samedi 15 mars 2008

Le grand malaise des Britanniques blancs des classes pauvres face à l'immigration.

Le grand malaise des Britanniques blancs des classes pauvres face à l'immigration.
Par Eric Albert dans le Temps

Après les étrangers, les naturalisés!

«L’UDC prend pour enjeu l’«identité suisse» et ne lutte pas contre les abus en tout genre, comme le fait croire son message martelé»


Ada Marra, conseillère nationale socialiste,
invitée de la rubrique "Réflexions" de 24 Heures


La Suisse a une législation très restrictive en matière d’obtention de la nationalité, avec un taux de naturalisations très bas en comparaison européenne. Ils sont pourtant nombreux à vivre depuis des années parmi nous et à aspirer à obtenir le passeport suisse. Et ceux qui ont pu assister à une cérémonie d’assermentation des nouveaux citoyens savent, à voir le soin que ces nouveaux Suisses ont mis dans leur habillement ce jour-là, que c’est une fête et un honneur pour eux.
Les critères restrictifs pour obtenir la nationalité sont un véritable problème pour l’intégration et gonflent artificiellement les statistiques des résidents étrangers. Si les critères français étaient appliqués, la population de la Suisse compterait bien moins que les 21% d’étrangers officiels.
Pourtant l’UDC propose toute une batterie de mesures pour rendre encore plus difficile la naturalisation: retrait de la nationalité en cas de délit, naturalisation soumise au vote du peuple, refus en cas de sollicitation d’une aide étatique, interdiction de la double nationalité, suppression de la naturalisation facilitée.
Notre démocratie, c’est bien sûr les droits donnés aux citoyens, qui ont l’immense chance de pouvoir se prononcer sur à peu près tout. Mais c’est aussi le droit de toute personne vivant sur son sol d’être traitée de façon impartiale et non pas inique. Or la naturalisation par le peuple a ceci de grave qu’un candidat est soumis non plus à des critères objectifs et transparents, contenus dans des lois – restrictives, on l’a vu, – mais au sentiment totalement subjectif de chacun des votants (sa tête ne me revient pas, il sort avec ma fille, son compatriote a été arrêté la semaine dernière, je suis au chômage, etc.). Ce serait l’arbitraire assuré, indigne de notre démocratie.
Mais le combat discriminatoire de l’UDC va plus loin: une fois Suisse, on resterait encore différent! Elle propose de tenir des statistiques différenciées également entre «Suisses d’origine» et Suisses naturalisés, dans le but avoué de retirer la nationalité en cas de délit. Grave entorse au principe d’égalité de traitement entre Suisses. Or il n’est pas osé d’affirmer que dans notre démocratie bien rodée, qu’on nous envie et quasi exemplaire, la justice règle déjà les cas de violation de la loi. Ce serait faire injure à l’Etat de droit de prétendre le contraire.
Le combat de l’UDC ne porte donc plus contre les abus en tout genre, comme on pourrait le croire en entendant le message martelé par ce parti, mais plutôt sur l’enjeu de l’identité. Certains ont peur de perdre leur identité avec les critères actuels de naturalisation. Il faudrait alors abolir le fédéralisme, un vecteur de différence de point de vue entre Suisses beaucoup plus important, comme le démontre le résultat de certaines votations.
Et, pendant ce temps-là, les vrais problèmes des Suisses, tels que la crise du logement, le coût des assurances maladie, les questions de garde d’enfants, les conditions de travail, sont abordés par les autres formations politiques, qui, elles, cherchent à trouver des solutions – sur des sujets plus complexes, donc négligés par le plus grand parti suisse.