dimanche 20 août 2006

Interdits d'asile va paraître !























Pour commender : Ouverture@bluewin.ch

Asile: le bilan contesté de l'aide d'urgence

Lire l'article de Denis Masmajean dans le Temps

Christoph Blocher n'était pas mécontent, vendredi, de pouvoir présenter, sur le front de l'asile, des nouvelles qu'il juge tout à fait satisfaisantes. Comme le premier du genre, le deuxième rapport annuel sur le bilan de la suppression de l'aide sociale pour les requérants déboutés par une décision de non-entrée en matière (les «NEM») infirme, estime le conseiller fédéral UDC, les craintes réitérées de maintes Cassandre.
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L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) a immédiatement réagi en publiant, vendredi aussi, un contre-rapport déplorant que les conditions d'octroi de l'aide d'urgence varient très fortement d'un canton à l'autre, et mettant le doigt sur certaines situations jugées «souvent intenables». L'OSAR cite ainsi le canton de Zurich, où, affirme-t-elle, elle a pu constater qu'une personne atteinte d'un cancer, l'autre de schizophrénie, ainsi que d'autres malades chroniques logeaient sous le même toit qu'une femme enceinte.

Judith Blocher dit non à la loi sur l'asile


Judith Blocher (ici en 99) ne partage pas les convictions de son frère [Keystone]

On peut être de la même famille tout en ayant des opinions politiques divergentes. La sœur de Christoph Blocher, Judith Giovanelli-Blocher, le prouve en présidant un comité pour le double non à la révision de la loi sur l'asile.
«J'ai accepté sans hésiter la présidence du comité prônant le double 'non'», déclare Judith Giovannelli-Blocher dans une interview publiée samedi dans «Le Journal du Jura». Mais elle avoue être «attristée de devoir faire ça». Elle ajoute ne pas s'opposer systématiquement au travail politique de Christoph. «Il ne fait pas que des choses bêtes. Mais j'avoue que ce n'est pas facile. Parfois, j'aimerais que mon frère ne soit pas ministre de la Justice».
Mais Judith a ses convictions et elle les assume. «Le travail social, c'est ma vie depuis plus de 50 ans», justifie l'épouse d'un immigré italien âgée de 73 ans, qui accuse le gouvernement de vouloir «gouverner par la peur».
Prenant l'exemple des Italiens à l'époque de l'initiative Schwarzenbach dans les années 70, elle ajoute: «plus tard, dans les années 80, on découvrait les Italiens sous un nouveau visage. Tout le monde pensait que c'étaient des criminels, qui ne pensaient qu'à se bagarrer. Aujourd'hui, les Italiens sont tout à fait intégrés et acceptés. On a connu le même phénomène avec les Tamouls, dans les années 90».
Sceptique quant à l'issue de la votation
Engagée contre les révisions des deux lois, Judith Giovanelli-Blocher se dit toutefois «très sceptique» sur l'issue du vote. «Sincèrement, je dirais que le oui va l'emporter. Notre lutte n'a toutefois pas été vaine», dit-elle en rappelant un combat précédent. Membre du «Comité pour une Suisse sans armée», elle estime que le bon score en faveur de cette initiative (35,6%) a énormément influencé les réformes de l'armée des dernières années et espère qu'il en ira de même avec les votations du 24 septembre.
Ce n'est pas le premier engagement de la soeur de Christoph Blocher en matière d'asile. Elle a déjà fait partie d'un comité opposé à l'initiative contre les abus dans le droit de l'asile, rejetée de justesse en novembre 2002.
Cet article se trouve sur TSR.ch, qui propose également des liens, des archives audio et vidéo, un résumé de la prestation de M. Blocher au congrès de la 5ème Suisse.

«La Suisse n'a pas de problème avec ses étrangers»

Le Matin Dimanche nous propose une interview de Christoph Blocher qui n'entend toujours pas "mener campagne mais informer".

«Je n'ai jamais été contre le fait que le Conseil fédéral informe et c'est ce que je suis en train de faire. Mais il fallait placer des limites, le gouvernement en a convenu avec moi.» (Photo © Daniel Rihs)

CHRISTOPH BLOCHER Sa rentrée politique est marquée par la campagne sur la révision des lois sur l'asile et les étrangers, soumises au peuple le 24 septembre. Le ministre UDC de Justice et Police estime qu'un conseiller fédéral ne doit pas mener campagne. Il a pourtant beaucoup de choses à dire, même étonnamment positives sur les étrangers...


Pourquoi nous accordez-vous une interview, puisque vous estimez que votre rôle n'est pas de mener campagne?
Je n'ai jamais été contre le fait que le Conseil fédéral informe et c'est ce que je suis en train de faire. Mais il fallait placer des limites, le gouvernement en a convenu avec moi. Il n'est plus question, par exemple, que nous commandions des sondages tenus secrets, que l'administration écrive de fausses lettres de lecteur ou finance des brochures d'information partisanes...

