samedi 29 août 2009

Communiqué de presse du Collectif droit de rester membre de la Coordination asile Vaud

Le collectif droit de rester invite les médias mais aussi toutes les personnes soucieuses de défendre les droits humains à soutenir notre action et à faire part de leur désaccord face à cette politique inhumaine et dégradante pour ces personnes qui vivent en Suisse mais sont privées de leurs droits les plus élémentaires.


Le HCR tance la Grèce pour la rétention des enfants à Lesbos

Plus de 850 immigrés illégaux, dont 200 enfants seuls, sont détenus dans des conditions choquantes dans un centre de rétention sur l'île grecque de Lesbos, déplore le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). (dans l'Express)

Camp d'immigrants près de Patras, en Grèce. Plus de 850 immigrés illégaux, dont 200 enfants seuls, sont détenus dans des conditions choquantes dans un centre de rétention sur l'île grecque de Lesbos, déplore le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). (Reuters/John Kolesidis)

Camp d'immigrants près de Patras, en Grèce. Plus de 850 immigrés illégaux, dont 200 enfants seuls, sont détenus dans des conditions choquantes dans un centre de rétention sur l'île grecque de Lesbos, déplore le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). (Reuters/John Kolesidis)

Le HCR s'était déjà alarmé par le passé du traitement des immigrés illégaux en Grèce. Le rapport publié après une visite du centre de Pagani, prévu pour accueillir 250 à 300 personnes, vient renforcer ses inquiétudes.

Une équipe du HCR s'est rendue cette semaine dans ce centre de rétention, où la plupart des détenus sont des Afghans, et a fait état de conditions de rétention "inacceptables", a déclaré le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic.

"Une pièce abrite plus de 150 femmes et 50 bébés, dont beaucoup sont malades du fait de l'exiguïté et de l'insalubrité du centre", a-t-il précisé.

Des responsables du ministère grec de la Santé et de la Solidarité sociale ont assuré au HCR que tous les enfants seuls retenus à Pagani seraient transférés vers un centre d'accueil spécial d'ici la fin du mois, a ajouté Andrej Mahecic.

Mais, a-t-il souligné, "la situation à Pagani témoigne des problèmes plus vastes liés à l'immigration illégale et au système d'asile en Grèce".

Le HCR avait formulé l'an dernier des recommandations pour refonder le dispositif d'asile et adopter des mesures spécifiques de protection des enfants.

Mais celles-ci, malgré l'engagement du ministère grec de l'Intérieur, n'ont pas été mises en oeuvre, selon Andrej Mahecic. Au contraire, l'agence de l'Onu a estimé le mois dernier que les nouvelles règles adoptées en matière de droit d'asile risquaient de compliquer l'accès à ce statut en Grèce.

Selon les garde-côtes grecs, 2.648 enfants non accompagnés se sont réfugiés illégalement en Grèce en 2008, a dit Andrej Mahecic. Mais leur nombre pourrait être beaucoup plus important.

vendredi 28 août 2009

Les îles de la mer Égée, nouvelle destination pour clandestins

Iles grecquesIl y a un peu plus de deux mille ans, Jules César a été détenu par des pirates sur l’île de Farmakonisi, dans la mer Égée. Aujourd’hui, l’île voit débarquer un nouveau genre de victimes : en 2008, environ 2.500 migrants illégaux sont arrivés à Farmakonisi avant d’être transférés dans les centres de rétention bondés et insalubres de Lesbo ou de Samo. Depuis quelques années, la Grèce s’impose comme un point de passage privilégié pour les clandestins qui veulent gagner l’UE, et Athènes a bien du mal a gérer une population en constante hausse. Un reportage de l’Osservatorio Sui Balcani.

Par Gilda Lyghounis

Lire la suite dans Le Courrier des Balkans

Des réfugiés irakiens s'envolent vers l'Allemagne

Mardi, 144 réfugiés irakiens ont quitté la Syrie pour s'envoler vers l'Allemagne, où ils vont être admis au titre du programme d'assistance de l'Union européenne. Il s'agit du huitième vol Damas-Hanovre coordonné par l'Organisation internationale pour les migrations afin d'aider des réfugiés irakiens à gagner l'Allemagne.

De nombreux réfugiés sont des chrétiens qui estiment n'avoir plus le moindre avenir dans leur pays, notamment en raison de menaces proférées par les groupements terroristes islamistes.

1003 réfugiés irakiens jugés "particulièrement vulnérables" par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et l'Office fédéral de la migration et des réfugiés (BAMF) avaient déjà été acheminés vers l'Allemagne, qui leur a dans un premier temps accordé un titre de séjour de trois ans. La plupart d'entre eux avaient fui l'Irak vers la Syrie, d'autres s'étaient temporairement installés en Jordanie, où ils n'ont toutefois pas obtenu de permis de long séjour.

En septembre 2008, l'Union européenne avait décidé d'accorder l'asile à 10 000 Irakiens et l'Allemagne s'était engagée à en accueillir 2500. Les premiers réfugiés ont atterri à Hanovre en mars 2009.

News Press - Communiqué

jeudi 27 août 2009

L'UE en panne de solidarité face aux clandestins

La présidence suédoise de l'Union européenne va tenter de proposer, dès septembre, des avancées dans le dossier empoisonné de l'immigration. Un article de Jean-Jacques Mével dans le Figaro.

La Suède, présidente de l'UE et fière de sa tradition d'accueil, a quatre mois pour réussir là où beaucoup d'autres ont failli : mettre sur les rails une politique européenne crédible face à un afflux de réfugiés qui, via la Méditerranée, ne cesse d'enfler.

Le drame humain, marqué par la récente noyade de plusieurs dizaines de clandestins érythréens au large de l'île italienne de Lampedusa, se heurte de plein fouet à la réalité politique : la crise économique, la montée du chômage et le virage à droite des opinions européennes ne poussent ni à l'ouverture ni à la sérénité du débat sur l'immigration.

L'Europe du Sud sous la pression des flux migratoires

Stockholm et le commissaire français à la Justice, Jacques Barrot, ont pourtant décidé de proposer, dès septembre, une avancée sur deux chapitres clefs de ce dossier empoisonné. D'abord, la réinstallation dans le reste de l'Europe - et au bon vouloir de chaque capitale - d'une partie des irréguliers échoués au sud de l'Italie, en Grèce, en Espagne, à Chypre et à Malte. Jusqu'ici seule la France a entrouvert sa porte.

Pour la présidence suédoise, il faut aussi mettre sur pied une politique d'asile «plus efficace». Le droit européen n'impose que des normes minimales de protection. Stockholm veut s'atteler à une harmonisation de lois nationales. Ce serait le pendant logique de l'espace de libre circulation ouvert par l'Europe de Schengen. L'an dernier, quelque 70 000 clandestins ont traversé la Méditerranée dans l'espoir de forcer la porte de l'UE.

L'Europe du Nord et du Sud

Pour l'heure, l'impasse sordide des camps au Sud et le refus du Nord de se laisser imposer un «partage du fardeau» donnent une piètre image de l'Europe après ses sermons sur Guantanamo. Le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU a demandé lundi la fermeture immédiate d'un centre de l'île grecque de Lesbos, où s'entassent hommes, femmes et enfants. Les mêmes conditions prévalent à Pagani, une installation sans eau courante qui n'offre qu'un sanitaire par centaine de détenus. En Italie, à Chypre ou à Malte, d'autres centres d'accueil essuient la dénonciation régulière des ONG. «On ne peut pas continuer à traiter les gens comme ça !», insiste un haut responsable européen.

En première ligne face aux boat people venus d'Afrique et du Moyen-Orient, les pays méditerranéens de l'UE ont beau jeu de dénoncer l'absence de solidarité du reste de l'Europe. «Nous entendons de belles paroles, mais l'Europe ne nous a toujours pas dit que faire quand une vague d'immigrants s'abat sur nos côtes», répète Franco Frattini, chef de la diplomatie italienne et prédécesseur de Jacques Barrot à Bruxelles. Frustré, Rome prend le risque de la réprobation internationale et renvoie les irréguliers de l'autre côté de la Méditerranée, sans autre forme de procès. L'Italie est la première destination d'une bonne moitié des clandestins.

Les textes européens en vigueur entretiennent eux-mêmes l'afflux des irréguliers et la regrettable division des Européens. Pour demander le statut de réfugié, il faut atteindre physiquement l'UE. Faute d'un visa, le plus souvent refusé, reste l'entrée «en douce». Voilà pour l'afflux sur la façade maritime de l'UE. Une fois sur place, le droit d'asile n'est reconnu que par le pays qui a accordé sa protection. Résultat : même régularisés, les immigrants restent parqués au Sud. Pour eux comme pour le droit, l'Europe reste un inextricable labyrinthe.

La tension monte dans la «jungle» de Calais

La tension monte dans le plus gros campement de migrants à Calais, surnommé «la jungle», désormais géré par l'ethnie afghane pachtoune, alors que les possibilités de passage en Angleterre sont drastiquement réduites.

