jeudi 20 janvier 2011

Les protagonistes de l'asile débattent de la notion en mutation de réfugié

Plus de 150 personnes actives de près ou de loin dans le secteur de l'asile débattent depuis mercredi à Berne de la notion de réfugié, en pleine mutation. Le 4e symposium suisse sur l'asile doit se conclure jeudi à la mi-journée par un podium sur les défis concrets de l'accueil des réfugiés en Suisse.

Auparavant la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga évoquera les engagements de la Suisse dans le domaine humanitaire et en matière de droit international. La ministre en charge de l'asile s'exprimera dans la foulée du haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Antonio Guterres donnera pour sa part le point de vue du HCR sur la politique européenne de l'asile dans un exposé introductif.
Le 4e symposium sur l'asile coïncide cette année avec le 60e anniversaire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés ainsi que du HCR. L'0rganisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), qui co-organise le symposium avec les bureaux suisse et liechtensteinois du HCR, fête quant à elle ses 75 ans en 2011, selon la documentation du symposium.
Mercredi, divers orateurs, dont le directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM) Alard du Bois-Reymond, ont évoqué plusieurs aspects de l'asile. La présidente de la Cour IV du Tribunal administratif fédéral (TAF), Claudia Cotting-Schalch, a notamment fait état du développement de la jurisprudence du TAF sur le renvoi des requérants d'asile.

ATS relayée par le Journal du Jura online

David Asryan et son fils Vazgen libres depuis hier après-midi

Pour raison de santé, le réfugié arménien a quitté, hier, le centre de rétention de Nîmes, accompagné de son fils. Par contre, le sort de sa concubine reste en suspend.

manifestation david asryan

Le dénouement est tombé concernant David Azryan et son fils Vazgen, âgé de six ans, qui avaient été placés, le 7 janvier, en centre de rétention à Nîmes, dans l’attente de leurs expulsions. Hier, vers 15 h 30, on a appris, par l’avocate de David Azrian, Cécile Linossier, que cet Arménien avait été libéré pour raison de santé. Son fils est également libre. L’homme était semble-t-il malade, et son état se serait aggravé lors de son séjour au centre de rétention. Pour le collectif de défense des demandeurs d’asile et sans papier, la mobilisation « n’a pas été vaine et porte ainsi ses fruits ». Et aujourd’hui, Christine Chevalier, la porte-parole, souligne que « l’objectif est de rester mobilisés jusqu’à la régularisation de David et de sa famille ».

Rappelons que David Azryan, en situation irrégulière, vivait à Langeac, avec sa compagne, âgée d’une vingtaine d’années, et son fils. Leur placement en centre de rétention, la semaine dernière, avait soulevé une vague de protestation, notamment du collectif de soutien et aussi de parents et amis du club de foot local, avec lesquels ils avaient sympathisé. La famille s’était visiblement bien intégrée. Des manifestations, mercredi dernier à Langeac (quatre-vingts personnes), puis samedi au Puy-en-Velay (deux cents personnes) avaient montré l’émotion suscitée par cette affaire.

S’il est aujourd’hui probable que David Azryan reviendra vivre à Langeac, le sort de sa compagne, Vanine, est encore incertain. Hier, elle était convoquée à l’OFFPRA (Office français des réfugiés et des apatrides) pour un entretien concernant sa demande d’asile.

Gérard Adier dans le Progrès

Destination préférée des réfugiés

Le Danemark apparaît comme le pays européen le plus attrayant aux yeux des demandeurs l'asile, relate le quotidien danois Jyllands-Posten.

Ce statut est dû au fait que 48 % des demandeurs d'asile y sont reconnus en tant que réfugiés et y obtiennent un permis de séjour. Dans les autres pays européens, la moyenne est de 27 %. Selon Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures), "les réfugiés qui arrivent en Europe par la Grèce [l'énorme majorité entre en Europe par cette voie] connaissent ces chiffres et souhaitent pour la plupart continuer jusqu'au Danemark", explique George Petropoulos, porte-parole de Frontex à la frontière gréco-turque. L'extrême droite danoise, le Parti du peuple, souhaite "discuter de cette question au Parlement".

