jeudi 22 juin 2006

L’asile, les abus des uns et les abus des autres

Lu dans la TDG, ces deux articles d'ADRIEN BRON, responsable de la rubrique suisse

Dans les cinq premiers mois de l'année, près des trois quarts des requérants d'asile ont obtenu protection en Suisse. Que ce soit par le biais de l'asile ou par celui de l'admission provisoire. C'est ce qui ressort des statistiques de l'Office fédéral des migrations (ODM).
Voir ces statistiques

Sur les 4419 demandes traitées entre janvier et mai 2006, 14,4% des requérants se sont vu accorder le statut de réfugié. Et sur les 2791 personnes ayant reçu une décision négative, 2575 – c'est-à-dire 58,3% du total des cas traités – ont été mises au bénéfice d'une admission provisoire. Pour rappel, celle-ci est accordée quand le renvoi n'est soit pas possible techniquement, soit pas exigible à cause d'un danger
concret ou parce qu'il aboutirait à une «situation de détresse personnelle grave» (par exemple en cas de guerre civile, ou de maladie grave). Au total, l'ODM a donc reconnu que 72,7% des requérants d'asile étaient dignes de protection. Sur toute l'année 2005, c'était le cas de 50% des requérants.
Pour l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), cela montre que les abus sont rares et que les requérants qui viennent frapper à nos frontières le font avant tout pour sauver leur vie. Les réfugiés dits «économiques» – ou «faux réfugiés» – ne seraient donc qu'une minorité, utilisée comme épouvantail par les partisans du durcissement de la politique d'immigration. «L'admission provisoire, qui est une protection subsidiaire à l'asile, est généralement accordée quand il y a mise en
danger concrète», explique Yann Golay, porte-parole de l'OSAR. «Les cas liés à une impossibilité technique d'exécuter le renvoi sont minoritaires.»

Pour Dominique Boillat, porte-parole de l'ODM, il faut prendre ces chiffres avec des pincettes. «Dans l'absolu, ils ne signifient pas grand-chose. Certes, le nombre d'admissions provisoires a augmenté. Mais c'est conjoncturel. Ce taux élevé est dû au fait que beaucoup d'admissions provisoires ont été accordées rétrospectivement à des
personnes dont le dossier avait déjà été traité.» C'est notamment le cas des Irakiens et des Tibétains, qui ne sont au bénéfice d'une admission provisoire collective que depuis le début de l'année.




Edito: L’asile, les abus des uns et les abus des autres


Les Suisses votent en septembre sur des nouvelles lois sur les étrangers et sur l'asile. Dans ce dernier domaine, la raison d'être des nouvelles règles est la lutte contre les abus. Rien de plus légitime que de lutter contre les tricheurs.

Les travaux législatifs ont été guidés par un syllogisme: tous ceux qui arrivent sans papiers ont quelque chose à se reprocher et cherchent à entraver leur expulsion. Or, la quasi-totalité des requérants se présentent en Suisse sans document. En conséquence, cette écrasante majorité ne vient chez nous que pour des raisons circonstancielles et accessoires.

Les chiffres publiés pour les cinq premiers mois de l'année contredisent cette manière de voir. Le nombre de personnes auxquelles la Suisse reconnaît un besoin de protection représente près des trois-quarts des cas. Soit ils ont obtenu l'asile, soit ils se sont vu octroyer une admission provisoire, Berne admettant que leur renvoi n'était pas exigible. Ces chiffres sont en partie conjoncturels (les Irakiens ont reçu collectivement une admission provisoire).

En outre, ces taux sont aussi une conséquence du recul des demandes, qui pour être un phénomène européen n'en puise pas moins également son origine dans les mesures déjà prises par Christoph Blocher. (Le tribun UDC a bel et bien dissuadé certains tricheurs). Il n'empêche, une réalité s'en dégage. L'écrasante majorité de ceux qui viennent en Suisse ne sont pas des réfugiés «économiques», comme le perçoit encore
l'imaginaire collectif suisse. Ils sont là pour sauver leur peau.

Parmi ceux que la Suisse refuse, certains se plient sans autre aux décisions qu'on leur impose. L'un dans l'autre, les cas d'abus manifestes se situent sans doute, au maximum, autour de 15% des demandes, évaluation de fonctionnaire fédéral.

Il y a une année, l'Office fédéral de l'agriculture se félicitait, étude à l'appui, que les cas de fraudes dans les paiements directs agricoles ne concernent que «moins de 10%» des subventionnés. Bigre! Les requérants ne seraient donc pas les seuls à «abuser».

