mercredi 6 mai 2009

Le HCR revoit ses directives sur les demandes d'asile par des Iraquiens


Des réfugiés iraquiens devant un centre de distribution du PAM à Damas.

5 mai 2009 – L'amélioration de la situation sécuritaire en Iraq, particulièrement dans les gouvernorats du sud et dans le gouvernorat d'Al-Anbar, a permis au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) de revoir ses directives concernant l'éligibilité des demandeurs d'asile iraquiens pour la première fois depuis la fin 2007.

Le HCR conseillait précédemment que tous les Iraquiens originaires des gouvernorats du centre et du sud devaient être considérés comme des réfugiés – à moins qu'ils n'appartiennent à certaines catégories, comme ceux qui ont commis des crimes de guerre, qui sont spécifiquement exclus. Aujourd'hui, le HCR estime que le besoin de protection internationale pour ceux qui sont originaires des gouvernorats d'Al-Anbar et du sud devrait être évalué individuellement, a déclaré le porte-parole du HCR William Spindler.

Cependant, le HCR conseille que les personnes appartenant à des groupes spécifiques originaires de ces gouvernorats et qui ont été identifiés comme étant menacés, devraient bénéficier d'une décision favorable.

Ces groupes comprennent, entre autres, des membres de minorités religieuses et ethniques ; des fonctionnaires de l'administration ; des Iraquiens perçus comme étant des opposants aux groupes armés ou aux factions politiques ; des Iraquiens affiliés avec les forces multinationales ou des sociétés étrangères ; certains professionnels ; des employés des médias ; des employés des Nations Unies et d'ONG ; des militants des droits de l'homme et des homosexuels.

Dans la plupart des gouvernorats du centre de Bagdad, de Diyala, de Kirkouk, de Ninive et de Salah Al-Din, les violences, les conflits et les violations des droits humains se poursuivent. Le HCR estime que tous les demandeurs d'asile originaires de ces régions continuent à avoir besoin de protection internationale et qu'ils ne devraient pas y être renvoyés. Lorsque le nombre de demandeurs d'asile est tel que la détermination individuelle du statut de réfugié est impossible, comme dans les pays voisins de l'Iraq, le HCR encourage l'adoption d'une approche prima facie dans le cadre de laquelle la reconnaissance du statut de réfugié est attribuée à tous les membres du groupe.

Pour les demandeurs d'asile originaires des trois gouvernorats du nord de Dahuk, d'Erbil et de Sulaymaniyeh, le HCR maintient ses positions précédentes sur le fait que les demandes doivent être évaluées individuellement. Cependant, le HCR conseille aux gouvernements étrangers de ne pas expulser des personnes vers les trois gouvernorats du nord si elles n'en sont pas originaires.

On estime que des centaines de milliers d'Iraquiens ont trouvé asile dans les pays voisins, principalement la Syrie et la Jordanie, mais aussi le Liban, l'Egypte et plus loin encore. L'année dernière, près de 40.000 demandes d'asile ont été déposées par des Iraquiens dans les pays industrialisés à travers le monde.

L'amélioration de la situation en Iraq ne provoque cependant pas de changements fondamentaux suffisants pour promouvoir ou encourager des retours massifs vers l'Iraq ou pour permettre une application générale de la clause de cessation retirant le statut de réfugié. En conséquence, le HCR recommande que les personnes bénéficiant déjà de la protection internationale, que ce soit sur la base prima facie ou après une détermination individuelle du statut de réfugié, conservent leur statut de réfugié.

Compte tenu de l'évolution constante de la situation sécuritaire dans certaines régions, le HCR recommande aux gouvernements d'exercer la plus grande circonspection face au retour des personnes originaires des gouvernorats du sud ou du gouvernorat d'Al-Anbar dont on estime qu'elles n'ont pas besoin de protection internationale. Les retours doivent être considérés strictement sur une base individuelle après une étude approfondie de la situation sécuritaire dans la région de retour ; en sachant si la personne peut rentrer dans sa région d'origine et s'il existe les structures de soutien nécessaires pour une réintégration normale.

Baisse des réfugiés en Afrique de l'Ouest

Encore 150.000 réfugiés et demandeurs d'asile en Afrique de l'Ouest

DAKAR (AFP) — L'Afrique de l'Ouest compte encore quelque 150.000 réfugiés et demandeurs d'asile, notamment 65.000 Libériens, un chiffre en baisse constante depuis le "pic" du début des années 2000, avec près de deux millions de réfugiés dans la région, a indiqué mardi le HCR.

"Il y a environ 150.000 réfugiés et demandeurs d'asile, dont 115.000 réfugiés" en Afrique de l'Ouest, a expliqué lors d'un point de presse à Dakar le représentant régional du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), le Togolais Elike Kofi Segbor.

"Nous avons 65.000 Libériens, 38.000 Mauritaniens, 15.000 Sénégalais (originaires de Casamance), 12.000 Ivoiriens, 8.000 Ghanéens, 7.500 Togolais et 5.000 Sierra-Léonais", a-t-il ajouté.

Les ressortissants du Liberia, petit pays dévasté par une guerre civile de 1989 à 2003, restent le contingent le plus nombreux, et vivent essentiellement en Côte d'Ivoire, au Ghana, en Guinée, en Sierra Leone mais aussi au Nigeria. Le plus grand et plus ancien camp de réfugiés de la région se trouve près d'Accra et accueille quelque 15.000 Libériens.

Nombre d'entre eux "n'ont pas voulu rentrer au Liberia, ils veulent aller aux USA, au Canada ou en Europe. On ne peut pas les forcer à revenir au Liberia, le rapatriement est volontaire", a souligné le responsable du HCR.

Les Négro-Mauritaniens réfugiés au Sénégal et au Mali depuis les violences interethniques de 1989-91 constituent le deuxième contingent le plus nombreux.

Depuis janvier 2008, plus de 10.000 ont déjà regagné leur pays "mais il reste 30.000 personnes au Sénégal: 10.000 ont demandé à être rapatriés, 10.000 ont choisi de rester sur place et 10.000 ne se sont pas prononcés clairement", a précisé M. Segbor.

Au Mali, un recensement des réfugiés a débuté. Le gouvernement de Bamako les estime à environ 12.000.

"Il y a des signes positifs car les grands conflits d'Afrique de l'Ouest ont pris fin, comme en Sierra Leone (1991-2001), au Liberia et même en Côte d'Ivoire", mais "nous avons aussi des inquiétudes", a-t-il ajouté, citant la Guinée-Bissau et la Guinée.