samedi 15 octobre 2011

Racisme, coups et torture dans les geôles de l’après-Kadhafi

Aveux extorqués, prisonniers battus, cellules surchargées où sont enfermés à la fois migrants, déplacés et soldats loyalistes, racisme contre la population libyenne noire : le rapport publié par Amnesty International «sonne comme une première alarme à l’intention des nouvelles autorités libyennes», explique Samira Bouslama, qui a mené la mission avec trois chercheuses.

L’ONG a pu visiter onze centres de détention à Zawiya, Tripoli et Misrata. Selon elle, les prisonniers «sont presque toujours détenus sans décision légale et pour la plupart sans autorisation du parquet général». Ils sont placés en détention par des conseils locaux, parfois militaires, ou des brigades armées «et bien loin de tout contrôle du ministère de la Justice».

Les délégués de l’organisation se sont entretenus avec «une centaine de prisonniers en août et septembre», indique Samira Bouslama. Aucun ne s’était vu présenter un mandat d’arrêt, et beaucoup «avaient en fait été enlevés chez eux par des ravisseurs non identifiés qui font des raids chez les combattants ou les fidèles présumés de Kadhafi», dit le rapport.

Fouet

Selon la chercheuse, les prisonniers qui leur ont été soumis (le plus jeune avait 16 ans et le plus âgé 77 ans) «n’ont pas été pris les armes à la main». Pour la plupart, il s’agissait de gens sortis de leur maison, de fidèles du Guide et notoirement connus comme tels, de migrants subsahariens, ou alors de Libyens noirs suspectés d’avoir soutenu le régime de Kadhafi. Une majorité de Noirs ont été arrêtés parce que noirs. Ils se sont plaints à chaque fois de racisme et d’un comportement esclavagiste. Selon eux, «leurs "frères" libyens ne les voient pas comme Libyens, mais comme des Africains», insiste la chercheuse.

Cette dernière a aussi interrogé deux geôliers à Misrata. «Pourquoi traitez-vous si mal les Noirs ?» Réponse des deux geôliers : «Ils ont soutenu le régime. On leur a donné des terres. On a pris soin d’eux pendant toutes ces années et, quand la révolution a éclaté, ils ont pris les armes contre nous. Ce sont des esclaves.»

Au moins deux gardiens, dans des centres de détention différents, ont admis frapper les prisonniers pour leur extorquer des «aveux» plus rapidement. Sur le sol de l’un des centres, les délégués d’Amnesty International ont retrouvé un bâton, une corde et un tuyau en caoutchouc, qui pourraient servir à frapper les prisonniers, y compris sur la plante des pieds - méthode de torture baptisée falaqa. Dans un centre de détention, ils auraient entendu des bruits de coups de fouet et des cris provenant d’une cellule proche.

Selon le rapport, les prisonniers sont soumis aux coups et à la torture, plus particulièrement au début de leur détention. Comme une sorte de «bienvenue» à leur arrivée. Entre un tiers et la moitié des prisonniers sont des personnes originaires d’Afrique subsaharienne soupçonnées d’être des mercenaires. Un homme originaire du Niger, initialement présenté à Amnesty International comme étant «un mercenaire et un tueur», s’est effondré et a expliqué qu’il avait «avoué» après avoir été frappé sans discontinuer deux jours durant. Il a nié avoir participé aux combats. Les Libyens noirs, notamment originaires de la région de Tawargha, qui a servi de base aux forces pro-Kadhafi lors de leurs manœuvres visant à reprendre le contrôle de Misrata, sont particulièrement vulnérables, souligne le rapport. «On leur fait signer des confessions extorquées sous la torture. Ils signent un document qui va les condamner…»

«Isolés»

Le Conseil militaire de Tripoli a été alerté le mois dernier par Amnesty International concernant ces cas de torture. Pour toute réponse : «Ce sont des agissements à mettre sur le compte de quelques cas isolés.» Vendredi, l’ONU a fait part de son inquiétude concernant «les cas de 7 000 prisonniers» détenus dans 67 centres de détention. Salira Bouslama se montre, elle, très inquiète : «Comment vont être traités les prisonniers de Syrte et de Bani Walid, les deux dernières villes qui résistent ?»