On ne sait pas s'il existe des études similaires pour -au hasard- les autorisations de construire ou les déclarations fiscales. Gageons que là aussi se cachent des abuseurs qui coûtent cher à la société. Si ça se trouve, ils ne sont pas loin de 10%. Voire pire: entre 10 et 15%.
Reste donc une question à résoudre pour ceux qui sont séduits par les durcissements dans l'asile: pourquoi les abus des requérants sont ils à ce point plus intolérables que ceux dans l'agriculture?

Culte du dimanche des réfugiés sur la RSR, le 18 juin 2006

Culte de Christine Alexander et sermon d'Anne-Lise Maire dans la paroisse de La Sallaz (Lausanne), avec la participation du choeur Vocaphone et Mina Balissat à l'orgue.
Prenez le temps d'écouter ce culte, le communiqué commun des Eglises contre les lois sur l'asile y est lu, comme d'autres témoignages très forts.
Ecoutez le culte.

Lisez le sermon de Evelyne Roland à Palézieux

Du théâtre militant pour rendre le «spect-acteur»

Lire l'article dans 24heures
Autour du thème de l’asile et de l’intégration, des migrants ont créé une pièce sur la base de leur vécu.
Miray, Haci, Emine, Xiao, Meh­meti. Demandeurs d’asile, ré­fugiés ou migrants, les voilà racontant leur vécu le temps d’une expérience théâtrale. Leurs difficultés quotidiennes à trouver un emploi ou un logement, le racisme en toile de fond, se sont muées en improvisations avant de deve­nir scénario. Son aboutisse­ment: une représentation pu­blique demain sur la scène du Cazard à Lausanne. Le proces­sus de ce projet théâtral de sensibilisation, initié par Lara Braida dans le cadre du centre socioculturel Pôle Sud, se base sur le vécu des acteurs autour du thème «Requérants d’asile­ Intégration, quelles réalités?». Il est inspiré des techniques du «théâtre de l’opprimé» et de l’idée du «spect-acteur» du metteur en scène et écrivain militant Augusto Boal. Car si la représentation de la petite troupe lausannoise ne dure qu’une quinzaine de minutes, elle est rejouée une seconde fois. Grâce à la médiation d’un «meneur de jeu», le «spect-ac­teur » est alors invité à interve­nir en prenant le rôle de l’op­primé et en proposant une autre solution à l’expérience d’humiliation ou d’agression mise en scène. Un acte de transformation et de dénoncia­tion qui peut s’avérer libéra­teur.
A. AY
Théâtre Forum «Requérants d’asile­ Intégration, quelles réalités?», Le Cazard (rue Pré-du-Marché 15, Lausanne), vendredi 23 juin, 20 h, entrée libre.

Un NEM soleurois se jette par la fenêtre


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Voici ci-dessous le communiqué de SOS-racisme de Soleure qui dénonce depuis des mois le "terrorisme d'état" que les autorités soleuroises exercent contre les NEM (voir le film NEM-NEE)

YACOUBA DIALLO, REQUERANT FRAPPE D'UNE NEM, SE JETTE PAR LA FENETRE DE SA CHAMBRE.


Hier matin, vers 8 heures trente, au cours d'une descente de police au centre d'hébergement du Balmberg, Yacouba Diallo. pris de panique par l'arrivée de policiers dans sa chambre alors qu'il venait de se lever, a sauté, nu, de sa fenêtre d'une hauteur de trois mètres environ. Voyant que l'un des policiers avait également enjambé la fenêtre, Yacouba, bien que blessé à la cheville, s'est relevé, a couru droit devant lui et s'est assommé contre un arbre. Très choqué, se plaignant de douleurs violentes au pied gauche, les membres éraflés, le visage tuméfié et la cheville gauche enflée, il a été hospitalisé en urgence par nos soins.
Les examens médicaux ont révélé qu'il souffrait d'une sérieuse entorse, d'une légère commotion et de contusions diverses.
Cette réaction de panique irraisonnée s'explique par l'arrestation traumatisante dont il venait d'être l'objet le mercredi 14 juin, alors qu'il était descendu en ville avec ses collègues, NEM et Noirs comme lui, pour faire ses courses. L'arrestation a eu lieu dans un café soleurois, alors que tout le groupe suivait le match de football Ukraine/ Espagne en attendant le bus de Caritas qui devait les ramener au centre du Balmberg. Menottés en public par les policiers en civil, attachés par deux sous les yeux des clients, le groupe de six personnes a été emmené en prison . Yacouba et ses collègues se sont vu refuser toute nourriture pendant 22 heures. Si trois personnes ont été relâchées 24 heures plus tard, les trois autres, dont Yacouba, n'ont été libérées que vendredi, en dépit de notre intervention immédiate auprès de la
police cantonale (nous avions été contactés par un témoin de la scène) pour faire libérer Yacouba. Aucune de ces six personnes n'a été présentée à une délégation.