Clandestins. La tension monte dans la «jungle» de Calais. La «jungle» ? Un campement de tôles et de bâches dans un bois de la zone industrielle de Calais. Photo AFP

«Une seule personne passe de l'autre côté par semaine, c'est difficile et la police est un gros problème», déplore Malek, 12ans, dans un anglais très approximatif. Il vient d'une petite ville d'Afghanistan, près de Jalalabad avec son cousin Mohammed, 15ans. Arrivés clandestinement à Calais pour passer en Grande-Bretagne, leurs espoirs ont été douchés quand on leur a dit «qu'il faut aujourd'hui près de six mois de tentatives pour passer la Manche contre à peine un mois, il y a un an».
Destruction annoncée par Eric Besson
Tous deux vivent, depuis un mois, dans «la jungle», un campement de tôles et de bâches, dans un bois de la zone industrielle de Calais. Ils viennent de se faire soigner d'une épidémie de gale qui a touché près de 200 migrants. A l'entrée, près d'une fontaine installée récemment, ils surveillent les allées et venues de ceux qui défilent pour remplir bouteilles et jerricans. Tous craignent la destruction des campements d'immigrants du Calaisis, annoncée par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, d'ici la fin de l'année.
Rêve d'une vie grandiose en Grande-Bretagne
Rencontré lors d'une visite inopinée aux douches du Secours catholique, réquisitionnées il y a deux semaines, le préfet du Pas-de-Calais, Pierre de Bousquet de Florian, explique qu'il veut «mettre fin au problème des migrants à Calais en cassant les filières et en essayant d'ouvrir les yeux à ces garçons qui s'imaginent avoir une vie grandiose en Grande-Bretagne». «On travaille à rendre la frontière étanche et, en même temps, nous avons une politique de traitement administratif par ouverture du droit d'asile, retour volontaire et par des renvois contraints», indique-t-il.
«Racket permanent et cour des miracles»
«La jungle ce sont des camps retranchés ethniques (..), syndiqués par des passeurs qui sont des voyous. Selon lui, «là-bas, c'est un racket permanent, une sorte de cour des miracles». A Calais même, il y a ainsi le camp des Palestiniens et des Égyptiens, le squatt des Érythréens.... Jean-Louis Tiesset, patron d'un café à deux pas de la «jungle» pachtoune, est au diapason du préfet. Selon lui, les migrants «deviennent de plus en plus agressifs» et il voit avant tout «un trafic d'êtres humains». De son côté, Sylvie Copyans, de l'association Salam (Soutenons, aidons, luttons, agissons pour les migrants) confirme le «découragement» des migrants devant les difficultés de passage. «Raser la jungle ne servira absolument à rien, c'est ridicule, ils reviendront. Une fois le camp rasé, que feront-ils, mettre un mirador avec des chiens?», s'emporte-t-elle.

Un article du Télégramme de Brest

Deux requérants d’asile recueillent une fugitive

 

© Lydie Mercier | Muryell et Boubacar. Le couple a été remercié par la cheffe de la police et par l’Hospice général.

Le couple a été remercié par la cheffe de la police pour son geste. Un article de Chloé Dethurens dans la Tribune de Genève.

Deux requérants d’asile, résidant au foyer des Tilleuls à Cointrin, sont venus en aide à une femme disparue dans la nature depuis cinq jours. Malgré leur situation précaire – l’un est débouté et la seconde en attente d’une réponse de Berne – les deux jeunes gens ont pris l’infortunée sous leur aile jusqu’à l’arrivée des secours.

Les faits se sont produits début août. Muryell, gabonaise et bénéficiaire d’un permis N, est assise devant l’aérogare et attend le bus. Elle aperçoit alors une femme, pieds nus et noircis par la poussière, vêtue d’une tenue africaine. Celle-ci entre dans le hall puis en ressort «sans cesser de marmonner», décrit Muryell. Visiblement perdue, cette femme âgée d’une trentaine d’années s’adresse alors à la jeune Africaine. «Elle m’a dit qu’elle avait faim. Ses lèvres étaient blanches. Elle regardait sans cesse de gauche à droite.»

Muryell lui propose alors de l’accompagner jusqu’au foyer pour requérants des Tilleuls près de l’aéroport, où elle réside, afin de lui donner quelque chose à manger. En chemin, la jeune femme perçoit les signes d’un comportement étrange. «Elle disait qu’elle avait vu des gens morts à Genève, qu’il y avait des terroristes, qu’elle voulait émigrer en Afrique.»

Affamée et terrorisée

Sur place, Muryell et son ami guinéen Boubacar offrent vêtements, sandales et nourriture à l’infortunée, puis lui lavent son linge. «Cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas pris de douche. Elle était terrorisée et ne tenait pas en place. On n’a trouvé sur elle que sa carte d’identité, une carte bancaire, une carte d’assurance, un maillot de bain et un ticket d’entrée aux Bains des Pâquis.»

N’arrivant pas à la calmer, les deux jeunes gens cherchent sur Internet un lieu d’accueil où emmener leur protégée. Mais vu son état d’anxiété, ils changent d’avis. «Nous n’avons pas le droit d’accueillir des personnes au foyer, nous devions donc agir, raconte Boubacar. Mais nous ne savions pas si elle avait été violée ou peut-être battue… Nous avons donc appelé la police pour voir si elle n’était pas recherchée.»

C’est effectivement le cas. La malheureuse est une patiente de la clinique de Belle-Idée et s’est échappée de l’établissement voilà déjà cinq jours. Dix minutes plus tard, la police arrive au foyer, suivie d’une ambulance. Terrorisée, la fugitive demande à Muryell de l’accompagner à l’hôpital. Celle-ci accepte et fait le trajet en sa compagnie.

Une fois la dame prise en charge, les félicitations ne se font pas attendre, à la très grande surprise des deux requérants. La cheffe de la police Monica Bonfanti et la direction de l’Hospice général adressent même une lettre de remerciements au couple. «Les ambulanciers n’arrêtaient pas de dire merci. Les policiers sont restés pendant trente minutes à discuter avec moi de cet acte qu’ils considéraient comme extraordinaire! Cela nous a fait rire car pour nous, c’est naturel, s’étonne Boubacar. C’est une tradition chez nous de ne pas laisser les gens dans la détresse.»

Une réaction partagée par Muryell: «Au fond de moi, ces réactions me rendent triste car cela montre qu’il n’y a plus d’humanité.» Le responsable du foyer de conclure: «C’est difficile pour eux de rester positif, de faire des projets avec cette peur permanente de recevoir un recommandé de Berne. Quand on voit une personne comme Boubacar, qui est en Suisse depuis huit ans et qui s’implique comme cela, on ne comprend pas la décision qui a été prise le concernant.»

mercredi 26 août 2009

Un client sans-papiers dénoncé par sa banque

Les « interpellations déloyales » pratiquées à la suite d'un piège ne sont plus l'apanage de l'administration mais gagnent les entreprises privées. A l'instar de cette agence de la LCL (ex-Crédit Lyonnais) à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui le 7 août a convoqué Mamadou, Malien de 33 ans en situation irrégulière et client sans histoires depuis huit ans.

A l'occasion d'une demande de renouvellement de carte bleue, le guichetier a soudainement pensé qu'il serait bon de prévenir la police qu'un doute existait sur la validité de ses papiers de Mamdou -dont on taira le nom à sa demande. Des faux, en fait, qui expédient ce dernier en centre de rétention (CRA).

Lire la suite sur Rue89

Togolais libéré après une grève de la faim

Un Togolais libéré à Fribourg après une grève de la faim

LE COURRIER / LA LIBERTÉ
PHILIPPE CASTELLA - MERCREDI 26 AOÛT 2009


C'est en homme libre que Franck Agbekponou s'est endormi lundi, à
l'issue d'une journée qui l'aura fait passer par tous les sentiments.
Incarcéré à la Prison centrale de Fribourg il y a trois semaines en vue
de son renvoi au Togo, ce requérant d'asile débouté avait aussitôt
entamé une grève de la faim. Un mouvement de soutien s'est alors formé
autour du Centre de contacts Suisses-immigrés (CCSI/SOS Racisme) et de
la diaspora togolaise pour réclamer sa libération. Une manifestation a
réuni une huitantaine de personnes dans les rues de Fribourg.

Lundi matin , lorsqu'il a été amené menotté de la Prison centrale aux
locaux de la Police cantonale à Granges-Paccot, il ne pouvait pas
s'imaginer finir la journée en homme libre. On lui explique d'ailleurs
qu'on va l'emmener à l'aéroport en vue de l'exécution de son renvoi.
Après un trajet en fourgon policier jusqu'à Genève, on tente de le
convaincre de monter à bord d'un vol de ligne à destination du Togo via
le Maroc. «Ils ont tout fait pour me pousser à accepter, mais j'ai
refusé d'embarquer dans l'avion», témoigne-t-il.

Devant son refus, la police le ramène à Fribourg dans les locaux du
Service de la population et des migrants (SPoMi), où il est reçu par le
responsable de son dossier. «Là, il me tend un papier où j'ai pu lire
que ma détention est suspendue, raconte-t-il. Je ne l'ai pas cru. Mais
après ça, on m'a enlevé les menottes et laissé partir, libre.»

