mardi 11 avril 2006

Le chef du Service de la population renvoyé devant les juges


Henri Rothen, chef du Service cantonal de la population, devra s’expliquer au tribunal.

L'article de Philippe Maspoli dans 24heures :

Deux requérants d’asile expulsés de force reviendront pour témoigner le 26 avril.

Les deux frères, des Monténé­grins expulsés le 12 avril 2005, ont obtenu une autorisation fédérale en vue de l’audience du Tribunal de police de Lausanne le 26 avril. «Il ne leur manque plus que leur visa. Ils arriveront quelques jours avant et ils repartiront quelques jours après», assure leur avocat, Me Eduardo Redondo.

L’accusé de ce procès est Henri Rothen, chef du Service cantonal de la population (SPOP). Il est renvoyé devant les juges pour calomnie et diffamation. Les deux Monténégrins faisaient partie des 523 requérants dé­boutés dont Berne a refusé la régularisation proposée par l’Etat de Vaud. Ils devaient donc être renvoyés de force. En mars 2005, en pleine «crise des 523», le chef du SPOP avait laissé entendre, devant les dé­putés du groupe de contact sur l’asile, que les deux frères avaient de lourds antécédents judiciaires. Finalement, il ne s’agissait que d’infractions à la Loi sur la circulation routière, et seulement pour un des deux requérants.

A la suite d’une plainte pénale, le juge d’instruction cantonal Jacques Antenen avait rendu un non-lieu en juillet 2005: le chef du SPOP avait tenu ces propos de bonne foi, affirmait le magis­trat. Les deux frères ont recouru au Tribunal d’accusation, avec succès. Le principe de la «bonne foi» n’est pas accepté en ce qui concerne le requérant dont le casier est vierge. «Ce dernier viendra au procès comme plai­gnant, l’autre comme témoin», explique Me Eduardo Redondo. Quant à Henri Rothen, «il con­teste avoir tenu des propos que l’on puisse qualifier de diffama­toires ou de calomnieux», dé­clare son avocat, Me Eric Stauffa­cher, à l’ATS.

Des députés avaient par ailleurs exigé une enquête admi­nistrative, sans suite. Et des fonctionnaires, dont Henri Ro­then, avaient porté plainte con­tre la Coordination Asile, qui défend la cause des requérants et avait évoqué les «méthodes fascisantes» du SPOP.