vendredi 14 octobre 2011

Les demandes d’asile explosent au Luxembourg

Le Luxembourg fait face à une demande massive de protection internationale. Mais en réalité, les réfugiés sont peu à entrer sur le territoire.

Le nombre de demandeurs de protection internationale a explosé au Grand-Duché en 2011, passant de 786 en 2010 à 1 586 en septembre 2011, l’année n’était pas encore terminée. En comparaison, en septembre de l’année dernière, ils n’étaient que 482 à avoir fait une demande d’asile au Luxembourg. Sur l’année en cours, près d’un demandeur sur deux est d’origine serbe. Les autres sont majoritairement des ressortissants des pays de l’ex-Yougoslavie, Macédoine, Kosovo, Monténégro et Bosnie-Herzégovine en tête.

Mais toutes les demandes ne sont pas acceptées. En 2011, 889 décisions ont été prises sur ces 1 586 demandes d’asile. Et sur ces 889 rapports, seules 31 personnes ont été reconnues réfugiées. En outre, 32 personnes ont été transférées vers le Luxembourg depuis le début de l’année, principalement des ressortissants ayant fait une demande de protection en Suisse et aux Pays-Bas. Enfin, 267 rapatriements ont été effectués dans l’année dont 152 de Serbie et 66 du Kosovo.

L’Essentiel

Racisme anti-Roms en Europe, l'alerte bulgare

Depuis près de deux semaines, la Bulgarie connaît de violentes manifestations racistes anti-Roms. Organisées par l'extrême droite, en particulier le parti Ataka ("Attaque") rejoint par des hooligans, elles se déploient dans une vingtaine de villes du pays, rassemblant plusieurs milliers de personnes. Lors des défilés, des slogans néonazis tels "les Roms en savon !" sont scandés par la foule.

Le point de départ de ces manifestations racistes a été un meurtre perpétré dans la petite ville de Katounitsa par les hommes de main du parrain de la mafia rom locale. Cependant, confondre le point de départ de l'incendie avec ses causes profondes serait une erreur criminelle.

Si ces manifestations rassemblent autant et aussi violemment, c'est que le terrain, travaillé depuis de nombreuses années, est désormais propices à de tels agissements, qui concernent la Bulgarie aujourd'hui mais qui pourraient concerner d'autres pays européens demain. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait.

Tout d'abord, les stéréotypes et les préjugés stigmatisant les Roms ou d'autres catégories de populations (musulmans, immigrés, juifs…) s'expriment avec de plus en plus de facilité et circulent en toute permissivité partout sur le continent. Or les tabous sur la parole raciste et antisémite sont nécessaires à une société démocratique.

Ensuite, cela fait maintenant de nombreuses années que les Roms sont, dans toute l'Europe, la cible d'insupportables actes de violence sans que cela ne suscite de justes et fortes protestations politiques ou de la société civile.

Par exemple, en Hongrie, des individus sont assassinés parce que Roms. A Baia Mare et Tarlungeni en Roumanie, comme à Michalovce, Košice, Prešov et Svinia en Slovaquie, ils sont concentrés dans des ghettos où les conditions de vie sont indignes. En Serbie, en Moldavie, comme en France et en Allemagne, ils sont victimes de discriminations quotidiennes.

Ainsi, le peu de réactions que ces violences ont suscitées jusqu'à présent permet un passage à l'acte plus aisé aujourd'hui, en Bulgarie comme ailleurs. Enfin, l'extrême droite s'est organisée, structurée et renforcée ces dernières années partout en Europe.

Les partis d'extrême droite remportent des succès électoraux, comme le Jobbik en Hongrie, le Parti de la Liberté aux Pays-Bas, ou Ataka en Bulgarie. Les mouvements d'extrême droite exercent une influence sur certains partis de gouvernements, comme au Danemark, et séduisent de plus en plus de personnalités.

Au moment où la construction européenne est en crise, l'extrême droite, sous ses différentes composantes, propose un véritable modèle de structuration politique du continent, fondé sur le racisme et les discriminations raciales. Ce projet est sous-tendu par l'esprit de "guerre civile européenne" et l'obsession de "l'ennemi intérieur" à identifier et à exterminer et qui serait, selon les moments et les pays, le musulman, le Rom, le juif, etc.

A l'opposé de ce funeste projet, dont la mise en acte à la suite d'une prise de pouvoir des extrêmes droites européennes ne peut être totalement exclue, les sociétés civiles européennes antiracistes s'unissent désormais pour faire vivre un modèle européen véritablement démocratique car débarrassé du racisme, de l'antisémitisme et des discriminations raciales.

Samedi 1er octobre fut à ce titre un jour fondateur. Ce jour-là, les sociétés civiles de nombreux pays européens, menées par les organisations antiracistes membres de l'EGAM et leurs partenaires Roms, se sont mobilisées ensemble pour la première "Roma Pride".

Elles ont notamment exprimé leur rejet du racisme et leur solidarité avec les Roms bulgares, fait pression sur les autorités européennes, nationales et locales pour qu'elles réagissent fermement aux violences racistes en protégeant la population et les organisations Roms.

