lundi 13 novembre 2006

Lettre ouverte à Christoph Blocher

Lettre ouverte à Monsieur Christoph Blocher
Monsieur le Conseiller fédéral,
La presse fait état de propos que vous auriez tenus à l’égard des Africains, lors d’une séance d’une commission du Conseil National, s’agissant de l’aide au développement accordée aux pays africains. J’ose croire que ces propos ne sont pas de vous. Car dans l’hypothèse contraire, je trouverais gravissime un tel dérapage verbal, de la part d’un ministre du gouvernement. Je crois savoir que vous êtes une référence pour un certain nombre de citoyens de ce pays. De ce fait, vos propos peuvent avoir de lourdes conséquences en termes de paix civile.
Dans cette même hypothèse, je me permets de rappeler des faits historiques indéniables, quant à la paresse supposée des Africains et aux causes de la situation économique actuelle de l’Afrique. Vous auriez dit que les Africains sont « paresseux », et dans la même lancée, vous auriez nié la responsabilité des pays colonisateurs et industriels par rapport à la situation économique actuelle de l’Afrique.
Soit ! Monsieur le Conseiller fédéral, je ne me permets pas d’enseigner une histoire
connue, juste la rappeler.
Je rappelle que depuis 1441, des pays comme le Portugal, l’Espagne puis la France ont
pratiqué la traite des Noirs vers l’Europe pour leurs travaux agricoles, dans la construction et dans la domesticité. Vers le milieu du 16ème siècle, la traite avait pris une telle ampleur que 10% de la population de Lisbonne était noire. Je passe outre la période de la présence arabe et le travail des Noirs dans la partie méridionale de l’Europe.
Je rappelle que dès 1503, après la découverte de l’Amérique, jusqu’à la fin du 19ème
siècle, les Européens ont pratiqué la traite des Africains et les ont asservis dans les plantations américaines. Je rappelle qu’après 1713, parmi les actionnaires de la
Compagnie des mers du Sud, société à laquelle l’Angleterre revendit le monopole de la
traite des Noirs, il y avait entre autres, des membres de la famille royale anglaise, Isaac Newton et … le canton de Berne. Cette Compagnie « traitait » 4'800 Noirs par an.
Je rappelle qu’en 1675, l’hôpital de Genève n’acheta qu’un kilo de sucre pour toute
l’année. En 1750, un Genevois consommait entre quatre et cinq kilos de sucre par an.
Cette augmentation de la consommation concerne aussi le café, le cacao, le coton et
l’indigo. Monsieur le Conseiller fédéral, pourriez-vous me dire si vous avez des ancêtres qui plantaient la canne à sucre, travaillaient jour et nuit pour augmenter ainsi la production du sucre, et ravitailler Genève ou d’autres villes européennes ?
Je rappelle que l’Europe, après avoir massacré près de 80 millions d’Amérindiens, a
déporté plus de 25 millions de Noirs vers les Amériques comme main d’oeuvre gratuite
pour les besoins de son économie. Et que sur un Noir arrivant en Amérique, entre cinq et sept Noirs mourraient en route. Multiplions 25 millions (hypothèse la plus basse faute de statistiques) par 5 et non par sept, et vous avez le génocide le plus effroyable que l’humanité ait jamais connu.
Je rappelle que le capitalisme européen est né et s’est nourri du travail des Noirs aux Amériques pendant quatre siècles et plus tard, après l’abolition de l’esclavage, en Afrique pendant un siècle. Ce sont les larmes, le sang et la sueur des Noirs qui produisaient les denrées coloniales dont l’Europe avait besoin. Leur chair était une marchandise. L’essor économique de l’Europe, meurtrie par la peste, tient au commerce négrier. Ce ne sont pas les Africains qui ont recherché l’Europe, ce sont les Européens qui ont profité de l’Afrique.
Monsieur le Conseiller fédéral, voyez-vous à quel point l’Europe est empêtrée dans le crime jusqu’au cou par rapport à l’Afrique ? Après avoir mis en pièces tout un continent, jugez par vous-même, qu’il n’y a aucune grandeur morale de la part de l’Europe de vouloir s’en tirer à moindre frais. Les Africains ont travaillé pour vous comme des Nègres ! Et si aux yeux de certains ils déméritent, ce n’est pas parce qu’ils fainéantisent, mais parce qu’ils sont noirs des pieds jusqu’à la tête, comme l’écrit Montesquieu.
L’Europe est indéfendable et doit répondre de ses crimes vis-à-vis de l’Afrique noire.
« Il ne vaut pas la peine d’investir de l’argent sur le continent africain. » Ici, je suis d’accord avec vous, Monsieur le Conseiller fédéral. Pas parce que les Africains seraient des paresseux. Parce que votre « aide » ne sert pas aux Africains, mais à renforcer les dictatures de vos amis. Non, l’Afrique n’a pas besoin d’argent, elle a soif de liberté. Les Africains veulent que l’Europe leur fiche la paix ! Que les Etats européens cessent leur discours cynique qui veut que les Africains se prennent en main, et dans le même temps soutiennent à coup d’argent et d’armes, souvent à l’insu de leur opinion publique, des régimes que les Européens exècrent sur leur sol. Plus vite vous cesserez de donner votre argent, plus tôt l’Afrique trouvera sa voie. Ceci étant dit, je ne vous conteste nullement le rôle de gardien de l’argent suisse, mais je vous dénie le droit à l’outrage.
Pour terminer, permettez-moi, Monsieur le Conseiller fédéral, de vous demander où en
est le dossier des millions détournés par Monsieur Mobutu, l’ami de la Suisse, et laissés sur des comptes bancaires en Suisse ? Ce retour de l’aide au développement dans des coffres suisses et du produit des matières premières, avec la complicité des officiels suisses, fait le miel de tous sauf des enfants du Congo. Pendant ce temps, leurs parents travaillent dans les mines comme des Nègres, pour un salaire de misère. Les joailliers européens, quant à eux, attendent le fruit du travail de ces malheureux pour soutenir leur activité lucrative.
Monsieur le Conseiller fédéral, comme je ne vous imagine pas tenir les propos irresponsables rendus publics par la presse, je vous prie de montrer que vous êtes correctement informé sur les relations entre la Suisse et l’Afrique.
Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Conseiller fédéral, mes salutations distinguées.
Lausanne, le 20 octobre 2006
Roger Puati, pasteur,
citoyen suisse d’origine congolaise.

