mardi 12 septembre 2006

Blocher veut censurer Infrarouge !!!

Les services de Christoph Blocher ont demandé la non-diffusion, ce mardi, de l'émission de débat Infrarouge sur la Télévision Suisse Romande. Cette émission a été enregistrée lundi, avec Christoph Blocher comme invité, à propos des votations du 24 septembre. A cause des caricatures de Mix et Remix qui émaillent l'émission, les services de Christoph Blocher demande la non-diffusion de l'émission. Les interviews de Livio Zanolari, porte-parole du département de justice et police et de Gilles Marchand, directeur général de la TSR.
Ecoutez la séquence de l'émission Forum
Regardez l'émission Infrarouge

Les vrais réfugiés seront accuellis

Lire cet interview dans la Tribune de Genève
Christoph Blocher a apposé sa marque sur une révision de l’asile lancée par Ruth Metzler. Avant la votation du 24 septembre, il prône le oui à cette loi et celle des étrangers.
Propos recueillis par Erik Reumann et Edgar Bloch

A la veille des élections fédérales du 24 septembre prochain sur la révision des lois sur l’asile et sur les étrangers, le ministre de la Justice Christoph Blocher défend son projet. Interview. – La révision des lois sur l’asile et sur les étrangers est-elle un test personnel pour vous?

– Christophe Blocher: Non, d’ailleurs si cette révision était refusée, le bénéficiaire principal en serait l’UDC! De plus, elle ne reflète pas entièrement mes idées. Mais cette loi améliore tout de même les choses. Les vrais réfugiés, avec ou sans papiers, seront accueillis, mais l’attractivité sera réduite pour tous ceux qui veulent venir chez nous, mais ne peuvent prétendre au statut de réfugié.

– Vous convenez tout de même que cette révision porte votre marque. – J’ai donné les impulsions en évaluant les problèmes et ai fait travailler l’office concerné sur mes propositions, parce que je suis responsable de ce département.

– Mais vous avez tout de même bousculé le processus parlementaire d’une révision qui était déjà en cours.

– Une autre loi avait été adoptée au premier Conseil, portant la marque de l’ancien Conseil fédéral et de l’ancien Parlement. Nous avons constaté que cette loi serait insuffisante et il était entendu que je ferais de nouvelles propositions avant qu’elle ne soit examinée par la deuxième chambre. Finalement, le Conseil fédéral et le Parlement ont suivi le remodelage que j’ai proposé.

– Les opposants rappellent que les chiffres de demande d’asile ne sont jamais tombés aussi bas. Faut-il dès lors renforcer la dissuasion?

– Il convient d’abord de préciser que les chiffres ont baissé partout en Europe, parce que pour le moment il n’y a pas de guerre en Europe. Mais cela n’exclut pas que nous soyons soudainement contraints de faire face à 40 000 ou 50 000 demandes. En second lieu, nous avons réussi à diminuer les chiffres parce que nous avons mis sur pied des procédures plus efficaces et que dans les cas de non-entrée en matière, nous n’offrons plus que de l’aide d’urgence.

»Si la loi était refusée, nous adresserions un signal aux organisations de passeurs leur disant: ‹Venez en Suisse, un endroit où des gens qui ne sont pas des réfugiés sont libres de s’installer et de recevoir un appui.› Avec les nouvelles dispositions, nous alignons notre pratique sur celle des autres pays européens, qui sont souvent beaucoup plus durs.

– L’ancien vice-directeur de l’Office fédéral des migrations, Urs Hadorn, estime que la révision rate sa cible parce que la nouvelle loi ne garantit pas une accélération de la procédure de décision. Qu’en pensez-vous?

– Il n’a pas tort de dire que la révision ne règle pas tous les problèmes. Mais elle améliorera certainement les choses. Et si notre projet manque vraiment d’efficacité, les opposants n’ont aucune raison de le craindre.

– La question des papiers d’identité à remettre dans les 48 heures est celle qui suscite le plus de polémiques. On ne reconnaîtra désormais plus ni permis de conduire, ni actes de naissance. N’est-ce pas excessivement restrictif?

