vendredi 30 janvier 2009

Les futurs requérants d’asile s’occuperont à l’Esp’Asse

NYON - La centaine d’arrivants logés dès le 16 février dans un abri PCi pourront passer leurs journées dans des locaux spécialement aménagés et animés dans l’ancienne usine Stellram.

GILLES BIÉLER dans 24heures

«La situation n’est certes pas idéale, mais c’est la meilleure. » Loger des requérants d’asile dans des abris de la protection civile, situés En Oie (Brico-loisirs Migros), et leur offrir une occupation pour la journée un kilomètre et demi plus loin ne rend certes pas Emmanuelle Marendaz Colle, chargée de communication à l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), folle de joie. Mais «dans la situation actuelle, on ne pouvait pas trouver mieux».

Municipal des Affaires sociales à Nyon, Olivier Mayor admet lui aussi que la solution n’est pas idéale à long terme. Tout en estimant qu’à l’Esp’Asse (anciennement l’usine Stellram aujourd’hui reconvertie en zone dédiée à l’art, à l’artisanat, à la formation et à la réinsertion professionnelle), les requérants auront à disposition des locaux fonctionnels. «La seule solution si nous voulions disposer d’une structure d’accueil pour la journée à proximité du lieu de vie était d’installer des Portakabin. Cela aurait été parfaitement inadapté, d’autant que ces personnes passeront leurs nuits dans des abris PCi, en sous-sol et dans un minimum de confort. Par ailleurs, le fait qu’ils doivent se déplacer et ainsi voir d’autres gens permettra d’éviter un risque évident de ghettoïsation. »

Un avis que partage la diacre Magaly Borgeaud, chargée justement de veiller au confort et à l’occupation des requérants, en organisant notamment le travail des volontaires bénévoles. «Nous refusons toute notion d’assistanat. Il s’agira d’abord d’un échange et, en ce sens, permettre à ces personnes d’entrer en contact avec des gens de la région est d’une importance fondamentale. »

Dès le 16 février, une centaine d’hommes célibataires (Eryth-réens, Ethiopiens, Sri Lankais et Irakiens notamment) pourront ainsi profiter des généreux services des bénévoles emmenés par la diacre. «Nous recherchons encore du monde, mais aussi, prioritairement, des habits chauds, puisque nos hôtes ne seront pas forcément équipés pour affronter nos températures. » Et de se montrer également intéressée par des jeux, du matériel de sport ou encore des instruments de musique. «On ne parlera forcément pas la même langue. Mais autour d’un ballon de foot ou d’un djembé, tout le monde se comprend!» Pour encadrer tout ce petit monde, deux animateurs, un(e) infirmier(ère) et deux agents de sécurité seront également mobilisés par l’EVAM.

Craintes «infondées»

Quant aux craintes relayées ici et là, Emmanuelle Marendaz Colle les balaie d’un coup de sang. «Le canton accueille 4400 requérants. Il serait temps d’arrêter d’y voir autant de problèmes. D’ailleurs, y en a-t-il vraiment?» Pour éviter ce sentiment négatif et surtout pour jouer la transparence, la commune organise une séance d’information. «Ces peurs sont souvent dues à l’ignorance, estime Olivier Mayor. Un tel rendez-vous doit permettre aux plus réticents de se faire une raison. »

Note:Séance d’information, lundi 9 février à 18 h 30 à la salle du Conseil (Ferme du Manoir). En cas d’intérêt pour être bénévole ou offrir du matériel: 079 456 00 66

Cinq nationalistes suisses condamnés

antiracisme

Le Tribunal de district d’Aarau a condamné cinq membres du Parti des Suisses nationalistes (PNOS) à des jours-amendes de 5 et 10 jours. Les autorités leur avaient déjà infligé des peines de 10 à 25 jours-amendes mais ils avaient fait recours. En définitive, les amendes atteignent cette fois entre 400 et 500 francs contre 600 à 1800 francs en première instance. Le tribunal a jugé que le programme du PNOS de l’époque, publié sur internet d’août 2005 à mars 2006, constituait bien une infraction à la norme antiraciste. Les accusés sont âgés de 22 à 38 ans et viennent des cantons de Berne, de Fribourg et de Soleure.

Brève de 24 Heures

Lire l'article sur le sujet dans l'Aargauer Zeitung

Nouveaux centres d'hébergement dans le canton de Berne

Le canton de Berne devra ouvrir six nouveaux centres pour accueillir des requérants d'asile. Les capacités d'hébergement des abris de la protection civile ouverts en automne 2008 à Bienne, Berne, Köniz et Uetendorf ne seront bientôt plus suffisantes.

Il faut compter avec une nouvelle hausse du nombre de requérants d'asile au cours des prochains mois, a averti l'Office fédéral des migrations. La Confédération veut attribuer au canton de Berne 74 personnes par semaine. Les centres ouverts sont occupés à plus de 87 %, a précisé le canton de Berne.

Les six nouveaux centres sont situés dans la partie alémanique du canton. Pour faire face à cet afflux de requérants d'asile, de nombreux cantons ont dû ordonner l'ouverture de nouveaux centres d'accueil.

(ats / 29 janvier 2009 10:05)

mercredi 28 janvier 2009

Voyage dans le temps au pays des Roms

Les Roms des campagnes sont souvent ceux qui tentent leur chance à l’Ouest. Ils nous ont montré leurs conditions de vie et la réussite de ceux qui sont revenus.

LAURENT GRABET TEXTES PATRICK MARTIN PHOTOS DE RETOUR DE ROUMANIE, dans 24 Heures.

Ce jeune Rom et sa petite soeur n’ont pas la résignation constatée chez de nombreux adultes de leur village. Leurs camarades et eux auront peut-être droit à une vie meilleure et à une part du boom économique roumain aperçu sur la télévision familiale. Cerat, le 21 janvier 2009Le train a remonté le temps sur 250 km entre Bucarest et Cerat, village de 4800 habitants aux ruelles boueuses. Trois heures de voyage pour un saut de deux cents ans en arrière. Les 4×4 de 300 chevaux des gadjos (ndlr: les non-Roms) bucarestois ont fait place à des charrettes traînées par un vieux bourrin. Une gamine saute de l’une d’elles et négocie sa photo contre deux cigarettes. «Les Roms qui mendient dans nos rues ou travaillent sur nos chantiers viennent de villages comme celui-là. En ville, le travail manque moins», commente Cristiano Barale, délégué de Terre des hommes en Roumanie.

