samedi 3 octobre 2009

Dessine-moi une Suisse!


A l'approche de la votation sur l'initiative anti-minarets, un mouvement citoyen lance le concours «Dessine-moi une Suisse multiculturelle!». «Le Matin» a demandé à trois personnalités romandes de se prêter au jeu. Voici le résultat.

Fabian Muhieddine - le 03 octobre 2009, 14h49
Le Matin

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L'idée a de quoi faire sourire. Et c'est bien là le but. Faire des dessins pour prouver la pluralité de la Suisse, c'est le nouveau concours que lancent les Moutons de garde. Il s'appelle «Dessine-moi une Suisse multiculturelle!».

Ce mouvement citoyen se réveille en fait après plusieurs mois d'hibernation. Il s'était créé en 2007 pour protester contre les affiches UDC des moutons noirs. Au-delà des considérations partisanes, ce groupe de jeunes appelait à plus de tolérance, de respect et de dignité dans le débat public suisse.

Aujourd'hui, cette association, qui désire incarner la société civile, craint que le débat de la votation populaire sur l'initiative anti-minarets, qui aura lieu le 29 novembre prochain, ne dérape.

«Nous tenons donc à rappeler les règles du jeu politique suisse, notamment aux parlementaires», explique Michel Berclaz, le porte-parole de l'association. En plus de choisir le dessin vainqueur du concours, les Moutons de garde enverront un dossier à tous les élus fédéraux en leur demandant de refuser et de condamner sans relâche toute démarche attisant la haine, la peur, le racisme ou la xénophobie.

En attendant le résultat, «Le Matin» a demandé à trois personnalités

L'UDC ne veut pas de minarets en terre helvétique

Sans surprise, les délégués de l'UDC réunis samedi en assemblée à Genève ont soutenu massivement (288 voix contre 3) l'initiative anti-minarets. Dans la matinée, le président du parti Toni Brunner s'en est pris ouvertement à la politique de Micheline Calmy-Rey.

Le soutien à l'initiative soumise en votation le 29 novembre prochain a été votée par 288 voix contre 3 et 3 abstentions. "Au nom de la tolérance, il ne faut pas introduire l'intolérance en Suisse", a relevé le Valaisan Oskar Freysinger, ovationné par les délégués. La pensée musulmane ne voit pas le monde comme nous et elle échappe à tout contrôle démocratique, a ajouté le conseiller national.

L'"islamisation" de la Suisse

Pour lui, les minarets n'ont pas leur place en Suisse. Il a démonté les arguments des adversaires de l'initiative qui craignent notamment des mesures de rétorsion des Etats musulmans. Les pétrodollars resteront en Suisse même si l'initiative passe, car les Etats musulmans connaissent très bien les avantages de ces placements en Suisse, selon universitaire autrichien invité à s'exprimer devant les délégués Heinz Gstrein.

Les dernières affiches de l'UDC pour la votation du 29 novembre.
Agrandir l'imageLes dernières affiches de l'UDC pour la votation du 29 novembre. [Keystone]

Idem pour les exportations suisses. Elles sont si hautement spécialisées, qu'il est difficile de les remplacer, a assuré le professeur.

De nombreux militants ont pris la parole pour exprimer leurs craintes face à l'islamisation qu'ils estiment grandissante.

"Si la vie en Suisse est aussi insupportable pour les musulmans, ils n'ont qu'à prendre leurs affaires et rentrer dans leur pays d'origine", a clamé un délégué romand chaudement applaudi. Un autre a évoqué "l'éradication du christianisme" avec la construction des minarets.

Invité par l'UDC, le conseiller national Jacques Neyrinck (PDC/VD) est venu militer contre l'interdiction des minarets. Il a développé un discours très pragmatique. La Suisse n'a rien à gagner et surtout tout à perdre avec l'initiative, a souligné Jacques Neyrinck. Mais le public était acquis à la cause opposée. L'initiative a été lancée par un groupe composé de politiciens de l'UDC et de l'Union démocratique fédérales (UDF).

Le Conseil fédéral et le Parlement ont appelé au rejet de l'initiative au nom de l'égalité de traitement, de l'interdiction de la discrimination et de la liberté de religion.