samedi 20 septembre 2008

La prise des minarets

Le quotidien Süddeutsche Zeitung analyse comment la lutte contre les mosquées ? ou contre ce qui est souvent décrit comme la prétention au pouvoir des minarets ? rassemble les nationalistes européens : "De façon très habile, les populistes de droite modernes se revendiquent toujours plus modérés et proches des citoyens. On lit et on entend partout qu'ils seraient pour la liberté de religion. L'argumentation est la suivante : le musulman voulant pratiquer sa religion dans une Europe marquée par le christianisme, peut le faire, mais dans la langue du pays concerné s'il vous plait, après vérification rigoureuse et sans que cela menace la majorité ? sinon menacée de xénophobie. ... Le congrès [contre l'islamisation] de Cologne montrera quel est le pouvoir de persuasion de l'alliance actuelle des nationalistes européens. Si cela dépendait du philosophe politique Carl Schmitt, très estimé dans ces milieux, alors la mosquée controversée d'Ehrenfeld [à Cologne] serait déjà un cadeau aujourd'hui ? car elle représente ce qui rend possible en premier lieu l'existence de leur communauté politique : un ennemi commun."
Süddeutsche Zeitung (Allemagne

Lu dans le Courrier international

La marginalisation des Roms est l'échec le plus cuisant de l'UE

Le financier américain George Soros commente le sommet européen sur les Roms : "L'Union européenne est peut-être le meilleur exemple de ce que peut être une société ouverte. ... Cependant, la marginalisation des communautés roms, la plus large minorité d'Europe, représente l'un des échecs les plus cuisants de l'Union en tant que société ouverte. ... Ce progrès [économique] met davantage en évidence les nettes disparités qui demeurent, et particulièrement celle, flagrante, de la situation des peuples roms. Dans ces nouveaux Etats membres, les Roms n'ont pas bénéficié de l'adhésion à l'UE. De plus, les événements récents en Italie ... nous rappellent [une] triste réalité. ... Les préjugés répandus contre les Roms dans la plupart des pays européens ont mis à mal la volonté des gouvernements nationaux de favoriser leur insertion. De plus, certains politiciens européens aiguisent le problème en exploitant le racisme anti-Roms et en faisant injustement des communautés roms la cible de mesures contre la criminalité."

Lu dans le Courrier International

La Forteresse a la une du Courrier


Comment les réfugiés viendront-ils en Suisse

Tolérance en Europe

Religion et asile, l'union difficile









Ali a quitté l'Iran en 2006. Dénoncé par son beau-père qui n'a pas supporté qu'il ait quitté l'islam, il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt. (photo: Eddy Mottaz)
PROTECTION. Menacé de persécution pour s'être converti, un Iranien risque pourtant d'être renvoyé. Berne campe sur une position dure.

Valérie de Graffenried
Samedi 20 septembre 2008


Ali*, 26 ans, a fui l'Iran en mars 2006. Il a quitté l'islam pour le christianisme alors que la conversion religieuse est mal vue en Iran et même passible de la peine de mort. L'Office fédéral des migrations (ODM) est bien conscient que «la charia prévoit la peine de mort pour apostasie», comme il le souligne noir sur blanc dans un document. Il prend néanmoins le risque de le renvoyer dans son pays. Tentatives d'explications.


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Témoignage d’une arrivée en Suisse via une ambassade


DOCUMENT | Eveline Widmer-Schlumpf propose de fermer les ambassades aux demandes d’asile. L’histoire des Moreno est un moment déchirant de «La forteresse», de Fernand Melgar. L’ambassade de Suisse à Bogotá leur avait ouvert les portes.

© Odile Meylan | Les Moreno dans leur appartement de la banlieue d’Aarau. Ils n’ont qu’un mot à la bouche: espoir.