Entassés à neuf dans 20 m2

A part sur sa vieille télé, le miracle économique roumain ne passera probablement jamais par la maison de paille et de terre de Mihael Campeanu. Le Rom a 49 ans mais en paraît dix de plus. Contrairement à sa femme Maria, il semble avoir abandonné la partie depuis longtemps. Partager quatre lits et 20 m2 avec elle, sept de leurs neuf enfants âgés de 3 à 15 ans, un cochon et deux chiots, tirer l’eau au puits du bout de la rue, faire ses besoins dans un bidon de plastique enterré au milieu du jardin parmi les ordures: cette vie l’a usé. «Survivre, dit-il, avec 100 francs d’aide sociale aussi. Si seulement on avait du travail! Mais ici, il n’y a rien pour nous. Les Roumains nous considèrent comme des moins que rien.» La plainte est en partie fondée (lire ci-dessous), elle est aussi intéressée. Ses visiteurs ont des moyens, Mihael aimerait en profiter. Le regard de son fils Elvisu est plus naïf mais pas résigné. Avec ses jeans, ses baskets et son sweat-shirt à la mode, l’ado de 15 ans ne ferait pas tache dans les rues de Lausanne.

 

Quinze ans d’Italie contre une villa orange

Quelques maisonnettes plus loin, Florinel et Luminita Baragan nous ouvrent leur porte. Leurs quatre enfants vont à l’école. Cosmin, l’aîné de 19 ans, a terminé un apprentissage de mécano. «C’est bien, car chez les Roms les plus pauvres, l’enfant est souvent considéré comme un agent économique», décode le délégué de Terre des hommes. «Je ne veux pas que mes enfants partent à l’étranger», renchérit Florinel en décrottant ses chaussures. «Là-bas, il n’y a rien pour eux, surtout avec la crise. Ici, nous sommes moins discriminés! En plus, nous ne savons pas ce qui se cache derrière le luxe montré à la télé.»

Quelques kilomètres plus loin, chez Ion Akim, il faut se déchausser. Le quinquagénaire est une figure respectée ici. Il est Ursari, une ethnie pauvre dont les membres dressaient historiquement ours et chevaux. Pourtant, la villa orange qu’il se construit n’a rien à envier à celle des calderari, riches commerçants d’or. Il a fallu à Ion quinze ans de travail sur les chantiers italiens pour la payer. Ses six enfants y habitent toujours. «Ici, je n’aurais jamais pu y arriver honnêtement.»

Une route goudronnée financée par l’Union européenne mène à la ville voisine de Craiova. C’est là qu’habitent Adrian Bozgan et sa femme Leonora. Deux années passées à conduire des camions en Allemagne et à ramasser des fraises en Espagne leur ont permis de monter un business florissant de confection. En parallèle, le quadragénaire suit des cours du soir pour devenir assistant en radiologie. «Nous autres Roms avons plus d’énergie en nous que les gadjos! Mais nos qualités n’ont jamais été valorisées. Sans le communisme, notre nation serait plus avancée que le peuple roumain!» Et l’entrepreneur d’entériner le propos en offrant à chacun de ses visiteurs une des robes traditionnelles qu’il confectionne.

Son cousin Eduard se réjouit de l’image qu’Adrian donne des siens. Travailleur social intégré, le trentenaire a voyagé et même travaillé à l’Ouest. «Nous sommes Européens comme vous, mais laissez-nous du temps pour vous rejoindre!» martèle-t-il avec optimisme. Européen, peut-être, mais en Roumanie, encore et toujours perçu comme un Rom. Une condition difficile à porter. «Il vous faudrait vivre quelques jours dans ma peau pour comprendre.»

Deux millions de citoyens roumains de seconde zone

Riches ou pauvres, traditionalistes ou intégrés, honnêtes ou non, les quelque 2 millions de Roms ont un point commun: presque toute la Roumanie les voit comme des citoyens de seconde zone. Les autorités tentent mollement d’y remédier. Une agence nationale a été créée en 2001. Chaque commune a un conseiller chargé des Roms. Pour Margareta Matache de l’association Romani Criss, il reste du boulot pour dégommer les préjugés! Le nomadisme, qui ne concerne en réalité que 2 à 3% des Roms, en est un. «Mais ce n’est qu’un détail comparé aux discriminations qui commencent à l’école et se poursuivent à l’embauche.» Certains Roms se piègent aussi eux-mêmes en retirant leurs filles de l’école à 12 ans pour les marier à 14. La faible estime de soi est aussi un problème. «Les Roms qui ont réussi peinent à afficher leur origine. Quelques politiques roms crachent même sur la communauté!» La jeune femme veut quand même y croire. «Ces dernières années les mariages mixtes ont progressé et la série télé Cœur de gitan a changé la perception des Roms.»

Laurent Grabet dans 24 Heures

mardi 27 janvier 2009

Des requérants d'asile à Sugiez

Dès février, la commune du Bas-Vully doit accueillir cinquante requérants. S’estimant mise devant le fait accompli, elle réclame des mesures d’accompagnement.

Surprise et grogne dans la localité de Sugiez (FR): la commune vient d’apprendre l’ouverture, début février, d’un centre pour requérants d’asile sur son territoire. Pour soulager les quatre autres centres fribourgeois, le canton veut loger cinquante personnes dans le bâtiment du centre d’instruction de la protection civile de Sugiez. Et cela durant une année.

«Nous n’avons pas eu notre mot à dire, regrette le syndic du Bas-Vully, Jean-François Chenaux. Pourtant, nous avons déjà le pénitencier de Bellechasse! Et ce futur centre serait à 50 mètres d’un EMS et de la gare.» Le Conseil communal a d’ailleurs refusé le projet. Sans succès.

Car pour le canton, le lieu est idéal. «Le critère principal est l’équité avec les autres districts, qui accueillent déjà des requérants. A Sugiez, nous avons trouvé les locaux les mieux adaptés», souligne Claudia Lauper, du Département de la santé et des affaires sociales.

Pour limiter les tensions, la commune a réclamé des mesures d’accompagnements. Parmi celles-ci, une présence policière accrue et la fermeture du périmètre de la gare aux requérants. De plus, le centre devrait accueillir en priorité des familles.

S. B. dans 24 Heures.

A voir sur dans le journal de 19:00 de la TSR:

Fribourg doit ouvrir un nouveau centre pour requérants d'asile. La commune du Bas-Vully mécontente


Pour faire face à l'afflux de requérants d'asile, le canton de Fribourg a ordonné l'ouverture d'un nouveau centre d'accueil dans la commune du Bas-Vully début février. La structure pourra héberger une cinquantaine de personnes, des familles et des célibataires. Fribourg a l'obligation d'accueillir 3,3% des personnes ayant déposé une demande d'asile en Suisse, a indiqué lundi la conseillère d'Etat A-C.Demierre. Le nouveau centre devrait servir une année au plus. Les demandeurs d'asile y séjourneront entre 3 et 6 mois. Le Conseil communal du Bas-Vully a voté à l'unanimité contre cette décision.

samedi 24 janvier 2009

Des centaines de clandestins s'échappent d'un centre de rétention


Des centaines d´immigrés clandestins se sont enfuis samedi du centre de rétention de l´île italienne de Lampedusa. Ils ont dénoncé leurs conditions de détention et protesté contre l´accélération des procédures d´expulsion décidées par le gouvernement Berlusconi.

le 24 janvier 2009, 15h19
LeMatin.ch & les agences


Environ 700 immigrés sur les 1300 présents dans le centre de rétention se sont enfuis dans la matinée, a indiqué à l´AFP le maire de Lampedusa Bernardino De Rubeis.