Courrier International et Jyllands-Posten

Simonetta Sommaruga plaide pour une politique d'asile crédible

La Suisse a besoin d'une politique d'asile crédible, affirme Simonetta Sommaruga. Cela passe notamment par une meilleure intégration des réfugiés en Suisse, a déclaré la conseillère fédérale lors d'un symposium jeudi à Berne.

La cheffe du Département fédéral de justice et police a rappelé la forte et longue tradition humanitaire de la Suisse. Afin de la renforcer, elle plaide pour une procédure d'asile rapide et équitable protégeant ceux qui en ont besoin. La socialiste estime que la politique d'asile helvétique souffre d'une "crise de crédibilité" et qu'elle n'est pas assez soutenue par la population. Mme Sommaruga entend réfléchir aux moyens d'y remédier. Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres a souligné la nécessité pour les Etats de réaffirmer et renouveler leur engagement aux principes de la protection des réfugiés. Il a souligné que les objecteurs de conscience et les déserteurs ne doivent pas être exclus de l'asile.

Réintroduire les contingents

Antonio Guterres a souligné que les 27 pays qui passent pour accueillir le plus de réfugiés sont tous des pays en voie de développement. "En 2009, l'Afrique du Sud a enregistré quasi autant de demandes d'asile que dans toute l'Union européenne". Au sujet de la Suisse, Antonio Guterres voudrait la réintroduction d'une politique d'accueil par contingents. Cette pratique avait eu cours pendant près de cinquante ans jusqu'à la fin des années 90. Il souhaite aussi que la Confédération s'engage pour un système d'asile respectueux du droit international des réfugiés. Dans son discours, Simonetta Sommaruga a dit vouloir étudier l'éventualité d'un renforcement de la collaboration avec le HCR. Elle a également indiqué qu'elle allait examiner la question des contingents.

ATS

Des rapatriements mieux cadrés vers le Nigéria

Le rapatriement sous la contrainte des trois premiers requérants d'asile nigérians depuis le décès de l'un d'eux il y a dix mois s'est déroulé sans incident dans la nuit de mercredi à jeudi. Au moins quatre autres devraient suivre dans le prochain vol, d'ici trois semaines environ.

La date dépend des autres pays européens membres de Frontex, l'agence européenne chargée notamment des expulsions sous la contrainte dans le cadre du traité de Dublin. Il suffit à la Suisse de réserver des places.

Pour Berne, les avantages sont nombreux, relève la sous-directrice de l'Office fédéral des migrations (ODM) Eveline Gugger Bruckdorfer. D'abord le vol ne coûte rien à la Suisse, si ce n'est sa cotisation à Frontex. Celle-ci oscille entre 2,3 et 2,7 millions de francs par an, sachant que les tâches de l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures de l'UE sont bien plus vastes. Si Berne organisait elle-même un tel vol, cela reviendrait à plus de 13'000 francs par requérant. Cette semaine, la Confédération n'a dû payer que les billets des requérants et des policiers entre Kloten et Vienne, d'où décollait l'avion Frontex pour Lagos, précise Eveline Gugger.

Observateurs neutres

Autre avantage des vols groupés Frontex, la présence d'un observateur indépendant, que la Suisse ne peut pas encore garantir. Le vol entre Vienne et Lagos était accompagné par un observateur d'une ONG autrichienne, a précisé à l'ATS Eveline Gugger. L'ODM continue pour sa part d'évaluer "des offres intéressantes. Mais nous ne serons pas prêts avant le milieu de cette année", a ajouté sa sous-directrice.

C'est trop tard, selon Amnesty International. Cela fait deux ans que l'ODM sait qu'elle doit trouver une solution, on ne peut pas attendre encore six mois, a précisé Manon Schick, porte-parole de la section suisse d'Amnesty. Il faut au moins trouver une solution transitoire pour assurer l'observation entre le lieu de détention et l'aéroport étranger d'où décolle l'avion de Frontex.

Si Amnesty International estime que ce n'est pas là son mandat et qu'elle n'est donc pas intéressée, Manon Schick note que la commission de prévention de la torture l'a déjà fait et que l'Organisation d'aide aux réfugiés y serait certainement disposée.