Modification en vue de la norme pénale antiracisme

Lire le dossier de swissinfo
Pour Michaël Leupold, directeur de l'Office fédéral de la justice (OFJ), le volet de la norme antiracisme concernant la négation de génocide est formulé de façon trop ouverte...
Commentaire
Cet interview permet de confirmer plusieurs mensonges et manipulations de Christoph Blocher, par exemple Michael Leupold admet qu'il est le seul à étudier la norme antiracisme. Aucun groupe de travail n'a pour le moment travaillé sur ce sujet contrairement à ce que Blocher avait affirmé dans sa célèbre déclaration en Turquie.
Georg Kreis n'a a ce jour jamais été sollicité pour donner son avis.
Enfin, vu que la Suisse a d'ores et déjà signé les conventions internationales relatives à la négation des génocides on se demande bien quelles clarifications supplémentaires un docteur en droit comme Michael Leupold pourrait amener !

Les citoyens de Bex n’ont pas le pouvoir de changer la mission du centre Fareas

Lire l'article de Michel Pont dans 24heures en ligne
Il y a deux manières de récupérer l'intervention de la police cantonale à Bex jeudi soir. Soit cela justifie que le centre Fareas de la localité ferme ses portes, comme le souhaite la section locale de l'UDC. Soit cela montre que la police tient la situation et a les moyens de venir au bout des difficultés. Patron de la FAREAS, Pierre Imhof nie tout lien entre l'intervention et la votation de Bex prévue dans trois semaines. «Si la police avait des renseignements, elle se devait d'agir indépendamment du calendrier politique».

Un calendrier politique, au demeurant, que les citoyens de Bex ne maîtrisent pas. Ils se prononceront sur la fermeture du centre, mais quelle que soit leur décision, le canton restera souverain. Si les citoyens de Bex peuvent demander une nouvelle affectation du bâtiment, le canton est lié financièrement à la Confédération par convention jusqu'en 2026, puisque Berne a participé aux frais pour aménager le centre de Bex en structure d'accueil, pour un montant de 6,6 millions. «Bex peut vouloir racheter le bâtiment, encore faut-il que le canton le vende», résume Pierre Imhof.

Le problème n'est pas seulement financier, mais aussi politique. En dépit de la diminution du nombre de requérants d'asile dans le canton, la nécessité des structures d'accueil collectives demeure. Comme le dit le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud: «Les communes ne se pressent pas au portillon.»

Un site indispensable

Outre Bex, Vaud compte cinq centres similaires: Leysin, Vevey, Lausanne (avenue du Chablais), Crissier et Sainte-Croix, d'une capacité de 100 à 150 personnes. Le site de Bex est jugé indispensable par Jean-Claude Mermoud qui, loin de penser à la désaffecter, imagine au contraire en augmenter la sécurité. Une étude est en cours pour grillager le pourtour du bâtiment afin de ne laisser qu'une seule entrée possible où les contrôles seraient renforcés. Les travaux devraient commencer très prochainement. De quoi apaiser la situation selon Jean-Claude Mermoud, qui rappelle que le nombre de requérants à Bex a globalement diminué. La location d'appartements dans la commune par la FAREAS a chuté.

La gestion des appartements, où sont logés la majorité des requérants, illustre bien les difficultés que pose le dossier asile au fil des années. Au plus fort des arrivées de demandeurs, en 2001-2002, le canton avait songé à une répartition équitable dans l'ensemble du territoire. L'idée avait surgi après les tensions survenues entre Pierre Chiffelle et les habitants de Vugelles-la-Mothe. Une fois la crise passée, le projet a fini dans un tiroir. Il aurait fallu forcer les communes, via les préfets, ce qui n'est pas dans les coutumes politiques vaudoises.

Avec le reflux du nombre de demandeurs d'asile (5879 à fin septembre, contre 7800 à fin 2004), la question n'est plus d'actualité, reconnaît-on à l'Etat. Peu équitable, la répartition concentre les demandeurs d'asile à Lausanne et dans l'est, dans une moindre mesure aussi dans le nord du canton. L'ouest (La Côte) est peu concerné. Une situation qui durera tant qu'un nouvel afflux de demandeurs d'asile n'obligera pas les pouvoirs publics à reprendre ce dossier