Les clandestins, plus nombreux que les policiers déployés dans l´île, ont formé un cortège de protestation après avoir forcé les grilles du centre. Ils se sont rassemblés devant la mairie aux cris de "liberté, aidez-nous!".

Rapatriements plus rapides

Les immigrés protestent contre la mise en place sur l´île d´un nouveau Centre d´identification et d´expulsion (CEI), opérationnel depuis vendredi. Ce centre permet des rapatriements plus rapides, selon la volonté du gouvernement Berlusconi d´accélérer les procédures d´expulsion.

Les clandestins, majoritairement des Africains partis des côtes libyennes, dénoncent également leurs conditions de détention, dans un centre prévu pour 850. Vendredi, ils s´y entassaient encore à plus de 1600, avant le transfert de près de 300 d´entre eux.

Le maire Bernardino De Rubeis, qui a pris la tête de cette opposition au nouveau camp, a exhorté les manifestants à regagner le centre de rétention. Il a annoncé qu´il allait demander l´intervention personnelle du président du Conseil Silvio Berlusconi afin de trouver une solution mieux adaptée à l´extérieur de l´île.

Soutenus par les habitants

Plusieurs centaines d´habitants de l´île située entre la Sicile et le littoral tunisien ont participé au cortège ou l´ont applaudi à son passage. Ils ont demandé le transfert des clandestins dans des camps plus vastes ailleurs en Italie.

En milieu de journée, le ministère de l´Intérieur a affirmé qu´une centaine de clandestins avait regagné le centre de rétention.

"Tout est sous contrôle, notamment parce que je ne vois pas où ces immigrés pourraient aller. En plus la mer est mauvaise et ils ne peuvent donc rien faire d´autre que rester là", a commenté Silvio Berlusconi, cité par l´agence Ansa.

Plus de trois mille habitants de l´île - sur une population de 6000 - avaient manifesté vendredi contre l´ouverture du CEI. Ils estiment que ce centre augmenterait le nombre de clandestins présents sur l´île et craignent qu´il ne se transforme en véritable prison.

En hausse de 75%

Pour la seule année 2008, près de 31 700 immigrants ont débarqué à Lampedusa, une augmentation de 75% par rapport à l´année précédente, selon des chiffres du ministère de l´Intérieur.

Jusqu´à présent, ils n´y restaient que quelques jours avant d´être dirigés vers d´autres centres en Italie pour qu´il soit statué sur leur sort.

Devant l´arrivée massive d´immigrés ces dernières semaines, le gouvernement a décidé d´expulser au plus vite les candidats à l´immigration ne répondant pas aux critères pour obtenir l´asile.

Ainsi, depuis le 1er janvier, 150 clandestins - principalement des Egyptiens et des Nigérians - ont été renvoyés dans leur pays d´origine, en vertu d´accords de coopération entre l´Italie et ces pays, a indiqué vendredi le ministre de l´Intérieur, Roberto Maroni.

L´ONU préoccupée

Vendredi à Genève, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a fait part de sa "préoccupation croissante pour la situation humanitaire" des clandestins du centre d´accueil, qui se trouvent "dans des conditions de surpopulation extrême".

"Des centaines de personnes sont contraintes de dormir avec des bâches de plastique pour seul abri", a dénoncé le HCR. L´agence onusienne a appelé les autorités italiennes à faire le nécessaire pour résoudre cette "situation humanitaire difficile".

24 janvier 2009 à 15:53700 clandestins s'échappent à LampedusaQuelque 700 clandestins ont forcé les grilles du centre de rétention de l'île de Lampedusa, au sud de l'Italie, et ont manifesté dans la ville. Ils dénoncent leurs conditions de détention et l'accélération des procédures d'expulsion décidées par le gouvernement Berlusconi.

vendredi 23 janvier 2009

Guantanamo: La Suisse tend la main à Obama

La bannière étoilée au dessus du camp six de la base de Guantanamo
La bannière étoilée au dessus du camp six de la base de Guantanamo (Reuters)

Le gouvernement suisse a fait savoir aux Etats-Unis sa disponibilité à accueillir des détenus libérés de la base américaine de Guantanamo, sous réserve d'une étude approfondie. Une annonce qui fait suite aux premières décisions de Barack Obama.

Tout juste investi, le nouveau président des Etats-Unis a demandé la suspension des procédures judiciaires devant les tribunaux d'exception de Guantanamo pendant 120 jours, une décision qui pose la question de l'accueil des détenus.

Prenant la balle au bond, le gouvernement suisse a salué mercredi la volonté du president de fermer dès que possible Guantanamo et annoncé sa disponibilité à accueillir certains des 245 prisonniers encore détenus sur la base américaine.

L'offre suisse

«Pour la Suisse, l'incarcération de personnes à Guantanamo est contraire au droit public international. La Suisse est prête à étudier si - et dans quelle mesure - elle pourrait prendre en charge des réfugiés qui seraient libérés de Guantanamo», précise un communiqué du gouvernement suisse.

Avant de souligner: «Ceci nécessite une analyse détaillée et minutieuse - en particulier pour ce qui relève des aspects sécuritaires et juridiques.»

Si cette offre se concrétise, elle marquera un changement de cap des autorités suisses. En novembre, l'Office fédéral suisse des migrations avait en effet refusé l'asile à trois détenus de Guantanamo originaires de Libye, d'Algérie et de Chine.

Un refus qui fait actuellement l'objet d'un recours soutenu par Amnesty International. Aux yeux de l'ONG, la Suisse est un pays approprié pour l'accueil de détenus de Guantanamo. Elle offre des programmes de réhabilitation et d'aide aux victimes de la torture, selon Manon Schick, la porte-parole de la section suisse d'Amnesty International.

Un dossier kafkaïen

Quoi qu'il en soit, l'annonce du gouvernement devrait satisfaire le parlementaire Dick Marty. Ancien rapporteur du Conseil de l'Europe sur les vols secrets de la CIA, le juriste suisse a en effet demandé à «tous les pays (européens) qui ont critiqué Guantanamo (de) faire un effort» en accordant l'asile à des détenus du camp militaire américain.

«Le problème, c'est qu'on ne sait pas comment fermer Guantanamo», a declaré le sénateur à l'agence de presse suisse ATS. Cette situation est kafkaïenne, selon l'auteur de rapports remarqués sur les centres de détention de la CIA en Europe et les transferts illégaux de détenus vers la base de Guantanamo.

Comme l'explique Dick Marty, l'obtension de l'asile aux Etats-Unis semble difficile. Si les Etats-Unis les accueillaient, ils s'exposeraient à des complications juridiques car les prisonniers pourraient demander des compensations pour avoir été détenus illégalement, selon lui.

De plus, la plupart des 200 à 300 détenus de Guantanamo ne peuvent pas non plus rentrer dans leurs pays. Ils y seraient menacés de mort ou se verraient refuser d'y entrer, explique le sénateur suisse.

