mercredi 23 mai 2007

Adem: Courrier de lecteurs de 24heures

le village de Bas­sins est en deuil
Aujourd’hui, le village de Bas­sins est en deuil. En deuil, car nous sommes sur le point de perdre notre ami et employé communal, Adem Salihi. En deuil, parce que nous parta­geons sa douleur, sa tristesse et son sentiment d’incompréhen­sion et d’injustice face à cette décision d’expulsion qui dépasse tout entendement!
Aujourd’hui, le village de Bassins est en révolte. En ré­volte, car nous rejetons un citoyen du monde, honnête et travailleur, un Bachenard bien intégré depuis de nombreuses années, apprécié pour sa gen­tillesse auprès des personnes âgées et des enfants du village, pour sa serviabilité et son dévouement!
Aujourd’hui, les habitants de Bassins ont honte… Oui, honte à nous d’être Suisse… honte à nous d’être Vaudois… honte à nous d’avoir élu un gouverne­ment qui puisse cautionner une telle décision, humainement inacceptable et indéfendable… honte à nous de nous cacher derrière des lois et règlements juridiques pour justifier l’injus­tifiable!
Aujourd’hui, les habitants de Bassins se rassemblent, réagis­sent et se joignent au mouve­ment de solidarité qui entoure Adem Salihi. Ils gardent espoir que tout n’est pas perdu, que le bon sens dépassera l’indiffé­rence, que l’ouverture et l’hospi­talité l’emporteront sur le rejet et l’exclusion!
Olivier Gianina,
Bassins

La Suisse perdrait-elle son âme?
Je crains que la Suisse perde son âme et ne s’incline que devant des personnes dotées de fortunes, de grosses fortunes même.
Comme les habitants de Bassins et leur syndic, j’ai le coeur serré de voir M. Adem Salihi obligé de quitter la Suisse alors que c’est un homme res­pectable et travailleur, aimé dans cette commune.
La Suisse oublie ce qu’elle doit aux étrangers venus pour faire les travaux les plus durs, mais elle oublie aussi que tant de Suisses ont dû s’expatrier dans des contrées lointaines parce que leur propre pays ne pouvait pas les nourrir.
Je dis donc honte aux nantis et aux politiques qui, d’un coup de stylo Mont-Blanc, en haus­sant les épaules, biffent le nom d’un particulier méritant.
Je souhaite que beaucoup de lecteurs de ce journal aient un coup de coeur en faveur de M. Salihi.
Germaine Chevalley-Cordey,
Puidoux

Belgique: Entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la procédure d'asile

Lire cette info sur alterecho
Dès le mois de juin 2007, une nouvelle procédure d'asile simplifiée entrera en vigueur, les deux phases étant réduites à une seule. Dorénavant, la procédure devrait durer au maximum un an. Auparavant, lors de la deuxième phase de la procédure d'asile, les demandeurs d'asile pouvaient demander une aide financière auprès d’un CPAS. Cela change: les demandeurs d'asile reçoivent uniquement une aide matérielle tout au long de la procédure d'asile.

Neuchâtel et le Jura oseront-ils permettre aux étrangers d'être élus?

Lire l'article de Serge Jubin dans Le Temps
Combattue par des référendums, l'éligibilité des étrangers est au menu de la votation du 17 juin dans les deux cantons. Si elle devait être approuvée, ce serait une première en Suisse, autrement qu'au travers d'une révision constitutionnelle.