XAVIER ALONSO / BERNE | 20.09.2008 | 00:00

«A las de Dios…» Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais pour une famille colombienne sur laquelle pesait un «contrat», elles ont pris la forme de l’ambassade de Suisse à Bogotá. José Moreno (42 ans) ne peut imaginer ce qu’il aurait fait sans l’entrée en matière de la Suisse sur sa demande d’asile. L’immigration clandestine? «Dieu seul le sait! Des familles se sont embarquées vers le Venezuela sur des barques…»

José Moreno, son épouse Alice (38 ans) et leurs quatre enfants, au bénéfice d’un permis d’établissement B depuis deux mois, sont les «protagonistes» d’un des moments les plus forts du documentaire La forteresse de Fernand Melgar, primé au Festival de Locarno. Au Centre d’enregistrement de Vallorbe, on assiste à l’audition de José Moreno et de son épouse Alice. L’intensité, les silences et les larmes y sont insoutenables. Leur fils John (22 ans) a été assassiné en juin 2007. Ils ne retrouveront de lui que le tronc du corps dépecé.

Les Moreno, cachés depuis plusieurs mois à Bogotá, arrivent à Vallorbe à Noël 2007. C’est là qu’ils croisent la caméra de Fernand Melgar. A Orito, province de Putumayo, José Moreno avait sa petite imprimerie. Bénévole communal, il contrôlait les listes électorales. Pour avoir déclaré non valides des candidatures présentées par un groupement paramilitaire, lui et sa famille ont été menacés. Jusqu’à cette barbarie qui a jeté la famille «en enfer». «J’ai dû tout abandonner pour sauver l’essentiel: mes enfants.»

«Mme Widmer-Schlumpf est sous pression»
A l’Office fédéral des migrations, on ne veut pas se perdre en conjectures sur le cas des Moreno. Pour son porte-parole Jonas Montani, qui a vu La forteresse, la proposition d’Eveline Widmer-Schlumpf de fermer les ambassades aux demandes d’asile n’aurait rien changé à cet épilogue heureux. «Il est évident que pour les cas de danger avéré, les ambassades accorderont leur protection et nous laisserons entrer les gens en Suisse.» Du côté du Département de justice et police, la porte-parole Brigitte Hauser-Süess quittance la proposition d’Eveline Widmer-Schlumpf et renvoie vers l’ODM pour expliquer les possibles économies si cette mesure, à l’étude dans l’actuelle révision de la loi sur l’asile, était acceptée (voir encadré). Au Département des affaires étrangères (DFAE), on ne prend pas position, mais on réfute avoir fait pression pour soulager le travail des ambassades.

L’OSAR (Organisation suisse d’aide aux réfugiés) manifeste son incompréhension: «On ne peut pas dire qu’on supprime cette possibilité et affirmer que s’il y a danger, on accueillera quand même.» Kathrin Buchmann, cheffe du service juridique ad interim, ne décolère pas. Pour elle, l’argument de l’harmonisation de la procédure suisse avec les autres pays ne tient pas. «Rien n’est comparable dans les procédures. Et pour les économies, on a déjà vu ce qui s’est passé avec les décisions de M. Blocher. Les gens viennent quand même, mais n’apparaissent plus dans les statistiques. Ce n’est pas une mesure économique mais politique. Mme Widmer-Schlumpf est vraiment sous pression.»

De la politique suisse, José Moreno ne connaît rien. Sa seule image en est une affiche à Vallorbe. «Des mains qui essayaient d’attraper des passeports suisses. J’ai parfois l’impression que nous ne sommes pas bienvenus. Mais je suis un homme qui veut bien faire, je veux que ma famille retourne à la vie .»




«Situation née sous Blocher»

«Je ne veux pas mettre en exergue le fait qu’Eveline Widmer-Schlumpf s’est dite touchée par mon film et que, aujourd’hui, elle fait une proposition brutale en matière d’asile.» Prudent, Fernand Melgar (photo Olivier Vogelsang/ 2008), le réalisateur lausannois de La forteresse, documentaire sorti en salles mercredi et primé à Locarno (Léopard d’or Cinéastes du présent). En août à Locarno, la conseillère fédérale avait salué le film. «Il montre la réalité telle qu’elle est, avec ses drames qui touchent tant d’innocents. Ce n’est pas un film de propagande.» Fernand Melgar tente une mise en perspective. «Elle hérite d’une situation née sous Blocher. Pendant le tournage, les discussions avec les auditeurs de l’Office fédéral des migrations montraient qu’on leur demandait du rendement, de baisser les coûts, etc. Pas tellement d’appliquer la loi à la lettre. Nous sommes dans une vision économique de l’asile.»