– Les 48 heures sont déjà la règle d’aujourd’hui! L’expérience nous a appris que ce type de papier est fréquemment falsifié, ce qui entraîne la nécessité de poursuivre des requérants pour faux et usage de faux. Un passeport ou une carte d’identité constitue la preuve de l’identité de la personne. En leur absence, nous exigeons que la personne nous dise qui elle est et où elle réside. Nous pouvons ainsi vérifier par le biais de nos ambassades. Ce n’est quand même pas trop exiger d’un requérant d’asile de lui demander de décliner son identité. Les véritables réfugiés n’ont d’ailleurs guère ce problème: 70 à 80% d’entre eux ont des papiers valables. A l’avenir, il en ira de même.

«Il y a toujours des personnes qui sont contre une loi»

– Votre projet a suscité l’opposition traditionnelle de la gauche, des œuvres d’entraide et des Eglises. Mais il y a aussi des critiques virulentes venant d’une minorité bourgeoise. Que pensez-vous des arguments avancés par leur comité?

– Il y a toujours des personnes qui sont contre une loi. Mais ce sont des gens qui ne souffrent pas des conséquences du problème des abus. Ce sont d’autres couches sociales qui sont les victimes de la présence illégale d’étrangers et qui sentent les effets sur le marché du travail et de la petite criminalité...

»Ce que ce comité propose déboucherait sur une situation intenable. Supprimer toutes les discriminations dans la loi sur les étrangers implique d’étendre la libre circulation au monde entier! Cela suscitera du chômage et des tensions sociales incroyables.

»En ce qui concerne la loi sur l’asile, ils laissent entendre que cela ne fait rien s’il y a quelques clandestins qui viennent et que nous ne les renvoyons pas chez eux. Ils affirment être contre les abus, mais ne proposent aucune solution concrète.

– Vous avez évoqué les risques d’une libre circulation généralisée. Ce n’est certainement pas le cas aujourd’hui. Mais vous durcissez tout de même les lois actuelles...

– Pas du tout. Cette révision ne va pas au détriment de certains étrangers. On améliore simplement la situation des Européens. A partir de 2011, ils seront traités sur le marché du travail de la même façon que les Suisses. Auparavant, il fallait prouver qu’on n’arrivait pas à trouver un Suisse avant d’engager un étranger. Dès 2011, ce n’est que si on ne trouve pas de Suisse ou de ressortissant de l’UE qu’on recevra l’autorisation d’engager quelqu’un venant d’une autre partie du monde. Le ressortissant européen voit donc sa situation s’améliorer sur le marché du travail suisse. Si on veut éliminer cette «discrimination», il n’y a qu’une solution: introduire la libre circulation pour le monde entier.

– Est-ce que le système actuel donne à la Suisse les instruments de politique d’immigration dont elle a besoin?

– Elle a en tout cas les instruments nécessaires pour disposer des forces de travail dont elle a besoin. La question qui reste posée, c’est de savoir si nous pourrons absorber le surplus de force de travail qui arrivera lorsque la libre circulation entrera en vigueur en 2011.

»Avec la nouvelle loi, nous disposerons aussi des instruments indispensables pour améliorer l’intégration des étrangers.

«Supprimer l’aide sociale n’est pas disproportionné»

– La suppression de l’aide sociale en cas de non-entrée en matière lors d’une demande d’asile, n’est-ce pas une mesure disproportionnée?

– Quand on dit à quelqu’un: «Ta demande est refusée, tu dois rentrer à la maison, mais je te donnerai de l’argent chaque mois!» il ne comprend pas. Aujourd’hui, la Confédération verse 4800 francs d’aide sociale à une famille de quatre personnes qui doit en principe rentrer chez elle. On leur donne cet argent alors que ces personnes n’ont pas le droit de rester: c’est une contradiction!

– Le fait qu’un demandeur d’asile débouté peut être emprisonné jusqu’à deux ans suscite aussi de virulentes critiques.

– Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe trois formes d’emprisonnement différentes. Prises ensemble, on aboutit à ce chiffre de deux ans. Mais cela ne veut absolument pas dire que tout le monde passe par ces trois formes d’arrêts et arrive ainsi à deux ans d’emprisonnement! Il est possible que cela arrive dans certains cas tout à fait extrêmes, mais c’est plutôt improbable. C’est aussi soumis aux juges. »Pourquoi avons nous prolongé les peines d’emprisonnement? Il existe des «durs» qui ne sont absolument pas prêts à coopérer. Ils pourraient partir, ils doivent partir mais ne le font pas. La détention en vue de l’expulsion est actuellement limitée à 9 mois au maximum.

»On a alors vu des gens qui sont restés jusqu’au dernier jour avant de dire qu’ils acceptaient de quitter le pays. Mais au moment où ils arrivaient au pied de l’avion, ils ont fait un tel scandale que les pilotes ont refusé de les prendre à bord.