Toujours selon le juriste, la solution ne peut sortir des Conventions de Genève qui fixent les droits des prisonniers de guerre. Les détenus de Guantanamo sont en effet qualifié d'«ennemis combattants», un terme juridique créé par Washington pour ne pas avoir à se soumettre aux Conventions qui fixent l'essentiel du droit international humanitaire.

Positions européennes

D'autres pays européens se sont exprimés sur le devenir des détenus. L'Espagne, par la voix de son chef de la diplomatie Miguel Angel Moratinos, s'est dite disposée à «collaborer» au processus de fermeture.

De son coté, le ministre allemand de l'Intérieur Wolfgang Schäuble, membre du parti chrétien-démocrate de la chancelière Angela Merkel, s'est opposé à un accueil des anciens détenus, alors que le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, un social-démocrate, a écrit à Barack Obama pour lui proposer d'en accueillir.

Quant au porte-parole du gouvernement Ulrich Wilhelm, il a indiqué que Angela Merkel était prête à discuter de la question avec Barack Obama.

Le Portugal s'est aussi dit prêt à recevoir d'anciens prisonniers, tandis que le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner est pour un éventuel accueil «au cas par cas».

Par contre, la Suède, le Danemark ou les Pays-bas ont catégoriquement refusé cette option

Asile: l'accueil par contingent pourrait être réintroduit en 2010



D'ici un an à deux ans, la politique d'accueil par contingent de réfugiés pourrait être réintroduite en Suisse. Des groupes de 200 à 300 personnes pourraient ainsi venir s'établir sur sol helvétique après recommandation de l'UNHCR.

ats - le 22 janvier 2009, 15h47

D'ici un an à deux ans, la politique d'accueil par contingent de réfugiés pourrait être réintroduite en Suisse. Des groupes de 200 à 300 personnes pourraient ainsi venir s'établir sur sol helvétique après recommandation de l'UNHCR.

Accueillir d'anciens prisonniers de Guantanamo n'a rien à voir avec la réintroduction d'une politique des contingents, a déclaré Eduard Gnesa, directeur de l'Office fédéral des migrations, lors du 3e Symposium suisse sur l'asile. Cette décision ressort davantage du devoir de solidarité et du partage des tâches avec les autres nations, selon lui.

Et M. Gnesa de nuancer: "le Conseil fédéral n'a pas dit mercredi que la Suisse allait accueillir des ex-détenus de la geôle cubaine, mais qu'elle allait en examiner la possibilité". De plus, cette proposition relève davantage de la politique que de l'application de la loi sur l'asile, a-t-il souligné.

Quant à la demande d'asile du journaliste irakien qui a lancé ses chaussures à la tête du président Bush, M. Gnesa et son office n'ont encore reçu aucune requête officielle, a-t-il indiqué.

La réinstallation, autrement dit les contingents ou l'accueil par groupe, sont plébiscités par l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), organisateurs de ce Symposium qui s'est tenu pendant deux jours à Berne. Les Eglises protestante et catholique y sont aussi largement favorables.

Du côté des cantons et de l'ODM, le soutien est plus timide. "Mais un délai d'un à deux ans semble raisonnable", a souligné Thomas Greminger, chef de la division politique IV au Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE).

L'arrivée d'Eveline Widmer-Schlumpf à la tête du Département fédéral de justice et police (DFJP) n'est pas étrangère à la nouvelle prise en considération de la politique d'accueil par contingent. Le nouvelle conseillère fédérale a envoyé récemment un courrier aux oeuvres d'entraide indiquant sa bienveillance face à ce projet, a dit M. Gnesa.


Sur le même sujet:

Pour un retour à l'accueil collectif des réfugiés swissinfo.ch
Asile: l'accueil par contingent pourrait être réintroduit en 2010 Romandie.com
La Suisse n'accueillera pas plus de trois réfugiés de Guantanamo Arc Info

jeudi 22 janvier 2009

A contrecoeur, Lausanne accueillera 50 requérants de plus

La ville rouvrira les portes de son abri de Coteau Fleuri, tout en souhaitant une meilleure répartition des requérants. Un article de Sylvain Muller dans 24 Heures.

Une semaine après l’annonce de l’ouverture d’un centre d’accueil provisoire pour cent requérants d’asile à Nyon, la Municipalité de Lausanne a publié hier un communiqué annonçant la réouverture prochaine de son abri PCi de Coteau Fleuri. Elle répond ainsi favorablement à une récente demande de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) et offre cinquante places d’accueil supplémentaires. Situé à proximité du foyer d’aide d’urgence de Vennes, l’abri de Coteau Fleuri a joué plusieurs fois le rôle de roue de secours ces dix dernières années. La date de sa remise en service n’a pas encore été fixée, puisque la convention entre la commune et l’EVAM n’a pas encore été établie.

Si la nouvelle a ravi les responsables de l’EVAM, qui sont confrontés depuis le mois de septembre dernier à un afflux massif de nouvelles demandes, la forme du communiqué n’a pas manqué de les surprendre. Le texte comportait en effet un passage frisant le coup de gueule: «La Municipalité relève qu’elle accueille déjà un nombre important de requérants d’asile, représentant 1,25% de la population résidente, alors que pour l’ensemble des autres communes de plus de 2000 habitants du canton, le taux moyen n’est que de 0,86%. Elle observe aussi que l’ouest du canton ne participe pratiquement pas à l’effort de solidarité requis par la loi. Elle espère dès lors que tout soit mis en œuvre pour que les initiatives à venir pour augmenter les capacités d’hébergement concernent d’autres régions du canton.»

Claire disproportion

Municipal lausannois en charge de la Sécurité sociale et de l’environnement, Jean-Christophe Bourquin confirme les propos: «Nous avons choisi de communiquer cette nouvelle de manière spécifique, car nous constatons que si chacun fait son devoir, certains le font nettement plus que d’autres. Lausanne accueille déjà beaucoup de requérants, mais récupère en plus, durant la journée, une bonne partie des requérants logés dans les communes de l’Ouest de son agglomération. Nous constatons une claire disproportion entre les communes du canton et je pense que des communes comme Vallorbe ou Bex pourraient aussi en témoigner. Notre démarche vise donc à soutenir les efforts du canton, qui a récemment fait preuve de sa volonté de mieux répartir les requérants sur le territoire.».

SYLVAIN MULLER

mercredi 21 janvier 2009

Un tribunal ordonne des poursuites contre un député anti-islam


Un tribunal d’Amsterdam a ordonné mercredi au parquet d’engager des poursuites pour incitation à la haine et à la discrimination contre le député d’extrême-droite néerlandais Geert Wilders, réalisateur du film anti-islam Fitna.

le 21 janvier 2009, 14h00
LeMatin.ch & les agences


"La cour d’Amsterdam a ordonné la poursuite du parlementaire Geert Wilders pour incitation à la haine et à la discrimination", indique le tribunal d’Amsterdam dans un communiqué.