Jean-Louis Le Touzet dans Libération

Sans papiers : rassemblement devant la permanence du député de Fougères

À l’appel de RESF (Réseau éducation sans frontières), une cinquantaine de personnes se sont rassemblées, ce samedi, en fin de matinée devant la permanence du député Thierry Benoit (Alliance centriste), à Fougères.

Ils entendaient dénoncer la situation de cinq familles sans papiers du pays de Fougères, déboutées de leur demande d’asile, qui se « retrouvent sans hébergement ou en hébergement d’urgence et qui chaque soir ne savent pas où elles vont dormir ».

RESF poursuit son mouvement en appelant à d’autres rassemblements mercredi 19 octobre à 16 h 30, devant la sous-préfecture de Fougères, puis à 17 h 30, devant la mairie.

Des hommes passent trois jours dans le compartiment moteur d'un car

Les deux clandestins de 21 et 24 ans sont montés dans le compartiment moteur d'un bus de tourisme en Italie avec l'intention de se rendre en France. Lors d'une halte sur l'aire de repos de Pratteln (BL), ils ont décidé de poursuivre leur route à pied sur la bande d'arrêt d'urgence. Les Palestiniens n'avaient rien mangé depuis trois jours, a précisé la police. Ils ont aussitôt déposé une demande d'asile en Suisse.

Les deux clandestins de 21 et 24 ans sont montés dans le compartiment moteur d'un bus de tourisme en Italie avec l'intention de se rendre en France. Lors d'une halte sur l'aire de repos de Pratteln (BL), ils ont décidé de poursuivre leur route à pied sur la bande d'arrêt d'urgence.

Les Palestiniens n'avaient rien mangé depuis trois jours, a précisé la police. Ils ont aussitôt déposé une demande d'asile en Suisse.

ATS

Au chevet des enfants réfugiés sahraouis

Enfants réfugiés du monde (ERM) renforce son action près des réfugiés sahraouis. L'association forme sage-femmes et infirmières.

Formation des infirmières du Sahara occidental à l’Ecole de Santé 

Cela fait 35 ans que l'association Enfants réfugiés du monde Pays de la Loire (ERM) met en place des actions auprès des Sahraouis réfugiés depuis 35 ans. Ils survivent dans un désert aride, hostile, au sud-ouest de l'Algérie, près de Tindouf, répartis dans quatre camps. « Nous savons que nous devons rester à leurs côtés pour qu'ils ne deviennent pas des oubliés du désert », a souligné Jean-Noël Dugast, président de l'association, lors de l'assemblée générale du 7 octobre.

Missions dans les camps. Chaque année ERM ouvre de nouvelles formations de sage-femmes, d'infirmières pédiatriques. L'équipe d'infirmières formatrices est composée de Suzanne Guillou, Colette Blais, Christine Blagny et Anne-Marie Jamesse. Monique Baron assure la gestion de l'école. L'équipe existante a effectué trois missions : novembre 2010 (33 jours), février 2011 (11 jours) et mai 2011 (31 jours). Elles ont établi un bilan sur les évaluations des formations d'infirmières et de sage-femmes. Un nouveau bâtiment est en cours d'achèvement pour accueillir les classes d'élèves sage-femmes et de pédiatrie, des chambres et des labos.

Accueil des enfants l'été. Un groupe de neuf enfants sahraouis, âgés de 8 à 10 ans, a été accueilli dans la région du 29 juin au 20 août (Rezé, Blain, Saint-Nazaire). Temps partagé entre l'accueil dans les familles, centres de loisirs de l'Arpej et centre de vacances. Le bilan de santé effectué à leur arrivée a révélé une malnutrition certaine.

Dans les pistes de travail, ERM envisage une éventuelle activité autour de l'enseignement du français et un renforcement du réseau des familles d'accueil pour être en capacité d'accueillir à nouveau des enfants les prochaines années.

Ouest-France