Dans une campagne, l'information ne peut être que partisane, non?

La limite n'est pas nette, c'est vrai. Nous aurions pu aller plus loin et décider que seuls les parlementaires défendent les objets soumis au peuple. Nous avons voulu conserver un rôle pour le Conseil fédéral: il ne serait donc pas normal que je m'abstienne totalement.

Vous refusez les débats contradictoires. N'est-ce pas difficile de lutter contre votre propre nature?

Mon rôle a changé. Avant, je pouvais jouer celui de l'avocat d'une cause et vanter uniquement les avantages du point de vue que je défendais. Au Conseil fédéral, je dois informer sur tous les aspects d'un problème. Suis-je à ma place, suis-je plus utile dans ce rôle que dans celui que je tenais à l'UDC? Je ferai le bilan d'ici aux élections fédérales de 2007.

Votre retenue n'est-elle pas aussi un moyen de vous protéger de vos propres dérapages, comme lors du discours de l'Albisgütli, la fête de l'UDC zurichoise, où vous avez traité deux requérants albanais de criminels alors qu'ils n'étaient pas jugés et bénéficient de la présomption d'innocence?

Mon discours écrit faisait bien allusion à de «présumés criminels». Mais en dialecte alémanique, ce terme n'est pas courant et je ne l'ai donc pas prononcé oralement. C'était une erreur et je m'en suis excusé, même si le sens de mes propos était clair.

Nous avons publié un sondage dimanche dernier qui donne l'avantage au oui à la loi sur l'asile, mais qui révèle que 27% des Suisses n'ont pas encore d'avis. N'est-ce pas étonnant pour un thème aussi émotionnel et rabâché?

Pour répondre à ce besoin d'information, je vais prononcer une série de conférences d'ici à la votation du 24 septembre. Mais si les gens ne se sentent pas suffisamment informés, ce sont d'abord les médias qui devraient se faire du souci. Au fait, vous feriez mieux de me poser des questions sur le contenu de la votation que sur la manière de mener campagne (rires)...

Ne vous inquiétez pas, nous y venons! Commençons par l'amalgame que vous faites vous-même entre loi sur l'asile et sur les étrangers...

Mais c'est une réalité: les deux lois sont liées. Ceux qui se voient refuser l'asile grossissent les rangs des autres étrangers illégaux qui se trouvent en Suisse. La gauche aurait même voulu aller plus loin et fondre les deux lois en un seul texte traitant de notre politique migratoire.

Pour être cohérent, ne faudrait-il pas qu'au tour de vis dans l'asile réponde une politique de main-d'oeuvre tenant compte des ressortissants des pays pauvres qui vont forcément continuer à venir tenter leur chance en Suisse?

On peut certes parler de discrimination envers les ressortissants des pays extra-européens. Pour ces gens mais aussi pour l'économie, il serait bon que chacun puisse venir tenter sa chance en Suisse. Mais il faut bien fixer des limites, car les migrants ne viennent plus ici comme il y a un siècle, où celui qui n'avait plus de travail repartait voir ailleurs. Aujourd'hui, ils restent, attirés par le haut niveau de nos prestations sociales.

Diriez-vous que la Suisse a un problème avec ses étrangers?

Non, en général, la Suisse n'a pas de problème avec ses étrangers. Nous vivons bien avec eux, nous n'avons pas de ghettos. N'oublions pas que notre pays offre du travail à plus de 20% d'étrangers, ce qui est une forte proportion. Je croise des homologues européens où ce taux est bien plus bas, les problèmes bien plus grands et qui se demandent comment nous faisons...

Tout va bien, donc. Pour l'asile aussi: vous affichez une baisse des demandes plus forte que la moyenne européenne et vous vous félicitez de l'efficacité de la suppression de l'aide sociale pour les requérants frappés d'une non-entrée en matière (NEM). Pourquoi réclamez-vous en plus de nouvelles lois?

Nous ne pourrons guère descendre au-dessous de 10 000 demandes d'asile par année. Actuellement, 85% de ces demandes ne sont pas fondées et nous courons après l'identité de plus de 6000 personnes. Il ne serait pas admissible d'en rester là. Il faut se donner les moyens de décourager ceux qui cachent leur identité. Le système actuel récompense plutôt les tricheurs, puisqu'ils peuvent faire durer la procédure et leur renvoi.

Quel effet attendez-vous de la nouvelle loi?

