L'Afrique de l'Est est au bord d'une effroyable catastrophe humanitaire. Après une des pires sécheresses depuis des décennies, dix millions de personnes sont confrontées à la famine en Somalie, au Kenya, en Ethiopie, en Ouganda et à Djibouti. Deux millions d'enfants souffrent de malnutrition dans cette région et ont besoin d'une aide urgente pour survivre, 500 000 seraient même en danger de mort, selon l'Unicef.
Ce dimanche, le directeur de fonds des Nations unies pour l’enfance et un secrétaire d'Etat britannique, ont visité des camps de réfugiés surpeuplés, notamment à Dadaab, dans l'est du Kenya. Ils ont à nouveau exhorté la communauté internationale à intensifier ses efforts, alors qu'une première aide de l'ONU est arrivée le 13 juillet en Somalie.
22,48 millions d'euros nécessaires, selon l'Unicef
Ces deux dernières années, les pluies, absentes ou peu abondantes, ont déjà contraint des milliers de Somaliens à quitter leur pays et ont ruiné la vie de millions de personnes au Kenya, en Ethiopie et à Djibouti. Et la situation risque de se dégrader dans toute la corne de l'Afrique. Anthony Lake, le directeur de l'Unicef, est formel : «Il n'y aura pas de grosse récolte avant l'année prochaine» et par conséquent «les six prochains mois vont être très difficiles». Selon l'agence onusienne, il faudrait 22,48 millions d'euros pour aider, pour les trois prochains mois, les millions de femmes et d'enfants en danger. La Grande-Bretagne a promis samedi une aide d'urgence de 59 millions d'euros, l'Allemagne cinq millions d'euros supplémentaires. Ce dimanche, Benoît XVI a souhaité que «la mobilisation internationale en faveur de ces frères et sœurs durement éprouvés et parmi lesquels il y a tant d'enfants, se renforce». Il demande à «toutes les personnes de bonne volonté» leur «soutien et solidarité» en faveur de ces populations.
Les rebelles somaliens acceptent l'aide internationale
Parmi, les zones où la situation est la plus critique figure la Somalie. Dans ce pays s'ajoutent à la sécheresse vingt ans de guerre civile. Près de trois millions de personnes, soit un tiers de la population, a besoin d'aide humanitaire, estime l'Union africaine. Le gouvernement fédéral de transition (TFG) n'a d'autorité effective que sur une partie de la capitale, Mogadiscio, et fait face à l'insurrection des shebab, des islamistes radicaux. Pour la première fois depuis deux ans, les rebelles «ont donné leur accord et ont autorisé l'accès sans problème. Tout c'est bien passé»», a expliqué dimanche Iman Morooka, la porte-parole de l'UNICEF. Cinq tonnes d'aide et de médicaments ont été transportées par avion le 13 juillet vers la région de Baidoa au centre du pays, dirigée par les shebab, qui avaient poussé au départ dès 2009 la plupart ONG. Qu'importe «qu'ils soient ou non musulmans (...), si leur intention est seulement d'aider ceux qui souffrent», avaient-ils expliqué la semaine passée, signe sans doute de leur détresse.
La famine menace un camp de réfugiés au Kenya
Conséquence également de la guerre civile somalienne, à Dadaab au Kenya, le plus grand camp de réfugiés du monde est au bord de la rupture. D'après le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), la crise humanitaire provoquée par la sécheresse et les combats en Somalie fait actuellement affluer quotidiennement quelque 1 300 personnes supplémentaires. Construit en 1991 pour héberger 90 000 personnes, il en accueille aujourd'hui plus de 380 000, dont 59.000 vivent à l'extérieur du camp. Les travailleurs humanitaires ont du mal à faire face cet l'afflux massif et appelle le gouvernement kenyan à ouvrir un nouveau camp déjà existant mais non encore utilisé.Au Kenya, la région du Turkana est particulièrement touchée. «Le nombre d'enfants hospitalisés pour malnutrition a doublé par rapport à l'an dernier», explique à l'AFP une infirmière de Lodwar, la principale ville de cette région . «Beaucoup arrivent affaiblis, mais ce sont les chanceux qui arrivent chez nous», poursuit-elle.
Le Parisien