Jugeant positive la collaboration avec Frontex, Amnesty International souhaite que la Suisse s'inspire de ce qui se fait dans d'autres pays comme l'a fait l'Autriche, a expliqué sa porte-parole Manon Schick à l'ATS. Certains Etats comme l'Angleterre ne ligotent qu'exceptionnellement les requérants expulsés sous la contrainte. Les mesures de contrainte doivent être proportionnelles et non systématiques, selon elle.

Espace Dublin

L'an dernier, 1969 ressortissants nigérians ont déposé une demande d'asile en Suisse, indique l'ODM. La grande majorité d'entre eux (1670) se sont vu opposer une décision de non-entrée en matière dès lors qu'ils sont arrivés en Europe par un autre pays de l'Espace Dublin, compétent pour mener la procédure et vers lequel ils sont renvoyés.

Près de la moitié (732) ont déjà été transférés dans un autre Etat européen alors que 286 sont rentrés dans leur pays directement depuis la Suisse. Un peu plus de la moitié de ces derniers (165) ont fait la démarche volontairement, les autres (121) sous la contrainte.

Cela jusqu'au 17 mars 2010 quand un jeune Nigérian a succombé à un arrêt cardiaque sur le tarmac de l'aéroport de Kloten.

Un accident qui a valu l'interruption des renvois sous la contrainte vers le Nigeria jusqu'à cette semaine. Les vols avaient déjà repris en juin à destination d'autres Etats: 22 vols spéciaux ont été effectués durant les sept derniers mois de 2010, qui ont rapatrié 109 requérants d'asile.

Pour faciliter les renvois, la Suisse et le Nigeria ont convenu d'un mémorandum d'entente. Premier accord de ce type avec un pays africain, il reflète une approche globale de la migration que la Suisse aimerait étendre au plus grand nombre d'Etats. Berne ne a passé trois autres accords de ce genre, tous avec des pays des Balkans.

ATS sur le site de la TSR

L'Europe populiste progresse

Les formations identitaires ou islamophobes ont aujourd’hui le vent en poupe. Entretien avec Jean-Yves Camus.

jy camusLa droite radicale a changé de visage. Et son expression identitaire face à l’islam ou à la mondialisation trouve un écho grandissant dans les urnes. Cet automne, la percée historique de l’extrême droite en Suède, berceau de la généreuse social-démocratie européenne, venait confirmer l’essor incontestable de mouvements prenant des allures plus ou moins nationalistes, identitaires et islamophobes, selon les pays. Aux dernières européennes de juin 2009, ce courant politique a réalisé des scores à deux chiffres dans sept pays de l’Union européenne. Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques à Paris (Iris), étudie depuis des années l’évolution de cette mouvance politique à la droite de la droite sur le Vieux-Continent. Décryptage avec lui de l’Europe des populistes.

La progression électorale de la droite populiste en Europe est-elle symptomatique d’un changement?

Elle est le symptôme d’une transformation profonde de cette famille politique qui s’éloigne des références de l’extrême droite traditionnelle pour s’orienter vers un radicalisme de droite. Son idéologie est un mélange de libéralisme économique et de protectionnisme étatique, mais au seul bénéfice des «nationaux». On assiste à un glissement de la vieille formule des races supérieures et inférieures, quasi inaudible en Europe vers une affirmation des ethnies qui reconnaît le droit d’expression de chaque culture, mais chez elle. Cette droite populiste a en effet la phobie du métissage et du multiculturalisme.

L’islamophobie est-elle le point commun de cette famille politique identitaire?

Oskar Freysinger en Suisse, Wilders aux Pays-Bas ou Strache en Autriche pensent que l’islam est plus qu’une religion. Que c’est une culture et un projet politique incompatibles avec les valeurs de la civilisation européenne. Ce qui est dangereux à mon sens, c’est qu’ils estiment qu’un musulman, quel qu’il soit, n’a pas sa place dans leurs pays respectifs. Quand bien même il serait non-pratiquant.

Quels sont les ressorts du discours de cette droite identitaire sur l’islam?