Au sein du gouvernement, pas de salut

Lire dans le Courrier cet article de VIRGINIE POYETTON

En janvier 2006, les Verts présidaient le comité référendaire contre les deux «Lex Blocher». Pour quelques mois plus tard encaisser un double échec en votation populaire. A qui la faute? En partie au PS, estime leur président Ueli Leuenberger. Un PS qui mène une politique douteuse en proposant un contrat d'intégration proche de ce qu'aurait pu proposer l'UDC. En partie à l'extrême gauche, qui a également semé la confusion avec son refus de la libre circulation des personnes. C'est aussi à cause du glissement de la droite bourgeoise vers les thèses défendues par l'UDC. «En commission, sur la question des naturalisations par les urnes, seuls un radical et un démocrate-chrétien se sont opposés au projet de l'UDC, relate le président des Verts. De notre côté, on est sur la défensive et on essaie de limiter les dégâts.»
Après le double échec du 24 septembre, les Verts annoncent qu'ils lanceront une initiative parlementaire sur l'intégration. Pour l'instant, rien à signaler. Le projet attendra probablement la fin de l'année. On est trop proche des élections fédérales d'octobre. Pour le reste, le parti entend s'appuyer sur le mouvement associatif et plus particulièrement soutenir l'Observatoire suisse du droit d'asile et des étrangers. Pour Ueli Leuenberger, tant que Christoph Blocher sera au Département de justice et police, il semble difficile d'envisager un réel changement de politique. Mais comment le président des Verts explique-t-il la frilosité de la gauche sur les questions migratoires? «D'une part, les immigrés n'ont pas le droit de vote. Les soutenir n'est pas vraiment payant, électoralement parlant.» D'autre part, les syndicats ont longtemps laissé cette question de côté. «Les deux cercles sont encore bien intériorisés.» Reste aussi que la politique suisse appelle les alliances, le compromis, pour ne pas dire la compromission. «La question est de savoir si certains compromis sont acceptables ou non», conclut M.Leuenberger.
A la gauche du PS, la question est déjà tranchée. Pour le conseiller national popiste Josef Zisyadis, il est évident qu'aucune résistance ne peut s'organiser au sein du gouvernement. Le PS doit sortir du Conseil fédéral. «Les socialistes entrent dans la démarche de l'UDC pour prétendument empêcher le développement du racisme. Mais le contrat d'intégration ne s'inscrit pas dans une politique de résistance.» Le conseiller national en appelle aux droits civiques des étrangers, à la naturalisation après cinq ans et à une régularisation collective des sans-papiers. Avec trois représentants aux Chambres, A gauche toute! ne fait évidemment pas le poids face au deuxième parti du pays. Mais le parlementaire se réjouit d'avoir au moins réussi à porter le débat sur la scène publique.

Histoire d'une désertion

Lire dans le Courrier cet article de VIRGINIE POYETTON

L'ambiguïté des positions défendues par le PS doit aussi se comprendre à la lumière des liens étroits que le parti entretenait avec le mouvement syndical. Un grand nombre de responsables syndicaux de l'époque étaient également conseillers nationaux socialistes. Or, dans les années 1960-1970, l'Union syndicale suisse (USS) tient un discours très alarmiste sur la présence des étrangers en Suisse. Elle en appelle à une limitation du recrutement à l'étranger et à la «stabilisation» de l'effectif d'immigrés[1]. Peu à peu, sous la pression des syndicats du bâtiment –composés d'un grand nombre de travailleurs migrants–, le discours de l'USS change. Dans les années 1980, la faîtière demande l'abrogation du statut de saisonnier. Dix ans plus tard, elle rejette la politique dite des trois cercles, soutient la libre circulation des personnes et les droits politiques des étrangers.
Or, ceux qui ont amené les syndicats à une posture d'ouverture ne font pas partie de la base électorale du PS. Ce dernier voit d'ailleurs également sa clientèle évoluer. Celle-ci appartient de plus en plus à la classe moyenne (alors que les milieux ouvriers rallient souvent les rangs de l'UDC). La prudence est toujours au rendez-vous. La peur de «se couper de la base» domine la politique migratoire du parti. Et explique la difficulté qu'a eu le parti à lancer le référendum contre la loi sur les étrangers. Cette loi –à l'inverse de la loi sur l'asile– fait appel à la peur d'une «surpopulation étrangère» à contenir.
Pourtant, toutes les voix socialistes ne chantent pas à l'unisson. L'exemple du contrat d'intégration, auquel la grande majorité des délégués romands se sont opposés, est révélateur. Pour le chercheur en sciences politiques lausannois Alexandro Afonso, sur la question migratoire deux grands courants s'affrontent aujourd'hui au sein du parti: le «PS mainstream» et le PS aile «sociale-libérale» –aile à laquelle la conseillère nationale Simonetta Sommaruga (lire ci-contre) appartiendrait. Quand la première milite pour une politique d'admission ouverte, la seconde se défend d'une pratique restrictive: «Une stratégie utilisée dans d'autres pays européens: pour mieux intégrer les migrants présents, il faut limiter l'arrivée de nouveaux.» VPN
[1]Lire Changer la baraque, Jean Steinauer et Malik Von Allmen, éditions d'En Bas, Lausanne 2000.

