mardi 26 juillet 2011

L’UDC lance son initiative «contre l’immigration de masse»

Avec l’UDC, les silhouettes menaçantes sont de retour. «Stopper l’immigration massive!» proclame un slogan au bas de l’affiche, alors que des jambes sombres prises en contre-plongée foulent le drapeau suisse. Pour lancer son initiative «contre l’immigration de masse», l’UDC a repris le même graphisme, percutant et destiné à provoquer l’inquiétude, de ses précédentes campagnes. Mais, trois jours après la tuerie d’Oslo, le président Toni Brunner ne voit dans l’initiative aucun risque de provoquer une paranoïa anti-étrangers. «Nous ne faisons qu’aborder des problèmes que les autres partis ne veulent pas voir!» affirme-t-il.

Après les mises en garde des milieux économiques – economiesuisse et l’Union suisse des arts et métiers – contre la menace d’une dénonciation des accords bilatéraux par Bruxelles, la polémique n’a pas tardé. «L’initiative de l’UDC ne vise qu’à attiser la xénophobie», dénoncent ainsi les Verts, alors que le PLR s’en prend à «l’attaque frontale du parti isolationniste contre la prospérité et la stabilité de la Suisse».

Annoncée depuis plusieurs semaines, l’initiative qui vise à limiter l’afflux d’immigrants est publiée ce mardi dans la Feuille fédérale. L’UDC a désormais dix-huit mois, jusqu’en janvier 2013, pour récolter les 100 000 signatures nécessaires. Le parti de Christoph Blocher veut en revenir au système des contingents, en privilégiant les besoins de l’économie. «Le but est de redonner à la Suisse les moyens de gérer de manière autonome l’immigration, alors que le nombre d’immigrants venus en Suisse ces quatre dernières années, notamment par le biais de la libre circulation avec l’UE, dépasse 330 000 et crée des situations tendues», selon le président de l’UDC suisse, Toni Brunner.

Le texte prévoit à l’article 121a que «la Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers». Le cœur de l’initiative, au deuxième alinéa, précise que «le nombre des autorisations délivrées pour le séjour des étrangers en Suisse est limité par des plafonds et des contingents annuels. Les plafonds valent pour toutes les autorisations délivrées en vertu du droit d’asile, domaine de l’asile inclus», mais également pour les frontaliers.

L’article prévoit également que «le droit au séjour durable, au regroupement familial et aux prestations sociales peut être limité». Les contingents devront être fixés «en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse. Les critères déterminants sont en particulier la demande d’un employeur, la capacité d’intégration et une source autonome et suffisante de revenus.» Aujourd’hui déjà, dans le cadre de l’accord de libre circulation passé avec l’UE, les autorisations de séjour ne sont délivrées que sur la base d’un contrat de travail ou la preuve d’une autonomie financière.

Enfin, dans les dispositions transitoires, l’initiative vise directement l’accord avec l’UE sur la libre circulation des personnes, entré en vigueur en 2008. «Les traités internationaux contraires à l’article 121a doivent être renégociés et adaptés dans un délai de trois ans.» C’est la clause qui provoque le plus vif rejet de la part des milieux économiques. Dans une interview à la presse dominicale, Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’USAM, réaffirme que l’organisation faîtière des PME est clairement du côté des accords bilatéraux et de la libre circulation, «car elle crée les bases d’un marché du travail flexible. C’est un moteur de croissance en Suisse. Pour nous la libre circulation des personnes n’est pas négociable.»

Au risque de passer pour un apôtre de la décroissance et de ternir l’image de l’UDC comme parti de l’économie, le conseiller national vaudois Guy Parmelin estime que «l’immigration débridée se traduit par une augmentation considérable de la consommation de surfaces et d’espaces habitables». Dans l’Arc lémanique ou à Zurich, dénonce-t-il, «les familles originaires de ces régions sont contraintes de déménager; il en résulte une augmentation du trafic pendulaire». Certes, admet-il, il y a des effets positifs, comme la bonne tenue de l’économie et les rentrées financières pour les assurances sociales. Mais le côté négatif l’emporte, «car un jour il faudra bien payer les rentes des cotisants étrangers d’aujourd’hui».