Ce qui est très intéressant, c’est que ce discours est fondé sur un retournement des valeurs de gauche sur le droit des minorités, sur l’émancipation des femmes, des homosexuels ou sur la laïcité. Le Néerlandais Pim Fortuyn, assassiné en 2002, incarnait cette ligne, attachée à la liberté des comportements personnels, dénonçant en l’islam une religion totalitaire qui dicte ce que l’individu peut décider dans chaque acte de sa vie quotidienne. Il reprochait ainsi à l’islam de vouloir revenir sur les acquis de la philosophie des Lumières. Oskar Freysinger, qui était récemment invité à un meeting identitaire à Paris, n’a pas salué la France de Maurras en début de discours, mais celle de Voltaire.

Cette montée des idées populistes et identitaires semble accompagner un reflux de l’Europe telle qu’elle s’est construite… Y a-t-il un lien?

Oui, plus l’Europe devient technocratique et normalisante, plus l’Etat nation s’efface, et plus une partie des citoyens pensent que le moyen de se prémunir de Bruxelles est d’affirmer son identité primaire. Plus l’inquiétude est grande face à la mondialisation, plus la globalisation s’accroît, plus le peuple s’accroche à sa spécificité de terroir, à sa petite patrie. L’Etat nation est par ailleurs devenu d’autant moins indispensable que certaines régions sont plus riches que certains Etats. C’est d’ailleurs le cas de la Flandre et de l’Italie du Nord, qui sont des régions prospères qui peuvent s’inscrire dans une Europe des ethnies, comme le proclament le Vlaams Belang ou la Ligue du Nord.

Y a-t-il des grandes familles dans cet ensemble de partis nationaux?

Oui, il y en a deux. Celle qui reste attachée à la tradition de l’extrême droite, à laquelle appartiennent le NPD allemand, le BNP en Grande-Bretagne et des groupuscules radicaux. L’autre réunit des partis comme la Ligue du Nord, chantre de l’égoïsme fiscal, l’UDC ou le parti de la liberté néerlandais, dans l’opposition au multiculturalisme.

Comment situer la Suisse? L’UDC constitue-t-elle un modèle pour d’autres?

Lors de la votation sur les minarets de 2009 en Suisse, la question n’était pas de savoir s’il fallait autoriser ou non les minarets. C’était de savoir si l’islam qui s’est implanté est compatible avec le «sol suisse». L’UDC se positionne donc sur la ligne de l’antimulticulturalisme. L’exercice de la démocratie directe opposé au système représentatif est exploité par les autres partis européens pour opposer le bon sens populaire au dévoiement des élites. Freysinger est effectivement en train d’acquérir une dimension internationale, grâce à ses talents de tribun mais aussi par son côté «rebelle blanc» qui transgresse les codes. La position neutraliste et antieuropéenne de l’UDC est également appréciée, comme d’une manière plus générale la capacité de la Suisse à préserver sa spécificité à travers l’histoire.

populisme europeLe terreau le plus fertile et dangereux se trouve-t-il dans les Vieux-Pays à l’Ouest ou chez les nouveaux à l’Est?

En Europe centrale et orientale, il y a plus de permanence des vieux schémas qui étaient ceux de l’extrême droite des années 1930-1940. Ce qui est fondamental dans ces pays, c’est le poids énorme de leur vécu du communisme, qui les a amenés à juger totalement comparables le totalitarisme nazi et stalinien. En Hongrie, le gouvernement Orban a compris jusqu’où aller trop loin. Son parti, Fidesz, n’a pas besoin du Jobbik à sa droite, qui est dans l’opposition. Mais s’il ne va pas assez loin, il le payera sans doute électoralement. En Serbie, le Parti radical fait 29% et un nationalisme agressif subsiste, y compris au Kosovo. Mais, à mes yeux, les tentations autoritaires d’extrême droite sont plus fortes en Russie ou en Ukraine.

L’antisémitisme est-il toujours virulent à la droite de la droite?

De moins en moins en Europe. Le 7 décembre dernier, le FPÖ, le Vlaams Belang, le Parti des démocrates de Suède et le nouveau parti allemand Die Freiheit (La liberté) expliquent dans la déclaration de Jérusalem qu’Israël est un allié sur la ligne de front du combat contre le totalitarisme de l’islam.