En Norvège, au Danemark, en Belgique, en France, mais également en Roumanie, où près de 400 personnes ont défilé dans la plus grande manifestation de l'année, et en Bulgarie, où des rassemblements publics se sont tenus dans 15 villes malgré les menaces, des dirigeants associatifs, des politiques, des intellectuels, des artistes et des milliers d'autres personnes se sont rassemblés pour faire Europe ensemble. Une Europe des valeurs partagées d'égalité et de dignité, une Europe construite par les actions communes des sociétés civiles en mouvement.

Le silence assourdissant, politique et militant, lors des ratonades de janvier 2010 contre les migrants noirs de Rosarno, dans le Sud de l'Italie, qui avait donné le coup d'envoi de la constitution de l'EGAM, paraît lointain.

Désormais, c'est avec force et conviction que les sociétés civiles européennes s'unissent pour faire vivre le rêve européen d'un continent débarrassé du racisme, de l'antisémitisme et des discriminations raciales.

Benjamin Abtan, secrétaire général du European Grassroots Antiracist Movement (EGAM), dans la rubrique Point de Vue du Monde

Pas de racisme chez Starbucks

La direction marketing de Starbucks a réagi aux accusations de racisme dans des affiches disposées dans plusieurs de ses boutiques. Représentant un homme au teint mat entouré d'objets de valeurs, elle incitait ses clients à garder un oeil sur ses biens pour ne pas être victime de pickpockets.

Des internautes se sont émus de cette affiche qualifiée de raciste, car elle sous-entendrait que l'homme (qui pourrait être arabe ou métis) était un voleur. "Le maghrébin fait-il peur à Starbucks ?" se demandait un internaute sur le site Le Plus, tandis que la photo se répandait sur les réseaux sociaux.

Starbucks a contre-attaqué sur Le Plus en expliquant que l'homme dessiné ne représentait pas un voleur ... mais un client. La chaîne a également publié dans son droit de réponse une autre affiche diffusée en magasin, montrant une jeune femme blanche entourée d'objets de valeurs.

Ces affiches "représentent nos clients et les objets auxquels nous leur recommandons de faire attention", explique le directeur marketing de la chaîne. "Elles sont utilisées la plupart du temps ensemble. Il ne s'agit en aucun cas pour nous de verser dans un quelconque stéréotype raciste et nous en voulons pour preuve les 1000 partenaires (employés) de 49 nationalités différentes qui travaillent aujourd'hui chez Starbucks en France."

Brève du Figaro

Dijon : situation tendue pour les demandeurs d’asile

La situation des demandeurs d’asile devient de plus en plus insoutenable. Procédures administratives très lourdes, centres d’hébergement inadaptés. Les demandeurs sont aussi des humains.

La loi Besson sur les demandeurs d’asile est claire. Toute demande de droit d’asile doit être effectuée en préfecture de région, et seulement dans cette administration. La Ligue des droits de l’homme du département s’inquiète de la situation et dénonce : « Tout est organisé pour éviter le poids de ceux qui tentent de se réfugier en France ». En ligne de mire, selon la Ligue : les migrants venant de Tunisie, Lybie, Egypte…L’an passé, 650 personnes avaient déposé un dossier. Pour 2011, du 1er janvier au 1er octobre, le nombre de demandeurs a doublé pour passer à 1 200. La préfecture est débordée, les centres d’accueils des demandeurs d’asile sont saturés. Bref, les conditions deviennent invivables.

Si le demandeur vient de la Nièvre, Saône-et-Loire, ou de l’Yonne, il doit le faire par ses propres moyens. Mais avant de demander un dossier, les autorités doivent s’assurer qu’il n’a pas fait de demande dans d’autres pays, sinon, il est renvoyé directement dans ce dernier. La préfecture vérifie cette condition en s’appuyant sur les empruntes digitales. Si l’empreinte est illisible, la préfecture renverra également le demandeur. Le droit de demande d’asile est bien encadré. Ainsi, il doit prouver qu’il est réellement en danger. « Habiter dans un pays ravagé par un conflit armée n’est plus une raison suffisante » déplore Dominique Clémang, avocate dijonnaise spécialiste, entre autre, du droit des étrangers. « L’état du pays n’est absolument pas étudié ».

Ce que reprochent les associations humanistes à la situation actuelle est de ne pas se poser les bonnes questions. « On ne choisi jamais l’exile » remarque l’avocate, avant de poursuivre : « Ils perdent tout pour venir survivre en France. S’ils quittent leur régions c’est parce qu’ils n’ont plus d’espoirs ». Avec la crise économique mondiale, les famines, le réchauffement climatique, et les guerres, l’afflux de demandeurs d’asile augmentera. « La France ne peut accueillir toute la misère du monde » disait Michel Rocard dans le Monde du 24 août 1996. Mais souvent est oubliée le reste de sa déclaration « mais elle doit savoir en prendre sa part ». Omission symptomatique d’une situation que l’on préfère cacher plutôt que de l’affronter.

Trouvé sur gazetteinfo.fr