L’UDC, qui mise sur cette initiative pour remettre les questions d’immigration au cœur de la campagne électorale, jusqu’ici dominée par la sortie du nucléaire, devra faire face à la concurrence de deux autres textes, celui d’EcoPop qui veut limiter la hausse de la population à 2% par an, et l’autre des Démocrates suisse qui veulent rééquilibrer le solde migratoire.

Yves Petignat dans le Temps

L'UDC lance son initiative «contre l’immigration de masse»

L'UDC a débuté lundi sa récolte de signatures pour son initiative "contre l'immigration de masse". Une affiche montrant des jambes noires foulant le drapeau suisse l'accompagne.

L’UDC va commencer à récolter les signatures pour son initiative «contre l’immigration de masse». Texte final, affiche, comité, argumentaire: tout est prêt et a été présenté lundi à la presse. En jeu: la réintroduction de contingents et la renégociation de l’accord de libre circulation.
Le texte, qui reprend les grandes lignes dévoilées en mai, sera publié mardi dans la «Feuille fédérale», de même que le délai de 18 mois accordé pour le récolte des 100’000 signatures nécessaires, a précisé le président du parti Toni Brunner. Comme support de campagne, l’UDC s’est dotée d’un visuel dans la lignée de ceux utilisés jusqu’ici.
On y voit des jambes noires fouler un sol rouge marqué d’une croix suisse. Interrogé trois jours après la tuerie en Norvège sur l’impact de telles affiches, Toni Brunner a esquivé la question. C’est le devoir de la politique de trouver des solutions à des problèmes qui existent et que les autres partis négligent, a-t-il déclaré.

Contingents et plafonds
L’initiative tient à préciser dans la constitution que la Suisse gère de manière autonome l’immigration.
Le nombre d’autorisations de séjour devrait être limité par des plafonds et des contingents annuels, qui vaudront aussi pour l’asile et les frontaliers. Comme en mai, l’UDC n’avance pas de chiffres concrets.
Pour les étrangers exerçant une activité lucrative, les quotas devront être fixés en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse. Les citoyens helvétiques devront avoir la priorité sur le marché de l’emploi.
L’initiative dresse en outre une liste non exhaustive des critères à remplir pour recevoir une autorisation de séjour: une demande émanant d’un employeur, une source de revenus suffisante et autonome, ainsi qu’une capacité d’intégration. Le texte ne précise pas comment satisfaire à cette dernière exigence. Mais l’UDC a répété son intérêt pour un système à points comme celui pratiqué par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Le parti souhaite aussi que le droit au séjour durable, au regroupement familial et aux prestations sociales puisse être limité. Toni Brunner a donné l’exemple de délais de cotisations minimaux pour bénéficier d’une aide.

 Trois ans pour renégocier
L’initiative précise qu’aucun traité international dérogeant à ces règles ne pourra être conclu. Quant à ceux déjà passés et qui ne seraient plus compatibles - notamment l’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes, ils devraient être renégociés dans un délai de trois ans.
Se défendant de s’en prendre sans nuances aux étrangers qui se tournent vers la Suisse, l’UDC affirme vouloir corriger les «abus» découlant de la libre circulation. «En cinq ans seulement, à cause de l’immigration, la population a crû de 380’000 personnes. Et on n’est pas près d’en voir le bout», a lancé Toni Brunner.
Et les orateurs de détailler les conséquences néfastes d’une arrivée massive d’étrangers sur l’économie, les loyers, les prix des terrains, les infrastructures, les écoles, le chômage, la consommation énergétique, le système de santé, les assurances sociales, la criminalité, ainsi que sur les valeurs et la culture suisses.

Plusieurs initiatives
Il y a quatre ans, l’UDC avait dopé sa campagne pour les élections fédérales avec l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers. Elle ne sera toutefois pas seule cette fois à thématiser l’immigration.
L’association Ecologie et Population (Ecopop) a lancé une initiative pour limiter la hausse de la population résidente permanente due aux migrations à 0,2% par an. Le texte exige parallèlement qu’au moins 10% des moyens de la coopération suisse au développement soient affectés à la planification familiale volontaire.
Les Démocrates suisses ont aussi annoncé le lancement d’une initiative réclamant que la Confédération s’efforce à équilibrer le solde migratoire, sans donner toutefois d’exigence chiffrée.

