samedi 6 mars 2010

Une semaine pour faire reculer le racisme

Du 12 au 21 mars, le canton se mobilise pour lutter contre les discriminations. De Monthey à Naters, une trentaine de projets seront proposés au public. Un article de Jean-François Albelda dans le Nouvelliste.

La rencontre de l’autre, l’une des clés pour lutter contre les 
discriminations. MAMIN

«Il s'agit d'encourager le vivre ensemble, d'évoquer la différence pour apprendre la tolérance.» La conseillère d'Etat Esther Waeber-Kalbermatten présentait hier la première semaine valaisanne d'actions contre le racisme qui s'inscrit en écho à la journée internationale contre la discrimination raciale qui aura lieu le 21 mars.

A ses côtés, Katja Müller, du Service fédéral de lutte contre le racisme, Jacques de Lavallaz, chef du Service de la population et des migrations, Jacques Rossier, coordinateur cantonal de l'intégration des étrangers ainsi que les délégués à l'intégration des villes valaisannes. Ensemble, ils ont élaboré une trentaine d'actions, rencontres, spectacles, concerts, expositions qui se tiendront du 12 au 21 mars à Monthey, Martigny, Sion, Sierre, Viège, Brigue-Glis et Naters, le but étant de sensibiliser largement la population sur ce thème délicat et de favoriser la cohésion sociale au sein de la société valaisanne.

«Tout le monde est concerné»

Tout en notant que le Valais compte environ 60 000 migrants, les organisateurs tenaient à préciser que la semaine d'actions concerne tout le monde. «Il est important de rappeler que l'on peut être Suisse et discriminé, selon sa religion, son orientation sexuelle ou en raison d'un handicap», affirmait Céline Maye, déléguée à l'intégration à la ville de Sion. L'accent sera tout de même mis sur les problématiques raciales très présentes dans l'actualité, suite à la votation sur les minarets et à l'affaire Kadhafi notamment.

«Les situations auxquelles nous sommes confrontés sont très diverses. Cela va de la femme noire à qui on refuse un poste dans un EMS sous le prétexte que les personnes âgéesauraient peur d'elle la nuit au jeune Kosovar à qui on refuse l'entrée en boîte en argumentant que les Kosovars sont violents... Ces situations sont liées au fait que souvent les gens ne sont pas assez informés», explique Katja Müller.

La représentante de la Confédération - qui finance en partie les projets présentés - se félicite de l'initiative valaisanne car «la rencontre est une clé pour résoudre le problème du racisme».

Trois types d'actions

Durant la semaine d'actions, trois types de projets seront proposés. «Des actions de réflexion pour parler du racisme en soi et des différentes formes qu'il peut prendre dans la société actuelle. D'autre part, des actions favorisant le vivre ensemble, l'ouverture à l'autre et la connaissance mutuelle et enfin des actions traitant le thème du racisme et de la tolérance par une approche artistique ou culturelle», détaille Marie-Françoise Pitteloud, déléguée à l'intégration à Sierre. «Et tous ces projets privilégient une approche positive.»

Le programme complet de la semaine d'actions sur www.vs.ch

La LICRA réclame le retrait d’une affiche du Front National

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a réclamé vendredi, devant le juge des référés du tribunal de grande instance de Marseille, le retrait d'une affiche du Front national portant la mention "Non à l'islamisme. La jeunesse avec Le Pen".

Cette affiche montre une femme en burqa, des minarets transformés en lance-missiles et le drapeau algérien recouvrant la France. Au nom de la LICRA, Me Michel Pezet a dénoncé une "mystification". "Vous essayez de tromper les gens, a-t-il déclaré, vous portez une accusation à l'encontre d'une communauté -les musulmans- qui n'est pas pour l'islamisme et qui est parfaitement intégrée".

Me Pezet, qui a fustigé "une caricature du message politique", a sollicité le retrait de l'affiche en invoquant un "trouble manifestement illicite" et "une provocation à la haine raciale". De son côté, l'avocat du Front national, Me Wallerand de Saint-Just, a dénoncé "un procès d'intention de la LICRA". "Cette affiche n'attaque en aucun cas l'islam ou les musulmans, mais l'islamisme. Pour essayer de l'interdire, vous êtes obligés de torturer la liberté d'expression", a-t-il insisté.

Présent à l'audience, le président du FN Jean-Marie Le Pen a déclaré: "je suis venu dire non à l'emprise algérienne sur notre pays, non à la burqa. Que chacun prenne ses responsabilités politiques". Le juge des référés rendra son ordonnance lundi à 14h. La LICRA avait fait délivrer le 26 février une sommation à Jean-Marie Le Pen et au Front national de retirer "l'affiche anti-musulmans", placardée sur les panneaux électoraux en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et mise en ligne sur le site internet du parti.

L'avocat de la LICRA a indiqué qu'une nouvelle série d'affichages avait eu lieu vendredi dans le quartier de l'Estaque à Marseille et fait dresser un constat d'huissier. Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a déposé une requête identique devant le juge des référés du tribunal de grande instance de Nanterre, qui doit être jugée en début de semaine.

Dépêche AP sur nouvelobs.com