La révision de la loi doit nous aider à casser le marché des passeurs. De plus en plus de requérants doivent revenir à la maison après un ou deux mois et témoigner qu'il n'est pas possible de profiter de l'aide sociale en Suisse.

Le vice-président du Parti socialiste, Pierre-Yves Maillard, répète que vous feriez mieux de demander à la police de faire son travail contre la minorité de requérants qui alimentent le trafic de drogue. Pourquoi ne sont-ils pas systématiquement tenus enfermés en vue de leur expulsion?
La gauche qui réclame davantage de sévérité policière et judiciaire? C'est de l'hypocrisie! Mais pour répondre à votre question, il faut relever que la masse de ces trafiquants empêche la police d'être systématique. Il est bien plus efficace d'empêcher qu'ils viennent en Suisse et de les faire repartir le plus vite possible s'ils arrivent jusque chez nous.

Parlons du problème des renvois, spécialement dans les pays d'Afrique de l'Ouest, d'où viennent souvent les revendeurs de drogue. Pourquoi ne misez-vous pas davantage sur des accords de réadmission?
Ces pays exigent des contreparties, telles que des accords de libre circulation ou de coopération judiciaire. Je m'engage à fond pour pouvoir passer des accords de readmission, aussi avec ces pays d'Afrique. Mais, pour conclure, il faut toujours être deux...

Que répondez-vous au comité bourgeois, opposé au durcissement de la loi sur l'asile: son président, Markus Rauh, ex-président de Swisscom, estime que vous stigmatisez une ultraminorité de la population?
Dans sa villa, M. Rauh ne se sent peut-être pas dérangé par le problème... Mais qu'il aille demander aux gens qui subissent les conséquences des abus du droit d'asile, s'ils trouvent qu'il ne faut rien faire? Il serait tout aussi ridicule de décréter qu'il ne faut pas se préoccuper des meurtres en Suisse parce qu'il n'y en a qu'une centaine par année!

Si la loi passe, vous engagez-vous à augmenter la part de réfugiés accueillis par la Suisse sur les contingents internationaux du Haut Commissariat aux réfugiés?

Oui, j'ai toujours dit que si nous luttons mieux contre les abus, nous pourrons accueillir davantage de réfugiés reconnus. Nous en sommes à environ 1500 par année et nous pourrions passer à 2000 sans problème, si cela s'avère nécessaire.

Les réfugiés ne posent donc aucun problème?

J'en vois tout de même un: seuls 25% des réfugiés établis chez nous travaillent. J'ai lancé un projet pilote pour favoriser l'intégration des réfugiés sur le marché du travail. La clé de l'intégration passe par le travail. Jusqu'ici, nous nous sommes montrés trop peu créatifs pour améliorer cette situation.

LUDOVIC ROCCHI ET MICHEL JEANNERET

"Le paradis n'est pas assez grand pour tout le monde"

Bluewininfo et Swissinfo reviennent sur le discours de Christoph Blocher lors du Congrès des Suisses de l'étranger, qui se tenait à Bâle. M. Blocher était en terrain conquis, puisque la veille, le Conseil acceptait par 38 voix contre 26 un durcissement des lois sur l'asile et les étrangers.

«Le paradis n'est suffisamment grand pour tous», a lancé Christoph Blocher
(Stephano Iori)

La proportion d'étrangers dans le pays atteint presque 22%, a rappelé le chef du Département de justice et police dans son allocution. Malgré ce chiffre élevé, il n'y a pas de conflits ouverts comme en France, a-t-il relevé. Il n'y a pas non plus de banlieues ghettos.
La Suisse ne peut pourtant pas accueillir tous ceux qui cherchent du travail, a estimé M. Blocher pour défendre la nouvelle loi sur les étrangers. Celle-ci règle les conditions nécessaires aux ressortissants non européens pour obtenir une autorisation de séjour. Elle permet également de lutter contre l'immigration et le séjour illégaux, a-t-il affirmé.
Il s'agit aussi de limiter les abus commis au nom de la tradition humanitaire, a poursuivi le Zurichois. Selon lui, la majorité des personnes demandant l'asile ne sont pas des réfugiés. "Un grand nombre d'entre eux souhaitent profiter du niveau de vie élevé de la Suisse. Ils vivent de l'aide sociale", a affirmé M. Blocher.
A ses yeux, le principal problème est que la majorité des demandeurs d'asile entrent en Suisse sans papiers d'identité en règle. La nouvelle loi sur l'asile veut les inciter à coopérer sous peine de non-entrée en matière. Le texte veut également favoriser l'intégration de ceux qui sont réellement persécutés.
Le conseiller fédéral était en pays conquis. La veille, le Conseil des Suisses de l'étranger (CSE), qui avait ouvert le congrès, s'était prononcé en faveur des deux nouvelles lois.