Migrations: la mauvaise conscience du parti socialiste

Lire dans le Courrier l'interview d'Ursula Wyss par Virginie Poyeton
La politique migratoire: une épine sur la tige de la rose socialiste. Entre protectionnisme et ouverture, les positions du deuxième parti de Suisse manquent souvent de cohérence et de fermeté. En 1931 déjà, le PS ne proteste pas lorsque l'«Überfremdung» (surpopulation étrangère) fait son apparition dans la législation suisse. Aujourd'hui, face à la montée de l'UDC xénophobe, le principe du contrat d'intégration semble bien dérisoire.
En décembre 2005, le Parti socialiste décidait –avec d'autres– de lancer le référendum contre la révision de la loi sur l'asile. Pas celui contre la loi sur les étrangers. Pour le parti gouvernemental, toutes les forces devaient se concentrer sur la tradition d'accueil humanitaire. Par la suite, le PS reviendra sur sa décision, mais son refus de combattre de prime abord une loi que d'aucuns qualifieront d'«inhumaine et xénophobe» cache mal le malaise qui habite le parti dès que l'on parle de politique migratoire. Le 24 septembre, les deux lois sont finalement acceptées en votation populaire. A hauteur de 67%. Un échec cuisant pour toute la gauche et le monde associatif.
Deux mois plus tard, le Parti socialiste essaie de se repositionner sur le devant de la scène et adopte, en assemblée générale, le principe d'un contrat d'intégration. Un document que le migrant signerait dès son arrivée, s'engageant ainsi à fréquenter des cours de langue et à participer à des séances d'information.
Dès le départ, le principe du contrat agace l'aile progressiste du parti. Discriminatoire envers les non-Européens, trop proche de ce que l'UDC aurait pu proposer, stigmatisant à l'égard de la communauté musulmane. Que faut-il déduire de cette initiative? Le seul parti gouvernemental d'opposition entend-il battre l'extrême droite sur son propre terrain? Le PS est-il réellement attaché à la Suisse multiculturelle dont il se revendique? Rencontre avec Ursula Wyss, conseillère nationale bernoise et présidente du groupe socialiste aux Chambres fédérales.

Quand on regarde en arrière sur ces dix dernières années, on a un peu l'impression que le PS se fait dicter l'agenda de la politique migratoire par l'UDC.
J'ai l'impression qu'avec les deux nouvelles lois votées en septembre –et notamment avec la loi sur les étrangers– on a réussi à remettre l'accent sur l'intégration. En ce moment, nous sommes d'ailleurs en pleine consultation des ordonnances d'application des lois. Et avant l'été, nous aurons une présentation d'un plan d'action d'intégration au niveau national. C'est une nouveauté. Jusqu'à aujourd'hui, le débat se menait au niveau local uniquement. Ce n'est que dans le milieu des années 1990 qu'on a commencé à réaliser qu'on avait affaire à une nouvelle sorte d'immigration. Les étrangers n'arrivaient plus seulement en Suisse par le biais du travail, mais aussi à travers le regroupement familial. Cette forme d'immigration posait de nouveaux défis. Le Parti socialiste a très vite insisté sur l'intégration au niveau cantonal et communal, mais il n'avait pas les moyens pour mener une politique nationale. On a perdu dix ans. Et maintenant on a cet article sur l'intégration qui figure dans la nouvelle loi sur les étrangers.


Vous parlez beaucoup d'intégration, mais quand l'UDC attaque la minorité musulmane, on entend peu le Parti socialiste...
C'est vrai. Nous devons réagir, car en Suisse nous n'avons jamais eu de problèmes avec la population musulmane. Au contraire, je pense qu'il faut aller plus loin dans son intégration et sortir les mosquées de la clandestinité. Certaines se trouvent dans des caves. Les fidèles pratiquent leur religion dans des conditions inacceptables pour un pays dont la Constitution garantit la liberté de culte. Je pense qu'il est absolument nécessaire de mener un débat sur les religions. Ce n'est pas en les interdisant qu'on résout les problèmes, mais par le biais d'un contrôle public. De notre côté, nous proposons que les imams suivent des cours de langue et étudient les fondements de notre démocratie. L'UDC, pour sa part, ne propose rien de positif. Elle fait campagne sans se rendre compte qu'elle nuit à l'image de la Confédération en général. A l'étranger, la Suisse est perçue comme un pays intolérant envers l'islam. Or ce n'est pas le cas. C'est l'UDC qui va nous créer des problèmes. C'est irresponsable de sa part.