Marine Le Pen, qui vient d’être élue présidente du Front national, incarne-t-elle un changement profond du parti français?

Je pense qu’il y a moins de choses qui séparent Marine Le Pen de son père que de choses qui séparent l’UDC de Blocher de l’UDC traditionnelle.

L’hebdomadaire américain Newsweek a mis un portrait de Sarkozy à la une comme symbole d’une radicalisation des droites européennes. Est-ce justifié?

Ce raccourci n’a aucun sens. Si le coup de barre à droite des gouvernements européens est incontestable, sur les thèmes de l’identité et de la sécurité, ni Sarkozy, ni Berlusconi, ni Merkel n’ont abandonné la conception commune d’une citoyenneté comme acte volontaire, accessible à qui le souhaite. Même si une partie de leur base les y pousse. Après la sortie de Marine Le Pen sur les prières musulmanes dans la rue, le président français a déclaré que «la défiance religieuse est négative». Par ailleurs, la droite populiste américaine n’a rien à envier à l’européenne .

Olivier Bot dans 24 Heures


populisme europe portraits

L'immigration, utilisée à gauche et à droite

jn cuénodJean-Noël Cuénod, correspondant à Paris, est l'invité de la rubrique Réflexions du quotidien 24 Heures.

Accusé de diffamation et de discrimination raciale – ce qu’il conteste – le polémiste français Eric Zemmour a fait l’objet d’un procès à la XVIIe Chambre correctionnelle de Paris. Au cours de ces débats judiciaires, Zemmour a mis le doigt, non sans pertinence, sur les ambiguïtés de la gauche par rapport à l’antiracisme et, par voie de conséquence, à l’immigration.

Voici, en résumé, son argumentation: lorsque, au milieu des années 1980, le Parti socialiste a adhéré à l’idéologie libérale et chanté les vertus de la société de marché, plus grand-chose ne le distinguait de la droite; pour conserver une apparence de gauche, le PS a développé son discours antiraciste de façon massive; l’antiracisme est devenu son marqueur identitaire de gauche, faisant ainsi oublier sa capitulation devant l’idéologie libérale.

La coïncidence des dates entre la conversion des socialistes français au libéralisme et le soutien accru du PS aux organisations antiracistes est, en effet, troublante. Certes, les socialistes ont toujours combattu le racisme. Mais ils ont particulièrement mis en avant ce combat dès l’époque en question. Si Eric Zemmour, comme à son habitude, force le trait, il y a sans doute un fond de vérité dans son propos.

De l’autre côté de l’échiquier politique, la stigmatisation des immigrés a été systématiquement utilisée à des fins de propagande. Par le Front national surtout, mais aussi dans une moindre mesure par le camp de Nicolas Sarkozy, période Kärcher. jn cuénod citations

Dans les deux cas, il y a eu instrumentalisation de l’immigration, soit directement, soit par le truchement de l’antiracisme. Or, en jouant avec ces phénomènes à des fins électorales ou partisanes, on les travestit, empêchant ainsi de réfléchir objectivement à leur sujet.

Pourtant, il est essentiel que nos sociétés européennes développent une réflexion riche, profonde, non partisane à propos de l’immigration et du racisme. La mondialisation est désormais un fait. Comment l’aborder? En élevant des murs comme le préconisent les partis nationalistes? Compte tenu de l’interdépendance généralisée de la planète, autant se protéger d’une crue avec son mouchoir. Ne rien faire et remettre ces problèmes ennuyeux à demain, à l’instar des partis gouvernementaux? C’est offrir aux démagogues de l’extrême droite un boulevard royal. Elaborer de nouvelles règles de vie commune entre des populations qui viennent d’horizons différents prendra du temps. Et c’est un travail qui concerne toute la société et non pas seulement les politiciens.

Cela exige à la fois une prise de conscience de la propre histoire de son peuple et une ouverture d’esprit à l’autre qui ne signifie pas abandon de son identité mais enrichissement de sa culture. Autant se mettre à l’œuvre sans tarder, sans instrumentalisation partisane.

24 Heures