lundi 1 juin 2009

INITIATIVE ANTI-MINARETS La discrétion des mosquées ne paie pas


La construction de minarets suscite de nombreuses oppositions, relayées par une initiative populaire.

Pourtant, ces édifices sont souvent plus discrets que ceux d'autres communautés religieuses, comme l'illustre une exposition ouverte dimanche à Bienne.

»Coupole, temple, minaret: le nouveau visage de la Suisse» présente dix-neuf bâtiments religieux construits en Suisse par des migrants depuis 1945. Le caractère sacré de chacun d'entre eux est reconnaissable de l'extérieur.

A l'image du temple sikh de Langenthal (BE), d'un blanc étincelant, majestueux et imposant. Ses dômes et sa tour centrale coiffée d'une pointe dorée contrastent avec les bâtisses industrielles du voisinage. Achevée en 2006, sa construction n'a pourtant pas été combattue. D'après Karan Singh, président de la «Sikh-Stiftung Schweiz», les autorités locales et le conseiller municipal UDC Andreas Bandi ont été d'un grand soutien.

A quelques kilomètres de là, le centre islamique de Langenthal frappe par sa discrétion. Mais la polémique sur les minarets fait rage depuis que la communauté musulmane veut ériger une tour sur son toit.

»On constate que dans une même ville, deux religions ne reçoivent pas le même traitement», note Andreas Tunger-Zanetti, coordinateur de Centre de recherche sur les religions de l'université de Lucerne. Le centre est à l'origine du projet de documentation sur lequel se fonde l'exposition.

A des fins politiques

L'acceptation ou le rejet d'un édifice découle d'un ensemble de facteurs, explique l'universitaire. «Outre l'aspect architectural, le contexte de l'époque et l'image que la population se fait d'une religion jouent clairement un rôle. Dans les têtes, l'islam est aujourd'hui facilement associé aux attentats, aux guerres et à la violence, alors que le bouddhisme jouit d'une image pacifique.»

»Il est également plus facile de construire une mosquée à Genève ou Zurich que dans une petite localité», ajoute Andreas Tunger- Zanetti. Les minarets des deux grandes villes, érigés dans les années 60 et 70, avaient à l'époque été salués comme un symbole d'internationalité et d'ouverture sur le monde.

La situation politique peut aussi être déterminante. Le thème de l'immigration est beaucoup plus utilisé par les partis aujourd'hui que dans les années 60 et 70. Selon le chercheur, «les projets de construction de minarets, aussi peu nombreux soient-ils, sont donc une cible toute trouvée».

Coup de pouce royal

Une information active à la population et le mécénat aident en revanche à faire accepter de nouveaux lieux de culte. La construction du wat (temple bouddhiste) de Grenzbach (SO), inauguré en 2002, a par exemple été facilitée par les sommes importantes versées par la maison royale de Thaïlande.

L'exposition présente sept églises orthodoxes, trois synagogues, trois mosquées, quatre temples bouddhistes, un temple sikh et un temple mormon. Elle a lieu à l'église du Pasquart de Bienne jusqu'au 28 juin, puis se déplacera à Berne au mois d'août, à Bâle en octobre et à Zoug en novembre. Elle sera également à Nyon et à l'EPFL durant l'automne.

Le peuple suisse devra se prononcer sur l'initiative contre la construction de minarets, qui a été déposée par des membres de l'UDC et de l'Union démocratique fédérale (UDF). La votation aura lieu au plus tôt en novembre.