Depuis les votations de septembre, les partis ne parlent presque plus de personnes frappées d'une non-entrée en matière (NEM), ou de sans-papiers; la question est-elle réglée?
Non, je n'ai pas l'impression que la question soit réglée. Elle est passée au niveau cantonal. Et le débat a surtout lieu en Romandie. Lors de la campagne sur les deux lois, l'accent a été mis sur les requérants d'asile et les étrangers. Ces lois ont été acceptées par la majorité du peuple, la gauche a perdu. Cela ne nous donne pas la légitimité nécessaire pour corriger les textes. Le problème est maintenant de savoir comment Christoph Blocher les fera appliquer. On sait, par exemple, qu'il a décidé d'engager des étudiants pour faire passer les entretiens d'admission aux requérants d'asile. C'est inadmissible.


Face à la campagne xénophobe de l'UDC, quels seront les grands axes programmatiques de votre politique migratoire?
Tout d'abord, nous soutenons les bilatérales –à condition que les mesures d'accompagnement soient renforcées. Dans le canton de Zurich par exemple, il existe encore très peu d'inspecteurs du travail. Le Parti socialiste soutient également une migration dans des conditions justes: des salaires suisses, mais aussi le droit à une formation qui donne aux immigrés la possibilité de s'intégrer. On s'attend également à ce que les étrangers s'engagent pour leur intégration et que l'égalité entre hommes et femmes soit respectée.

Dans les campagnes de l'UDC, les femmes font aussi l'objet d'une attention particulière. Surtout la femme musulmane...
Oui, mais l'UDC ne fait rien pour lutter contre la violence, contre les mariages forcés. Or, il faut tout faire pour protéger les victimes et punir les abuseurs. A Saint-Gall par exemple, un mari violent a été expulsé et le statut de sa femme et de sa fille renforcé. Il est inacceptable qu'un homme batte sa femme pour des motifs religieux, mais on se trompe si on renvoie la femme.


Et sur la question de l'asile, que proposez-vous?
Nous souhaitons renforcer les organisations qui s'occupent de requérants d'asile et de réfugiés. Qu'elles aient les moyens de contrôler l'administration. En ce qui concerne la loi, il est maintenant difficile de changer quoi que ce soit.


L'idée du contrat d'intégration n'a pas convaincu l'ensemble du parti. Existe-t-il une divergence de vues profonde au sein du PS?
Nous avons majoritairement décidé de soutenir le principe du contrat d'intégration. Il va être proposé par le Conseil fédéral pour des cas spéciaux. Je pense que c'est une bonne mesure. Cela permet de s'occuper de l'intégration d'un étranger dès son arrivée en Suisse. Un des reproches avancés concernait le cas des analphabètes. Il est clair qu'on ne peut pas exiger la même chose de tous. Il faudra agir au cas par cas. L'essentiel pour nous est que ce contrat souligne le fait que la Confédération prenne les étrangers au sérieux et que l'Etat s'engage à leur offrir des cours.


Votre collègue Simonetta Sommaruga a affirmé dans Le Temps: «Il faudra limiter le nombre de nouveaux arrivants.» C'est un peu surprenant. N'était-ce pas déjà l'objectif des «Lex Blocher»? Faut-il aller plus loin?
On a surtout besoin de personnes qualifiées. A l'avenir, ces travailleurs viendront de plus loin que du territoire européen. La Suisse doit s'engager pour que davantage d'étrangers viennent dans notre pays. Quant aux requérants d'asile, s'ils sont menacés, il faut les accueillir. Ce n'est pas une question de chiffres. Pour les extra-Européens, on a déjà des contingents. Je ne vois pas où MmeSomaruga voit le besoin d'agir.


«Des normes pénales plus strictes doivent être adoptées afin de réprimer des mensonges ou des dénigrements des communautés étrangères.» Que signifie cette affirmation tirée de votre plate-forme électorale?

C'est une erreur. Cette phrase ne veut rien dire. Ce qu'on voulait dire c'est qu'il faut renforcer la norme antiraciste, lutter contre les mensonges qui dénigrent les communautés étrangères. I