Une libération qui ne devrait être toutefois qu'un répit. S'il a été
relâché, c'est uniquement pour raison médicale, son état de santé
s'étant détérioré à la suite de sa grève de la faim, justifie Patrick
Pochon, chef du SPoMi. Mais toutes les conditions pour garder la
personne en détention seraient remplies, ajoute-t-il.

La procédure suivie hier est habituelle. Lorsqu'un requérant débouté
refuse de partir sur une base volontaire, le SPoMi organise son
accompagement jusqu'à l'embarquement sur un vol de ligne à destination
de son pays d'origine. «On essaie de mettre la pression maximale pour
que la personne adhère à son renvoi», ne cache pas Patrick Pochon.

Dans le cas de Franck Agbekponou, cela n'a pas suffi. Et comme on ne
peut le forcer à monter dans l'avion, l'étape suivante est, en général,
d'organiser son expulsion sous contrainte dans le cadre d'un vol spécial
affrêté par la Confédération. C'est ce qui devrait se passer pour le
ressortissant togolais. Mais comme les démarches devraient prendre un
certain temps, le SPoMi a jugé que son maintien en détention n'était pas
adapté, eu égard à son état de santé.

Franck Agbekponou est conscient qu'il ne s'agit probablement que d'un
répit. «Je suis heureux d'être libre, mais je ne pense pas que je sois
au bout du tunnel», confie-t-il. De la même manière que sa détention a
été suspendue, il va suspendre sa grève de la faim qui dure depuis trois
semaines. Mais il se dit prêt à recommencer si on le remet en prison et
de la mener «jusqu'au bout, jusqu'à la mort».

En attendant, il va poursuivre le combat sur le plan juridique. Son cas
fait déjà l'objet d'un recours auprès de la Cour européenne des droits
de l'homme et d'un autre auprès du Tribunal fédéral contre sa détention
administrative. Son avocat prépare aussi une demande de réexamen du
dossier, en s'appuyant notamment sur le fait que le battage médiatique
autour de son arrestation a eu des échos jusqu'au Togo, rendant plus
problématique encore son retour, indique Lionel Roche, du CCSI.

Du côté du Centre de contacts, on est passé hier de l'inquiétude à la
joie. Alertés dans la matinée que l'expulsion de Franck Agbekponou était
en cours, des militants du CCSI et des membres de la diaspora togolaise
se sont aussitôt rendus à l'aéroport de Genève pour manifester,
banderoles à l'appui, et tenter de bloquer la manoeuvre.

«On a le sentiment d'avoir remporté une victoire, en tout cas
provisoirement », commente Philippe Blanc, du CCSI. Pour lui, pas de
doute que c'est la grève de la faim et la mobilisation orchestrée qui
ont conduit à la libération du Togolais.

mardi 25 août 2009

Le prêtre rebelle

Italie: la loi "Sécurité" qui fait de la clandestinité un délit pénal est en application depuis le 8 août.

Une dizaine de clandestins ont déjà été arrêtes. Près de Naples, un prêtre défend néanmoins les immigrés et s'oppose à cette loi à sa manière.

Voir ce reportage du 19:30 de la TSR

Eveline Widmer-Schlumpf aimerait remplacer le système des NEM

Les expériences réalisées ces dernières années montrent que la procédure dite des NEM engendre souvent un volume de travail équivalent à celui de la procédure d'asile normale, font valoir les services de Mme Widmer Schlumpf.

Dans de nombreux cas, l'effet dissuasif escompté n'a en outre pas été obtenu. Cette observation vaut surtout pour les NEM liées à un manque de documents de voyage ou de pièces d'identité.

Troisième argument: la procédure de non-entrée en matière ne se distingue plus de la procédure normale en ce qui concerne l'aide sociale. Cette dernière est désormais refusée aussi bien aux NEM qu'aux requérants déboutés.

D'où l'idée de recourir plutôt à une procédure normale accélérée. Mais cela impliquerait un changement fondamental de système et d'importantes modifications législatives. La commission d'experts examinera les répercussions juridiques, pratiques et financières, pour la Confédération et les cantons, d'une telle réforme.

La commission sera formée de représentants des autorités fédérales, des cantons et des oeuvres d'entraide, auxquels se joindront des experts juridiques. La première séance est agendée en septembre.

24 Heures et ATS

Bons et mauvais sans-papiers

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-08-24-Italie

En Italie, bons et mauvais sans-papiers

Une loi, l’une des plus restrictives d’Europe, entrée en vigueur le 8 août 2009 en Italie, considère l’immigration clandestine comme un délit. Toutefois, face à la demande croissante d’aides-ménagères – les colf en italien – et de gardes-malades – badanti – pour prendre soin des personnes âgées, le gouvernement a dû céder à la pression des familles, très souvent de la bonne bourgeoisie, effrayées à l’idée de perdre leurs domestiques. L’Etat a donc décidé de régulariser, du 1er au 30 septembre, trois cent cinquante mille à quatre cent mille étrangers en situation irrégulière, travaillant depuis au moins trois mois – en général des jeunes femmes venues des pays de l’Est. « La société en a besoin », estime M. Carlo Giovarnardi, secrétaire d’Etat à la famille… Les employeurs devront verser une « amende libératoire » de 500 euros, avoir un certificat médical justifiant l’emploi d’une aide-soignante, ainsi qu’un revenu conséquent (20 000 euros par an).

Pour les sans-papiers exclus de cette opération « humanitaire », la chasse à l’homme se poursuit.

La polémique sur cette ligne dure adoptée par le gouvernement de M. Silvio Berlusconi a rebondi le 21 août, au lendemain du sauvetage, au large de l’île italienne de Lampedusa, de cinq Erythréens. Ceux-ci ont raconté que soixante-treize de leurs compagnons de voyage ont péri pendant la traversée depuis la Libye. Leurs corps auraient été jetés à la mer. Des recherches sont en cours pour tenter de les récupérer.

Caroline Lyras

Immigration: propositions de l'UE en septembre (présidence suédoise)


24.08.09 | 18h13

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L'Union européenne va présenter de nouvelles propositions sur la politique de l'immigration en septembre, a déclaré le ministre suédois de l'Immigration lundi, alors que les drames impliquant des réfugiés se multiplient en Méditerranée.

Ces propositions, confiées au commissaire à la Justice Jacques Barrot en charge de ces dossiers, concerneront la politique dite de "réinstallation", visant le transfert de réfugiés accueillis en Méditerranée dans d'autres pays européens, ainsi qu'une politique d'asile plus efficace, a indiqué à l'AFP le ministre suédois de l'Immigration, Tobias Billström.

La possible application de ces propositions se fera sur la base du volontariat des pays membres, a-t-il précisé.

"Le projet sur la réinstallation doit être présenté en septembre par le vice-président de la Commission, Jacques Barrot", a dit M. Billström, dont le pays occupe la présidence de l'UE depuis le 1er juillet.

Concernant la réforme de la politique d'asile, qui a pour objectif l'établissement de quotas d'accueil de réfugiés dans les pays européens, "nous attendons une proposition de la Commission en septembre également", a ajouté M. Billström.

Plus de 67.000 personnes ont traversé la Méditerranée en 2008 pour tenter d'entrer en Europe, selon le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés, des traversées souvent effectuées par des passeurs dans des conditions très précaires et lors desquelles les naufrages et les noyades sont nombreux.

La semaine dernière, cinq clandestins, recueillis au large de l'île italienne de Lampedusa, ont raconté que 73 de leurs compagnons de voyage érythréens avaient péri pendant la traversée depuis la Libye.

L'Italie, Malte, l'Espagne ou la Grèce ne veulent pas être seules à faire face au problème, et la Commission européenne cherche des solutions pour "partager le fardeau", selon les termes de M. Barrot, de l'accueil des réfugiés traversant la Méditerranée, le plus souvent via la Turquie ou la Libye.

Le rôle de la Commission est de coordonner la politique d'immigration et des frontières revenant à chacun des 27 Etats membres, a souligné un de ses porte-parole à Bruxelles.

"Nous sommes bien conscients des difficultés extrêmes et des problèmes auxquels font face plusieurs pays méditerranéens, et du besoin de mieux partager le fardeau au niveau européen", a déclaré à l'AFP Dennis Abbott.

"Il s'agit de trouver le bon équilibre, mais nous parlons de compétences nationales", a-t-il dit, soulignant que les directives à Bruxelles n'étaient pas la seule façon de régler le problème.

Une source européenne a néanmoins souligné que dans des pays d'Europe du Nord, l'immigration et l'asile ne sont pas des problèmes majeurs et que ces pays ne sont pas disposés à accepter des règles d'immigration plus contraignantes.

lundi 24 août 2009

Critiques contre la politique migratoire de Berlusconi

La mort en mer de 73 clandestins ravive les critiques contre la politique migratoire de Silvio Berlusconi


LE MONDE | 22.08.09 | 14h14 • Mis à jour le 22.08.09 | 14h14
Rome Correspondant

La déshydratation, la fatigue, le soleil de plomb du jour et le froid de la nuit ne leur ont laissé aucune chance : 73 candidats à l'immigration, tous érythréens, partis de Tripoli, en Libye, le 28 juillet, sur une embarcation, ne sont pas arrivés au bout de leur traversée du canal de Sicile.