L'arrestation de Yacouba Diallo est incompréhensible et frappe un innocent:


Mis à la rue, puis privé (jusqu'aux mesures provisionnelles urgentes du TF) d'aide d'urgence , condamné à deux reprises pour "séjour illégal", Yacouba a été acquitté par le tribunal soleurois le 22 mars. Son séjour en Suisse malgré la décision de non-entrée en matière est imputable aux difficultés manifestes des autorités responsables de l'exécution du renvoi et non pas à la mauvaise volonté de Yacouba Diallo , qui a toujours collaboré, selon le juge, de façon exemplaire à son renvoi. Le jugement du 22 mars, qui vient d'entrer en force, a eu un écho médiatique important. Hormis le fait d'avoir déposé une demande d'asile, ce jeune Guinéen de 21 ans, en Suisse depuis quatre ans n'a rien à se reprocher, et espérait depuis son acquittement pouvoir attendre sereinement son renvoi, qui dépend de l'établissement d'un laissez-passer.

Coïncidence? L' intervention policière de hier fait suite à une visite aux NEM du Balmberg , que nous avions effectuée la veille en compagnie de M. Markus Rauh, qui désirait s'informer lui-même des conditions de vie faites aux NEM soleurois..

Habituellement les descentes de police au centre ont lieu plutôt le jeudi, jour de l'attribution de l'aide d'urgence (8 fr. par jour de présence, retirés en cas d'absence) et de la réunion hebdomadaire obligatoire à laquelle tous les NEM doivent participer.

Les actions policières de ce genre, effectuées dans le centre, mais aussi dans les rues, les restaurants, la gare, sur les bords de l'Aar etc.. sont d'ailleurs fréquentes et terrorisent les NEM soleurois. Certains ont fui le centre; d'autres, qui ont refusé de se plier aux conditions semi-carcérales"(voir attaché; documents en notre possession) de ce logement isolé situé sur la montagne du Balmberg , ont été mis en demeure de signer une "confirmation de renoncement à l'aide d'urgence"
et se retrouvent donc actuellement depuis plus d'un mois à la rue, sans
aide .

La traque policière étendue aux lieux où les personnes frappées de NEM sont logées par l'administration est à nos yeux inadmissible et scandaleuse. Il existe d'autres méthodes plus civilisées pour amener les personnes que l'on désire présenter à des délégations ad hoc.
.

Pour tous renseignements complémentaires, je me tiens à disposition (079 670 83 22). Il est également possible de contacter M. Markus Rauh (071 222 11 78) en ce qui concerne ses impressions sur le système d'aide d'urgence mis en place au Balmberg.


Françoise Kopf,

Un enterrement et quatre retraits de permis



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L'Europe se ligue contre les clandestins

Le Temps - international
Compte rendu de la mobilisation européenne contre les immigrants illégaux dans les Canaries, prétexte à un déploiement sécuritaire ahurissant.

Migrations, droits fondamentaux et liberté de circulation

Lire cette procalamation qui annonce la Conférence non gouvernementale euro-africaine sur le thème des Migrations

Nous, acteurs des sociétés civiles d'Afrique subsaharienne, Afrique du Nord et Europe, militants engagés dans la lutte pour les droits des migrants et dans la solidarité avec les exilés, spectateurs indignés de l'hécatombe en vies humaines qui s'amplifie d'année en année au large des côtes méditerranéennes et atlantiques, refusons la division de l'humanité entre ceux qui peuvent circuler librement sur la planète et ceux à qui cela est interdit, refusons également de vivre dans un monde aux frontières de plus en plus militarisées qui segmentent nos continents et transforment chaque groupe de pays en forteresse assiégée...