"La cour estime qu’il a été prouvé que des croyants musulmans ont été insultés par des comparaisons de l’Islam avec le nazisme faites par Geert Wilders", poursuit le communiqué.

Geert Wilders, fondateur et chef du Parti de la liberté (PVV, 9 députés sur 150 aux Pays-Bas), avait mis en ligne début mars 2008 un film de 17 minutes intitulé "Fitna" (discorde en arabe) destiné à montrer ce qu’il considère comme le caractère "fasciste" du Coran, livre dont il a demandé l’interdiction et qu’il a comparé au "Mein Kampf" d’Hitler.

Eveline Widmer-Schlumpf plaide en faveur d'une politique d'intégration commune


ETRANGERS. Villes, cantons et Confédération prônent une collaboration plus intense. Un rapport est attendu pour juin 2009 et le Conseil fédéral doit prendre position sur l'idée d'une loi-cadre.

Valérie de Graffenried
Mercredi 21 janvier 2009


«L'intégration des étrangers ne représente pas seulement un défi social de grande envergure mais doit être considérée aussi comme une tâche politique importante. Une intégration réussie des étrangers est décisive pour l'avenir du site économique suisse et pour la cohésion sociale de notre pays». Voilà comment Jean-Claude Mermoud, conseiller d'Etat vaudois UDC, a justifié mardi la mise sur pied d'un nouveau processus lié à l'intégration. Il l'a fait aux côtés de la ministre de Justice et Police, Eveline Widmer-Schlumpf, et du conseiller d'Etat bernois socialiste Philippe Perrenoud notamment. 

Où habitaient les Roms expulsés de Genève?

Campement Rom dans les falaises de l'Arve

VISITE | Les vingt-sept Roms interpellés jeudi en train de mendier dans les rues et places du centre-ville ont tous quitté le territoire le même jour. Plusieurs familles s’étaient installées depuis des mois dans les falaises de l’Arve. Elles sont parties en laissant leur campement.

LA GALERIE D'IMAGES :

http://www.tdg.ch/galeries/campement-rom-falaises-arve?photo=1



Sur ce même sujet, voir l'interview du ministre genevois Laurent MOUTINOT qui justifie cette expulsion collective et couvre sa police.

«La libre circulation n'a aucun impact sur les mendiants roms»

Paru le Samedi 17 Janvier 2009 - PROPOS RECUEILLIS PAR FABIO LO VERSO    

MENDICITÉ - En refoulant vingt-six Roms, le conseiller d'Etat Laurent Moutinot saute de façon spectaculaire dans la campagne en vue du vote du 8 février prochain.

Longtemps, Laurent Moutinot a combattu l'introduction d'une loi sur la mendicité. Hostile à la pénalisation de ceux qui «tendent la main», le conseiller d'Etat a autorisé, jeudi dernier, une vaste rafle visant à renvoyer les ressortissants roumains faisant la manche. Vingt-six personnes et un bébé ont été refoulés[1]. Avec ces expulsions, le socialiste déboule avec fracas dans la campagne sur la libre circulation. Entretien.

Vous qualifiez d'«inutile» l'interdiction de la mendicité. Pourquoi l'utilisez-vous avec autant de zèle?
Je me suis opposé à cette loi dans un élan, hélas, plutôt solitaire. J'étais convaincu qu'elle n'aurait pas d'effet dissuasif, je ne me suis pas trompé. Les Roms ne fuient pas Genève. Ils restent, même si on vide leur gobelet. Mais je tiens à préciser que, au niveau des principes, je suis toujours choqué qu'on doive punir la mendicité. Comme le montrent les renvois de jeudi, avec la loi sur les étrangers, on détient un instrument pour agir contre les mendiants en situation irrégulière. Il n'y a pas besoin d'en faire des délinquants.


Vous affirmez que les renvois ont été décidés en fonction du vote sur la libre circulation. La traque des Roms est-elle un argument de campagne?
Ce que j'ai affirmé sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR) ne doit pas être compris de cette façon. J'ai simplement décidé de donner de la publicité au travail de la police au sujet des mendiants roms, en invitant la RSR et la Tribune de Genève à suivre l'action sur le terrain. C'est cet écho médiatique qui a été recherché en fonction du vote du 8 février. On n'a pas chassé les vingt-six Roms en vue de cette échéance. On a en réalité tenu à montrer ce que régulièrement les policiers font dans la plus grande discrétion. Plus de deux mille vérifications ont été effectuées en un peu plus d'un an. Je voulais faire la démonstration qu'on s'occupe du sujet.


Cette médiatisation a-t-elle été orchestrée à des fins de propagande policière?
On m'a souvent reproché de ne rien faire pour satisfaire l'interdiction légale de la mendicité. A entendre mes détracteurs, à cause de cette prétendue passivité, je serais responsable de l'amalgame que certains osent faire entre les mendiants roms, la Roumanie et la libre circulation. Il est vrai que la publicité donnée à l'action policière constitue une réponse à mes accusateurs. Mais ces derniers ne représentent pas ma cible principale. Je voulais surtout montrer que la libre circulation n'a aucun impact sur la problématique des mendiants. Après le vote du 8 février, il n'y aura pas plus de mendiants qu'aujourd'hui.


Quelle signification donnez-vous au concept hybride de renvois volontaires?
Il est vrai que ce concept est hybride. Mais il faut l'entendre comme une incitation à quitter spontanément le territoire. Or une telle incitation doit à mon sens être suivie d'un geste de la part des autorités. C'est pourquoi nous avons affrété un autobus pour faciliter le départ des Roms. 'Volontaires' veut également dire que personne n'a été menotté ou forcé à monter dans le bus. Un choix que seulement une partie des ressortissants roumains ont d'ailleurs décidé de faire. 'Renvois volontaires' n'est de loin pas la formule que j'affectionne le plus, mais elle a une signification, même si elle n'apparaît pas de prime abord.


Des renvois volontaires devraient idéalement être assortis d'un délai, même très court, de quelques jours à peine. Pourquoi les policiers ne l'ont-ils pas respecté?
L'action des agents de police a peut-être été 'très incitative'. Mais les Roms ont été informés de manière complète des choix qui se présentaient à eux, et des conséquences liées à ces choix. Certains d'entre eux ont préféré prendre une décision rapidement, sans attendre. Ils ont alors opté pour le bus à destination de la Roumanie. D'autres ont réfléchi avant de rentrer par leur propres moyens.


A l'égard des amendes et des gobelets vidés, les vingt-six renvois exécutés jeudi auront-ils un effet plus dissuasif?
On verra d'ici à quelques semaines. I
Note : [1]Le Courrier du 16 janvier 2009.



«LA MAJORITÉ DES REFOULÉS ONT REJOINT LA FRANCE»

Fabio Lo Verso    

Sur les vingt-six Roms renvoyés, seuls sept sont montés jeudi soir dans l'autobus spécial affrété pour la Roumanie. Un couple avec un bébé a été escorté vers la frontière de Bardonnex, alors que les dix-sept autres prévenus ont décidé durant la nuit de quitter la Suisse par leurs propres moyens. «Leur intention a été suivie d'effet. Selon nos informations, ils ont rejoint le territoire français», assure Patrick Puhl, porte-parole de la police genevoise.