Faute de carburant suffisant, leur esquif (un Zodiac de 12 mètres) a dérivé pendant plus de vingt jours. Seuls cinq survivants, dans un état grave, ont rejoint, jeudi 20 août, les côtes de l'île de Lampedusa. "Nous avons jeté les cadavres par-dessus bord, a raconté l'un d'eux, Habeton, 18 ans. Nous avons croisé au moins dix navires, seul un bateau de pêcheurs s'est arrêté pour nous donner des vivres et de l'eau."

Les circonstances de cette tragédie - l'une des plus graves depuis la disparition de 300 personnes à Noël 1996 - ont été jugées "alarmantes" par Laura Boldrini, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). "Tout se passe comme si la peur prévalait sur le devoir de porter assistance en mer", a-t-elle déclaré. "Quand on pense que le canal de Sicile est totalement surveillé, cela veut dire que ce bateau a été abandonné à son destin", accuse Christopher Hein, responsable du conseil italien pour les réfugiés.

Le quotidien de la Conférence des évêques italiens, Avvenire, dénonce "la loi du non-voir", et ose un parallèle avec les convois de déportés organisés par les nazis : "Quand, aujourd'hui, nous lisons les récits sur les déportations des juifs sous le nazisme, nous nous demandons : ces convois plombés, les voix, les cris dans les gares de transit, personne ne les voyait ou ne les entendait ? A l'époque, c'était le totalitarisme et la terreur qui faisaient fermer les yeux. Aujourd'hui, non. Une indifférence tranquille, résignée, peut-être même une aversion gênée..."

A ces prises de positions morales s'ajoute la polémique politique. Pour l'opposition, ce drame et l'absence de secours sont des conséquences du durcissement de l'arsenal législatif contre l'immigration clandestine, devenue un délit. "Une chose est de lutter contre, une autre est le manque de respect des droits de l'homme", a déclaré Dario Franceschini, secrétaire du Parti démocrate (gauche), qui demande au gouvernement d'apporter des "éclaircissements au Parlement".

"C'est une énième tragédie annoncée, une tragédie qui pèse sur les épaules de notre pays ", a commenté Leoluca Orlando, porte-parole du parti l'Italie des valeurs.

Confrontée à la hausse des débarquements de clandestins sur ses côtes (36 952 en 2008), l'Italie a signé, dans le cadre d'un traité d'amitié avec la Libye, d'où partent presque la totalité des embarcations d'immigrés, un accord, entré en vigueur le 1er mai, qui permet à Rome de rapatrier les clandestins avant même qu'ils n'accostent sur le sol de la Péninsule pour faire valoir une demande d'asile.

SEULS SEPT CORPS REPÉRÉS

Cette mesure, dénoncée par les associations humanitaires, le HCR, l'Eglise italienne, le Vatican, a eu un effet immédiat : en mai et juin, seules 1 116 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes, soit 9 000 de moins qu'en 2008 sur la même période.

Montré du doigt, le gouvernement de Silvio Berlusconi - le chef du gouvernement doit se rendre en Libye le 30 août - met en doute le récit des survivants tel qu'il a été publié dans la presse. Roberto Maroni, le ministre de l'intérieur, a demandé une enquête au préfet d'Agrigente (Sicile), "afin de savoir comment se sont déroulés les faits". Le ministère de l'intérieur s'étonne notamment qu'aucune patrouille aérienne ou maritime n'ait signalé, ces jours derniers, de cadavres dérivant dans cette zone.

Les autorités maltaises ont annoncé seulement jeudi que sept corps avaient été repérés à la limite des eaux territoriales libyennes. Ils n'ont pas été repêchés.

Philippe Ridet
Article paru dans l'édition du 23.08.09

samedi 22 août 2009

Abandonnés à leur sort, les clandestins agonisent et meurent en pleine mer

Septante-trois Erythréens ont agonisé et péri sur leur embarcation sans que personne ne vienne à leur secours. Un article d’Ariel F. Dumont dans 24 Heures.

La Croix-Rouge italienne apporte les premiers secours à l’un des cinq Erythréens ayant survécu au périple. AFP 

Ils ne sont que cinq survivants. Leur témoignage est bouleversant. Pendant trois semaines, une embarcation avec, à son bord, 78 Erythréens a dérivé entre Malte, l’Italie et la Libye. Personne n’est venu à leur aide. Les candidats à l’immigration ont agonisé et péri dans l’indifférence.

«Au loin, nous avons aperçu à plusieurs reprises les feux de quelques bateaux, des grands et des petits, mais personne ne s’est arrêté pour nous aider. Nous avons attendu que quelqu’un nous tende la main, nous lance une échelle pour échapper à l’enfer. On nous a seulement donné un peu de pain, de nourriture et quelques bouteilles d’eau», raconte l’un des survivants.

La première à mourir avait 20 ans et «les yeux ouverts sur la mer qui l’a engloutie lorsque nous avons dû jeter son corps par-dessus bord», explique la seule femme à avoir survécu. Puis un autre et un autre encore. Au total, 73 personnes seraient mortes par manque de nourriture et, surtout, d’aide.

C’est d’ailleurs ce dernier point qui suscite une polémique sévère en Italie. Comment expliquer le fait, s’interrogent les secouristes à Lampedusa, qu’aucun bateau n’ait aperçu l’embarcation qui dansait à la dérive? «C’est comme si la peur prévalait sur le devoir de porter assistance en mer», a déjà répondu Laura Boldrini, porte-parole pour le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies.

Dérive xénophobe

«L’Occident a fermé les yeux, personne n’a voulu voir le bateau des clandestins comme personne n’a voulu voir les wagons plombés remplis de Juifs par les nazis», a tonné Mgr Bruno Schettino, président de la Commission épiscopale pour les migrants. Tandis que les autorités italiennes tentent de récupérer les corps des 73 Erythréens jetés en pleine mer, à Rome, le ton se durcit. D’abord en raison des déclarations de la Ligue du Nord, le parti xénophobe et populiste qui prêche l’intolérance face aux immigrés. Tout en demandant l’ouverture d’une enquête, Roberto Maroni, membre de la Ligue du Nord, ministre de l’Intérieur et numéro 2 du parti, a laissé entendre que la version des cinq survivants pourrait être inexacte.

«Si les survivants ont dit la vérité, il va falloir se demander ce qu’il s’est passé», a déclaré, de son côté, Dario Franceschini, secrétaire du Parti démocrate.

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vendredi 21 août 2009

Nouveau drame de l’immigration clandestine à Lampedusa

“Ceux qui les ont rencontrés ne les ont pas secourus alors que eux ils affirment avoir croisé plusieurs bateaux. Porter secours est un principe fondamental du droit maritime. Cela veut dire que la peur ou l’indifférence sont plus forts que le droit maritime. C’est comme si ces immigrés étaient des bouteilles jetables”.

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jeudi 20 août 2009

[Lybie] La galère des sans-papiers africains

La galère des sans-papiers africains en Libye


LE COURRIER - Paru le Jeudi 20 Août 2009 - CHARLES NFORGANG

REPORTAGE - Regroupés dans des centres de rétention, les sans-papiers interpellés en Libye sont durement traités. Ceux qui échappent à la police vivent dans la peur de l'expulsion.

Malgré les discours de Mouammar Kadhafi sur l'unité des peuples africains, les sans-papiers subsahariens de Libye vivent les mêmes tracas que leurs homologues en Europe. Un Camerounais de 28 ans, qui y était entré illégalement en 2007, l'a appris à ses dépens. «Un jour d'octobre 2007, je rentrais du boulot en compagnie de deux amis maliens et d'un Congolais quand le taxi qui nous ramenait à la maison a été interpellé par la police de Sabha. Nous avons été immédiatement embarqués tous les quatre vers le camp de rétention des sans-papiers de cette ville (située au sud de Tripoli, ndlr)», explique-t-il.

Dure détention ou liberté surveillée

Près de vingt-deux mois plus tard, fin juillet, il était encore interné en Libye, cette fois au camp de Zawiya, près de Tripoli. C'était son septième camp, après être passé comme la plupart des centaines d'Africains retenus ici, dans six autres structures du même genre. On y retrouve principalement des ressortissants des pays d'Afrique de l'Ouest, dont de nombreux Nigérians, et quelques représentants d'Afrique centrale – Camerounais et Congolais de RDC et du Congo Brazzaville. «Depuis le début de l'année, le nombre de sans-papiers est en baisse, car les contrôles ont été fortement renforcés dans la Méditerranée. Plusieurs d'entre eux sont donc retournés dans leurs pays», soutient, sous couvert d'anonymat, un fonctionnaire libyen d'un service de l'immigration. Selon lui, tous les clandestins cherchent à gagner l'Europe. Faux, rétorquent certains détenus à qui on prête souvent cet objectif une fois interpellés et qui soutiennent avoir choisi la Libye pour la valeur de sa monnaie et ses facilités d'emploi.

