nouvelle culture de la diversité à imaginer, à créer et à mettre en oeuvre pourrait valoriser ce bénéfice et procurer des incitants à l'ouverture. Le droit aux «libertés identitaires» manque de vigueur lorsqu'il s'oppose à un verdict populaire dans un régime démocratique, car son caractère impératif et, par-là, sa légitimité sont controversés. Dans ce cas de figure, le droit ne peut pas forcer la chose, mais il sait révéler le problème. Imposer une solution à ce problème à l'aide d'outils juridiques axés sur les «libertés identitaires» peut s'avérer sensiblement moins efficace qu'une approche qui permettrait à la société civile d'intérioriser la valeur de la diversité humaine. Le nouveau contrat social à élaborer pour réaliser cet objectif pourrait contribuer à un changement de paradigme et de mentalité inspiré des codes de conduite visant à protéger et promouvoir la diversité biologique et la diversité culturelle. I
Note : * Christophe Germann est chercheur invité au Centre Lauterpacht pour le droit international de l'Université de Cambridge et au Centre Whitney and Betty MacMillan pour Etudes Internationales de l'Université de Yale. Il y effectue un projet de recherche postdoctorale FNS et Marie Curie sur le génocide culturel en droit international public. Il est également avocat à Genève et l'auteur du livre Diversité culturelle et libre-échange à la lumière du cinéma édité par Bruylant, LGDJ et Helbing & Lichtenhahn (2008).
1 Lire Walter Leimgruber, Thomas Meier, Roger Sablonier, Das Hilfswerk der Kinder der Landstrasse, Archives fédérales suisses, Berne 1998, avant-propos : www.landesgeschichte.ch/landstrasse.html#
2 Walter Kälin, Grundrechte im Kulturkonflikt – Freiheit und Gleichheit in der Einwanderungsgesellschaft, Berne 2000, aborde la question de la migration sous l'angle de la liberté et de l'égalité.



article

Prévenir le génocide culturel

CG

Fin 2008, la conseillère nationale Josiane Aubert déposait une motion pour prévenir le génocide culturel1. Le Conseil fédéral et le parlement ont rejeté cette initiative cette année. Extraits du discours de Mme Aubert devant le Conseil national: «La convention de 1948 a trouvé une mise en oeuvre efficace depuis la fin de la guerre froide pour punir le génocide. Son talon d'Achille reste toutefois la prévention; il en va de même avec les autres instruments du droit international public existants. Celui-ci est insuffisant en matière de prévention, même s'il est appliqué de manière satisfaisante. Le Conseil fédéral estime que le génocide culturel diluerait la signification de génocide physique et biologique en tant que crime des crimes. Au contraire, une prévention renforcée agira contre le risque de dilution. En effet, il ne s'agit pas de protéger la culture en tant que telle, mais bien le groupe humain qui est porteur et tributaire d'une telle culture. (...) La prévention du génocide vise en premier lieu la protection de la diversité des groupes humains, soit de la diversité humaine pour reprendre un terme employé par Hannah Arendt dans son livre classique Eichmann à Jérusalem - Rapport sur la banalité du mal. Il faut admettre que le droit pénal international actuel ne saurait suffire à protéger et promouvoir la diversité humaine. Par conséquent, un troisième pilier devra s'ajouter un jour aux conventions existantes sur la diversité biologique et culturelle, à savoir une convention sur la diversité humaine. (...) Pour atteindre cet objectif, il faut dans un premier temps mettre la diversité culturelle sur pied d'égalité avec la diversité biologique en sanctionnant comme génocide culturel les atteintes contre l'intégrité culturelle d'un groupe humain en vue de l'anéantir. Lorsque cette étape législative sera franchie, les conditions pour une nouvelle convention protégeant et promouvant la diversité humaine de manière efficace seront réunies.» C.G.
Note : 1 Lire Le Courrier du 9 décembre 2008.
Le texte de la motion et la réponse du gouvernement peuvent être consultés sur:
www.parlament.ch/ab/frameset/f/n/4811/306271/f_n_4811_306271_306485.htm

Oskar Freysinger face au monde arabe


Oskar Freysinger face au monde arabe sur Al-Jazira

Oskar Freysinger sera l'invité d'Al-Jazira pour une émission polémique.
Oskar Freysinger sera l'invité d'Al-Jazira pour une émission polémique. [Keystone]
Oskar Freysinger fera face au monde arabe ce soir sur Al-Jazira. Le Matin explique que l'UDC valaisan, fer de lance de l'initiative anti-minarets, est l'invité d'une émission hautement polémique sur l'expansion de l'islamophobie en Europe. L'inquiétude pointe chez certains parlementaires à Berne. De son côté, le Bund présente la planisphère de la corruption, sur laquelle la Suisse fait plutôt bonne figure. A Genève, les plans du nouveau Conseil d'Etat sont analysés par la Tribune.