Quatre fourgons et une trentaine de policiers ont été mis à pied d'oeuvre pour sillonner les rues de la ville. L'imposante rafle effectuée jeudi dernier a été décidée en relation avec l'interdiction genevoise de la mendicité. Mais les renvois se sont appuyés sur la loi fédérale sur les étrangers, «dans la mesure où les ressortissants roumains étaient dépourvus de moyens d'existence», précise M.Puhl. Ils ont également été «déclarés en contravention à plusieurs reprises», rappelle un lieutenant dans la Tribune de Genève.
Le porte-parole de la police affirme que l'Office fédéral des migrations (ODM) a été informé de l'opération visant à renvoyer ces ressortissants dans leur pays. Contrevenant à la législation nationale, les vingt-six Roms étaient acculés au départ: «S'ils avaient refusé de quitter le territoire, ils auraient été interpellés, retenus à l'hôtel de police, et rapidement fait l'objet d'un rapatriement forcé», précise-t-il. Techniquement, ces mendiants ont subi une «mesure d'éloignement». FLO


Mendiants roms: la police «passe à la vitesse supérieure»

Paru le Vendredi 16 Janvier 2009 -  FABIO LO VERSO    

LÉGISLATION - Au terme d'une opération de contrôle, 26 personnes ont été renvoyées en Roumanie. Ces expulsions indignent les défenseurs des Roms.

Les mendiants font à nouveau parler d'eux. La police genevoise a mené, hier, une vaste opération de contrôle, se soldant par le renvoi de vingt-six personnes en Roumanie. A l'approche du scrutin sur la libre circulation, le 8 février prochain, cette expulsion massive irrite l'organisation Mesemrom. «Nous sommes totalement indignés», réagit l'avocate Doris Leuenberger. Interrogé par la Radio suisse romande (RSR), le conseiller d'Etat Laurent Moutinot a expliqué qu'il s'agissait de «passer à la vitesse supérieure». La question de la mendicité continue de crisper les autorités. Dotée depuis un peu plus d'un an d'une loi punissant cette pratique, Genève a multiplié les contrôles. Plus de la moitié des 2200 vérifications effectuées se sont terminées par une amende. Mais elles n'auraient pas eu «beaucoup de succès», d'après le conseiller d'Etat socialiste. Les Roms n'ont pas fui en masse Genève. Les renvois décrétés hier auront-ils un meilleur effet dissuasif? Le Courrier n'a pas pu joindre le magistrat chargé du dossier.

Depuis 2004, les ressortissants roumains peuvent librement se déplacer en Suisse. Dans le canton, le séjour de ceux qui «tendent la main» est soumis à une surveillance stricte. «C'est de l'acharnement», assène Doris Leuenberger. L'avocate s'interroge sur la légalité des vingt-six exécutions de renvoi.

Renvois précédents

«J'espère que ces personnes étaient déjà frappées d'une décision administrative ou d'une interdiction d'entrer en Suisse.» Sans cela, ces décisions peuvent poser problème au regard du droit. «La possibilité d'opposer un recours doit être garantie et aussi celle de s'adresser à des organisations de défense comme la nôtre». Or, la juriste de Mesemrom n'a reçu aucun appel.

Une précédente vague de renvoi, au terme de l'été dernier, s'était déroulée dans le respect de la légalité. Quelque vingt mendiants avaient reçu l'ordre de quitter le territoire. A l'époque, le canton s'était concerté avec l'Office fédéral des migrations (ODM), qui détient la compétence sur les expulsion des étrangers. Cette nouvelle affaire intervient au moment où la campagne contre la libre circulation s'appuie sur des préjugés contre les Roms. Voici dix jours, cinq ONG1 ont fait part de leur préoccupation.

«Il ne faut pas voir de lien immédiat entre la votation et les renvois d'hier», prévient toutefois Doris Leuenberger. Pour l'avocate, la campagne populiste de l'UDC et les décisions de la police genevoise doivent être séparées. Reste que cette annonce risque de «renforcer les stéréotypes ambiants sur les Roms et les amalgames», analyse Stéphane Laedrich, directeur de Rroma Foundation. Au moment où «on cherche à sensibiliser la population suisse sur les Roms, ce qui se passe à Genève oblige à redoubler d'efforts.» I

Note : [1] L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés, Amnesty International, la Société pour les peuples menacés, la Rroma Foundation et Humanrights.ch/MERS

mardi 20 janvier 2009

A 12 ans, elle passe 4 jours en rétention

http://immigration.blogs.liberation.fr/coroller/2009/01/douze-ans-et-au.html

19 janvier 2009 - Douze ans et au trou

Elle s'appelle Williana, elle a douze ans, elle est retenue depuis le 15 janvier dans la zone d'attente de l'aéroport d'Orly. Sa faute: avoir voulu rejoindre son père, français, après le décès de sa mère au Congo Brazzaville. Reprenons. Le père de Williana, William, vit à Nantes. Originaire lui aussi du Congo Brazzaville, il a quitté seul son pays, y laissant Williana et sa mère. En France, il a d'abord obtenu le statut de réfugié politique, puis sa naturalisation. Aujourd'hui, il est donc français. Il a refait sa vie ici avec une nouvelle femme, française, dont il a une autre petite fille.

Williana est restée au pays avec sa mère. Lorsque cette dernière est morte, William a essayé de faire venir sa fille. Mais ses deux demandes de regroupement familial ont été rejetées. D'après le Réseau éducation sans frontières (RESF), la petite fille aurait alors été déscolarisée et utilisée comme domestique en dépit de l'argent que son père envoyait.

William a donc décidé de faire venir l'enfant en France  illégalement. Lorsque Williana est arrivée à Orly le 15 janvier, la police aux frontières a constaté que son passeport n'était pas en règle. La petite fille a été placée en zone d'attente. Sur les conseils des associations, elle a alors déposé une demande d'asile, seul moyen de bloquer son expulsion apparemment programmée pour samedi par la Police de l'air et des frontières.

Toujours d'après le RESF, Williana est passée ce lundi devant le Juge de la détention et des libertés de Créteil (Val-de-Marne) chargé de statuer sur son maintien en rétention. Après un «interrogatoire sans gentillesse», rapporte le RESF, le juge a décidé que la petite fille devait rester en rétention en attendant que l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ait statué sur son sort.

Sans attendre le verdict de l'Ofpra, la préfecture du Val-de-Marne peut décider d'autoriser l'entrée de Williana sur le territoire français. En cette fin d'après-midi, elle n'avait toujours pas fait connaître sa réponse.