Les prisonniers sont généralement libérés sur présentation d'un ticket de transport retour, payé par leur famille ou leur pays d'origine, et conduits manu militari à l'aéroport. «Les durées de rétention étaient beaucoup moins longues jusqu'en 2007, car le gouvernement libyen les transportait systématiquement à ses frais dans leurs pays après identification. Leur nombre étant de plus en plus élevé, il laisse désormais cette tâche aux détenus eux-mêmes ou à leurs gouvernements», explique le fonctionnaire qui regrette que la plupart des pays concernés ne mettent pas toujours la main à la poche.

Le gouvernement libyen a ainsi été obligé de transporter jusqu'au Cameroun, fin juillet dernier, vingt-deux Camerounais retenus en Libye depuis près de deux ans pour certains. Selon ce même agent, les personnes en attente d'expulsion seraient bien logées, nourries et soignées. Un avis contesté par un de ces Camerounais, qui a séjourné là pendant vingt mois, avant sa libération: «Nous mangeons certes, mais pas à notre faim et les quelques médicaments et vêtements que nous recevons nous sont offerts par le président de la communauté camerounaise ici. Les Ghanéens, Nigérians, Zambiens et autres sont appuyés par leurs ambassades.» Il en veut pour preuve le décès, en décembre 2008, de Didier Nyamsi, l'un de ses compatriotes, des suites d'une maladie non diagnostiquée, après un an de rétention. Les sans-papiers en liberté ne sont guère mieux lotis. Tous vivent dans la peur permanente d'une arrestation. Dès qu'un car de police s'arrête près d'eux, ils s'éloignent.

«Je vis ici clandestinement depuis six ans et je n'ai jamais été interpellé. Mais je reste conscient que je peux être pris à n'importe quel moment», explique un Ivoirien qui gagne sa vie comme maçon. Comme lui, des Subsahariens, résidents illégaux, sont recrutés dans les secteurs du ramassage d'ordures, de la chaudronnerie, de la peinture ou de la menuiserie, des métiers jugés dévalorisants et donc délaissés par les Libyens.

Alpha, un charpentier ivoirien, a ainsi formé quelques Camerounais, Nigériens et Nigérians, qui l'assistent désormais dans ses travaux. «Notre véritable problème, c'est la peur de l'arrestation, de l'internement dans un camp et de l'expulsion. Sinon, la Libye est un pays en chantier qui ne manque pas de jobs bien rémunérés», assure Hervé, un travailleur. D'autres clandestins africains, avides de gains faciles, servent de rabatteurs aux prostituées des maisons closes ou deviennent escrocs.

Faux papiers et vrais risques

Pour déjouer (provisoirement) la vigilance de la police, les clandestins se font fabriquer de fausses pièces d'identité. Ainsi, il n'est pas rare de trouver un Nigérian avec un passeport malien. «Changer de nationalité est un jeu d'enfant. Il suffit de récupérer un passeport, de remplacer sa photo par la tienne et le tour est joué», assure un Nigérian de 22 ans, spécialiste en faux papiers comme d'autres Africains qui opèrent en réseau. En 2008, la famille d'un Camerounais décédé, qui voulait rapatrier son corps au pays, a eu la surprise d'apprendre que celui-ci était devenu... Ghanéen. Il s'était fait établir une fausse pièce d'identité afin d'obtenir un permis de séjour.

La plupart des «clandestins» de Libye n'ont cependant aucun document officiel permettant de les identifier. Ils affirment les avoir perdus au cours du trajet qui les a conduits jusque dans ce pays. Sans existence légale, ils risquent à tout moment l'arrestation, l'internement en camp de rétention et l'expulsion. Les moins chanceux, eux, ne voient jamais la Libye. Ils perdent la vie en traversant le désert, aux portes de ce pays qu'il croyait accueillant.

INFOSUD/SYFIA INTERNATIONAL

mercredi 19 août 2009

Mirta Palma: demande de permis humanitaire

La sans-papiers fauchée sur le trottoir de Bel-Air en juin dernier doit toujours quitter la Suisse le 15 septembre.

Mirta Palma a été contrôlée par la police après avoir été gravement fauchée sur un trottoir. Sans papiers, elle doit bientôt quitter le pays. Photo Chris Blaser Près de deux mois après l’accident qui lui a fracassé la cheville sur un trottoir de Bel-Air, Mirta Palma a toujours de la peine à se mouvoir. Et son avenir en Suisse n’est de loin pas assuré, puisqu’elle est censée quitter le pays le 15 septembre prochain. Mais la mobilisation s’organise. «Nous allons déposer une demande de permis humanitaire», confie Jean-Michel Dolivo, membre du Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers.

La demande sera déposée le 31 août auprès du canton, qui préavisera positivement ou négativement avant de transmettre le dossier à l’Office des migrations. Jean-Michel Dolivo ne cache pas que les chances d’aboutir sont incertaines, en raison du fait que la famille de Mirta vit toujours en Equateur. «Cette demande est légitimée par la situation d’extrême détresse de ma cliente», estime Jean-Michel Dolivo.

L. A. dans 24 Heures

Solidarité avec Mirta Palma

«Nous sommes avec elle»

«En général, nous restons très tranquilles et discrets», explique un ami équatorien, membre du Collectif vaudois de sans-papiers. «Mais, là, nous allons nous battre pour que Mirta puisse rester en Suisse. Nous sommes tous avec elle. » Une communauté effectivement discrète. Ils seraient plus de 6000 sans-papiers équatoriens dans le canton. Et solidaires. «On se connaît tous, on s’aide en cas de coup dur», ajoute-t-il. Alors de savoir que Mirta Palma – la blessée de Bel-Air (VD) – qui s’est toujours énormément engagée dans l’association des Equatoriens de Lausanne, est sommée de quitter le pays d’ici au 15 septembre, cela suscite un grand mouvement de sympathie.

Pas d’assurance perte de gain

Son avocat, Jean-Michel Dolivo, explique qu’une plaine pénale vient d’être déposée, afin que sa cliente puisse prétendre à des dédommagements pour les torts qu’elle a subis dans l’accident de Bel-Air, où elle a eu la jambe broyée sous une voiture. Des torts tant physiques que psychiques. Sans parler du manque à gagner. «Car, évidemment, elle n’a pas d’assurance perte de gain!» ironise son avocat, qui rappelle que cela fait sept ans que cette femme de 53 ans fait des ménages chez des particuliers. Des dédommagements qui devraient être pris en compte soit par la RC de la conductrice de la voiture remorquée, soit par celle du dépanneur, selon l’issue de l’enquête.

Dossier délicat

«Nous allons aussi déposer une demande de permis humanitaire courant août», précise Jean-Michel Dolivo. D’ici là, il s’agit de réunir les documents nécessaires. Un dossier d’autant plus difficile à préparer au vu de la situation illégale de Mirta. «On va essayer de prouver ses revenus. Mais, vous imaginez bien, c’est délicat de demander cela à ses employeurs!» Son avocat compte aussi sur les attestations médicales qui décriraient les séquelles physiques potentielles, rendant un retour au pays d’autant plus compromis.

Jean-Michel Dolivo ne le cache pas, le fait que les filles de Mirta Palma sont restées au pays constitue un point négatif pour le dossier. Une crainte confirmée par le chef du Service de la population du canton de Vaud, Henri Rothen. Or, si retourner en Equateur permettrait à cette mère de retrouver ses filles après sept ans de séparation, cela signifierait surtout une situation économique très précaire pour la famille. Depuis ici, Mirta Palma peut envoyer 500 francs par mois pour soutenir ses filles.

Craintes de l’avocat

L’avocat, célèbre défenseur des sans-papiers, semble déterminé à tout entreprendre pour sauver sa cliente. «Je pense qu’on va lancer une pétition. Et on envisage une manifestation de soutien», précise-t-il.

Reste qu’il est conscient du parcours difficile qui les attend, lui et sa cliente: tout d’abord parce que les conditions de l’administration vaudoise sont très sévères, ensuite parce que Berne applique désormais une politique très restrictive.

Des jumelles de 16 ans peuvent rester en Suisse

Zurich samedi18 juillet 2009

Des jumelles de 16 ans peuvent rester en Suisse

Par Catherine Cossy

L’élan de solidarité a atteint son pic en mars dernier. Presque tous les maîtres et les élèves de l’école Lavater, à Zurich, sont présents dans la salle de gym. Ils ont organisé une conférence de presse pour expliquer pourquoi les jumelles Aleksandra et Tijana Comagic, 16 ans, ne doivent pas être expulsées vers la Serbie. La future maire socialiste Corine Mauch et le municipal des Ecoles, le PDC Gerold Lauber, ont envoyé un message de soutien.