Injonction irrecevable

Le Temps - Eclairages
François Gross, l'ancien rédacteur en chef de la Liberté revient sur les tentatives de Christoph BLocher de museler les Eglises dans le domaine de l'asile et les étrangers.
Extrait:
Un pays dont la Constitution commence par «Au nom du Dieu Tout-Puissant» et qui n'a cessé d'invoquer la protection divine pendant les sombres années de la Deuxième Guerre mondiale peut-il, quand cela lui convient, inviter pasteurs et prêtres à se coller un sparadrap sur la bouche? Ce serait admettre que l'Etat se réserve le droit de convoquer le témoignage des Eglises par temps d'orage et de le révoquer quand il ne coïncide pas avec ses desseins politiques. Irrecevable, absolument.

Deux lois hypocrites

Lire dans le courrier des lecteurs du Nouvelliste
Le printemps s’illustre en général par des temps ensoleillés synonymes de renouveau. Avec les nouvelles perspectives de la loi sur l’asile et sur les étrangers, l’espérance est bien souvent brisée ! Qu’elle n’a pas été ma stupeur en relisant un article sur le racisme des jeunesses UDC et des émissions Infrarouge du 11.04 et Mise au point du 23.04.
Dans cette dernière j’ai été interpellée par la rapidité de conclusion de M. Fattebert. Dans la rue, ce dernier interroge une pers. noire pour lui demander si elle peut rester en Suisse. Celle-ci approuve en précisant qu’il travaille. De tels faits montrent la suspicion témoignée par l’UDC. Sartre ne disait-il pas « chacun est l’étranger de chacun ». La froideur de certains politiciens entre autres m’irrite. Insoutenable, les propos de M. Yvan Perrin : « leur seule présence NEM sur les sol suisse est une infraction ». Ce politicien veut selon ses propos une différenciation entre les gens vivant normalement et ceux en infraction, selon sa perception et ne pas donner des standards aux personnes ayant une NEM. A ce sujet, Amnesty suisse signale des prestations inférieurs de 50% aux Suisses en faveurs des personnes requérantes. Est-il normal de les traiter comme des criminels. De tels propos, c’est occulter leur bagage de misère et traumatisme vécus dans leur pays d’origine. La procédure d’asile peut soumettre à des pressions et à de nouvelles persécutions. Où est la bribe d’humanité de ces politiciens zélés et de ceux adhérant dans cette voie ? M. François Couchepin pense qu’ «on tente de nous vacciner contre les réflexes humains ».
« Ne venez pas en Suisse, c’est un pays en guerre contre l’asile », selon Mix et Remix.
La suppression de l’aide sociale s’est concrétisée par cinq fois plus de coûts d’aide d’urgence. Parfois, le renvoi est impossible: refus du pays d’origine par exemple. La Suisse peut aussi se tromper sur le pays d’origine des NEM. Même si une personne accepte de rentrer, les obstacles administratifs existent. La loi sur les étranges est scandaleuse par la prolongation des mesures de contrainte. D’autant plus que dès 15 ans un mineur peut être emprisonné, ce qui est contraire aux droits de l’enfant. Est-il normal de pouvoir emprisonner jusqu’à deux ans des non criminels venus chercher l’asile. Mme Ruth Dreyfuss précise: « des gens dont le seul crime est d’avoir rêvé d’un avenir meilleur et de mal accepter une décision de renvoi ». De plus la loi sur les étrangers privilégie l’accès pour les non européens qualifiés. Cela ne respecte pas le besoin en Suisse de travailleurs de base. M. Claude Ruey défend des valeurs supérieures à la guerre des partis émanant de cette problématique. On ne choisit pas son pays de naissance En contact avec une famille kosovare dont les enfants sont nés en Suisse, je trouve dramatique que ce soit grâce aux problèmes des enfants qu’elle puisse rester! Merci à M. François Couchepin et Mme Ruth Dreifuss. Cette dernière vit cette campagne comme le fil rouge de sa vie. Ne donnons pas du crédit aux jeunesses UDC. Par leur soutien à un ancien élu de Bex, ils se permettent d’amalgamer les requérants à des dealers. Certes, il y en a, toutefois c’est une minorité. Les dealers et délinquants sont aussi suisses. Que les citoyens prêts à s’écarter d’un certain conformisme facile et réducteur, s’engagent. Vérifions ces clichés en rencontrant les principaux concernés. Luttons contre ces deux lois hypocrites! Donnons de l’espérance aux personnes ayant subis des souffrances dans leur pays d’origine. Réveillons notre humanité pour leur profit. Bienvenue le 17 juin à Berne.
Laeticia Bruchez, Sion