samedi 5 mai 2007

Ces bons chrétiens antiminarets

Lire l'opinion du docteur Jean Martin, député dans 24heures
La presse bruisse de l’ini­tiative de l’UDC et de l’UDF qui veut interdire la construction de minarets. Voilà un exemple encore de ces questions sur lesquelles on ris­que fort de trouver en Suisse une majorité pour soutenir des mesures en contradiction fron­tale avec les règles fondamenta­les du droit tel qu’il est issu de l’Occident judéo-chrétien (Mon­tesquieu, la Révolution fran­çaise, plusieurs instruments in­ternationaux que la Suisse a ratifiés).
On invoque la réciprocité: pas de minarets chez nous tant qu’on ne pourra pas ériger des clochers ailleurs! Cet argument attrayant n’est que la tentation, toujours funeste, d’appliquer la loi du talion: «OEil pour oeil, dent pour dent». S’agissant de réciprocité, que dire d’une réa­lité forte d’aujourd’hui: les per­sonnes disposant d’un passe­port rouge à croix blanche peu­vent voyager dans le monde entier, sans aucune difficulté, quand et comme ils le veulent. Alors que les quatre cinquiè­mes des habitants de la planète (mis à part une minorité aisée, nababs, scientifiques, indus­triels, quelques artistes) n’ont simplement aucune chance de poser le pied — légalement — dans notre pays… Quel est le commentaire des nationalistes patentés devant la liste des non-réciprocités crasses, con­crètes,
qui caractérisent notre monde? Répondront-ils en pré­sentant nos légendaires tolé­rance et générosité?
Est-il permis de poser une autre question: ne serait-il pas intéressant d’avoir des indica­tions sur la profondeur des con­victions chrétiennes des porte­parole éloquents de groupes s’engageant pour un pays qui entend garder son indépen­dante pureté? Il n’est pas rare, dans tous les quartiers de la vie politique, de donner un seyant costume spirituel, éthique, cha­ritable, à des menées dont les motivations sont différentes. Et l’histoire, au cours du deuxième millénaire comme celle toute récente, a montré comment on a instrumentalisé «Dieu avec nous» et comment les jeunes gens commis à des guerres ont été anoblis «soldats de Dieu». De telles dérives idéologiques intoxiquent les collectivités comme ceux de leurs membres qui sont envoyés lutter contre l’Empire du Mal (expression qui sans doute serait considérée par tous comme un scandale si elle n’émanait pas du guide déso­rienté d’une grande république libérale…). Il faut savoir que la très respectée revue médicale Lancet a fait état d’un total de victimes en Irak de l’ordre du demi-million - et on nous décrit ces jours les drames de millions de réfugiés.
La volonté d’interdire les mi­narets est de la même veine - je vais déplaire une fois encore à certains collègues parce que je critique les méthodes de quel­ques mentors d’outre-Sarine. On généralise, complètement abusivement, au motif qu’il y a des fanatiques; ilyaenaquel­ques- uns mais les preuves ne sont pas rares qu’il en existe parmi les Suisses aussi. Prati­quement: la mise en place de minarets est une affaire de po­lice des constructions, cela de­vrait être évident pour chacun. Mais tous les arguments sont bons pour attiser le rejet – et trop souvent la haine – de l’autre, du différent. Au nom du christianisme? Si la réponse est oui, je n’en suis pas.

L'évangélisation dans le monde islamnique

 

Visite de la mosquée de Genève

Lire cet article d'Etienne Dubuis dans Le Temps : "Apràs la crise qui a secoué sa direction début avril, le principal lieu de culte musulman de Suisse romande a repris ses habitudes. Visite."