Cette mobilisation a porté ses fruits. Jeudi, le Tribunal administratif de Zurich a annoncé qu’il cassait une décision du Conseil d’Etat et autorisait les deux jeunes filles et leur mère à rester en Suisse. Une surprise, après deux ans de procédures balisées de décisions négatives. Car le canton de Zurich est parmi les plus restrictifs en matière de cas de rigueur. Il n’a transmis en quelques années qu’une poignée de demandes à l’Office fédéral des migrations.

Une décision étonnante

La décision du Tribunal administratif est d’autant plus étonnante vu le parcours de la famille Comagic. Les parents arrivent en 1995 de l’ex-Yougoslavie en guerre avec leurs jumelles d’une année et demie. Ils déposent une demande d’asile, qui est rejetée en 2000. Ils rentrent au pays, divorcent, et reviennent en Suisse après avoir épousé chacun un partenaire au passeport helvétique. Les parents continuent toutefois à habiter ensemble. Le père est expulsé en 2004 suite à divers délits.

Bonnes élèves, les jumelles Aleksandra et Tijana, qui ont les deux une place d’apprentissage en vue, ont emporté la partie. Le Tribunal administratif a estimé qu’à 16 ans, elles devaient être considérées comme indépendantes et n’avaient pas à payer pour les erreurs de leurs parents.

mardi 18 août 2009

Diminution importante d'immigrés clandestins en 2009

Le nombre d'immigrants clandestins qui essaient de se rendre en Espagne a baissé de manière significative en 2009 en raison du renforcement des patrouilles côtières et des expulsions, selon des données du ministère espagnol de l'Intérieur publiées récemment.
Au total, 4.457 immigrés illégaux africains sont arrivés sur les côtes espagnoles durant les sept premiers mois de l'année 2009, soit une diminution de 40% par rapport à la même période l'année dernière, ce qui équivaut à un quart du nombre enregistré en 2006.
Selon le ministère de l'Intérieur, les politiques strictes de contrôle aux frontières et les expulsions ont dissuadé plusieurs candidats à l'immigration clandestine.
Les Îles Canaries, archipel situé au nord-ouest des côtes africaines qui sert souvent de porte d'entrée aux immigrés pour pénétrer dans l'Union européenne (UE), ont enregistré une baisse importante du nombre d'immigrés clandestins. Durant les sept premiers mois de cette année, seuls 1.798 immigrés clandestins ont atteint l'archipel, soit une diminution de 63,6% par rapport à l'année dernière.
En avril et en mai derniers, aucun immigré clandestin n'a rejoint les îles Canaries, chose qui n'était pas arrivée depuis 1999.
Certains pays du sud-ouest de l'Europe, dont l'Espagne et l'Italie, figurent parmi les destinations privilégiées des immigrants clandestins africains. Ils effectuent généralement leur départ depuis les côtes de la Mauritanie, du Maroc et de l'Algérie, mais beaucoup périssent en mer à cause du mauvais état des embarcations et des mauvaises conditions climatiques.
Pour lutter contre l'immigration clandestine, l'UE a créé un fonds spécial pour aider l'Espagne, l'Italie et d'autres pays à renforcer leurs patrouilles côtières.
L'Espagne a également signé des contrats avec la Mauritanie et d'autres pays, d'où partent les immigrés clandestins, pour empêcher le départ des embarcations clandestines.
Une fois les immigrés clandestins interceptés, la coopération internationale permet d'effectuer rapidement le travail d'identification et de rapatriement.
Xinhua

lundi 17 août 2009

Venus chercher l’asile, ils aident dans un foyer de jeunes requérants

L’Etablissement d’accueil des migrants évoquait récemment le succès des travaux d’utilité publique réalisés par des requérants à Payerne. Plusieurs programmes d’occupation sont ainsi proposés. Reportage dans un centre d’accueil pour jeunes. Un article de Laure Pingoud dans 24 Heures.

Ammar et Christine Adoudé travaillent à Malley dans un centre ouvert par l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (Evam). Ils préparent le repas pour les requérants d’asile mineurs qui y logent. LAUSANNE, LE 29 JUILLET 2009, photo Philippe Maeder Bacs de légumes, barquettes de mûres, yogourts, pain. Ammar empile des invendus de magasins dans la cuisine du foyer pour les requérants d’asile mineurs.

Ils sont en ce moment 39 jeunes de 14 à 18 ans débarqués de 14 pays différents dans cette maison de Malley, ouverte par l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (Evam), en 2006. Ammar est aussi venu chercher l’asile: cet Erythréen s’est porté volontaire comme médiateur dans le cadre des programmes d’occupation de l’Evam. Vingt heures de travail par mois contre un bonus de 300 francs, ajouté à l’assistance, et l’espoir d’accéder ainsi à un emploi.

A ses côtés, sa collègue Christine Adoudé. Visage rond, démarche chaloupée, cette Togolaise prépare une salade et du riz, beaucoup de riz. «Les Africains, on ne connaît pas tellement les légumes!» rigole-t-elle. Présents depuis 6 h 30 le matin, ils apprêtent le repas de midi, après avoir servi le petit-déjeuner aux jeunes du foyer. D’habitude, les auxiliaires aident aussi les éducateurs à donner des cours aux jeunes. Mais, vacances obligent, la maison tourne au ralenti.

«Nous n’aurions pas pu ouvrir ce foyer sans les médiateurs, relève Pascal Rochat, responsable du site. Ici, il y a deux fois moins d’éducateurs pour deux fois plus de jeunes que dans un foyer traditionnel.» En équipe de deux – une le matin, une le soir –, les médiateurs renforcent les éducateurs, aidant principalement à la cuisine et pour les devoirs. «Ces adultes peuvent aussi cadrer les jeunes en fonction de leur culture.»

«Je souris»

En cette fin de matinée, trois adolescentes révisent leur français en prévision de la rentrée scolaire. Avant l’invasion de tous les jeunes pour midi. Derrière le comptoir, Christine leur sert des assiettes à la mesure de leurs estomacs d’ados. Enjouée. «Ici, c’est le seul endroit où je souris. Je peux être la maman qu’ils ont laissée», confie-t-elle. Joviale avec les jeunes, son visage se durcit lorsqu’elle parle de ce qu’elle vit comme requérante. Avec ces adolescents au parcours parfois difficile, elle a pris le pli en quelques mois. «C’est dur au début: ils essaient. Il faut dire non. Et tout se passe bien.» Ce qui ne l’empêche pas de les bichonner. En témoigne le gros plat de beignets mitonné ce matin-là.

Cet aspect n’est pas toujours facile à gérer pour les éducateurs, qui fixent des règles, des horaires. Craquer en les laissant manger en dehors des repas n’est pas idéal. «Les médiateurs font un travail, mais sont eux-mêmes requérants, ils ont une situation délicate. Cela demande un encadrement», remarque Yvan Perrier, l’éducateur chargé des relations avec les médiateurs. Pas facile parfois, mais enrichissant. «Il y a une complicité qui se crée avec les jeunes. Et cela apporte beaucoup aux médiateurs: une activité, de la confiance, de l’expérience.»

Janet, requérante d’asile, a choisi d'aider les jeunes du foyer. Au réfectoire, Ammar et Christine ont fini de ranger. Ils vont être remplacés par le duo suivant. Janet arrive, en s’excusant de son retard. Sourire dynamique, cette Angolaise de 30 ans, maman de quatre grands enfants, a commencé il y a un mois. «Tant qu’on n’a pas de travail, on aide les gens.»

Un tremplin pour l’emploi

Cuisine, bâtiment, accompagnement social, traduction, aide dans les centres de l’Evam, travaux d’utilité publique, quelque 180 migrants – des requérants d’asile en procédure aux personnes admises provisoirement, en passant par les réfugiés et déboutés en Suisse depuis plus de trois ans – participent à une douzaine de programmes d’occupation. La plupart ont lieu à l’interne, au service de l’Evam. Mais quelques-uns sont effectués pour la collectivité, comme la participation au travail de la voirie de Payerne ou le nettoyage dans les bus TL. Un succès aux yeux de l’organisme d’aide aux migrants, qui aimerait d’ailleurs en proposer davantage pour répondre à la demande des requérants.

Aux TL, on trouve le bilan positif. «C’est une prestation qu’on ne pourrait pas assumer au sein de l’entreprise, explique Michelle Bohin, porte-parole. Nous devons être attentifs à l’intégration des requérants, qui n’ont pas la même culture. Cela demande une plus grande ouverture. Mais nous sommes heureux de participer à leur insertion. Pour certains, cela a été un tremplin: ils ont pu ensuite trouver d’autres engagements.» Selon l’Evam, une douzaine ont obtenu du travail cette année après avoir suivi un programme.