Selon l'Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), en 2006, 827 mineurs «isolés» (se présentant à la frontière non accompagnés par un adulte) ont été placés dans la zone d’attente de Roissy (580 étant finalement non-admis) et 14 dans la zone d’attente d’Orly (11 étant non-admis). Ils y sont restés 3.5 jours en moyenne.


http://immigration.blogs.liberation.fr/coroller/2009/01/douze-ans-et-qu.html

19 janvier 2009 - Douze ans... et quatre jours au trou

Dans mon précédent billet, je racontais les mésaventures de Williana, fillette congolaise âgée de douze ans placée en zone d'attente à son arrivée à l'aéroport d'Orly où elle venait rejoindre son père français après le décès de sa mère au Congo Brazzaville. La mobilisation des associations et la médiatisation de ce cas a-t-elle joué un rôle? Toujours est-il que Williana a été rendue à sa famille en fin d'après-midi, avec un laissez-passer valable une semaine, le temps que l'administration règle sa situation. Cette dernière explique que "le préfet l'a fait libérer dès qu'il l'a su" et que le père, en situation régulière en France, a pu fournir les documents établissant que Williana était bien sa fille.


lundi 19 janvier 2009

Les Églises de Lucerne s'unissent contre l'initiative anti-minarets


(11/01/2009) Les trois Églises nationales du canton de Lucerne (réformée, catholique romaine et catholique chrétienne) ont publié vendredi 9 janvier une déclaration commune contre l'initiative anti-minarets déposée en été 2008. Elles considèrent que cette initiative viole les droits à la liberté de religion et l'égalité de traitement et qu'elle menace à ce titre la paix religieuse en Suisse. Les Églises lucernoises souhaitent, par cette prise de position, participer activement à la formation de l'opinion devant cette initiative. Lors de leur rencontre annuelle du 7 janvier, elles ont également convenu de mettre sur pied un comité de patronage destiné à coordonner les actions et les publications du monde ecclésial cantonal. Une collaboration avec des organisations musulmanes est également envisagée. La ville et le canton de Lucerne s'étaient émus en novembre 2007 d'un éventuel projet de construction de mosquée et d'un minaret dans le chef-lieu. La prise de position des trois Églises lucernoises rejoint l'argumentaire du Conseil de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS), publié en juin 2008. (ProtestInfo/pym/rna)

Les Églises de Lucerne s'unissent contre l'initiative anti-minarets


(11/01/2009) Les trois Églises nationales du canton de Lucerne (réformée, catholique romaine et catholique chrétienne) ont publié vendredi 9 janvier une déclaration commune contre l'initiative anti-minarets déposée en été 2008. Elles considèrent que cette initiative viole les droits à la liberté de religion et l'égalité de traitement et qu'elle menace à ce titre la paix religieuse en Suisse. Les Églises lucernoises souhaitent, par cette prise de position, participer activement à la formation de l'opinion devant cette initiative. Lors de leur rencontre annuelle du 7 janvier, elles ont également convenu de mettre sur pied un comité de patronage destiné à coordonner les actions et les publications du monde ecclésial cantonal. Une collaboration avec des organisations musulmanes est également envisagée. La ville et le canton de Lucerne s'étaient émus en novembre 2007 d'un éventuel projet de construction de mosquée et d'un minaret dans le chef-lieu. La prise de position des trois Églises lucernoises rejoint l'argumentaire du Conseil de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS), publié en juin 2008. (ProtestInfo/pym/rna)

Initiative sur les minarets: deux anciens conseillers d'Etat vaudois s'affrontent

Pierre-François Veillon etPhilippe Biéler. Le premier estime que l’initiative est un moyen d’aborder la question des dangers de l’islamisme extrémiste. Le second considère que cette initiative n’est qu’un prétexte, car l’adéquation de ces édifices avec le patrimoine bâti peut être réglé sans elle. (photo: Keystone)
MINARETS. Président de Patrimoine suisse, Philippe Biéler juge l'initiative superflue du point de vue juridique.L'UDC Pierre-François Veillon reconnaît que ce texte cherche en fait à provoquer le débat sur l'islam. Regards croisés.

Sylvie Fischer, ProtestInfo
Lundi 19 janvier 2009


L'initiative populaire fédérale contre la construction de minarets, que le parlement traitera ce printemps, continue de faire des vagues. Les trois Eglises du canton de Lucerne (catholique romaine, catholique chrétienne et réformée) ont déclaré voici quelques jours qu'elle était «discutable au regard du droit constitutionnel, portait atteinte aux droits à la liberté de religion et à l'égalité de traitement et menaçait la paix religieuse en Suisse». Ces Eglises comptent faire entendre leur voix lors du débat public et fonder un comité chargé de coordonner actions et publications. 

Le jeux des chaises musicales

Lien vers l'émission de Mise au point sur les conditions difficiles dans les centres d'hébergement

Le lanceur de chaussures irakien veut s'exiler à Genève

Mountazer Al-Zaïdi est devenu célèbre dans le monde entier depuis qu’il a lancé ses chaussures contre George W. Bush en décembre. La Tribune de Genève vient d’apprendre que le journaliste irakien souhaite obtenir l’asile politique en Suisse et s’installer à Genève. Emprisonné à Bagdad, il craint pour sa sécurité. Un article de Fedele  Mendicino dans 24 Heures.Mountazer Al-Zaïdi

Depuis la semaine dernière, son avocat en Suisse, Me Mauro Poggia, multiplie les démarches pour préparer sa venue dans le canton après sa libération:

«Au début du mois, sa famille est entrée en contact avec moi via le CICR, et je vais écrire cette semaine au Département fédéral des affaires étrangères pour encourager la Suisse à lui accorder l’asile politique. Une fois installé à Genève, cet homme, célibataire et sans enfants, pourra très bien travailler comme journaliste aux Nations Unies.»

Aux yeux de l’avocat genevois, son client, en détention préventive pour son geste, risque sa vie. «Il devrait être jugé assez rapidement et écoper d’une peine avec sursis. Même si de nombreux Irakiens soutiennent son acte, il est à la merci d’extrémistes de tout poil. Et d’autres fous qui voudraient faire de lui un martyr de la souffrance de tout un peuple.» Il ne pourra plus travailler comme journaliste sans subir désormais de terribles pressions, poursuit Me Poggia. «Profilé à gauche, il se montre très critique vis-à-vis du gouvernement actuel en Irak, qu’il juge trop soumis aux Américains. Sa vie peut devenir un enfer dans son pays.»

Pour Mountazer Al-Zaïdi, les ennuis ont donc commencé le 14 décembre. Le président des Etats-Unis effectuait une visite surprise à Bagdad pour y faire ses adieux aux GI stationnés dans la zone. Il organisait ensuite une conférence de presse où il soutenait que l’intervention américaine en Irak a permis un dénouement proche et heureux. Soudain, le correspondant de la chaîne Al-Bagdadi sortit de ses gonds. Il lança une chaussure, puis deux, en direction du chef d’Etat: «C’est le baiser de l’adieu du peuple irakien, espèce de chien. De la part des veuves, des orphelins et de ceux qui ont été tués en Irak.»