Oskar Freysinger face au monde arabe Oskar Freysinger est ce soir l'invité de la chaîne arabe Al-Jazira, raconte Le Matin , qui annonçait hier la tenue de ce débat dans l'émission phare de la chaîne d'informations en continu. En direct et en prime time devant 80 millions de téléspectateurs arabes, l'UDC valaisan a accepté de débattre. Face à lui Azam Hamimi, un proche du Hamas, qui défend les attentats suicide. Le Matin suspecte Oskar Freysinger d'ignorer le ton de l'émission. Le principe de ce show intitulé "directions opposées": un combat de coq de 60 minutes. "Le rôle du journaliste est de provoquer les interlocuteurs", précise Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen. Et d'ajouter: "Oskar Freysinger a une lourde responsabilité. Il ne devra pas déraper. Pour beaucoup de téléspectateurs arabes, il incarnera la voix officielle de la Suisse". A Berne, plusieurs parlementaires cachaient mal des grimaces de crispation. D'autant que le thème du débat, "la montée de l'islamophobie en Europe", veut prouver que le modèle suisse est en train de s'exporter. "Le mieux, répond Oskar Freysinger, qui sera en duplex de Berne, est que j'y aille au naturel. J'expliquerai que le vote sur les minarets n'est pas contre l'islam, ni les musulmans". Antenne 20h ce soir.

Minarets: Berne attend un verdict de Strasbourg avant de trancher

Minarets: Berne attend un verdict de Strasbourg avant de trancher

VOTATION | Le Conseil fédéral attend un éventuel verdict de Strasbourg sur l'interdiction des minarets pour évaluer concrètement la situation.

© Pascal Frautschi |

ats | 07.12.2009 | 16:33

Si un recours aboutit devant elle, la Cour européenne des droits de l'hommme concluera très vraisemblablement que l'interdiction des minarets constitue une violation de la liberté de religion inscrite dans la CEDH, a déclaré lundi la ministre de justice et police Eveline Widmer-Schlumpf lors de l'heure des questions au Conseil national.

Tout en précisant que le gouvernement attendait un verdict concret condamnant la Suisse pour décider comment réagir. Mais il n'y «aucune raison» de dénoncer le CEDH. Il n'est pas possible non plus d'apporter une réserve à l'application de cette convention, une telle démarche n'étant possible qu'au moment de la signature ou de la ratification du document, a précisé la conseillère fédérale.

Quant à une interdiction de la burqa, elle n'est pas non plus à l'ordre du jour. Il n'y aucune raison de discuter dans le détail un tel projet vu le petit nombre de femmes qui portent le voile intégral en Suisse, a fait valoir la ministre. Ce sont surtout des touristes.

En 2007, le Conseil fédéral avait jugé disproportionnée une telle interdiction. Cet avis pourrait être réévalué au vu des nouveaux développements mais «il ne faut pas le faire de manière précipitée», a souligné Mme Widmer-Schlumpf.

Bons offices

Chaque conseiller fédéral a eu droit à son lot de questions. La ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a ainsi été interrogée sur l'impact de la votation du 29 novembre sur les bons offices et autres médiations assurées par la Suisse, par exemple entre l'Iran et les Etats-Unis ou entre la Turquie et l'Arménie. Ces conséquences sont très difficiles à évaluer.

Jusqu'ici, aucune réaction à l'interdiction des minarets ne s'est soldée par une volonté de retrait de ces mandats à la Suisse, a-t- elle précisé. Mais les résultats de la votation ne vont «certainement pas» créer des conditions plus favorables pour ce genre de mission.

Le ministre de la communication Moritz Leuenberger a quant à lui fait part de l'étonnement du Conseil fédéral quant à l'écart entre le résultat du vote et les sondages réalisés par l'institut gfs.bern avant la votation. Et d'affirmer avoir déjà abordé cette «situation problématique» avec la SSR.