Cette activité leur rapporte une indemnité de 300 francs au maximum. Est-ce défendable par rapport à l’économie privée? L’Evam admet que la critique lui en est faite. «Mais ce n’est pas un travail, car ces personnes sont assistées. C’est une première expérience pour avoir la possibilité de trouver un emploi», réagit Emmanuelle Marendaz Colle, porte-parole de l’Evam.

vendredi 14 août 2009

La police danoise s'empare de 19 demandeurs d'asile irakiens réfugiés dans une église

LE MONDE | 14.08.09 | 14h46 • Mis à jour le 14.08.09 | 14h46

L'arrestation, dans la nuit du 12 au 13 août, de dix-neuf demandeurs d'asile irakiens réfugiés depuis mai 2009 dans l'église Brorson, à Copenhague, divise les Danois : 54 % d'entre eux estiment, selon un sondage de la radio danoise, que l'action de la police, jugée violente par de nombreux témoins, était légitime et normale. Mais 12 000 manifestants ont défilé calmement, jeudi soir, dans la capitale danoise pour condamner l'action des autorités considérée comme "non danoise" par plusieurs responsables politiques de l'opposition de gauche.

Il était environ 1 h 30 du matin lorsque de nombreux policiers sont entrés en force dans l'église Brorson. Ils étaient venus pour arrêter une vingtaine de jeunes hommes irakiens, et non des familles qui se trouvaient aussi sur place. Des sympathisants danois qui soutenaient depuis mai les Irakiens ont tenté de s'opposer, à l'intérieur de l'église puis à l'extérieur, aux policiers. Prévenus par SMS, ils ont été de plus en plus nombreux à venir pour stopper la violation du sanctuaire. Cinq militants ont été appréhendés tandis que les Irakiens arrêtés étaient emmenés vers une destination secrète.

Leur sort demeure incertain. "Les autorités irakiennes ne veulent accepter que trois des dix-neuf demandeurs d'asile", a déclaré le commissaire Hans-Viggo Jensen, chef du département étrangers de la police danoise. La raison en est que l'identité des autres ne peut être certifiée. Une délégation irakienne qui doit venir la semaine prochaine - "un simple hasard" de calendrier, selon la police - travaillera à l'établissement de leur identité. Depuis mai, une soixantaine d'Irakiens s'étaient réfugiés dans cette église. "Je suis un ancien milicien du parti Baas qui a combattu contre les Kurdes. Si je suis renvoyé chez moi à Kirkouk, je serai tué", avait expliqué au Monde, en juin, Hazhar Gaaf, au Danemark depuis neuf ans.

ACCORD AVEC BAGDAD

Le gouvernement de droite danois, soutenu par l'extrême droite, avait décidé, au printemps, de renvoyer 282 demandeurs d'asile irakiens. Le 13 mai, le Danemark avait signé un accord avec l'Irak permettant le renvoi de demandeurs d'asile expulsables.

Après cela, des dizaines d'Irakiens, parmi lesquels de nombreuses familles, avaient cherché refuge dans l'église. Selon Mone Rosenberg, du réseau Eglise asile, "le gouvernement danois veut continuer à montrer que le Danemark n'est pas un pays où les étrangers sont les bienvenus". De nombreux Danois s'inquiètent de fait de décisions européennes en faveur de la réunification familiale ou de l'accueil d'immigrés arrivés par la mer, et qui leur donnent à croire que l'Union européenne (UE) veut les obliger à accepter plus d'étrangers.

Sur les 282 Irakiens qui devaient être expulsés depuis ce printemps, la moitié a été renvoyée en Irak, selon la police. La plupart de ceux qui ont disparu ont probablement tenté leur chance en Norvège, en Suède et en Allemagne.

Vendredi, le quotidien danois Politiken a cité Andrew Harper, le responsable pour l'Irak de l'agence de l'ONU pour les réfugiés, disant que le Danemark montrait "le mauvais exemple" aux pays voisins de l'Irak et que cette expulsion de force ne faisait que "compliquer la tâche du gouvernement irakien".

Olivier Truc
Article paru dans l'édition du 15.08.09

Réfugiés à 15 ans, de l’Afghanistan à Rome

7 800 mineurs étrangers non accompagnés sont arrivés en Italie en 2006 - ici, la Pyramide de Cestius, lieu de rencontre pour les Afghans à Rome (flickr.com/photos/lessio/)L’histoire commence en décembre 2008 dans l’autobus 175 : «Personne ne voulait s’asseoir à côté d’eux parce qu’ils étaient sales, étrangers, différents. Les gens murmuraient ‘ah, ces assassins de Roumains’, raconte Carlotta, mais ils n’étaient pas roumains. Ils étaient Afghans. C’est facile de juger les personnes par catégories, les catégories tuent les personnes. Et le racisme se situe dans ce ‘slip of the tongue’, ‘la langue qui glisse’, comme disent les Anglais. Un lapsus. Et on est raciste d’un seul coup, sans s’en apercevoir, prenant un Roumain pour un Afghan, un mineur pour un tueur, une personne dans le besoin pour un danger. Moi, leur sourire m’a frappé. Ils étaient arrivés le soir même, à pied, la nuit. Je les ai pris avec moi, mais tout ne s’est pas passé comme je pensais …»

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De nouveaux fonctionnaires pour l'asile

Les postes des personnes engagées par l'Etat pour gérer les questions liées aux requérants d'asile n'apparaissent pas à l'organigramme de l'Etat. Cette situation devrait changer l'an prochain, si les députés en acceptent le principe. Un article de Jean-Yves Gabbud.

L'an prochain, l'administration cantonale pourrait compter entre soixante et huitante fonctionnaires supplémentaires, si le Grand Conseil en accepte le principe lors de sa session de septembre. Il s'agit du personnel chargé du secteur de l'asile. Ces engagements n'auront pas de conséquences financières pour les caisses cantonales, car ces personnes travaillent déjà pour le compte de l'Etat, mais avec des contrats de droit privé.

Actuellement, le personnel actif dans le secteur de l'asile ne figure pas totalement dans l'organigramme de l'Etat. Depuis 1996, l'Office de l'aide sociale peut, par exemple, engager le personnel encadrant les requérants d'asile sous contrat de droit privé. En clair, ces personnes ne jouissent pas du statut de fonctionnaires. La raison est simple. Elle est donnée dans le rapport du groupe de travail mis sur pied par le Conseil d'Etat pour traiter de l'organisation du secteur de l'asile. «La fluctuation rapide du nombre de requérants demande une adaptation correspondante de l'effectif du personnel. Cette flexibilité est peu compatible avec le statut de la fonction publique qui est organisée sur un principe de stabilité et des procédures d'engagement et de cessation des rapports de service relativement lourde.»

La Commission de gestion du Grand Conseil ne souhaite plus que l'Etat fonctionne de cette manière. Raison pour laquelle elle approuve l'idée du groupe de travail qui propose d'engager les personnes concernées comme des fonctionnaires ou des auxiliaires. Le statut des auxiliaires permettant de répondre aux fluctuations du nombre de requérants. La Commission de gestion a accepté cette idée à l'unanimité.

Lu dans le Nouvelliste

jeudi 13 août 2009

Véa, 4 ans et demi, mineure en rétention parmi d’autres

Sans-papiers . Les arrestations de familles avec enfants explosent.

WILLY LE DEVIN - SOCIETE - 13/08/2009
http://www.liberation.fr/societe/0101585018-vea-4-ans-et-demi-mineure-en-retention-parmi-d-autres

La petite Véa, née en France il y a quatre ans et demi, a tout compris. «On est perdu», dit-elle à ses parents, le 30 juillet, au sortir de l'audience du tribunal administratif d'Aix-en-Provence qui confirme le placement en centre de rétention de cette famille sans papiers originaire des Philippines. Deux jours plus tôt, les époux Santos et leur petite fille étaient arrêtés à leur domicile cannois. «Ils sont victimes du durcissement de la politique d'interpellation des sans-papiers décidé dans les Alpes-maritimes depuis la nomination du préfet Francis Lamy, le 31 octobre 2008, explique Thérésa, militante du Réseau éducation sans frontière (RESF). Beaucoup de Philippins travaillent comme charpentiers maritimes sur les bateaux des milliardaires à Monaco ou à Nice. Ils n'ont jamais fait de bruit et la police les laissait tranquille avant l'arrivée de Francis Lamy».

Résidents en France depuis une petite décennie, les Santos travaillent, parlent le français, et avaient inscrit leur fille pour la rentrée à l'Institution catholique Stanislas de Cannes. Désormais, ils attendent au centre de rétention administrative du Canet, leur expulsion est prévue demain matin à 6 h 35. Ce cas est emblématique de la multiplication des placements en rétention de familles avec mineurs. Avant-hier, la Ligue des droits de l'homme (LDH) a adressé une lettre ouverte à Eric Besson, le ministre de l'Immigration, afin de réclamer la libération des sans-papiers retenus avec des enfants. Son président d'honneur, Michel Tubiana, souligne «que le gouvernement français par cette politique répressive ne respecte pas les textes de la Convention internationale des droits de l'enfant. De ce fait, la LDH saisira dès le mois de septembre les instances européennes appropriées dans l'espoir d'un rappel à l'ordre public». Eric Besson s'est fendu tard hier d'un communiqué indiquant qu'en vertu des articles 8 et 9-1 de la Convention de New York sur le droit des enfants «l'intérêt supérieur du mineur est bien de ne pas être séparé de ses parents, y compris au sein de centres de rétention, qui, par ailleurs, sont aménagés pour l'accueil des familles.»