»Le temps légal de détention était alors épuisé, ces gens étaient libres et tout recommençait depuis le début. Pour cette raison, les cantons ont réclamé une prolongation.

– Si ces lois passent, votre parti ne perd-il pas son thème favori?

– Je l’espère. Cela signifierait que cela fonctionne.

Asile et étrangers: la Commission pour l'enfance recommande le non

Lire la dépêche de l'ATS sur Romandie News

La Commission fédérale pour l'enfance et la jeunesse recommande le rejet de la révision de la loi sur l'asile et la nouvelle loi sur les étrangers. Selon elle, les deux objets en votation le 24 septembre ne sont pas conformes à la Convention des droits de l'enfant.

La commission a suivi "avec une inquiétude croissante" l'élaboration de ces textes. Elle s'est mobilisée à plusieurs reprises, par des recommndations ciblées, pour le respect des droits des enfants et des jeunes étrangers. Ses prises de position "n'ont malheureusement pas été écoutées", regrette-t-elle dans un communiqué.

Les projets soumis au peuple constituent à plusieurs égards un durcissement contredisant l'esprit de la Convention de l'ONU. La commission cite notamment le risque d'exclusion de la procédure d'asile avec les nouveaux motifs de non-entrée en matière, la suppression de l'aide sociale aussi pour les enfants et les jeunes, la détention jusqu'à un an de mineurs entre 15 et 18 ans ainsi que les modalités plus sévères concernant le regroupement familial.

Ces arguments ont également été avancés par l'organisation Terre des hommes, qui a publié une analyse en ce sens en juin.

Personne ne sait encore ce que la loi sur l'asile coûterait aux cantons

Lire l'article de Samuel Russier dans le Temps
Si elle passe la rampe le 24 septembre, la loi sur l'asile fera grimper la facture des cantons. Les estimations restent floues, mais les opposants avancent le chiffre de 200 millions.

La démocratie directe porte en elle un risque croissant d'atteinte à la démocratie

Lire l'éclairage de François Cherix dans le Temps

Les avantages de la démocratie directe sont bien connus, on parle moins de ses désavantages, comme le danger de voir les décisions du peuple souverain devenir une valeur supérieure à l'Etat de droit.

Appliquer la loi actuelle

Le Temps - Courrier des lecteurs
Le CICR a l'habitude de travailler dans la plus grande discrétion et de ne jamais critiquer inutilement les institutions des pays dans lesquels il est engagé. La Croix-Rouge suisse a toutefois choisi de dénoncer publiquement (par annonces et courriers) la nouvelle loi sur l'asile, qui constitue à ses yeux un «non-respect de la dignité humaine et de l'essence des droits de l'homme».

Elle estime donc qu'elle a des raisons sérieuses pour agir ainsi. Le parlement a en effet voté de manière précipitée et électoraliste des mesures inapplicables et contre-productives, car elles puniront les personnes qui ont réellement besoin de notre aide: comme l'obligation de présenter des papiers d'identité dans les 48h, impossible par exemple pour des réfugiés qui ont tout perdu dans des bombardements, alors que des trafiquants peuvent facilement fournir de faux documents.

La Confédération doit d'abord se donner les moyens d'appliquer efficacement la loi actuelle, c'est-à-dire de traiter les demandes de manière équitable et dans un délai raisonnable, pour éviter que des familles déjà bien intégrées soient renvoyées sans ménagement après plusieurs années de séjour!
Olivier Marcoz, Sion

Orbe: soutien au cuisinier

Le cuisinier de l’Auberge du Cheval-Blanc est soutenu


Pour Blazo Nikorov, l’incertitude qui plane sur son avenir est pesante.
Un départ repoussé serait aussi un soulagement pour sa patronne.