Le Matin

Cocotte-minute populiste

Des jambes noires foulent un sol rouge marqué d’une croix suisse. L’affiche de l’UDC «contre l’immigration de masse», du titre de l’initiative qu’elle a lancée hier, est dans la droite ligne du langage visuel auquel le premier parti de Suisse a jusque-là recouru. Stigmatisant, il joue sur le registre de la peur en traduisant le fonds de commerce anti-étrangers qui a fait son succès. Trois jours après l’attentat et la fusillade terroristes en Norvège, la question de l’impact de telles images, mais surtout du discours de haine qu’elles véhiculent, est d’une sinistre actualité.

Contrairement aux explications qui ont circulé dans un premier temps, le drame qui secoue le royaume nordique n’est pas le fait d’islamistes barbus, mais d’un chrétien blond aux yeux bleus en croisade contre l’islam, l’immigration et le marxisme – il affirme en tout cas avoir agi seul. Certes, la menace djihadiste est objectivement la plus importante depuis le 11-Septembre, mais l’Europe a du coup négligé le risque venant des milieux de l’extrême droite. Avec la tragédie vécue par la Norvège, le Vieux-Continent se réveille brutalement d’une léthargie coupable.
Car si Anders Breivik semble avoir choisi tout seul d’abattre froidement ses innocentes cibles, la pieuvre populiste et nationaliste qui étouffe l’Europe lui a largement fourni le fusil idéologique. En Norvège, le Parti du Progrès, nationaliste et xénophobe, a recueilli plus de 22% des suffrages aux élections législatives de 2009 et sa leader, Siv Jensen, a fait de l’islamophobie la matrice de son discours politique, a rappelé en France le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. «Ceci ne pouvait rester sans conséquences», a-t-il ajouté, se faisant immédiatement accuser de récupérer cette douloureuse actualité par Marine Le Pen, présidente du Front national. Celle-ci, à l’instar des leaders xénophobes européens, a fermement pris ses distances avec la tuerie attribuée à un déséquilibré isolé.

Le lien factuel n’existe peut-être pas. Mais, outre le basculement dans la violence et le terrorisme, pas grand-chose ne différencie le fond idéologique du tueur d’un Geert Wilders, chef de file de l’extrême droite néerlandaise qu’Oskar Freysinger voulait inviter chez lui. En boutant le feu xénophobe, on ne sait jamais jusqu’où il va se propager.
Les formations nationaliste populistes ne sont pas seules en cause, puisqu’elles ont aspiré dans leur sillage bien des partis «traditionnels». La responsabilité de ces derniers est encore plus engagée, car au lieu de combattre l’idéologie de la haine, nombreux l’ont encouragée. Un exemple parmi tant d’autres? La Franco-Norvégienne Eva Joly, d’Europe-Ecologie, a été l’objet d’un racisme d’Etat pestilentiel lorsque le premier ministre français François Fillon (UMP) a considéré sa remise en cause du défilé militaire du 14 juillet illégitime en raison de son origine.
En Suisse aussi, la propagande xénophobe sape dangereusement la cohésion sociale, en transformant la démocratie en poubelle à émotions. Ou plutôt en une cocotte-minute prête à exploser.

Rachad Armanios dans le Courrier

Lausanne détruit les abris des Roms à la pelleteuse

roms lausanne campDepuis quelques nuits, des mendiants dormaient dans des cabanons abandonnés à Vidy.

Hier vers 11 heures, le directeur de la police lausannoise, Marc Vuilleumier, s’est rendu avec quelques policiers et une pelleteuse au lieu dit les Prés-de-Vidy, des jardins familiaux récemment abandonnés, coincés entre l’autoroute et le cimetière du Bois-de-Vaux.

C’est sur ce lieu bucolique que devra s’élever le futur stade prévu à deux pas de la Bourdonnette. La machine de chantier a épargné les cabanons de la partie nord du site qu’occupe le collectif de jeunes cultivateurs alternatifs La Bourdache, avec qui la Municipalité termine des négociations (lire ci-contre) . En revanche, l’engin mécanique a jeté à bas environ huit cabanes qu’une dizaine de mendiants roms occupaient depuis quelques nuits. «La Municipalité n’interdit pas la mendicité, mais a décidé de ne pas laisser des camps de Roms s’installer de manière permanente», explique le municipal popiste.