Dans le même temps, on apprenait qu'un bébé de 13 mois né en France et ses parents moldaves en situation irrégulière venaient d'être placés en rétention administrative à Toulouse.

La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf en visite dans les centres d'enregistrement et de procédure

Berne, 13.08.2009 - La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf était aujourd'hui au centre d'enregistrement et de procédure (CEP) de Chiasso. Cette visite était aussi pour elle l'occasion de rencontrer des représentants du canton du Tessin ainsi que des communes de Chiasso et Vacallo pour un échange de vues. Mardi déjà, elle s'était rendue au CEP de Kreuzlingen ainsi qu'au centre de transit (CT) d'Altstätten et avait rencontré des représentants de ces deux communes.

cep suisseCes visites avaient pour objet de permettre à la conseillère fédérale de se faire une idée de la situation dans les deux CEP ainsi qu'au CT d'Altstätten. De plus, Madame Widmer-Schlumpf a informé les collaborateurs de ces centres sur l'optimisation des processus actuellement en cours à l'Office fédéral des migrations (ODM).

Durant sa visite au CEP de Chiasso, la conseillère fédérale a participé à un échange de vues avec la conseillère d'Etat tessinoise Patrizia Pesenti, cheffe du Département des affaires sociales, et le conseiller d'Etat tessinois Luigi Pedrazzini, chef du Département de justice et police, de même qu'avec les autorités communales de Chiasso et Vacallo. En outre, elle a effectué une visite du centre commun de coopération policière et douanière entre la Suisse et l'Italie (CCPD) de Chiasso.

Mardi déjà, la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf s'était rendue au CEP de Kreuzlingen puis au CT d'Altstätten, où elle avait rencontré des représentants de ces deux villes lors d'un échange de vues.

Communiqué officiel sur news.admin.ch

mercredi 12 août 2009

La galère des sans-papiers africains installés en Libye

(De Tripoli) Regroupés dans des centres de rétention, les sans-papiers africains interpellés en Libye sont durement traités. Les clandestins encore en liberté vivent de petits métiers et dans la peur permanente d'une interpellation et d'une expulsion. Un article de Charles Nforgang/Infosud-Syfia.

Malgré les discours de Mouammar Kadhafi sur l'unité des peuples africains, les sans-papiers subsahariens de Libye vivent les mêmes tracas que leurs homologues en Europe.

Un Camerounais de 28 ans, qui y était entré illégalement en 2007, l'a appris à ses dépens :

« Un jour d'octobre 2007, je rentrais du boulot en compagnie de deux amis maliens et d'un Congolais quand le taxi qui nous ramenait à la maison a été interpellé par la police de Sabha [au sud de Tripoli, la capitale, ndlr].

Nous avons été immédiatement embarqués tous les quatre vers le camp de rétention des sans-papiers de cette ville. »

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L'Europe à l'aide de Malte submergée par ses immigrés

Nathalie Vandystadt, à Bruxelles pour Le Figaro


Un immigrant est secouru par les autorités maltaises pendant une patrouille en mer Méditerranée.
Un immigrant est secouru par les autorités maltaises pendant une patrouille en mer Méditerranée. Crédits photo : AFP

Bruxelles va demander aux Vingt-Sept de se montrer solidaires, à l'image de la France, en accueillant sur leur sol des demandeurs d'asile échoués sur les côtes maltaises.

Depuis son entrée dans l'UE en 2004, la petite île méditerranéenne de Malte (400 000 habitants) demande à ses partenaires européens une «répartition du fardeau» que représente l'arrivée croissante, sur ses côtes, de migrants venus en majorité de la Corne de l'Afrique via la Libye. La France avait ouvert la marche le 9 juillet, en réinstallant sur son sol 91 Somaliens, Érythréens, Soudanais, Sri-Lankais et Ivoiriens à qui Malte avait accordé une protection juridique en raison des risques encourus dans leur pays. Paris compterait renouveler ce geste de «solidarité» en 2010 tandis que la Commission va tenter de l'étendre à toute l'Union. Pour mieux atteindre deux objectifs européens distincts : construire un système d'asile commun et lutter contre l'immigration clandestine.

Plus de 2 800 immigrés sont arrivés sur les côtes maltaises en 2008. La Valette a examiné, cette année-là, 2 685 demandes d'asile et a accordé sa protection à 1 410 demandeurs, selon les chiffres de la Commission. À ceux qui, tel l'Autriche, s'inquiètent d'un encouragement donné à l'immigration, le commissaire européen, Jacques Barrot, en charge du dossier rétorque : «Si nous avons cette procédure harmonisée, cela ne créera pas d'appel d'air et permettra d'accueillir seulement ceux qui ont vraiment besoin d'une protection internationale.»

La Valette espère transférer 2 000 personnes

En dépit de ces réticences, Malte n'en espère pas moins un appel d'air et fixe un objectif de 2 000 réfugiés à réinstaller, même si «quelques centaines, ce serait déjà bien».

La Commission a déjà envisagé trois formules. Soit un groupe de pays présente un projet commun, avec un possible État leader et le soutien éventuel d'une organisation internationale, comme le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). Soit un pays décide d'agir seul, à l'instar de la France, mais «s'il s'agit de réinstaller seulement cinq réfugiés dans un État donné, il n'y aura pas d'intérêt à présenter un projet», prévient la Commission en soulignant qu'un pays isolé ne pourrait ne pas être éligible au Fonds européen pour les réfugiés que Bruxelles veut mobiliser. Soit, enfin, les États, seuls ou en groupe, agissent avec le HCR ou l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui toutes deux ont dit vouloir jouer un rôle actif. La France, précise la Commission, avait eu recours à certains services de l'OIM (santé, orientation culturelle, formation linguistique, transports).

Quoi qu'il en soit, Bruxelles ne veut pas perdre de temps : les 27 pays membres de l'Union devront se prononcer mi-septembre, puis un appel à projets sera lancé avant la fin du mois, permettant d'ouvrir la procédure pour les aides à venir.

» Clandestins : quatre pays demandent l'aide de Bruxelles

NE Requérants d'asile transférés à la Ferme Matile




FRÉDÉRIC HAINARD
FRÉDÉRIC HAINARD Le conseiller d'Etat a présenté ce matin à la presse la nouvelle structure d'accueil de Fontainemelon. (Archives Christian Galley)
Les trente-huit requérants d'asile, installés en urgence dans l'abri PC des Gollières aux Hauts-Geneveys en décembre 2008, prennent, ces jours, leurs quartiers à la Ferme Matile à Fontainemelon. D'une capacité totale de 80 places, la Ferme Matile devient le deuxième centre de premier accueil pour requérants du canton de Neuchâtel après celui de Couvet.

«La Ferme Matile offre des conditions d’accueil plus favorables», explique la chancellerie d'Etat ce matin dans un communiqué. «Les résidants sont désormais logés dans de petits dortoirs, ils disposent d’espace pour leurs affaires privées, d’équipements pour préparer leurs repas et ont également la possibilité de suivre des cours durant la journée grâce à un encadrement plus adapté à leurs besoins spécifiques.» Le conseiller d'Etat Frédéric Hainard a présenté ces installations ce matin à la presse.

L'ouverture de l'abri des Gollières s'était faite dans l'urgence pour faire face à la forte augmentation, fin 2008, des arrivées de requérants d'asile en Suisse. Il s'agissait d'une solution provisoire. L'abri PC sera fermé à la fin du mois. Pour le remplacer, le canton de Neuchâtel a conclu un bail de deux ans avec la commune de Fontainemelon pour la location de la Ferme Matile.

En l’état, 36 personnes vivent à la Ferme Matile: 31 venues des Hauts-Geneveys et 5 nouvellement attribuées au canton de Neuchâtel et directement installées dans cette nouvelle structure. Pour le moment, il s’agit d’hommes célibataires mais des familles arriveront ultérieurement, en fonction des attributions au canton.

Avec ses deux centres de Couvet et Fontainemelon, Neuchâtel détient désormais une capacité d'accueil d'environ 160 places. Ils hébergent actuellement 110 personnes en phase de procédure ou de renvoi. «L'Office fédéral des migrations table sur une augmentation, ces prochains mois, du nombre de demandes d'asile déposées. 2,4% de ces demandes seront attribuées au canton de Neuchâtel», souligne Frédéric Hainard. Le chef de l'économie se veut confiant: «Les places d'accueil que nous avons désormais en réserve dans nos deux centres d'accueil nous paraissent suffisantes.» /comm-jbe-ts

Lire également:
"Les requérants arriveront dans un mois"

Dernière mise à jour : 11.08.09 | 15:43

Rencontre avec la population

Le Service des migrations du canton de Neuchâtel organisera prochainement dans les écoles de Fontainemelon une séance d'information sur le thème de l'accueil des requérants dans leur commune. Par ailleurs, dans le courant de l'automne, les habitants seront conviés à des portes ouvertes à la Ferme Matile. /comm

VIDÉO

Interview du conseiller d’Etat Frédéric Hainard qui a visité la Ferme Matile ce matin.

THIERRY SIEGFRIED