jeudi 11 août 2011

Washington Allauca et sa famille peuvent rester en Suisse

Sous le coup d’un ordre de renvoi depuis le mois d’août 2010, Washington Allauca a obtenu le permis qui lui permettra de rester en Suisse.

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JD

Le démantèlement des camps sauvages des Roms est-il efficace?

Lausanne a rasé les campements illégaux occupés par des Roms aux Prés-de-Vidy. Genève s’apprête à faire de même à la Jonction, où s’installent actuellement plusieurs personnes de cette communauté. Raser ces abris de fortune, est-ce pertinent?

Huit cabanons partis en fumée. Dont il ne reste que les gravats amiantés. Depuis fin juillet, les jardins familiaux des Prés-de-Vidy n’ont plus grand-chose de bucolique. Les autorités municipales ont rasé les maisonnettes où, naguère, il faisait bon passer le week-end en famille, installés les doigts de pieds en éventail dans les jardinets proprets. La raison de ces destructions ? Des dizaines de Roms avaient eu l’idée saugrenue de s’installer dans ces abris abandonnés. Ou plutôt non, des fouilles archéologiques devaient de toute façon être entreprises le 15 août. Erection du futur stade de foot oblige.

A Genève, pas de nouveau stade de foot à l’horizon. Mais les campements de fortune qui recommencent à fleurir depuis quelques jours sous le pont de la Jonction, devraient quand même subir le même sort sous peu. Seize « opérations de ramassage » (les abris ne sont pas en dur) d’effets personnels ont été menées dans la cité de Calvin depuis le mois de janvier. Au total, on parle de cinq expéditions consistant à détruire les toits précaires depuis le début de l’année, contre une vingtaine l’année précédente.

Oui mais voilà. Raser ces abris précaires suffit-il à évacuer les Roms, pour repousser le capharnaüm qu’ils importent et le spectacle qu’offre leur communauté, souvent jugée débraillée et sans le sou? En Europe, chacun y va de sa petite solution (voir infographie) : destruction pure et simple des abris de fortune, distribution d’aides au retour « volontaire », ou programme d’intégration. Tour d’horizon des pratiques d’ici et d’ailleurs et des bilans tirés par nos voisins, France en tête, dont les bulldozers n’ont aussi fait qu’une bouchée des taudis de la communauté rom. Ce matin encore, à Marseille, une centaine de Roms ont été évacués des pelouses de la Porte d'Aix. Un an après ces opérations de destruction à grande échelle, quel bilan tire l’Hexagone ?

Population stable

Ils étaient 15 000 Roms « établis » en France. Et ils sont toujours estimés à 15 000. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir mis le paquet dans les opérations d’expulsion. En février dernier, le ministre de l’Intérieur français Brice Hortefeux, se targue d’avoir évacué « 70% des campements illicites ». En 2009 comme en 2010, quelque 9 500 Roms ont été reconduits à la frontière. Dans leur poche, une enveloppe de 300€ par adulte et 200€ par enfant. C’est ce qu’on appelle « l’aide au retour ». Contrainte ou volontaire.
Mais rien n’inverse la vapeur. Les statistiques restent les mêmes. Les Roms ne restent pas les bras croisés, assommés de voir leur « maison » partie en fumée. Ils se réinstallent plus loin. En France comme ailleurs en Europe, démantèlement ou pas, aide au retour ou non, leur nombre reste stable. On les estime à 10 à 12 millions sur le continent et quoiqu’on en pense, il va bien falloir « faire avec ».

"Parquer" les Roms

A moins de les « parquer » dans un bout du désert égyptien, comme l’avait suggéré, sans vergogne, le ministre des Affaires étrangères roumain, en 2007, suite à un fait divers au cours duquel une Italienne avait été assassinée par un ressortissant roumain. « J’étais au Caire, à proximité du désert, lorsque j’ai été informé des incidents qui avaient eu lieu à Rome », avait alors confié le chef de la diplomatie. Avant de poursuivre : « Je me suis demandé : pourquoi n’achèterions-nous pas un morceau du désert égyptien pour y mettre tous ceux qui nuisent à notre image ».
Plus sérieusement, les pays européens avancent en ordre dispersé pour que ces zones marginalisées n’existent plus (cliquez sur la carte pour plus de détails.

L’Europe se mobilise enfin

« Décennie de l’inclusion des Roms » lancée en 2005, premier sommet en 2008 pour le peuple rom, 40ème anniversaire de la journée internationale des Roms en avril 2011, rien n’y fait. La Commission européenne est toujours impuissante pour encourager ses Etats membres à intégrer ses Roms. A moins qu’à force de pousser le bouchon, l’Etat français n’ait mis un coup de pied dans la fourmilière bien malgré lui (cliquez sur la carte pour plus de détails).

Offusquée par les expulsions massives du chef de l’Etat français dès l’été dernier, la commissaire européenne à la Justice et aux droits fondamentaux, Viviane Reding était allée jusqu’à comparer ces « reconduites à la frontière » aux déportations perpétuées durant la deuxième guerre mondiale.

Branle-bas de combat. La Commission européenne se met en tête de créer une « task force » en septembre dernier. Le groupe réunit des ONG et les milieux proches des Roms. Le but ? Savoir  au juste comment le budget des Etats membres destinés aux minorités, Roms en tête, est utilisé.

Où va le budget de l'UE?

Car cette série d’expulsions, qui démontre à quel point les pays sont cabrés sur la question Rom, ne se font pas à défaut d’argent. Quelque 172 millions d’euros (sur 9, 6 milliards destinés à intégrer les  personnes défavorisées) ont été alloués pour la seule période 2007-2013 aux Roms.

D’ici décembre 2011, les Etats membres sont donc sommés de rendre des comptes. Ils doivent « préparer ou réviser leurs stratégies nationales » et les présenter à la Commission. La première minorité ethnique du Vieux-Continent s’invite enfin à la table de réveillon des gouvernements.

Marion Moussadek dans 24 Heures

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