Les savates ne touchèrent pas George W. Bush. Mais le journaliste se retrouva poursuivi pour «agression contre un chef d’Etat étranger en visite». Il a ainsi été incarcéré. Selon son avocat irakien, il a même été molesté après son interpellation: «Il a une blessure à l’œil et des côtes cassées.» Mais l’intéressé ne regrette pas son geste: «Si on remontait le temps, je referais la même chose», a-t-il confié au juge d’instruction. Le procès, d’abord fixé au 31 décembre, a finalement été renvoyé à une date ultérieure. «Les choses vont se débloquer en justice après l’investiture du nouveau président Obama», estime Me Poggia.


Sur le même sujet

L'agresseur de George Bush demande l'asile politique à la Suisse
Asile en Suisse pour le lanceur de chaussures irakien ? swissinfo.ch
Le lanceur de chaussures sur Bush veut l'asile politique en Suisse AFP
Rejet de la demande de remise en liberté du lanceur de chaussures ... Tribune de Genève

samedi 17 janvier 2009

Sans-papiers: l'Eglise de Zurich évite le terrain politique

   RACHAD ARMANIOS    

ReligionsASILE - Lors de l'occupation de la Predigerkirche, l'Eglise réformée a joué un rôle de modérateur. Prise entre ses ailes gauche et droite, elle a évité de se positionner. 
La politique des bons offices. Peu avant Noël, l'Eglise réformée zurichoise a été mise au pied du mur par l'occupation de la Predigerkirche par cent cinquante sans-papiers. Elle a alors soigneusement évité de s'engager sur le terrain politique. Durant dix-neuf jours (dont trois dans une autre église), ces recalés de l'asile ont protesté contre la pratique particulièrement dure du canton en matière d'asile. Celui-ci se refuse à requérir la régularisation des fameux «cas de rigueur» qui pourraient être soumis à Berne. Malgré les fondements bibliques – «J'étais un étranger et vous m'avez accueilli» – et le refus des Eglises suisses de la nouvelle loi sur l'asile en 2006, l'institution zurichoise a adopté une neutralité toute helvétique, prise entre les différents courants qui la composent. Jouant la médiatrice entre le Conseil d'Etat et les sans-papiers, l'institution religieuse a obtenu la fin de l'occupation il y a dix jours en échange d'une rencontre avec le conseiller d'Etat Hans Hollenstein. Durant celle-ci, le magistrat a accepté une proposition de l'Eglise, s'engageant à tenter de réactiver la commission pour les cas de rigueur, un groupe d'experts qui statuait il y a plusieurs années sur les demandes en la matière à la place de l'Office cantonal des migrations. Encore faut-il qu'une majorité du parlement cantonal se laisse convaincre. Pour l'heure, le dossier n'a pas avancé, confie Stefan Schlegel, porte-parole de l'association Bleibe Recht für Alle (droit de rester pour tous), qui a soutenu l'occupation. 


Un lieu de refuge

«C'est le prestige de l'Eglise qui a permis cette rencontre, explique-t-il. Formellement, le conseiller d'Etat a reçu ses représentants, nous n'étions que des accompagnateurs.» 
«Le président du Conseil de l'Eglise (l'exécutif) Ruedi Reich – comme Hans Hollenstein – ont exigé la fin de l'occupation comme préalable au dialogue», explique Nicolas Mori, directeur de la communication de l'Eglise. 
Celle-ci refusait-elle de se laisser instrumentaliser? «Elle ne voulait pas céder au chantage. Mais peut-être est-ce son devoir que de se laisser instrumentaliser?», répond M. Mori. Il dit comprendre les motivations des sans-papiers: «S'ils avaient occupé un bureau de l'administration, la police aurait été sur place dans les cinq minutes. Les églises ont toujours été un lieu de refuge.» 
Confrontée à l'occupation, l'Eglise a réagi de plusieurs façons. «Des fidèles se sont spontanément solidarisés avec les sans-papiers, se fondant sur les valeurs bibliques et l'héritage zwinglien, raconte Nicolas Mori. Mais d'autres ont rappelé qu'il fallait respecter le durcissement de l'asile voulu par la société suisse. Cette aile a rappelé que l'Eglise n'est pas responsable de la situation des sans-papiers, que son rôle n'est pas de faire de la politique. Par conséquent, elle devait demander à la police de faire évacuer la Predigerkirche.» 


La pluralité des points de vue

Le «difficile chemin médian» choisi par les membres du Conseil de l'Eglise – eux-mêmes divisés sur la question – a été de jouer les médiateurs, poursuit notre interlocuteur. «Pour beaucoup de fidèles, c'était déjà prendre position, comme le fait de parler aux sans-papiers ou de ne pas appeler la police!» 
A l'inverse, Stefan Schlegel reproche à l'Eglise de ne pas s'être «mouillée» politiquement, sous prétexte de respecter la pluralité des points de vue en son sein. «A Zurich, l'Eglise a historiquement toujours influé sur la politique, plus qu'aucun autre acteur. Zwingli a renforcé le système social de la ville, fondé des hôpitaux et des écoles!» Plus proche de nous, les Eglises suisses ont clairement pris position contre la loi sur l'asile en 2006, l'Eglise zurichoise comprise. 
«La majorité de nos membres y était favorable. Les fidèles de la campagne, proches de l'UDC, nous ont reproché, à nous de la ville, de ne pas comprendre leurs idées», se souvient Nicolas Mori. 
«Une Eglise doit toujours faire une pesée d'intérêt, commente un observateur: jusqu'à quel point peut-elle être en porte-à-faux avec ses fidèles? Peut-elle prendre le risque de froisser ses donateurs?» 
Dans le riche canton de Zurich, c'est l'action des sans-papiers qui semble avoir froissé les esprits. I



article

UNE GESTION DIFFICILE POUR LA PAROISSE

   RA    

«L'Eglise nous a accusés de la prendre en otage, rapporte Stefan Schlegel, porte-parole de Bleibe Recht für Alle. C'est clair, nous l'avons utilisée pour faire pression sur le gouvernement, mais elle n'est pas responsable de la situation des sans-papiers. Pourtant, nous lui avons donné une occasion de mettre en pratique les valeurs bibliques qu'elle défend. Mais, fidèle à la posture très intellectuelle du christianisme zwinglien, elle a préféré prendre ses distances.» 
Quant aux responsables paroissiaux de la Predigerkirche, «ils ont reproché aux sans-papiers de perturber l'harmonie de l'église», rapporte Stefan Schlegel. «Ils ont témoigné de la sympathie pour les sans-papiers et leur cause, mais, en période de Noël où les services religieux sont nombreux, ils devaient répondre à leurs obligations, c'était dur pour eux», rétorque Nicolas Mori. Difficile, en présence de tant de personnes dormant et mangeant dans l'église, de garantir une atmosphère de culte, explique en substance le porte-parole. «Sans compter que l'église est aussi un lieu d'habitation paroissial, ajoute-t-il. Après quelques jours, sur les nerfs, une responsable s'est emportée.» RA