A Orbe, l’homme, originaire de Macédoine, devrait quitter notre pays aujourd'hui. Les membres du Conseil communal ont massivement soutenu une lettre au Conseil d’Etat pour demander un report de son départ. Regula De Souza a attiré l’at­tention des élus sur la situa­tion de Blazo Nikorov, cuisi­nier à l’Auberge du Cheval­ Blanc, dans les divers du Con­seil communal de jeudi der­nier. L’homme a travaillé en tant que saisonnier dans l’hô­tellerie pendant onze ans. Il est retourné un an dans son pays. Etant devenu là-bas aussi un étranger, il est revenu en Suisse, en laissant sur place sa femme et ses deux filles.
Depuis son retour, il y a huit ans, il travaille dans la restau­ration. L’ancien tenancier du Cheval-Blanc lui avait promis de régulariser ses papiers, mais il n’a pas entrepris la moindre démarche. Au lieu de recevoir des papiers l’autori­sant à travailler, Blazo Niko­rov a reçu un avis d’expulsion du pays. Son départ devrait avoir lieu au-jourd’hui. Le cuisinier est apprécié des clients de l’auberge et son dé­part met en péril le commerce de sa patronne qui est sur le point d’accoucher. Une grande partie des con­seillers communaux a signé la lettre au Conseil d’Etat, des commerçants ont fait de même. L’intéressé doit pour l’instant se contenter d’atten­dre dans l’incertitude du len­demain

PIERRE BLANCHARD

TSR: débat sur l'asile ce soir

Une Lausannoise fera face à Christoph Blocher

Ce soir, sur la TSR, Christoph Blocher sera confronté aux détracteurs des lois sur l’asile et les étrangers. A quelques heures de l’événement, 24 heures a rencontré une Lausannoise qui se prépare à affronter le géant zurichois.

Manon Schick ne craint pas le débat avec le tribun zurichois.
Elle veut convaincre les téléspectateurs de rejeter les lois sur l’asile et les étrangers

C'est une jeune femme déterminée de 31 ans qui se mesure à Chris­toph Blocher dans l’émission «Infrarouge» diffusée ce soir à 22 h 35. Manon Schick, porte-pa­role de la section suisse d’Am­nesty International, a en effet l’honneur d’entamer la première partie du débat consacrée à la loi sur l’asile. «J’avoue que je suis tendue», confie la Lausannoise. «Débattre avec Christoph Blo­cher n’est pas donné à tout le monde.» En effet, le conseiller fédéral a refusé tout débat con­tradictoire avec ses pairs politi­ciens. La discussion de ce soir l’oppose donc à des représen­tants de la société civile, telle que des associations de défense du droit d’asile et des droits hu­mains.

Consciente des attentes qui pèsent sur elle, cette ancienne journaliste n’est pas pour autant impressionnée par le défi qui l’attend. «Ce n’est pas le fait de me retrouver devant un con­seiller fédéral qui me fait peur. Ce que je crains davantage est le côté très émotionnel auquel re­court parfois Christoph Blocher. Par exemple, le fait qu’il utilise, dans le cadre de la campagne, l’histoire des deux enfants koso­vars qui ont violé une petite fille me paraît vraiment grossier et inadmissible. Je pourrais m’aventurer sur le même terrain mais j’éviterai de le faire. J’es­père qu’il se limitera également à des arguments rationnels et qu’on en restera à débattre des lois.»

«Je m’adresse aux indécis, pas à Blocher»

Comment se prépare-t-on à une telle rencontre? Comment répondre à celui qui est passé maître dans la manière d’esqui­ver les questions? «C’est vrai qu’il a tendance à lancer des arguments à l’emporte-pièce. Il se cache derrière ses lacunes de français. On m’a donc surtout conseillé de ne pas parler trop vite afin qu’il comprenne mes propos. J’ai également lu ses in­terviews pour me préparer à son argumentation, qui est d’ailleurs toujours la même, basée avant tout sur les abus», confie Manon Schick.

Ce soir, la jeune femme, qui n’en est pas à sa première expé­rience télévisuelle, sera vêtue de noir pour s’accorder aux cou­leurs du plateau. «On m’a fait un briefing sur ma façon de parler. Je dois faire des phrases courtes, aller directement au sujet et, sur­tout, éviter de regarder les camé­ras », précise-t-elle. La porte-parole d’Amnesty ne se fait pas d’illusion sur les ob­jectifs de ce débat. «Je sais bien qu’il n’y aura pas de véritable discussion possible entre Chris­toph Blocher et moi. Je ne vais pas le convaincre de l’aberration de ces lois. Ce soir, je compte m’adresser aux indécis, pas à Blocher». Face au tribun zurichois, les principaux atouts de la jeune femme seront sans aucun doute sa repartie et son calme. «J’ai l’avantage de savoir au plus pro­fond de moi-même que j’ai rai­son. Je défends des valeurs hu­maines qui sont aussi celles de la Suisse. J’essaierai de faire com­prendre aux gens qu’il faut qu’ils les défendent également.»

NADINE HALTINER