Réhabiliter ? Peut-être. Expliquer ? Surtout. Tel est l'objet de l'exposition Opra Roma (« Debout les Rroms »), présentée jusqu'au 29 octobre à la Ligue de l'enseignement d'Agen. Une initiative du 100 % Collectif (1), pensée pour s'opposer aux stratagèmes du ministère de l'Intérieur, qui veut traiter cette minorité comme la dernière écharde plantée dans sa botte sécuritaire.
« Il y a eu d'abord l'Italie, où des camps de Rroms ont été attaqués dans le nord du pays. Maintenant, il y a la France, où l'on veut profiter de la discrétion de ce peuple dans son expression collective pour en faire un bouc émissaire. Le gouvernement veut allumer des contre-feux pour masquer les difficultés socio-économiques du pays. Alors nous aussi », soutient Dominique Lefebvre, de la Ligue des droits de l'homme.
Racisme et discrimination
Glissant des origines indiennes des Rroms à leurs déplacements successifs à travers l'Europe de l'Est et l'Histoire, l'exposition se présente en quatre parties de quatre tableaux. « Nous invitons bien sûr le public au sens large et les élèves en particulier à venir se rendre compte de l'histoire de ce peuple victime du racisme ordinaire. Un peuple discriminé où qu'il s'installe en Europe, et même indésirable et exclu des droits fondamentaux en Bulgarie et en Roumanie, où il a pourtant planté des racines. Il ne faut pas oublier non plus que les Rroms ont payé un lourd tribut pendant la Seconde Guerre mondiale », explique Laurence Lamorlette, coordinatrice du collectif. L'idée directrice est de faire tourner l'exposition dans tout le département. « Des établissements scolaires se sont manifestés. Des centres culturels aussi. C'est très important de contribuer à restaurer l'image des Rroms migrants qui ont choisi la France comme terre d'accueil, et de cesser de faire l'amalgame avec les gens du voyage, pour l'essentiel d'origine tsigane, gitane ou manouche, qui, en tant que citoyens français, ont des droits que n'ont pas les migrants », développe Laurence Lamorlette.
L'espoir quand même
« Faut-il que nos dirigeants aient oublié l'histoire de la France, pays des droits de l'homme, puis celle de cette population, qui a toujours payé un lourd tribut parce que née rrom », déplore pour sa part Marie-Claude Blaquières, la présidente de France Libertés 47. Selon des chiffres communiqués par le collectif, 8 000 Rroms ont été éloignés du territoire depuis le début du mois de janvier. « L'expression d'un climat xénophobe », traduit Dominique Lefebvre.
« Le contexte actuel nous permet toutefois d'avoir un petit espoir. De nombreuses personnalités du monde politique, culturel et des médias s'emparent du dossier », reprend Laurence Lamorlette, qui cite, au détour de son plaidoyer, une série d'actions de sensibilisation menée autour de la filmographie de Tony Gatlif.
Christophe Massenot dans le journal Sud-Ouest
(1) Ce collectif regroupe la Ligue des droits de l'homme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), France Libertés, la Ligue de l'enseignement, Emmaüs, Réseau éducation sans frontières (RESF).
À voir à Agen jusqu'au 29 octobre dans les locaux de la Ligue de l'enseignement
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