Certains d’entre eux étaient présents: la police les a fait sortir de leurs abris avant la destruction. Et avec les membres du collectif La Bourdache, ils ont réussi à sauver une partie des meubles. Il n’en reste pas moins qu’au milieu des fleurs et des herbes folles, les bâtiments jetés à terre laissent entrevoir des grossiers matelas éventrés, une paire de chaussures, des sièges de voiture ou des livres religieux.

Marc Vuilleumier ne cache pas un certain désarroi: «La situation ne me laisse pas insensible, mais nous avions décidé de détruire les cabanons, dont certains contiennent de l’amiante, pour laisser les archéologues faire des sondages avant la construction du stade.»

De «bons voisins»

Une attitude qui s’explique peut-être par l’initiative des libéraux-radicaux d’interdire «la mendicité par métier». Mais elle désole le collectif La Bourdache: «Les Roms se sont comportés en bons voisins, ne nous causant pas le moindre souci.» Elle désole encore plus le collectif Opre Rrom qui défend le sort de ces mendiants venus de Roumanie. Véra Tchérémissinoff, coordinatrice du groupe, constate avec amertume: «Si la mendicité est autorisée, il faut bien que les mendiants dorment quelque part. Ils ont essayé dans leur voiture et dans les parcs, la police les a chassés. Les campings les refusent.»

La police lausannoise a été prévenue dimanche 17 juillet par des voisins. Jeudi dernier, la pelleteuse est venue une première fois, mais Opre Rrom a pu arrêter les travaux et a écrit à la Municipalité. Marc Vuilleumier promet d’ouvrir des discussions. La pelleteuse a fourni hier un début de réponse: pas question de campement sauvage.

Justin Favrod dans 24 Heures

L’Australie exportera ses clandestins en Malaisie

Le gouvernement australien troquera 800 illégaux contre 4000 réfugiés. Un plan très controversé.

kuala lumpur manifestation

Après des semaines de polémiques, l’accord a été signé hier à Kuala Lumpur. L’Australie va échanger 800 migrants arrivés clandestinement sur son territoire contre 4000 personnes enregistrées comme réfugiés en Malaisie, selon un programme inédit qui sera étalé sur quatre ans. Il y a un mois, au parlement australien, les Verts et la droite, dans une alliance inhabituelle, avaient pourtant demandé l’abandon de ce projet gouvernemental. Les Verts trouvaient la solution inhumaine, la droite préférait placer ces indésirables sur des îles du Pacifique.

Pour le premier ministre (travailliste) Julia Gillard, ce plan est toutefois le seul possible pour dissuader le trafic de clandestins qui s’organise depuis les côtes indonésiennes, au gré de traversées périlleuses, parfois mortelles. En 2010, près de 7000 migrants clandestins (Irakiens, Iraniens, Vietnamiens, Sri Lankais, Afghans) ont ainsi débarqué en Australie. Nombre d’entre eux sont détenus sur Christmas Island, à 2400 km du continent, dans des conditions difficiles. Le traitement de leurs dossiers peut prendre jusqu’à 18 mois. Des émeutes y ont encore éclaté il y a quelques jours.

Mauvais traitements

Si les transférés de Malaisie se verront offrir une solution durable en Australie, pas sûr en revanche que les migrants illégaux échoués en Australie et qui seront expédiés en Malaisie y trouveront un meilleur clandestin malaisie bastonnadesort. Choquées par cet accord, les organisations humanitaires dénoncent les conditions dans lesquelles la Malaisie, qui n’a pas signé la convention des Nations Unies sur les réfugiés, gère leur accueil depuis des années. Une avocate de l’organisation malaisienne Aliran souligne que bien souvent la police de son pays ne reconnaît pas les cartes de légitimation que reçoivent les demandeurs d’asile, ne faisant que la distinction entre migrants avec ou sans papiers. Fréquemment arrêtés, ils sont soumis à des mauvais traitements. Entre 2002 et 2008, 35 000 cas de bastonnade ont été rapportés sur des migrants sans documents, selon un rapport d’Amnesty International publié en 2010. Au sujet du troc, l’organisation a d’ailleurs réagi, parlant de «risque de détention inhumaine, voire de torture». Des organismes chrétiens australiens ont aussi mentionné que des enfants de migrants pouvaient être détenus en Malaisie pendant plus de quatre ou cinq ans, sans scolarisation.

