vendredi 15 janvier 2010

Requérants d'asile: diminution des demandes déposées en 2009


Le nombre de demandes d'asile déposées en Suisse en 2009 s'est élevé à 16'005, soit 601 de moins qu'en 2008. Sur l'ensemble des 17'326 requêtes traitées en première instance, contre 11'062 en 2008, seules 2622 ont abouti à l'octroi de l'asile, contre 2261 en 2008.

Les autorités suisses ont rejeté l'an dernier la demande d'asile de 5750 personnes et rendu une décision de non-entrée en matière dans 7678 cas, soit plus du double que lors de l'année précédente, indique l'Office fédéral des migrations.

La forte hausse de non-entrée en matière s'explique par le fait que les requérants transférés dans un autre Etat en vertu de l'accord de Schengen font automatiquement partie de cette catégorie.

Dans l'autre sens, la Confédération a reçu 606 demandes d'autres Etats (133 refus). L'ODM juge "positif" le bilan de Dublin puisque la Suisse "a pu transférer nettement plus de personnes qu'elle n'a dû en reprendre".

Sur les demandes d'asile déposées l'an dernier, 1786 émanaient de Nigérians. Cette hausse de 80% par rapport à 2008 s'explique par le fait que la Suisse a été moins frappée par la crise économique que des pays comme l'Italie ou l'Espagne, principales destinations des ressortissants du Nigéria.

Les routes de l'exil ont également vu passer de nombreux Sri-Lankais, chassés par l'offensive du gouvernement contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul au printemps. 1415 d'entre eux ont demandé l'asile en Suisse (+ 153).

Parmi les autres principaux pays de provenance figurent le Kosovo, la Géorgie, la Serbie et la Turquie. Depuis le 1er avril dernier, la Serbie et le Kosovo sont toutefois considérés comme sûrs par le Conseil fédéral, ce qui a engendré une baisse des demandes de 43% dans le premier cas et de 29% dans le second.

La burqa fait gonfler les voiles du front national

KeystoneDébat à grand spectacle, hier soir, entre Marine Le Pen et le ministre Eric Besson. Un article de Jean-Noël Cuénod, Paris, pour 24 Heures.

La Suisse a ses minarets, devenus les «marronniers» de son identité nationale. La France, elle, a sa burqa pour agiter le débat sur cette question. Pour l’instant, la polémique sur le port du voile intégral dans la République voisine fait gonfler les voiles du Front national.

«Le vote suisse, une onde de choc en Europe»

Hier soir, en effet, Marine Le Pen – qui s’impose pour remplacer son père à la tête de la formation d’extrême droite – s’est mesurée au ministre de l’Immigration, Eric Besson, invité principal de l’émission A vous de juger sur France 2, avec l’eurodéputé socialiste Vincent Peillon comme troisième personnage. Mais, au dernier moment, le socialiste a renoncé à participer à ce qu’il appelle un «piège» qui ferait le lit du Front national.

Quant aux dérapages de son grand débat sur l’identité nationale, le ministre Besson s’est caché derrière… notre pays: «Je ne pouvais pas prévoir le vote suisse sur les minarets, qui a provoqué une onde de choc dans toute l’Europe et pas seulement en France.» Marine Le Pen reprend la balle au bond: «Même si ce n’était pas votre but, les Français se sont saisis de ce débat. Ils ont exprimé un véritable appel au secours en vous disant: «Nous sommes bousculés dans nos habitudes par une immigration massive. L’intégration est un échec total. Nous souffrons. Et vous n’entendez pas cette souffrance.»

Zizanies

Au sein du camp sarkozyste, la division règne aussi sur ce thème. Dès le début de cette année, le chef de file des députés de la majorité présidentielle (UMP), Jean-François Copé, a agité la burqa en annonçant que son groupe allait déposer un projet de loi interdisant le port du voile intégral islamique dans tout l’espace public (les rues, les administrations etc.). Il voulait semer la zizanie dans le camp socialiste, qui se montre divisé quant à l’adoption d’une loi contraignante. Mais Copé a mis aussi dans l’embarras celui qu’il est censé soutenir, le président Sarkozy, qui voulait temporiser pour convaincre les socialistes de se rallier à un texte plus nuancé. Le jeune chef du groupe parlementaire UMP ne cache pas ses ambitions élyséennes et ne manque plus une occasion de tacler Nicolas Sarkozy en profitant de son actuelle impopularité.

Mesures «non stigmatisantes»

Le président français a voulu reprendre la main en décidant que le parlement voterait rapidement une résolution non contraignante, puis se déterminerait sur des mesures législatives qui éviteraient toute stigmatisation des musulmans, après les élections régionales des 14 et 21 mars prochains.

A quoi pourraient ressembler ces «mesures législatives non stigmatisantes»? Elles restent floues et sentent l’usine à gaz. Le voile intégral n’a pas fini de faire danser la classe politique outre-Jura.