Ces trois dernières années, la SSR a commandé à gfs.bern 15 sondages pour huit dimanches de votation. Chaque sondage coûte entre 20'000 et 25'000 francs, a précisé le conseiller fédéral. D'une manière générale, il a jugé important de discuter de l'importance que l'on donnait à de telles enquêtes.

[Vaud] Arnaqueurs de clandestins devant la justice

CORRECTIONNELLE | Des dizaines de sans-papiers, principalement Equatoriens, auraient payé un homme de 48 ans en échange d’un prétendu permis de séjour. Hier, lui et son épouse comparaissaient devant le Tribunal pénal de Lausanne.

© FLORIAN CELLA / LDD | Alors que, en juillet 2002, l’accusé manifestait aux côtés du Collectif de soutien aux sans-papiers, en 2005 il était épinglé sur une affiche qui dénonçait ses pratiques envers les clandestins.

Pascale Burnier | 08.12.2009 | 00:04

Juin 2005, choc dans le milieu de l’asile vaudois. Des mystérieuses affiches placardées dans toute la ville de Lausanne dénoncent un homme, connu sous le nom de «L’avocat». Il est à l’époque envoyé pour quelques semaines derrière les barreaux. Il aurait promis à des dizaines de sans-papiers de pouvoir régulariser leur situation. Hier, ce Suisse de 48 ans, d’origine chilienne, comparaissait devant le Tribunal criminel de Lausanne pour une longue liste d’accusations dont escroquerie, abus de confiance, menaces ou encore encouragement à la prostitution. A ses côtés, son épouse, une Suissesse de 47 ans, qui lui servait de secrétaire et aurait baigné dans l’affaire.

Jusqu’à 30 000 francs par mois

Les premiers faits remontent à 2001. L’homme, qui se faisait passer pour un conseiller juridique, avait déposé de nombreuses demandes de permis humanitaires auprès du Service de la population vaudois (SPOP).

Selon l’enquête, les clandestins devaient verser une somme allant jusqu’à 2000 francs pour obtenir un titre de séjour se révélant souvent imaginaire. L’homme se serait contenté de faire des photocopies des documents d’identité de ses victimes et gardait les originaux comme moyen de pression.

Un business qui, selon les témoins, pouvait lui rapporter jusqu’à 30 000 francs par mois. Il aurait également floué des entrepreneurs en leur fournissant plusieurs sans-papiers. Il prétendait que, en cours de procédure, ces derniers étaient autorisés à travailler.

Boule à zéro, carrure impressionnante, l’homme nie en bloc. Selon ses dires, il a décidé de se lancer dans ce business car il avait remarqué qu’il y avait «beaucoup d’injustices et de copinages dans ce milieu». Face aux accusations des nombreuses victimes, l’homme crie au complot. «Ils ont témoigné contre moi pour rester en Suisse plus longtemps. Les témoins étaient manipulés par la police. L’enquêteur avait tous les pouvoirs.» Soutenant son client, Jean Lob, a expliqué vouloir démontrer que l’enquête était à charge. «On voulait la peau de mon client!»

Selon l’accusé, c’est sa liaison avec une prostituée brésilienne qui aurait déclenché cette vague d’accusations. Pour lui, sa maîtresse était en fait protégée par un membre de la brigade des mœurs de Lausanne, en échange de faveurs sexuelles. L’agent accusé a déposé plainte contre ces allégations.

Sur le banc des accusés, une épouse dont le rôle n’a pu être encore clairement déterminé au cours de ce premier jour d’audience. Elle aurait rédigé les demandes de permis, mais aussi brûlé tous les documents à la suite de l’arrestation de son mari. Face aux accusations, elle ne cessera de répéter: «Je ne sais pas pourquoi je suis là. J’ai tapé des lettres comme mon mari me le demandait.» Un manque de curiosité qui suscitera celle de la présidente, Sandra Rouleau. La simple secrétaire termine actuellement un master en droit à l’université.

Alors que la liste des victimes entendues par la police est impressionnante, peu d’entre elles ont déposé plainte. Présente hier au procès, une Equatorienne a dévoilé avec émotion qu’elle ne retirerait pas la sienne. «Je fais cela pour tous les Equatoriens qui sont repartis et tous ceux qui n’ont pas eu le courage de venir ici.»