Pour donner du crédit au plan, le ministre australien de l’Immigration, Chris Bowen, a souligné ces derniers jours que le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait été «impliqué dans le projet». Hier à Genève, le HCR, prenant acte de l’accord, a précisé qu’il avait été consulté mais «n’était pas signataire de l’arrangement». Il note toutefois que les deux pays se sont engagés à respecter tous les droits des demandeurs d’asile et des réfugiés, dont le principe de non-refoulement et un accueil dans des conditions humaines, ce que l’agence ne manquera pas de contrôler.

Cathy Macherel dans 24 Heures

L’UDC pour le retour des contingents migratoires

La libre circulation est visée par l’initiative «Contre l’immigration de masse». Au grand dam de l’économie.

udc stop migration masseEn 2007, l’Union démocratique du centre (UDC) avait misé avec succès sur ses moutons noirs pour remporter les élections. Cette fois elle espère que ce seront les bottes noires de l’envahisseur étranger, foulant la bannière suisse, qui serviront de dopant électoral. Le plus grand parti du pays a lancé hier la récolte de signatures pour son initiative «Contre l’immigration de masse». Il a 18 mois pour récolter 100 000 signatures. L’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne (UE) devrait être renégocié en cas de oui.

«La Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers.» Telle est la disposition centrale du texte. Selon l’UDC la maison brûle. Guy Parmelin (VD), conseiller national: «Les 330 000 résidants supplémentaires sur les quatre dernières années constituent une immigration débridée faisant pression sur les infrastructures, les besoins en sol, la consommation d’énergie ou encore les logements.»

Instruments essentiels: l’introduction de «plafonds et de contingents annuels». Seraient concernées non seulement les personnes relevant de la législation sur les étrangers, mais également du domaine de l’asile et les frontaliers. Selon quels critères? «Les intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect du principe de la préférence nationale.»

Pour concrétiser ces exigences, les traités internationaux «contraires» devraient être «renégociés et adaptés» trois ans après l’approbation de l’initiative par le peuple et les cantons. Dont celui sur la libre circulation des personnes avec l’UE. «On a l’impression que dans ce pays on signe des accords pour l’éternité», a ironisé Guy Parmelin, pour qui une nouvelle négociation est une question de volonté politique.

«Cette initiative doit être clairement rejetée, contre-attaque Delphine Jaccard, responsable de projets chez EconomieSuisse. Elle menace la voie bilatérale et réduirait inutilement la flexibilité du marché du travail. Ces derniers mois il est question surtout, pour ne pas dire exclusivement, des effets négatifs de la libre circulation des personnes, tandis que ses avantages sont totalement occultés.» Et de citer les nouveaux immigrés comme d’importants contributeurs nets au 1er pilier, en plus de permettre de combler «sur le marché du travail suisse les lacunes qui l’empêchent de croître. Il manquera ainsi 32 000 spécialistes des technologies de l’information et de la communication à l’horizon 2017.»

Ne pas fermer les yeux

Pour Delphine Jaccard, pas question toutefois de fermer les yeux: «Nous ne sous-estimons nullement les conséquences sur le marché de l’immobilier ni les contraintes imposées aux infrastructures ou au corps social. En pratiquant une politique adéquate, ces effets peuvent être atténués de telle sorte que le bilan général demeure clairement positif. Beaucoup des problèmes actuels sont à mettre sur le compte de la politique migratoire déficiente des années 80 et 90. La réintroduction des contingents serait un très mauvais choix politique!»

Pour le Parti libéral-radical, l’UDC commet une «attaque frontale contre la prospérité et la stabilité de la Suisse», ajoutant que «la droite isolationniste renonce définitivement à une politique économique bourgeoise. Les Verts parlent d’une initiative qui ne fait qu’attiser la xénophobie», oubliant qu’il faut avant tout «limiter le gaspillage de ressources».

Romain Clivaz, Berne, pour 24 Heures